Lot Essay
Enrico Hugford et l’art de la scagliole
Né de parents anglais partis s’installer en Italie vers 1686 et entrés au service du grand-duc Cosimo III de Medici, Enrico Hugford (1695-1771) et son frère Ignazio (1703-1778) furent des figures importantes dans la Florence du milieu du XVIIIe siècle. Enrico entra à l'abbaye de Vallombrosa en 1711 comme moine. Formé à l’art de la scagliole par les moines de l’abbaye de Sainte-Réparate de Marradi, il retourna à Vallombrosa où son talent fut vite apprécié et reconnu.
Enrico Hugford joua un rôle novateur fondamental dans l’art de la scagliole. Grâce à une technique raffinée il atteignit une extrême précision. Il traita des sujets variés comme thèmes paysagers, des vues de mer et de rivière avec des architectures et des personnages, des fleurs, des animaux, des scènes de genre, ainsi que des portraits, l’histoire de saints et saintes (voir collection du musée de l’abbaye de Vallombrosa).
Ses vues élégantes puisent dans le répertoire du védutisme du XVIIIe siècle dont il put avoir accès au travers des œuvres graphiques conservées dans la bibliothèque du monastère de Vallombrosa et parmi les dessins et peintures collectionnés et commercialisés par son frère. Il est en effet bien connu que son frère Ignazio, collectionneur passionné, marchand, restaurateur et figure éminente de la Florence du XVIIIe siècle, réussit à promouvoir et diffuser les scaglioles d'Enrico notamment dans la capitale toscane. La diffusion de son œuvre fut également possible grâce à la venue au monastère de Vallombrosa d’anglais et plus largement d’européens de passage lors de leur Grand Tour.
Immédiatement après sa mort en 1771, les œuvres de Hugford sont devenues des objets de collection recherchés : une de ses vues de mer a été offerte au pape Clément XIV par Monseigneur Cesare Massa Salazzo de Tortona et placée dans les musées du Vatican. Le grand-duc de Toscane, Pietro Leopoldo, a également acheté quatre paysages pour la Galerie des Offices en 1779, par l'intermédiaire du directeur de l'époque, Giuseppe Pelli Bencivenni, aux héritiers de son frère Ignazio.
Une provenance siennoise aristocratique
Au dos des cadres des panneaux se trouvent deux cachets de cire rouge fragmentaires qui, une fois reconstitués, permettent de reconnaître les armoiries de la famille Azzoni de Sienne.
Les ascendants de cette illustre famille furent Azzone di Tocchi et Pietro di Ghino qui donnèrent naissance à la branche Ghinazzoni. La présence des Azzoni est attestée dès le XIVe siècle à Monticiano, sur le territoire de Sienne, où ils avaient développé une activité rentable d'extraction de fer et de sidérurgie. Ils financèrent l’édification de la façade de l'église du couvent des Augustins de Monticiano en 1380 et résidèrent dans un palais sur la place principale de la cité. Leur fortune leur permit durant les siècles suivants d’augmenter leurs propriétés et d’investir à Sienne où ils possédèrent également plusieurs palais. Certains membres furent importants parmi lesquels il faut compter des banquiers et des juges du Palio, les plus célèbres étant Sainte Teresa Margherita du Sacré-Cœur de Jésus, Teresa Margherita Redi (petite fille de Anna Maria Azzoni (1681-1740)) ou encore le théologien Giuseppe Azzoni (v. 1707-1790).
Nous remercions le Docteur Anna Maria Massinelli pour ses recherches ayant permis la rédaction de cette notice.
Né de parents anglais partis s’installer en Italie vers 1686 et entrés au service du grand-duc Cosimo III de Medici, Enrico Hugford (1695-1771) et son frère Ignazio (1703-1778) furent des figures importantes dans la Florence du milieu du XVIIIe siècle. Enrico entra à l'abbaye de Vallombrosa en 1711 comme moine. Formé à l’art de la scagliole par les moines de l’abbaye de Sainte-Réparate de Marradi, il retourna à Vallombrosa où son talent fut vite apprécié et reconnu.
Enrico Hugford joua un rôle novateur fondamental dans l’art de la scagliole. Grâce à une technique raffinée il atteignit une extrême précision. Il traita des sujets variés comme thèmes paysagers, des vues de mer et de rivière avec des architectures et des personnages, des fleurs, des animaux, des scènes de genre, ainsi que des portraits, l’histoire de saints et saintes (voir collection du musée de l’abbaye de Vallombrosa).
Ses vues élégantes puisent dans le répertoire du védutisme du XVIIIe siècle dont il put avoir accès au travers des œuvres graphiques conservées dans la bibliothèque du monastère de Vallombrosa et parmi les dessins et peintures collectionnés et commercialisés par son frère. Il est en effet bien connu que son frère Ignazio, collectionneur passionné, marchand, restaurateur et figure éminente de la Florence du XVIIIe siècle, réussit à promouvoir et diffuser les scaglioles d'Enrico notamment dans la capitale toscane. La diffusion de son œuvre fut également possible grâce à la venue au monastère de Vallombrosa d’anglais et plus largement d’européens de passage lors de leur Grand Tour.
Immédiatement après sa mort en 1771, les œuvres de Hugford sont devenues des objets de collection recherchés : une de ses vues de mer a été offerte au pape Clément XIV par Monseigneur Cesare Massa Salazzo de Tortona et placée dans les musées du Vatican. Le grand-duc de Toscane, Pietro Leopoldo, a également acheté quatre paysages pour la Galerie des Offices en 1779, par l'intermédiaire du directeur de l'époque, Giuseppe Pelli Bencivenni, aux héritiers de son frère Ignazio.
Une provenance siennoise aristocratique
Au dos des cadres des panneaux se trouvent deux cachets de cire rouge fragmentaires qui, une fois reconstitués, permettent de reconnaître les armoiries de la famille Azzoni de Sienne.
Les ascendants de cette illustre famille furent Azzone di Tocchi et Pietro di Ghino qui donnèrent naissance à la branche Ghinazzoni. La présence des Azzoni est attestée dès le XIVe siècle à Monticiano, sur le territoire de Sienne, où ils avaient développé une activité rentable d'extraction de fer et de sidérurgie. Ils financèrent l’édification de la façade de l'église du couvent des Augustins de Monticiano en 1380 et résidèrent dans un palais sur la place principale de la cité. Leur fortune leur permit durant les siècles suivants d’augmenter leurs propriétés et d’investir à Sienne où ils possédèrent également plusieurs palais. Certains membres furent importants parmi lesquels il faut compter des banquiers et des juges du Palio, les plus célèbres étant Sainte Teresa Margherita du Sacré-Cœur de Jésus, Teresa Margherita Redi (petite fille de Anna Maria Azzoni (1681-1740)) ou encore le théologien Giuseppe Azzoni (v. 1707-1790).
Nous remercions le Docteur Anna Maria Massinelli pour ses recherches ayant permis la rédaction de cette notice.