Lot Essay
UN SERVICE DE TOILETTE DAND LA TRADITION D'AUGSBOURG
Le service de toilette était souvent un cadeau de mariage parfois complété à la naissance des enfants et il était normalement la propriété personnelle de l'épouse.
Le service comprenait classiquement un miroir, pièce centrale généralement décoré au sommet d’armoiries ou d’un monogramme, des aiguières et bassins pour la toilette, un assortiment de boîtes et de flacons pour les crèmes, poudres et accessoires, une gantière et des petits plateaux, des brosses, un coussin à épingles, une écuelle pour la collation du matin, parfois une petite clochette et des flambeaux qui disparaissent des ensembles au XIXème siècle avec l’arrivée de l’éclairage au gaz puis á l’électricité.
Le service de toilette incarne en orfèvrerie l'expression ultime de la splendeur princière. Cet ensemble, à la fois personnel et cérémonial puisqu’il était à la pièce maîtresse dans le cadre du lever quotidien des princes et aristocrates de haut rang dans l'Europe du XVIIIe siècle, joue un rôle ostentatoire essentiel; par conséquent, tous les accessoires devaient refléter l’importance du propriétaire.
Au XVIIIème siècle, Augsbourg s’était fait une spécialité de la fabrication de ces services de toilette et plusieurs magnifiques exemples sont encore conservés dans de grandes collections, comme par exemple, celui ayant appartenu aux comtes Schenk von Stauffenberg au château de Jettingen en Souabe, daté de 1743-45 par non moins de quatorze orfèvres, aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum, New York (Acc. Nr: 2005.364.1a–d–.48).
Anton Michelsen reprend ici cette tradition stylistique d’Augsbourg, commune á tous ces services du milieu du XVIIIème siècle non seulement par la composition mais aussi par le style rocaille, avec un décor formé d’enroulements, coquilles et fleurs. Le succès de ce le modèle est confirmé par le fait que Michelsen le reprend pour le service de toilette de la nièce de Thyra, la princesse Marguerite de Danemark, à l’occasion de son mariage avec le Prince Réné de Bourbon-Parme le 9 juin 1921. Ce service lui est offert par sa tante Alexandra de Danemark, reine du Royaume-Uni et l’épouse d’Edward VII.
THYRA DE DANEMARK
Cet ensemble raffiné a été créé pour la princesse Thyra de Danemark à l’occasion de son mariage avec Ernest-Auguste II de Hanovre (1845-1923) 3e duc de Cumberland et Teviotdale le 21 décembre 1878, présenté par les femmes de la cour du Danemark.
Thyra de Danemark est issue de la famille royale danoise. Elle est la troisième fille du roi Christian IX (1818-1906) et de Louise de Hesse-Cassel (1817-1898) et l’avant-dernière des six enfants du couple royal.
Elle passe son enfance à Copenhague entre le Palais Jaune et le château d’Amalienborg. Ses deux sœurs font des mariages prestigieux, Alexandra l’ainée épouse Edouard, prince de Galles et futur Edouard VII en 1863 et sa sœur Dagmar épouse le tsarévitch Alexandre, futur Alexandre III en 1866. La reine du Danemark cherche à Thyra un mari dans les meilleures familles royales européennes. Elle épouse finalement le duc de Cumberland, Ernest-Auguste II, héritier du trône de Hanovre (1845-1923), fils unique de Georges V de Hanovre et de Marie de Saxe-Altenbourg, en 1878 à Copenhague. De cette union naissent trois garçons et trois filles.
Ernest-Auguste II ne montera jamais sur le trône, le royaume de Hanovre ayant été annexé en 1866 par l’empire Prusse de Guillaume Ier, après le conflit austro-prussien. Il s’exile donc en Autriche et le nouveau couple s’installe au château « Cumberland » de Gmunden.
L’union est heureuse malgré les épisodes mélancoliques de Thyra qui doit également affronter la mort de deux de ses fils.
