拍品专文
Cette bonbonnière de Neuber, jusqu'à présent non répertoriée, est un exemple intact de steinkabinettabatiere qui associe micromosaïque et pierres dures pour créer une sorte de cabinet naturalia qui séduira la clientèle éclairée de Neuber sensible à la minéralogie et aux sciences naturelles. Cette bonbonnière est aussi un exemple inédit dans ce corpus de boîtes en or réalisées par Neuber à la fin des années 1780 serties de pierres numérotées et disposées en mosaïque entre des bandes d'or, organisées en rayons plutôt qu’en écailles de poisson.
LE MAÎTRE DES BOÎTES EN PIERRES DURES
Né à Neuwunsdorf le 7 avril 1736, Johann-Christian Neuber a été mis en apprentissage à l'âge de dix-sept ans chez Johann Friedrich Trechaon, orfèvre d'origine suédoise. Reçu maître de la guilde des orfèvres de Dresde le 13 juillet 1762, il devient en 1769 directeur des Voûtes vertes, succédant alors à son beau-père Heinrich Taddel, qui lui a appris les pierres dures.
En 1775, il est nommé Hofjuwelier à la cour de Friedrich Augustus III. Neuber comprend le potentiel artistique et commercial des nombreuses pierres indigènes de Saxe à une époque où la minéralogie devient populaire. Il développe la technique connue sous le nom de Zellenmosaic [mosaïque cloisonnée] qu’il utilise pour la fabrication de boîtes, manches de canne, boîtiers de montre, chatelaines et bijoux. Neuber invente aussi la Steinkabinett tabatiere ou tabatière formant cabinet minéralogique, petit chef-d’oeuvre portatif combinant, comme il l’indiqua dans une annonce en 1786 «le luxe, le goût et la science».
Ce type d'objet était parfois vendu avec un livret où le nom et l’origine géographique de chaque échantillon étaient listés, selon la classification prônée par le géologue allemand Abraham-Gottlob Werner (1750-1817). Dissimulé dans un compartiment secret, ce petit recueil était écrit en allemand mais aussi très souvent en français, attestant du succès de ces objets en dehors de l'Allemagne.
PIERRE ET VERRE
Neuber affectionne tout particulièrement les micromosaïques dont la popularité grandissante coïncide avec le Grand Tour. En effet, attirés par la redécouverte de Pompéi et les fouilles archéologiques d’Herculanum, les riches voyageurs s’enthousiasment pour ces œuvres d’art portatives qu’ils rapportent comme souvenirs.
Sans doute pour répondre à la demande de cette clientèle, Neuber commence à intégrer des micromosaïques dans ses tabatières dès le début des années 1780. Ainsi, l'un des plus anciens exemples répertoriés à ce jour est une boîte rectangulaire à pans coupés dans la Gilbert Collection à Londres (LOAN:GILBERT.353-2008) dont le couvercle est serti d'une micromosaïque ovale représentant les Colombes de Pline. Les autres exemples connus sont, a priori, toutes des bonbonnières serties de micromosaïques circulaires : l'une représente un ornement floral sur la base d'une boîte en pierres dures (Kugel, op. cit., n° 134), une autre les Colombes de Pline (Kugel, op. cit., n° 180) et une troisième un chardonneret (Kugel, op. cit., n° 182). Pourtant l’un des exemples les plus intéressants pour notre bonbonnière reste celle de la Gilbert Collection datée vers 1780 (LOAN:GILBERT.349:1, 2-2008), sertie de deux plaques en micromosaïque de Raffaelli : sur le couvercle un chien et sur le fond un papillon vu de profil.
L’INVENTEUR DE LA MICROMOSAIQUE
Giacomo Raffaelli (1753-1836) descend d'une famille qui fut le principal fournisseur de l'atelier de mosaïques du Vatican en smalt, matériau avec lequel les mosaïques sont fabriquées.
Il reçut une formation de peintre et de sculpteur et devint maître dans la mosaïque florentine et dans la micromosaïque romaine – dernière technique pour laquelle on lui attribue la paternité.
