Lot Essay
« L’anonymat qui continue d’entourer la production artistique africaine s’explique par le refus […] à reconnaître la qualité de certains objets de grande valeur artistique. […] Le sculpteur africain est appelé à concilier deux notions : la tradition et la liberté créative. Les véritables œuvres d’art sont le fruit d’une exploitation optimale selon laquelle les exigences iconographiques ne sont pas considérées comme autant de contraintes bridant la créativité. […] ».1
Nous ne pouvons qu’être frappés par les caractéristiques formelles communes de ce masque et de celui provenant de l’ancienne collection Helena Rubinstein, passé en vente le 31 mai 1930 à Drouot (lot 289) et réoffert récemment chez Christie’s à Paris, le 17 octobre 2019, lot 26, adjugé à 946.000 €. Evènement confortant l’existence de cette main de maître, notre exemplaire se distingue par sa magnifique coiffe scindée en deux tresses nimbant le haut du masque. A l’inverse du second exemplaire qui est orné d’un récipient sur la tête.
Tous deux partagent le détail de motifs en zig-zags se rétrécissant au niveau du menton. Ils présentent également les mêmes caractéristiques stylistiques : paupières en demi-sphères, double rangée de scarifications en motifs quadrillés sur les tempes, nez long et fin, de délicates narines, une bouche ovale faisant la moue et un menton quasi-inexistant. Le maître-sculpteur a tenu à traduire, à la perfection, l’idéal de beauté féminine.
Incontestablement la création d’un maître-sculpteur à son apogée, le raffinement du masque Baulé, présenté ici, est transcendé par ses proportions harmonieuses et la délicatesse de ses traits. Parfaitement symétrique et équilibré, ce masque irradie par son expression sereine et sa sublime présence.
Fernand Rambaud (1926-2017) était un passionné d’art d’Afrique, aux choix esthétiques affirmés et éclectiques. Décédé en 2017, ce collectionneur a réuni pendant près d’une vingtaine d’années des œuvres d’art africain et d’art moderne, conscient que l’un n’existerait probablement pas sans l’autre. C’est à la fin des années 1990 qu’il se tourna vers l’art de la seconde moitié du XXe siècle. Sa collection fut dispersée aux enchères le 21 octobre 1994, ainsi que ce masque référencé au lot 14.
Ce masque est resté depuis en mains privées, jusqu’à aujourd’hui. Véritable redécouverte, inédite sur le marché, ce chef-d’œuvre est un témoignage indéfectible de l’art Baulé et du talent de son maître-sculpteur.
1Bassani, E., Masterhands. Afrikaanse beeldhouwers in de kijker/Mains de maîtres. À la découverte des sculpteurs d’Afrique, Bruxelles, 2001, p. 14
'The anonymity that continues to surround African artistic production is explained by the refusal [...] to recognise the quality of certain objects of great artistic value. […] The African sculptor is called upon to reconcile two notions: tradition and creative freedom. Genuine works of art are born of the ideal execution in which iconographic requirements are not viewed as constraints on creativity. […]'.1
One can observe the formal similarities shared by the present mask and the one from the former Helena Rubinstein collection sold on 31 May 1930 at Drouot (lot 289) and sold again at Christie's in Paris on 17 October 2019 for 946 000 € (lot 26). The two masks strongly suggest the existence of the same master artist. The present mask is distinguished by its magnificent headdress split into two braids that cover the top of the mask. This is in contrast to the Rubinstein mask which is decorated with a container on top of the head.
Both of them feature a notable detail: zigzag patterns narrowing at the chin. They also share certain stylistic characteristics: hemispherical eyelids, two rows of square-patterned scarification on the temples, a long, slender nose with delicate nostrils, a pouting, oval mouth and a nearly non-existent chin. The master sculptor was determined to perfectly translate the ideal of feminine beauty.
The refinement of the Baulé mask presented here, undoubtably the work of a master sculptor in his artistic prime, is surpassed only by its harmonious proportions and exquisitely delicate features. With perfect balance and symmetry, the serene expression captured in this mask gives it a sublime, palpable presence.
Fernand Rambaud (1926-2017) was an African art enthusiast of the highest order, making strong and eclectic aesthetic choices. This collector, who died in 2017, brought together works of African and modern art for nearly two decades, aware that one would likely not exist without the other. In the late 1990s, he turned to the art of the second half of the 20th century. This exceptional mask, boasting remarkable aesthetic qualities, was auctioned with the Rambaud's collection, on 21 October 1994 - referenced in lot 14.
This masterpiece has remained in private hands to this day. This mask, a rediscovered treasure unprecedented on the market, is a peerless testament to Baulé art and the talent of the master sculptor who created it.
