Lot Essay
Cette remarquable paire de chenets aux cassolettes ajourées d’époque transition correspond au modèle livré en 1769 par le marchand miroitier Darnault pour le salon de compagnie de l’hôtel de la célèbre collectionneuse duchesse de Mazarin situé au 11-13, quai Malaquais, à l’emplacement actuel de l’hôtel des Beaux-Arts :
« Un superbe feu à cassolette percé à jour à recouvrement avec ornement à la grec très bien ciselé et doré d’or moulu montées sur ses fers polie et garniture de pelle, pincette & tenaille placé dans le salon, convenu à 2000 livres »
Ce salon placé au centre des grands appartements, à côté de la chambre à coucher de la duchesse, se trouvait au premier étage de l’hôtel à l’extrémité de l’aile donnant sur le quais Malaquais. Le décor réalisé en 1768-1769 ne fut pas modifié par la suite. Les chenets sont toujours en place en 1781 lors de l’inventaire après décès de la duchesse. Ils furent néanmoins nettoyés et redorés à plusieurs reprises par le bronzier-doreur Jean-Pierre Leveillé qui était en charge des bronzes de l’hôtel. Les chenets quittèrent l’hôtel le mardi 18 décembre 1781 lors de la vente aux enchères qui suivit le décès (lot 286). C’est le marchand d’art Jean-Baptiste Lebrun, époux de Mme Vigier-Lebrun, qui les acquit pour l’importante somme de 800 livres.
Il existe d’autres paires de chenets de ce modèle qui sont conservées au château de Fontainebleau et à la Résidence de Munich . La plinthe de nos chenets est plus haute en raison d’un second niveau formé par une doucine et feuilles d’eau. Or cette différence permet de suggérer que la paire Givenchy était destinée avec une quasi-certitude que cette paire était destinée au salon de compagnie de la duchesse de Mazarin. En effet, sur les lambris qui avait été sculptés par Cauvet, on retrouve ce motifs sur les moulures d’encadrements des panneaux et trumeaux de glace : joncs rubanés, fleurons et perles enfilées et une doucine taillée de feuilles de refends.
L’attribution de modèle à Philippe Caffieri (1714-1774) revient à Svend Ericksen, selon lui des feux semblables sont décrits dans l’inventaire du stock de son atelier qui eu lieu en 17770 après le décès de sa femme :
« No. 38 Un modèle de feu à colonnes avec cassolettes portée par 3 consoles avec 3 têtes de lionnes antiques dont la colonne n’est point finie 180 livres.
No. 42 Un feu à cassolettes à jour avec trois consoles, avec des têtes de lionnes, monté sur son fer
No. 80 Un côté de feu à trépieds, console à tête de lionne, la cassolette non finie 200 livres »
LA DUCHESSE DE MAZARIN (1735-1781)
Fille d'Emmanuel-Félicité de Durfort, duc de Duras, et de Charlotte-Antoinette de La Porte, la duchesse de Mazarin était également la nièce et belle fille du célèbre collectionneur et intendant des Menus-Plaisirs : le duc d’Aumont. Elle s'est distinguée comme une des grandes collectionneuses d'objets d'art du XVIIIe siècle, patronnant des artistes comme les architectes François-Joseph Bélanger, Jean-François-Thérèse Chalgrin, l'ébéniste Martin Carlin, le bronzier Pierre Gouthière. Sa collection est passée en vente après sa mort en 1782 pour faire face à ses créanciers et certaines pièces ont été rachetées par la famille. Les vestiges de cette collection se retrouvent dans quelques grands musées ou collections tel que Louvre qui conserve une extraordinaire paire de bras de lumière en carquois par Pierre Gouthière (inv. OA 11996).
Cette paire de chenets réapparait au 20eme siècle dans le Pavillon de Bidaine, Aix-en-Provence, dans la collection de Hubert de Saint-Senoch (1913 - 1983) et en hérita probablement de sa grand-mère Madame Dubernet-Douine (1857-1945), la célèbre collectionneuse et philanthrope. Cette dernière commissionna à l’architecte Georges Tersling un extravagant hôtel particulier rue de la Faisanderie pour y abriter sa collection d’Arts décoratifs français, qui fut en grande partie héritée par son petit-fils Hubert de Saint-Senoch.