En 1775, à l'âge de 22 ans, il donna la première exposition de mosaïques miniatures dans son atelier à Rome, désormais appelées « micromosaïques ». L'exposition connut un vif succès et le conduisit à une brillante carrière.
La renommée de Raffaelli le mena bientôt à la réalisation de mosaïques pour les cours européennes. En 1787, il fut anobli par le roi Stanislas II Auguste de Pologne et exécuta de nombreuses œuvres pour la cour polonaise comme par exemple un portrait en mosaïque du frère du roi, le prince Michal Poniatowski, évêque de Pologne. Le pape Pie XV (mort en 1799) devint son mécène et il travailla aussi bien dans les ateliers du Vatican que dans son propre studio de la Piazza di Spagna.
En 1804, le pape Pie VII offrit à l'empereur Napoléon Ier l'un des plus grands chefs-d’œuvre de Raffaelli: un arc de triomphe en micromosaïque contenant une horloge de Bréguet, aujourd’hui dans la Gilbert Collection et conservé au Victoria and Albert Museum, Londres . Un an plus tard, Raffaelli fut envoyé à Milan pour diriger un atelier de mosaïque à la demande de Napoléon. En 1809, l'empereur commanda une copie en mosaïque grandeur nature de la Cène de Léonard de Vinci, aujourd'hui conservée à la Minoritenkirche à Vienne.
LE PAPILLON
Symbole de l’âme dans la mythologie grecque et romaine, le papillon est associé par extension à la légèreté, l’inconstance mais aussi à la renaissance.
Le papillon est un thème populaire en micromosaïque et tout particulièrement dans l’œuvre de Giacomo Raffaelli.
La micromosaïque ornant le couvercle de cette bonbonnière présente ainsi de nombreux aspects caractéristiques de l’œuvre de Raffaelli: l'utilisation d'un fond blanc, composé de tesselles carrées formant des lignes parallèles, mais aussi la représentation de papillons dans une délicate interprétation néo-classique naturaliste, ou encore sa manière de redessiner le contour des papillons avec des tesselles blanches et rectilignes.
Cette bonbonnière est ainsi la rencontre non seulement entre deux grands maîtres, Neuber et Raffaelli mais aussi la combinaison de deux arts au sommet de leur popularité à l'époque de la création de cet objet, faisant de cette bonbonnière l'un des objets à la mode les plus désirables.
LE MAÎTRE DES BOÎTES EN PIERRES DURES
Né à Neuwunsdorf le 7 avril 1736, Johann-Christian Neuber a été mis en apprentissage à l'âge de dix-sept ans chez Johann Friedrich Trechaon, orfèvre d'origine suédoise. Reçu maître de la guilde des orfèvres de Dresde le 13 juillet 1762, il devient en 1769 directeur des Voûtes vertes, succédant alors à son beau-père Heinrich Taddel, qui lui a appris les pierres dures.
En 1775, il est nommé Hofjuwelier à la cour de Friedrich Augustus III. Neuber comprend le potentiel artistique et commercial des nombreuses pierres indigènes de Saxe à une époque où la minéralogie devient populaire. Il développe la technique connue sous le nom de Zellenmosaic [mosaïque cloisonnée] qu’il utilise pour la fabrication de boîtes, manches de canne, boîtiers de montre, chatelaines et bijoux. Neuber invente aussi la Steinkabinett tabatiere ou tabatière formant cabinet minéralogique, petit chef-d’oeuvre portatif combinant, comme il l’indiqua dans une annonce en 1786 «le luxe, le goût et la science».
Ce type d'objet était parfois vendu avec un livret où le nom et l’origine géographique de chaque échantillon étaient listés, selon la classification prônée par le géologue allemand Abraham-Gottlob Werner (1750-1817). Dissimulé dans un compartiment secret, ce petit recueil était écrit en allemand mais aussi très souvent en français, attestant du succès de ces objets en dehors de l'Allemagne.
PIERRE ET VERRE
Neuber affectionne tout particulièrement les micromosaïques dont la popularité grandissante coïncide avec le Grand Tour. En effet, attirés par la redécouverte de Pompéi et les fouilles archéologiques d’Herculanum, les riches voyageurs s’enthousiasment pour ces œuvres d’art portatives qu’ils rapportent comme souvenirs.