La haine de la famille de Hanovre envers la Prusse est mise à rude épreuve lorsque leur dernier fils et héritier du trône, le duc Ernest-Auguste, s’éprend de la fille unique du Kaiser Guillaume II et l’épouse en 1913. Le mariage met fin également aux prétentions ducales de Ernest-Auguste II qui laisse son titre de duc de Brunswick à son fils.
Thyra de Danemark devient veuve en 1923 et meurt en 1933 à Gmunden.
A TOILET SERVICE IN THE AUGSBURG TRADITION
Toilet services were frequently a wedding present, with additional pieces added to on the births of children, and was usually the personal property of the wife.
A traditional service comprised a mirror (the central piece usually being decorated at the top with a cartouche featuring a coats of arms or a monogram), ewers and basins, an assortment of boxes and bottles for creams, powders and accessories, trays, brushes, a pin cushion, an ecuelle (a small covered bowl for the early morning meal), sometimes a bell and candlesticks, which disappeared in the 19th century with the arrival of gas lighting followed by electricity.
Toilet services embodied the ultimate expression of princely splendour in precious metalwork. Such an ensemble was both personal and ceremonial as part of the dressing of high-ranking princes and aristocrats in 18th century Europe. Playing an essential ostentatious role, all the accessories reflected the importance of its owner.
In the 18th century, Augsburg had made a specialty of the manufacture of these toilet services and several magnificent examples are still preserved in important collections including, for example, the service belonging to the counts Schenk von Stauffenberg, dated 1743-45 made by no less than 14 goldsmiths now in the Metropolitan Museum, New York (Acc. Nr: 2005.364.1a – d – .48).
This refined service was created for Princess Thyra of Denmark on the occasion of her marriage on 21 December 1878 to Prince Ernst-Augustus, Crown Prince of Hanover, 3rd Duke of Cumberland and Teviotdale and offered by the ladies of the court of Denmark.
Anton Michelsen here takes on the stylistic tradition of mid-18th century Augsburg services, in both its composition and in the favoured rococo style, with scrolls, shells and flowers motifs. The success of the model is further confirmed by the fact that Michelsen used it again for the toilet service given to Princess Marguerite of Denmark on the occasion of her marriage on 9 June 1921 to Prince Réné of Bourbon-Parma (sold in part at Christie’s, New York, 19 October 2004, lot 916) and offered to her by her aunt Queen Alexandra of the United Kingdom (Princess Thyra's sister).
PRINCESS THYRA OF DENMARK
Princess Thyra of Denmark (1853-1933) was the youngest of the three daughters and fifth child of the six children of King Christian IX of Denmark (1818-1906) and Louise of Hesse-Cassel (1817-1898).
Thyra was born on 29 September 1853 at the Yellow Palace in Copenhagen and spent her childhood there until her father became king in 1865 and the family moved into the nearby Amalienborg Palace. Her two sisters both made prominent marriages (Alexandra, the eldest, married Edward, the Prince of Wales and future King Edward VII in 1863 and Dagmar married Tsarevich Alexander, future Tsar Alexander III of Russia in 1866) and her mother had similar expectations for a husband from the noblest European royal families. In 1878 Thyra married Prince Ernst-Augustus, Crown Prince of Hanover, 3rd Duke of Cumberland and Teviotdale (1845-1923), only son of King Georg V of Hanover and Princess Marie of Saxe-Altenburg, in Copenhagen. From this union were born three boys and three girls.
Ernst-Augustus II never ascended the throne, the Kingdom of Hanover having been annexed in 1866 by the Prussian Empire of William I, after the Austro-Prussian conflict. So he went into exile in Austria and the new couple settled in "Cumberland" Castle in Gmunden.
The union was a happy one despite Thyra’s bout of depression following the death of two of her sons.
The hatred of the Hanover family for Prussia was severely tested when their last son and heir to the throne, Duke Ernest-Augustus, fell in love with Kaiser Wilhelm II's only daughter and married her in 1913. The marriage also puts an end to the ducal claims of Ernst-Auguste II who left his title of Duke of Brunswick to his son.