« Un superbe feu à cassolette percé à jour à recouvrement avec ornement à la grec très bien ciselé et doré d’or moulu montées sur ses fers polie et garniture de pelle, pincette & tenaille placé dans le salon, convenu à 2000 livres »
Ce salon placé au centre des grands appartements, à côté de la chambre à coucher de la duchesse, se trouvait au premier étage de l’hôtel à l’extrémité de l’aile donnant sur le quais Malaquais. Le décor réalisé en 1768-1769 ne fut pas modifié par la suite. Les chenets sont toujours en place en 1781 lors de l’inventaire après décès de la duchesse. Ils furent néanmoins nettoyés et redorés à plusieurs reprises par le bronzier-doreur Jean-Pierre Leveillé qui était en charge des bronzes de l’hôtel. Les chenets quittèrent l’hôtel le mardi 18 décembre 1781 lors de la vente aux enchères qui suivit le décès (lot 286). C’est le marchand d’art Jean-Baptiste Lebrun, époux de Mme Vigier-Lebrun, qui les acquit pour l’importante somme de 800 livres.
Il existe d’autres paires de chenets de ce modèle qui sont conservées au château de Fontainebleau et à la Résidence de Munich . La plinthe de nos chenets est plus haute en raison d’un second niveau formé par une doucine et feuilles d’eau. Or cette différence permet de suggérer que la paire Givenchy était destinée avec une quasi-certitude que cette paire était destinée au salon de compagnie de la duchesse de Mazarin. En effet, sur les lambris qui avait été sculptés par Cauvet, on retrouve ce motifs sur les moulures d’encadrements des panneaux et trumeaux de glace : joncs rubanés, fleurons et perles enfilées et une doucine taillée de feuilles de refends.
L’attribution de modèle à Philippe Caffieri (1714-1774) revient à Svend Ericksen, selon lui des feux semblables sont décrits dans l’inventaire du stock de son atelier qui eu lieu en 17770 après le décès de sa femme :
« No. 38 Un modèle de feu à colonnes avec cassolettes portée par 3 consoles avec 3 têtes de lionnes antiques dont la colonne n’est point finie 180 livres.
No. 42 Un feu à cassolettes à jour avec trois consoles, avec des têtes de lionnes, monté sur son fer
No. 80 Un côté de feu à trépieds, console à tête de lionne, la cassolette non finie 200 livres »
LA DUCHESSE DE MAZARIN (1735-1781)
Fille d'Emmanuel-Félicité de Durfort, duc de Duras, et de Charlotte-Antoinette de La Porte, la duchesse de Mazarin était également la nièce et belle fille du célèbre collectionneur et intendant des Menus-Plaisirs : le duc d’Aumont. Elle s'est distinguée comme une des grandes collectionneuses d'objets d'art du XVIIIe siècle, patronnant des artistes comme les architectes François-Joseph Bélanger, Jean-François-Thérèse Chalgrin, l'ébéniste Martin Carlin, le bronzier Pierre Gouthière. Sa collection est passée en vente après sa mort en 1782 pour faire face à ses créanciers et certaines pièces ont été rachetées par la famille. Les vestiges de cette collection se retrouvent dans quelques grands musées ou collections tel que Louvre qui conserve une extraordinaire paire de bras de lumière en carquois par Pierre Gouthière (inv. OA 11996).
Cette paire de chenets réapparait au 20eme siècle dans le Pavillon de Bidaine, Aix-en-Provence, dans la collection de Hubert de Saint-Senoch (1913 - 1983) et en hérita probablement de sa grand-mère Madame Dubernet-Douine (1857-1945), la célèbre collectionneuse et philanthrope. Cette dernière commissionna à l’architecte Georges Tersling un extravagant hôtel particulier rue de la Faisanderie pour y abriter sa collection d’Arts décoratifs français, qui fut en grande partie héritée par son petit-fils Hubert de Saint-Senoch.