Sans doute pour répondre à la demande de cette clientèle, Neuber commence à intégrer des micromosaïques dans ses tabatières dès le début des années 1780. Ainsi, l'un des plus anciens exemples répertoriés à ce jour est une boîte rectangulaire à pans coupés dans la Gilbert Collection à Londres (LOAN:GILBERT.353-2008) dont le couvercle est serti d'une micromosaïque ovale représentant les Colombes de Pline. Les autres exemples connus sont, a priori, toutes des bonbonnières serties de micromosaïques circulaires : l'une représente un ornement floral sur la base d'une boîte en pierres dures (Kugel, op. cit., n° 134), une autre les Colombes de Pline (Kugel, op. cit., n° 180) et une troisième un chardonneret (Kugel, op. cit., n° 182). Pourtant l’un des exemples les plus intéressants pour notre bonbonnière reste celle de la Gilbert Collection datée vers 1780 (LOAN:GILBERT.349:1, 2-2008), sertie de deux plaques en micromosaïque de Raffaelli : sur le couvercle un chien et sur le fond un papillon vu de profil.
L’INVENTEUR DE LA MICROMOSAIQUE
Giacomo Raffaelli (1753-1836) descend d'une famille qui fut le principal fournisseur de l'atelier de mosaïques du Vatican en smalt, matériau avec lequel les mosaïques sont fabriquées.
Il reçut une formation de peintre et de sculpteur et devint maître dans la mosaïque florentine et dans la micromosaïque romaine – dernière technique pour laquelle on lui attribue la paternité.
En 1775, à l'âge de 22 ans, il donna la première exposition de mosaïques miniatures dans son atelier à Rome, désormais appelées « micromosaïques ». L'exposition connut un vif succès et le conduisit à une brillante carrière.
La renommée de Raffaelli le mena bientôt à la réalisation de mosaïques pour les cours européennes. En 1787, il fut anobli par le roi Stanislas II Auguste de Pologne et exécuta de nombreuses œuvres pour la cour polonaise comme par exemple un portrait en mosaïque du frère du roi, le prince Michal Poniatowski, évêque de Pologne. Le pape Pie XV (mort en 1799) devint son mécène et il travailla aussi bien dans les ateliers du Vatican que dans son propre studio de la Piazza di Spagna.
En 1804, le pape Pie VII offrit à l'empereur Napoléon Ier l'un des plus grands chefs-d’œuvre de Raffaelli: un arc de triomphe en micromosaïque contenant une horloge de Bréguet, aujourd’hui dans la Gilbert Collection et conservé au Victoria and Albert Museum, Londres . Un an plus tard, Raffaelli fut envoyé à Milan pour diriger un atelier de mosaïque à la demande de Napoléon. En 1809, l'empereur commanda une copie en mosaïque grandeur nature de la Cène de Léonard de Vinci, aujourd'hui conservée à la Minoritenkirche à Vienne.
LE PAPILLON
Symbole de l’âme dans la mythologie grecque et romaine, le papillon est associé par extension à la légèreté, l’inconstance mais aussi à la renaissance.
Le papillon est un thème populaire en micromosaïque et tout particulièrement dans l’œuvre de Giacomo Raffaelli.
La micromosaïque ornant le couvercle de cette bonbonnière présente ainsi de nombreux aspects caractéristiques de l’œuvre de Raffaelli: l'utilisation d'un fond blanc, composé de tesselles carrées formant des lignes parallèles, mais aussi la représentation de papillons dans une délicate interprétation néo-classique naturaliste, ou encore sa manière de redessiner le contour des papillons avec des tesselles blanches et rectilignes.
Cette bonbonnière est ainsi la rencontre non seulement entre deux grands maîtres, Neuber et Raffaelli mais aussi la combinaison de deux arts au sommet de leur popularité à l'époque de la création de cet objet, faisant de cette bonbonnière l'un des objets à la mode les plus désirables.