Thyra of Denmark was widowed in 1923 and died in 1933 in Gmunden.
Le service de toilette était souvent un cadeau de mariage parfois complété à la naissance des enfants et il était normalement la propriété personnelle de l'épouse.
Le service comprenait classiquement un miroir, pièce centrale généralement décoré au sommet d’armoiries ou d’un monogramme, des aiguières et bassins pour la toilette, un assortiment de boîtes et de flacons pour les crèmes, poudres et accessoires, une gantière et des petits plateaux, des brosses, un coussin à épingles, une écuelle pour la collation du matin, parfois une petite clochette et des flambeaux qui disparaissent des ensembles au XIXème siècle avec l’arrivée de l’éclairage au gaz puis á l’électricité.
Le service de toilette incarne en orfèvrerie l'expression ultime de la splendeur princière. Cet ensemble, à la fois personnel et cérémonial puisqu’il était à la pièce maîtresse dans le cadre du lever quotidien des princes et aristocrates de haut rang dans l'Europe du XVIIIe siècle, joue un rôle ostentatoire essentiel; par conséquent, tous les accessoires devaient refléter l’importance du propriétaire.
Au XVIIIème siècle, Augsbourg s’était fait une spécialité de la fabrication de ces services de toilette et plusieurs magnifiques exemples sont encore conservés dans de grandes collections, comme par exemple, celui ayant appartenu aux comtes Schenk von Stauffenberg au château de Jettingen en Souabe, daté de 1743-45 par non moins de quatorze orfèvres, aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum, New York (Acc. Nr: 2005.364.1a–d–.48).
Anton Michelsen reprend ici cette tradition stylistique d’Augsbourg, commune á tous ces services du milieu du XVIIIème siècle non seulement par la composition mais aussi par le style rocaille, avec un décor formé d’enroulements, coquilles et fleurs. Le succès de ce le modèle est confirmé par le fait que Michelsen le reprend pour le service de toilette de la nièce de Thyra, la princesse Marguerite de Danemark, à l’occasion de son mariage avec le Prince Réné de Bourbon-Parme le 9 juin 1921. Ce service lui est offert par sa tante Alexandra de Danemark, reine du Royaume-Uni et l’épouse d’Edward VII.
THYRA DE DANEMARK
Cet ensemble raffiné a été créé pour la princesse Thyra de Danemark à l’occasion de son mariage avec Ernest-Auguste II de Hanovre (1845-1923) 3e duc de Cumberland et Teviotdale le 21 décembre 1878, présenté par les femmes de la cour du Danemark.
Thyra de Danemark est issue de la famille royale danoise. Elle est la troisième fille du roi Christian IX (1818-1906) et de Louise de Hesse-Cassel (1817-1898) et l’avant-dernière des six enfants du couple royal.
Elle passe son enfance à Copenhague entre le Palais Jaune et le château d’Amalienborg. Ses deux sœurs font des mariages prestigieux, Alexandra l’ainée épouse Edouard, prince de Galles et futur Edouard VII en 1863 et sa sœur Dagmar épouse le tsarévitch Alexandre, futur Alexandre III en 1866. La reine du Danemark cherche à Thyra un mari dans les meilleures familles royales européennes. Elle épouse finalement le duc de Cumberland, Ernest-Auguste II, héritier du trône de Hanovre (1845-1923), fils unique de Georges V de Hanovre et de Marie de Saxe-Altenbourg, en 1878 à Copenhague. De cette union naissent trois garçons et trois filles.
Ernest-Auguste II ne montera jamais sur le trône, le royaume de Hanovre ayant été annexé en 1866 par l’empire Prusse de Guillaume Ier, après le conflit austro-prussien. Il s’exile donc en Autriche et le nouveau couple s’installe au château « Cumberland » de Gmunden.
L’union est heureuse malgré les épisodes mélancoliques de Thyra qui doit également affronter la mort de deux de ses fils.
