Lot Essay
Elève du grand animalier spécialiste d’oiseaux Jacques Barraband, (1768-1809) la Française Pauline de Courcelles épouse le paysagiste hollandais renommé Josephus Augustus Knip (1777-1847) en 1806. À partir de cette date, ses deux noms seront souvent accolés. Leur fille, Henriëtte Ronner-Knip (1821-1909), devient également artiste, connue pour ses tableaux représentant des chats ; mais l’identité de la mère n’est pas entièrement certaine, le couple Knip s’étant séparé avant sa naissance. Pauline expose au Salon entre 1808 et 1814 et présente des dessins d’oiseaux aussi variés que le ‘Manoura magnificat’ en 1812 sous le numéro 516 (fig. 1 ; musée du Louvre, Paris, inv. 27327), et, en 1814, le Manchot huppé, le Petit courlis rouge, la Chouette de France ou encore le Canard à l’éventail de la Chine (n° 547). Un autre vélin de dimensions sensiblement similaires au présent dessin, ‘La Perruque Lori’, fut exposée au Salon de 1810 (n° 443) et est aujourd’hui conservée au Museum d’Histoire Naturelle à Paris (inv. MNHN.OA.569). Elle obtient la médaille d’or en 1810 et un logement à la Sorbonne. Pour la manufacture de Sèvres, elle fournit également des modèles pour services en porcelaine et vases entre 1817 et 1826 (Laruelle, op. cit., p. 738).
Carrière impériale pour une artiste femme
L’impératrice Joséphine témoigna un intérêt constant pour les sciences naturelles, non seulement les fleurs et les plantes mais également les oiseaux et créa à La Malmaison l’un des plus beaux jardin botanique de France ainsi qu’une ménagerie. Elle fut proche des plus grands artistes de son époque : Barraband, et Pierre-Joseph Redouté (1759-1822). Pauline de Courcelles fut nommée Premier Peintre d’histoire naturelle de Joséphine et plus tard de Marie-Louise, impératrice des Français de 1810 à 1814, c’est-à-dire lors de la réalisation de cette gouache, datée 1811. Elle fut acquise, peut-être au Salon de 1814, par Joseph Fouché, duc d’Otrante, fameux révolutionnaire puis ministre de la Police sous Napoléon.
Pauline de Courcelles travaille également pour l’illustration, notamment pour deux ouvrages majeurs. Le premier, Les Pigeons, publié en 1811 en deux volumes grand in-folio du zoologiste néerlandais Coenraad Jacob Temminck (1778-1858), est illustré de 87 planches gravées, imprimées en couleurs et ‘retouchées par l’artiste avec tant de finesse et de soin, qu’elles ont au premier abord, tout l’aspect d’aquarelles originales’ (Ronsil, op. cit., 1957, p. 212). Le second ouvrage, Histoire naturelle des Tangaras, des Manakins et des Todiers, écrit par le scientifique Anselme-Gaëtan Desmaret (1784-1838), fut publié en 1805 avec 75 planches imprimées en couleurs et rehaussées à la main d’après les dessins de Courcelles.
L’Oiseau de paradis
L’oiseau de paradis à plumage rouge représenté dans le dessin proposé ici a pu être dessiné d’après nature grâce à un spécimen d’Uranornis rubra (ou Paradisaea rubra) envoyé, selon la légende, au Prince d’Orange depuis le Sud-est de la Nouvelle Guinée (voir catalogue Sotheby’s, Londres, 26 juin 1957). Un autre spécimen du même oiseau a été dessiné par Jacques Barraband et lithographié en 1806 pour illustrer le célèbre livre ornithologique du naturaliste François Vaillant, Histoire Naturelle des Oiseaux de Paradis et des Rolliers en trois volumes comprenant 197 planches (fig. 2). Les rapprochements stylistiques et iconographiques entre l’œuvre du maître et de son élève sont évidents.
