Lot Essay
Exceptionnelle tant par sa qualité que par son sujet, cette rare pendule commémorant l’éclipse du 1er avril 1774, a été réalisée par le plus talentueux horloger de l’époque : Jean-André Lepaute (1720 - 1789) en collaboration avec son épouse, scientifique la plus savante du siècle des Lumières : Nicole-Reine Étable de la Brière
Nicole-Reine Étable de la Brière (1723-1788) et l’éclipse solaire du 1er avril 1764
Fille de Jean Etable, attachée à la reine douairière d’Espagne logée, Nicole-Reine Etable de la Brière est mathématicienne et astronome .
En 1757, elle participe aux calculs de vérification du retour d’une comète prédit par Edmund Halley pour avril 1759 en collaboration avec Alexis Clairaut et Jérôme de Lalande. Puis à partir de 1759, elle travaille avec ce dernier sur les éphémérides astronomiques annuelles publiées dans Connaissance des Temps où elle y calcule notamment le passage de plusieurs éclipses.
En janvier 1762, le Journal de Trévoux, Mémoires pour l’histoire des sciences et des beaux-arts relate l’élaboration par Nicole-Reine Lepaute et des graveuses Marie Lattré et Elisabeth-Claire Tardieu d’une carte prédisant le passage d’une éclipse centrale de soleil le 1er avril 1764, aujourd’hui conservée . On peut ainsi y lire que le « Passage de l’ombre de la lune au travers de l’Europe dans l’éclipse de Soleil centrale et annulaire [qui] s’observera le 1er Avril 1764, depuis le Cap St Vincent, extrémité méridionale de l’Espagne, jusqu’au Cap Wardhus, dans la mer glaciale, calculé par Madame le Paute de l’Académie Royale des Sciences de Béziers (…) ».
La carte est annoncée une seconde fois, en décembre 1763 dans le Mercure de France où les noms des trois femmes seront soit écorchés ou tout simplement oubliés. En effet, même si la scientifique voit reconnaître son talent de son vivant, c’est surtout au début du XIXe siècle qu’elle sera célébrée, notamment grâce à l’hommage de Lalande « Nicole-Reine Lepaute mérite d’être citée parmi le nombre des femmes d’esprit qui donnent l’exemple à leur sexe par l’émulation et le goût des sciences abstraites ».
Nicole-Reine collabore avec son mari Jean-André Lepaute à plusieurs reprises, notamment pour un traité d’horlogerie (1767) où elle y présente des tables de calculs, ou encore dans le cas de la présente pendule où on y retrouve ses calculs posés aux pieds des putti issus des Figures des 12 phases principales de la grande éclipse de Soleil qui s’observera le 1 avril 1764 calculées pour Paris par Madame Lepaute de l’Académie royale des Sciences de Béziers.
Cette pendule est par ailleurs mentionnée dans Description de plusieurs ouvrages des horlogeries (Lepaute, 1766) sous le n°4 : "Reprenant seulement le Temps et l'Astronomie des deux premières/Dorée 1300 livres" (Tardy, Dictionnaire des Horlogers Français, Paris, 1972, pp. 378-379).
Lepaute : une dynastie d’horlogers majeurs
La famille Lepaute (ou Le Paute) est l'une des plus célèbres entreprises d'horlogerie française du XVIIIe siècle et gagne ainsi les faveurs royales dès 1751. Outre Louis XV, Louis XVI, les comtes de Provence et d'Artois et d'autres membres de la famille royale et de la cour, les Lepaute fournissent en horlogerie les cours de Parme, d'Espagne et de Suède. Ils collaborent avec certains des sculpteurs et bronziers les plus célèbres de leur époque, dont Robert Osmond (1711-1789), pionnier du style néoclassique à Paris dans les années 1760 ; celui-ci travaille avec son neveu, Jean-Baptiste Osmond, reçu maître en 1764.
Le modèle est ici composé d’une caisse de pendule montée sur une colonne néoclassique. Il s’agit d’un véritable leitmotiv dans l’œuvre d’Osmond, qu’il sait décliner sous diverses formes. Certaines pendules sont signées, à l’instar de celles illustrées dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen T.I, Munich, 1986, pp.194-195, figs.3.12.1-7.
Citons une pendule identique exposée à New York : Northern European Clocks in New York, au Metropolitan Museum of Art (4 janvier - 28 mars 1972, n° 73).
Raffaele Luigi de Ferrari (1837-1876)
Né à Gênes, Raffaele Luigi de Ferrari passe la majeure partie de sa vie à Paris où il fait fortune. Il reçoit le titre de duc de Galliera en 1838 et de prince de Lucedio en 1843, date à laquelle ses titres sont également reconnus par le roi Charles Albert de Sardaigne. En 1837, il acquiert toutes les possessions accordées par Napoléon à son prédécesseur en tant que duc de Galliera, le prince Oscar (futur roi de Suède). Il est alors envisageable que cette horloge puisse faire partie de ce legs.