La haine de la famille de Hanovre envers la Prusse est mise à rude épreuve lorsque leur dernier fils et héritier du trône, le duc Ernest-Auguste, s’éprend de la fille unique du Kaiser Guillaume II et l’épouse en 1913. Le mariage met fin également aux prétentions ducales de Ernest-Auguste II qui laisse son titre de duc de Brunswick à son fils.
Thyra de Danemark devient veuve en 1923 et meurt en 1933 à Gmunden.
A TOILET SERVICE IN THE AUGSBURG TRADITION
Toilet services were frequently a wedding present, with additional pieces added to on the births of children, and was usually the personal property of the wife.
A traditional service comprised a mirror (the central piece usually being decorated at the top with a cartouche featuring a coats of arms or a monogram), ewers and basins, an assortment of boxes and bottles for creams, powders and accessories, trays, brushes, a pin cushion, an ecuelle (a small covered bowl for the early morning meal), sometimes a bell and candlesticks, which disappeared in the 19th century with the arrival of gas lighting followed by electricity.
Toilet services embodied the ultimate expression of princely splendour in precious metalwork. Such an ensemble was both personal and ceremonial as part of the dressing of high-ranking princes and aristocrats in 18th century Europe. Playing an essential ostentatious role, all the accessories reflected the importance of its owner.
In the 18th century, Augsburg had made a specialty of the manufacture of these toilet services and several magnificent examples are still preserved in important collections including, for example, the service belonging to the counts Schenk von Stauffenberg, dated 1743-45 made by no less than 14 goldsmiths now in the Metropolitan Museum, New York (Acc. Nr: 2005.364.1a – d – .48).
This refined service was created for Princess Thyra of Denmark on the occasion of her marriage on 21 December 1878 to Prince Ernst-Augustus, Crown Prince of Hanover, 3rd Duke of Cumberland and Teviotdale and offered by the ladies of the court of Denmark.
Anton Michelsen here takes on the stylistic tradition of mid-18th century Augsburg services, in both its composition and in the favoured rococo style, with scrolls, shells and flowers motifs. The success of the model is further confirmed by the fact that Michelsen used it again for the toilet service given to Princess Marguerite of Denmark on the occasion of her marriage on 9 June 1921 to Prince Réné of Bourbon-Parma (sold in part at Christie’s, New York, 19 October 2004, lot 916) and offered to her by her aunt Queen Alexandra of the United Kingdom (Princess Thyra's sister).
PRINCESS THYRA OF DENMARK
Princess Thyra of Denmark (1853-1933) was the youngest of the three daughters and fifth child of the six children of King Christian IX of Denmark (1818-1906) and Louise of Hesse-Cassel (1817-1898).
Thyra was born on 29 September 1853 at the Yellow Palace in Copenhagen and spent her childhood there until her father became king in 1865 and the family moved into the nearby Amalienborg Palace. Her two sisters both made prominent marriages (Alexandra, the eldest, married Edward, the Prince of Wales and future King Edward VII in 1863 and Dagmar married Tsarevich Alexander, future Tsar Alexander III of Russia in 1866) and her mother had similar expectations for a husband from the noblest European royal families. In 1878 Thyra married Prince Ernst-Augustus, Crown Prince of Hanover, 3rd Duke of Cumberland and Teviotdale (1845-1923), only son of King Georg V of Hanover and Princess Marie of Saxe-Altenburg, in Copenhagen. From this union were born three boys and three girls.
Ernst-Augustus II never ascended the throne, the Kingdom of Hanover having been annexed in 1866 by the Prussian Empire of William I, after the Austro-Prussian conflict. So he went into exile in Austria and the new couple settled in "Cumberland" Castle in Gmunden.
The union was a happy one despite Thyra’s bout of depression following the death of two of her sons.
The hatred of the Hanover family for Prussia was severely tested when their last son and heir to the throne, Duke Ernest-Augustus, fell in love with Kaiser Wilhelm II's only daughter and married her in 1913. The marriage also puts an end to the ducal claims of Ernst-Auguste II who left his title of Duke of Brunswick to his son.
Thyra of Denmark was widowed in 1923 and died in 1933 in Gmunden.