拍品專文
par Marguerite de Sabran
« Captive d’un cerne vermeil, une opalescence striée d’éclats au moindre frisson révèle ce météorite lunaire »1.
En 1970, le prodigieux ensemble d’art Lega constitué par Raymond et Tom Hombert entrait dans la collection d’Alexis Bonew. Deux œuvres en étaient les joyaux : un masque noir muminia et cette petite tête en résine de copal.
Les objets nés de la rencontre « lunaire » entre le copal et la lumière que cette résine translucide réfracte et diffuse constituaient chez les Lega la prérogative de seuls quelques grands initiés du Bwami. Dans cette institution strictement hiérarchisée, les sculptures propres à chaque grade étaient propriétés individuelle ou collective. Ces objets d’initiation, usuellement en bois, en os, ou en ivoire, servaient à transmettre les valeurs du Bwami dans un contexte dramaturgique.
La plus saisissante de ces cérémonies était celle associée au rituel du kasisi : « il se déroulait dans la nuit noire, ne faisait intervenir ni mot, ni chant, ni musique […]. L’atmosphère délibérément lugubre était soudainement rompue par la lumière des torches de résine, révélant aux initiés des objets insolites, comme des cristaux rocheux ou des statuettes rudimentaires en résine […] traditionnellement gardés dans un panier par un haut initié »2.
Selon Daniel Biebuyck3, cette tête en résine de copal « d’une insigne rareté » était liée au kasisi. A l’inverse des objets rudimentaires destinés aux initiés mais telle la masquette dont elle emprunte à la fois le concept et l’esthétique, elle constituait « un symbole statutaire » qui n’était dévoilé « dans le plus grand secret qu’à d’autres très rares gardiens ancestraux du kasisi »4.
Cette « goutte de lumière »5, rareté de l’art Lega, conserve tout son pouvoir de fascination.
by Marguerite de Sabran
“Captive in a gilded silver circle, an opalescence streaking with sparkles at the slightest shiver reveals this lunar meteorite”1.
In 1970, the prodigious ensemble of Lega art works put together by Raymond and Tom Hombert entered Alexis Bonew’s collection. Two works stood out as outstanding gems: a black muminia mask and this small head made of copal resin.
Among the Lega people, objects born by the encounter of copal and light, which this translucent resin refracts and diffuses, were the prerogative of a few important Bwami initiates. Inside this strictly hierarchical institution, the sculptures specific to each rank were owned individually or collectively. The purpose of these initiation objects usually made of wood, bone or ivory was to transmit the Bwami values and rites in a dramatic context.
The most striking of these ceremonies was the one associated with the kasisi ritual: “It took place in the dark of night, with no words, songs or music [...]. The deliberately gloomy atmosphere was suddenly broken by the light of resin torches, revealing to the initiates unusual objects, such as rock crystals or rudimentary resin statuettes [...], traditionally kept in a basket by a high-ranking initiate”2.
According to Daniel Biebuyck3, this copal resin head “of great rarity” was linked to the kasisi. Unlike the rudimentary objects intended for initiates but like the small masquette whose aesthetic and concept it conveys, this fascinating “drop of light”5 constituted “a status symbol” unveiled “in the greatest secrecy to very few ancestral guardians of the kasisi ”4.
1 Bonew, A., « Patines », in Connaissance des arts - Supplément Benelux, mars 1974, n° 5, p. 12.
2 Biebuyck, D., Lega Culture, Berkeley, 1973, pp. 177 et 181.
3 Affinités électives. Alexis Bonew et les arts du Congo, Paris, 2014, p. 28.
4 Biebuyck, D., ibid., 2014.
5 Bonew, A., ibid., 1974.
« Captive d’un cerne vermeil, une opalescence striée d’éclats au moindre frisson révèle ce météorite lunaire »1.
En 1970, le prodigieux ensemble d’art Lega constitué par Raymond et Tom Hombert entrait dans la collection d’Alexis Bonew. Deux œuvres en étaient les joyaux : un masque noir muminia et cette petite tête en résine de copal.
Les objets nés de la rencontre « lunaire » entre le copal et la lumière que cette résine translucide réfracte et diffuse constituaient chez les Lega la prérogative de seuls quelques grands initiés du Bwami. Dans cette institution strictement hiérarchisée, les sculptures propres à chaque grade étaient propriétés individuelle ou collective. Ces objets d’initiation, usuellement en bois, en os, ou en ivoire, servaient à transmettre les valeurs du Bwami dans un contexte dramaturgique.
La plus saisissante de ces cérémonies était celle associée au rituel du kasisi : « il se déroulait dans la nuit noire, ne faisait intervenir ni mot, ni chant, ni musique […]. L’atmosphère délibérément lugubre était soudainement rompue par la lumière des torches de résine, révélant aux initiés des objets insolites, comme des cristaux rocheux ou des statuettes rudimentaires en résine […] traditionnellement gardés dans un panier par un haut initié »2.
Selon Daniel Biebuyck3, cette tête en résine de copal « d’une insigne rareté » était liée au kasisi. A l’inverse des objets rudimentaires destinés aux initiés mais telle la masquette dont elle emprunte à la fois le concept et l’esthétique, elle constituait « un symbole statutaire » qui n’était dévoilé « dans le plus grand secret qu’à d’autres très rares gardiens ancestraux du kasisi »4.
Cette « goutte de lumière »5, rareté de l’art Lega, conserve tout son pouvoir de fascination.
by Marguerite de Sabran
“Captive in a gilded silver circle, an opalescence streaking with sparkles at the slightest shiver reveals this lunar meteorite”1.
In 1970, the prodigious ensemble of Lega art works put together by Raymond and Tom Hombert entered Alexis Bonew’s collection. Two works stood out as outstanding gems: a black muminia mask and this small head made of copal resin.
Among the Lega people, objects born by the encounter of copal and light, which this translucent resin refracts and diffuses, were the prerogative of a few important Bwami initiates. Inside this strictly hierarchical institution, the sculptures specific to each rank were owned individually or collectively. The purpose of these initiation objects usually made of wood, bone or ivory was to transmit the Bwami values and rites in a dramatic context.
The most striking of these ceremonies was the one associated with the kasisi ritual: “It took place in the dark of night, with no words, songs or music [...]. The deliberately gloomy atmosphere was suddenly broken by the light of resin torches, revealing to the initiates unusual objects, such as rock crystals or rudimentary resin statuettes [...], traditionally kept in a basket by a high-ranking initiate”2.
According to Daniel Biebuyck3, this copal resin head “of great rarity” was linked to the kasisi. Unlike the rudimentary objects intended for initiates but like the small masquette whose aesthetic and concept it conveys, this fascinating “drop of light”5 constituted “a status symbol” unveiled “in the greatest secrecy to very few ancestral guardians of the kasisi ”4.
1 Bonew, A., « Patines », in Connaissance des arts - Supplément Benelux, mars 1974, n° 5, p. 12.
2 Biebuyck, D., Lega Culture, Berkeley, 1973, pp. 177 et 181.
3 Affinités électives. Alexis Bonew et les arts du Congo, Paris, 2014, p. 28.
4 Biebuyck, D., ibid., 2014.
5 Bonew, A., ibid., 1974.