1Bassani, E., Masterhands. Afrikaanse beeldhouwers in de kijker/Mains de maîtres. À la découverte des sculpteurs d’Afrique, Brussels, 2001, p. 14
Nous ne pouvons qu’être frappés par les caractéristiques formelles communes de ce masque et de celui provenant de l’ancienne collection Helena Rubinstein, passé en vente le 31 mai 1930 à Drouot (lot 289) et réoffert récemment chez Christie’s à Paris, le 17 octobre 2019, lot 26, adjugé à 946.000 €. Evènement confortant l’existence de cette main de maître, notre exemplaire se distingue par sa magnifique coiffe scindée en deux tresses nimbant le haut du masque. A l’inverse du second exemplaire qui est orné d’un récipient sur la tête.
Tous deux partagent le détail de motifs en zig-zags se rétrécissant au niveau du menton. Ils présentent également les mêmes caractéristiques stylistiques : paupières en demi-sphères, double rangée de scarifications en motifs quadrillés sur les tempes, nez long et fin, de délicates narines, une bouche ovale faisant la moue et un menton quasi-inexistant. Le maître-sculpteur a tenu à traduire, à la perfection, l’idéal de beauté féminine.
Incontestablement la création d’un maître-sculpteur à son apogée, le raffinement du masque Baulé, présenté ici, est transcendé par ses proportions harmonieuses et la délicatesse de ses traits. Parfaitement symétrique et équilibré, ce masque irradie par son expression sereine et sa sublime présence.
Fernand Rambaud (1926-2017) était un passionné d’art d’Afrique, aux choix esthétiques affirmés et éclectiques. Décédé en 2017, ce collectionneur a réuni pendant près d’une vingtaine d’années des œuvres d’art africain et d’art moderne, conscient que l’un n’existerait probablement pas sans l’autre. C’est à la fin des années 1990 qu’il se tourna vers l’art de la seconde moitié du XXe siècle. Sa collection fut dispersée aux enchères le 21 octobre 1994, ainsi que ce masque référencé au lot 14.
Ce masque est resté depuis en mains privées, jusqu’à aujourd’hui. Véritable redécouverte, inédite sur le marché, ce chef-d’œuvre est un témoignage indéfectible de l’art Baulé et du talent de son maître-sculpteur.
1Bassani, E., Masterhands. Afrikaanse beeldhouwers in de kijker/Mains de maîtres. À la découverte des sculpteurs d’Afrique, Bruxelles, 2001, p. 14
'The anonymity that continues to surround African artistic production is explained by the refusal [...] to recognise the quality of certain objects of great artistic value. […] The African sculptor is called upon to reconcile two notions: tradition and creative freedom. Genuine works of art are born of the ideal execution in which iconographic requirements are not viewed as constraints on creativity. […]'.1
One can observe the formal similarities shared by the present mask and the one from the former Helena Rubinstein collection sold on 31 May 1930 at Drouot (lot 289) and sold again at Christie's in Paris on 17 October 2019 for 946 000 € (lot 26). The two masks strongly suggest the existence of the same master artist. The present mask is distinguished by its magnificent headdress split into two braids that cover the top of the mask. This is in contrast to the Rubinstein mask which is decorated with a container on top of the head.
Both of them feature a notable detail: zigzag patterns narrowing at the chin. They also share certain stylistic characteristics: hemispherical eyelids, two rows of square-patterned scarification on the temples, a long, slender nose with delicate nostrils, a pouting, oval mouth and a nearly non-existent chin. The master sculptor was determined to perfectly translate the ideal of feminine beauty.
The refinement of the Baulé mask presented here, undoubtably the work of a master sculptor in his artistic prime, is surpassed only by its harmonious proportions and exquisitely delicate features. With perfect balance and symmetry, the serene expression captured in this mask gives it a sublime, palpable presence.
Fernand Rambaud (1926-2017) was an African art enthusiast of the highest order, making strong and eclectic aesthetic choices. This collector, who died in 2017, brought together works of African and modern art for nearly two decades, aware that one would likely not exist without the other. In the late 1990s, he turned to the art of the second half of the 20th century. This exceptional mask, boasting remarkable aesthetic qualities, was auctioned with the Rambaud's collection, on 21 October 1994 - referenced in lot 14.
This masterpiece has remained in private hands to this day. This mask, a rediscovered treasure unprecedented on the market, is a peerless testament to Baulé art and the talent of the master sculptor who created it.
1Bassani, E., Masterhands. Afrikaanse beeldhouwers in de kijker/Mains de maîtres. À la découverte des sculpteurs d’Afrique, Brussels, 2001, p. 14