Edgar Vincent (1857-1941)
Le premier vicomte d’Abernon est un homme politique, diplomate et écrivain anglais. Il construit sa fortune tout en étant gouverneur de la Banque impériale ottomane à partir de 1895.
Nicole-Reine Étable de la Brière (1723-1788) et l’éclipse solaire du 1er avril 1764
Fille de Jean Etable, attachée à la reine douairière d’Espagne logée, Nicole-Reine Etable de la Brière est mathématicienne et astronome .
En 1757, elle participe aux calculs de vérification du retour d’une comète prédit par Edmund Halley pour avril 1759 en collaboration avec Alexis Clairaut et Jérôme de Lalande. Puis à partir de 1759, elle travaille avec ce dernier sur les éphémérides astronomiques annuelles publiées dans Connaissance des Temps où elle y calcule notamment le passage de plusieurs éclipses.
En janvier 1762, le Journal de Trévoux, Mémoires pour l’histoire des sciences et des beaux-arts relate l’élaboration par Nicole-Reine Lepaute et des graveuses Marie Lattré et Elisabeth-Claire Tardieu d’une carte prédisant le passage d’une éclipse centrale de soleil le 1er avril 1764, aujourd’hui conservée . On peut ainsi y lire que le « Passage de l’ombre de la lune au travers de l’Europe dans l’éclipse de Soleil centrale et annulaire [qui] s’observera le 1er Avril 1764, depuis le Cap St Vincent, extrémité méridionale de l’Espagne, jusqu’au Cap Wardhus, dans la mer glaciale, calculé par Madame le Paute de l’Académie Royale des Sciences de Béziers (…) ».
La carte est annoncée une seconde fois, en décembre 1763 dans le Mercure de France où les noms des trois femmes seront soit écorchés ou tout simplement oubliés. En effet, même si la scientifique voit reconnaître son talent de son vivant, c’est surtout au début du XIXe siècle qu’elle sera célébrée, notamment grâce à l’hommage de Lalande « Nicole-Reine Lepaute mérite d’être citée parmi le nombre des femmes d’esprit qui donnent l’exemple à leur sexe par l’émulation et le goût des sciences abstraites ».
Nicole-Reine collabore avec son mari Jean-André Lepaute à plusieurs reprises, notamment pour un traité d’horlogerie (1767) où elle y présente des tables de calculs, ou encore dans le cas de la présente pendule où on y retrouve ses calculs posés aux pieds des putti issus des Figures des 12 phases principales de la grande éclipse de Soleil qui s’observera le 1 avril 1764 calculées pour Paris par Madame Lepaute de l’Académie royale des Sciences de Béziers.
Cette pendule est par ailleurs mentionnée dans Description de plusieurs ouvrages des horlogeries (Lepaute, 1766) sous le n°4 : "Reprenant seulement le Temps et l'Astronomie des deux premières/Dorée 1300 livres" (Tardy, Dictionnaire des Horlogers Français, Paris, 1972, pp. 378-379).
Lepaute : une dynastie d’horlogers majeurs
La famille Lepaute (ou Le Paute) est l'une des plus célèbres entreprises d'horlogerie française du XVIIIe siècle et gagne ainsi les faveurs royales dès 1751. Outre Louis XV, Louis XVI, les comtes de Provence et d'Artois et d'autres membres de la famille royale et de la cour, les Lepaute fournissent en horlogerie les cours de Parme, d'Espagne et de Suède. Ils collaborent avec certains des sculpteurs et bronziers les plus célèbres de leur époque, dont Robert Osmond (1711-1789), pionnier du style néoclassique à Paris dans les années 1760 ; celui-ci travaille avec son neveu, Jean-Baptiste Osmond, reçu maître en 1764.
Le modèle est ici composé d’une caisse de pendule montée sur une colonne néoclassique. Il s’agit d’un véritable leitmotiv dans l’œuvre d’Osmond, qu’il sait décliner sous diverses formes. Certaines pendules sont signées, à l’instar de celles illustrées dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen T.I, Munich, 1986, pp.194-195, figs.3.12.1-7.
Citons une pendule identique exposée à New York : Northern European Clocks in New York, au Metropolitan Museum of Art (4 janvier - 28 mars 1972, n° 73).
Raffaele Luigi de Ferrari (1837-1876)
Né à Gênes, Raffaele Luigi de Ferrari passe la majeure partie de sa vie à Paris où il fait fortune. Il reçoit le titre de duc de Galliera en 1838 et de prince de Lucedio en 1843, date à laquelle ses titres sont également reconnus par le roi Charles Albert de Sardaigne. En 1837, il acquiert toutes les possessions accordées par Napoléon à son prédécesseur en tant que duc de Galliera, le prince Oscar (futur roi de Suède). Il est alors envisageable que cette horloge puisse faire partie de ce legs.
Edgar Vincent (1857-1941)
Le premier vicomte d’Abernon est un homme politique, diplomate et écrivain anglais. Il construit sa fortune tout en étant gouverneur de la Banque impériale ottomane à partir de 1895.