Les oiseaux de paradis appartiennent à la famille des paradiséidés et des paradisiers. Ce sont des passereaux dentirostres dont on distingue 120 espèces de paradiséidés, quinze espèces de Nouvelle-Guinée, dont le présent oiseau, et des îles avoisinantes. Il s’agit ‘d’oiseaux de la taille d’une pie, à bec vigoureux (…). Les flancs portent de grands panaches de plumes décomposées, et la queue deux filaments cornés’ (R. Guinot, Jacques Barraband. Le Peintre des oiseaux de Napoléon 1er , Paris, 2002, p. 72). D’une élégance rare et d’une grande originalité, ces oiseaux de Paradis ont fasciné les peintres ornithologiques depuis la découverte de l’espèce dans les forêts de Papouasie au XVIe siècle en passant par le XIXe siècle, âge d’or de l’iconographie ornithologique, à l’image de ce large vélin d’une grande fraîcheur réalisé par une artiste femme qui a marqué son temps.
Fig. 1 : P. de Courcelles, Oiseau Lyre, Paris, musée du Louvre ©RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau) / Jean-Pierre Lagiewski
Fig. 2 : J. Barraband, L’Oiseau de Paradis Rouge n°6, lithographie, coll. part. ©Christies Images, 2022
ENGLISH TRANSLATION
Student of the great animalier specialised in birds, Jacques Barraband (1768-1809), the Frenchwoman Pauline Rifer de Courcelles married the renowned Dutch landscapist Josephus Augustus Knip (1777-1847) in 1806. From that date on, she often used both names. Their daughter, Henriëtte Ronner-Knip (1821-1909), would also become an artist, well-known for her depictions of cats; but the identity is not entirely sure, as the Knips were already separated by the time of her birth. Pauline exhibited at the Salon between 1808 and 1814 and presented birds as varied as a ‘Manoura magnificat’ in 1812 under number 516 (fig. 1; Musée du Louvre, Paris, inv. 27327), and, in 1814, an Erect-crested penguin, a Little Red Curlew, a French Owl and a Mandarin duck (no. 547). Another drawing on vellum of dimensions similar to those of the one presented here was exhibited at the Salon of 1810 under the title La Perruque Lori (no. 443), and is now at the Museum d’Histoire Naturelle in Paris (inv. MNHN.OA.569). She was awarded the gold medal in 1810 and an apartment at the Sorbonne. For the manufacture de Sèvres, she also provided models for porcelain services and vases between 1817 and 1826 (Laruelle, op. cit., p. 738).
Career at the court of Napoleon for a woman artist
Empress Josephine showed a continued interest in natural history – not only for plants and flowers, but also for birds, and created at her residence La Malmaison one of France’s most beautiful botanical gardens, as well as a menagerie. She was close to the foremost artists of her time specialising in the depiction of nature – Barraband and Pierre-Joseph Redouté (1759-1822). Pauline de Courcelles was appointed First Painter of Natural History to Josephine, and later to Marie-Louise, French Empress from 1810 to 1814, i.e. in the period when the current work, dated 1811, was made. It was acquired, perhaps at the Salon of 1814, by Joseph Fouché, duc d’Otrante, notorious revolutionary and later Ministre of Police under Napoleon.
Pauline de Courcelles also worked as an illustrator, notably for two major publications. The first, Les Pigeons, written by the Dutch zoologist Coenraad Jacob Temminck (1778-1858), came out in 1811 in two large folios and is illustrated with 87 engraved plates printed in colour, ‘retouched by the artist with such finesse and care, that at first sight they have all the appearance of original watercolours’ (Ronsil, op. cit., 1957, p. 212). The second work, Histoire Naturelle des Tangaras, des Manakins et des Todiers, written by the scientist Anselme-Gaëtan Desmaret (1784-1838), was published in 1805 with 75 colour plates, again enhanced by hand after drawings by de Courcelles.
The bird of paradise
This red-plumaged bird of paradise could be drawn from life thanks to a specimen of Uranornis ruber or Paradisaea rubra sent, according to legend, to the Prince of Orange from south-eastern New Guinea (see Sotheby’s catalogue, London, 26 June 1957). It was also drawn by Jacques Barraband and lithographed in 1806 to illustrate the famous ornithological book by the naturalist François Vaillant, Histoire Naturelle des Oiseaux de Paradis et des Rolliers in three volumes, comprising 197 plates (fig. 2). The stylistic and iconographic similarities between the work of the master and that of his pupil are obvious.
Birds of paradise belong to the family Paradiseidae. They are passerines of which fifteen species – including the bird depicted by Courcelles – are from New Guinea, and from neighbouring islands. They are ‘magpie-sized birds with vigorous beaks […]. The flanks bear large plumes of decomposed feathers, and the tail two horny filaments’ (R. Guinot, Jacques Barraband. Le Peintre des oiseaux de Napoléon 1er, Paris, 2002, p. 72). Of rare elegance and great originality, these birds of paradise have fascinated ornithological painters since the discovery of the species in the forests of Papua in the sixteenth century, and throughout the nineteenth century, the golden age of ornithological depiction, as witnessed by this large vellum of great freshness by a woman artist who left her mark on her time.
Fig. 1. Pauline de Courcelles, A lyrebird (Menura novaehollandiae) seen from behind. Musée du Louvre, Paris, dépôt du Château de Fontainebleau
Fig. 2. Jacques Barraband, L’Oiseau de paradis rouge. Lithography. Private collection
Carrière impériale pour une artiste femme
L’impératrice Joséphine témoigna un intérêt constant pour les sciences naturelles, non seulement les fleurs et les plantes mais également les oiseaux et créa à La Malmaison l’un des plus beaux jardin botanique de France ainsi qu’une ménagerie. Elle fut proche des plus grands artistes de son époque : Barraband, et Pierre-Joseph Redouté (1759-1822). Pauline de Courcelles fut nommée Premier Peintre d’histoire naturelle de Joséphine et plus tard de Marie-Louise, impératrice des Français de 1810 à 1814, c’est-à-dire lors de la réalisation de cette gouache, datée 1811. Elle fut acquise, peut-être au Salon de 1814, par Joseph Fouché, duc d’Otrante, fameux révolutionnaire puis ministre de la Police sous Napoléon.
Pauline de Courcelles travaille également pour l’illustration, notamment pour deux ouvrages majeurs. Le premier, Les Pigeons, publié en 1811 en deux volumes grand in-folio du zoologiste néerlandais Coenraad Jacob Temminck (1778-1858), est illustré de 87 planches gravées, imprimées en couleurs et ‘retouchées par l’artiste avec tant de finesse et de soin, qu’elles ont au premier abord, tout l’aspect d’aquarelles originales’ (Ronsil, op. cit., 1957, p. 212). Le second ouvrage, Histoire naturelle des Tangaras, des Manakins et des Todiers, écrit par le scientifique Anselme-Gaëtan Desmaret (1784-1838), fut publié en 1805 avec 75 planches imprimées en couleurs et rehaussées à la main d’après les dessins de Courcelles.
L’Oiseau de paradis
L’oiseau de paradis à plumage rouge représenté dans le dessin proposé ici a pu être dessiné d’après nature grâce à un spécimen d’Uranornis rubra (ou Paradisaea rubra) envoyé, selon la légende, au Prince d’Orange depuis le Sud-est de la Nouvelle Guinée (voir catalogue Sotheby’s, Londres, 26 juin 1957). Un autre spécimen du même oiseau a été dessiné par Jacques Barraband et lithographié en 1806 pour illustrer le célèbre livre ornithologique du naturaliste François Vaillant, Histoire Naturelle des Oiseaux de Paradis et des Rolliers en trois volumes comprenant 197 planches (fig. 2). Les rapprochements stylistiques et iconographiques entre l’œuvre du maître et de son élève sont évidents.
Les oiseaux de paradis appartiennent à la famille des paradiséidés et des paradisiers. Ce sont des passereaux dentirostres dont on distingue 120 espèces de paradiséidés, quinze espèces de Nouvelle-Guinée, dont le présent oiseau, et des îles avoisinantes. Il s’agit ‘d’oiseaux de la taille d’une pie, à bec vigoureux (…). Les flancs portent de grands panaches de plumes décomposées, et la queue deux filaments cornés’ (R. Guinot, Jacques Barraband. Le Peintre des oiseaux de Napoléon 1er , Paris, 2002, p. 72). D’une élégance rare et d’une grande originalité, ces oiseaux de Paradis ont fasciné les peintres ornithologiques depuis la découverte de l’espèce dans les forêts de Papouasie au XVIe siècle en passant par le XIXe siècle, âge d’or de l’iconographie ornithologique, à l’image de ce large vélin d’une grande fraîcheur réalisé par une artiste femme qui a marqué son temps.
Fig. 1 : P. de Courcelles, Oiseau Lyre, Paris, musée du Louvre ©RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau) / Jean-Pierre Lagiewski
Fig. 2 : J. Barraband, L’Oiseau de Paradis Rouge n°6, lithographie, coll. part. ©Christies Images, 2022
ENGLISH TRANSLATION
Student of the great animalier specialised in birds, Jacques Barraband (1768-1809), the Frenchwoman Pauline Rifer de Courcelles married the renowned Dutch landscapist Josephus Augustus Knip (1777-1847) in 1806. From that date on, she often used both names. Their daughter, Henriëtte Ronner-Knip (1821-1909), would also become an artist, well-known for her depictions of cats; but the identity is not entirely sure, as the Knips were already separated by the time of her birth. Pauline exhibited at the Salon between 1808 and 1814 and presented birds as varied as a ‘Manoura magnificat’ in 1812 under number 516 (fig. 1; Musée du Louvre, Paris, inv. 27327), and, in 1814, an Erect-crested penguin, a Little Red Curlew, a French Owl and a Mandarin duck (no. 547). Another drawing on vellum of dimensions similar to those of the one presented here was exhibited at the Salon of 1810 under the title La Perruque Lori (no. 443), and is now at the Museum d’Histoire Naturelle in Paris (inv. MNHN.OA.569). She was awarded the gold medal in 1810 and an apartment at the Sorbonne. For the manufacture de Sèvres, she also provided models for porcelain services and vases between 1817 and 1826 (Laruelle, op. cit., p. 738).
Career at the court of Napoleon for a woman artist
Empress Josephine showed a continued interest in natural history – not only for plants and flowers, but also for birds, and created at her residence La Malmaison one of France’s most beautiful botanical gardens, as well as a menagerie. She was close to the foremost artists of her time specialising in the depiction of nature – Barraband and Pierre-Joseph Redouté (1759-1822). Pauline de Courcelles was appointed First Painter of Natural History to Josephine, and later to Marie-Louise, French Empress from 1810 to 1814, i.e. in the period when the current work, dated 1811, was made. It was acquired, perhaps at the Salon of 1814, by Joseph Fouché, duc d’Otrante, notorious revolutionary and later Ministre of Police under Napoleon.
Pauline de Courcelles also worked as an illustrator, notably for two major publications. The first, Les Pigeons, written by the Dutch zoologist Coenraad Jacob Temminck (1778-1858), came out in 1811 in two large folios and is illustrated with 87 engraved plates printed in colour, ‘retouched by the artist with such finesse and care, that at first sight they have all the appearance of original watercolours’ (Ronsil, op. cit., 1957, p. 212). The second work, Histoire Naturelle des Tangaras, des Manakins et des Todiers, written by the scientist Anselme-Gaëtan Desmaret (1784-1838), was published in 1805 with 75 colour plates, again enhanced by hand after drawings by de Courcelles.
The bird of paradise
This red-plumaged bird of paradise could be drawn from life thanks to a specimen of Uranornis ruber or Paradisaea rubra sent, according to legend, to the Prince of Orange from south-eastern New Guinea (see Sotheby’s catalogue, London, 26 June 1957). It was also drawn by Jacques Barraband and lithographed in 1806 to illustrate the famous ornithological book by the naturalist François Vaillant, Histoire Naturelle des Oiseaux de Paradis et des Rolliers in three volumes, comprising 197 plates (fig. 2). The stylistic and iconographic similarities between the work of the master and that of his pupil are obvious.
Birds of paradise belong to the family Paradiseidae. They are passerines of which fifteen species – including the bird depicted by Courcelles – are from New Guinea, and from neighbouring islands. They are ‘magpie-sized birds with vigorous beaks […]. The flanks bear large plumes of decomposed feathers, and the tail two horny filaments’ (R. Guinot, Jacques Barraband. Le Peintre des oiseaux de Napoléon 1er, Paris, 2002, p. 72). Of rare elegance and great originality, these birds of paradise have fascinated ornithological painters since the discovery of the species in the forests of Papua in the sixteenth century, and throughout the nineteenth century, the golden age of ornithological depiction, as witnessed by this large vellum of great freshness by a woman artist who left her mark on her time.
Fig. 1. Pauline de Courcelles, A lyrebird (Menura novaehollandiae) seen from behind. Musée du Louvre, Paris, dépôt du Château de Fontainebleau
Fig. 2. Jacques Barraband, L’Oiseau de paradis rouge. Lithography. Private collection