Lot Essay
Le tableau ci-présent appartient à un important cycle dédié à l’Amour, dont notre œuvre représente le sixième et ultime sujet : le triomphe de Cupidon. Le petit dieu est assis sur un char tiré par deux grâces, son arc levé vers le ciel. Une troisième grâce devance la parade, parsemant de fleurs le chemin.
Les cinq autres œuvres constituant ce cycle sont conservées au Vorarlberg Landesmuseum de Brégence (nos. inv. Gem 1346-1350). Cette même institution conserve un dessin préparatoire au Triomphe de l’Amour. Notons que l’ensemble des tableaux fut peint sur des toiles circulaires. Ils ont par la suite tous été contrecollés sur des toiles de format carré.
La victoire de Cupidon vient clore l’histoire qui commence lorsque Cupidon tente d'aveugler la grâce Aglaia, pour qu'elle tombe amoureuse. Pour venger leur sœur, les compagnes d’Aglaia s’unissent pour voler le carquois de Cupidon. Celui-ci parvient néanmoins à le récupérer et, pour les punir, les frappe de ses flèches d’amour. L’Amour a pris sa revanche. C’est un cycle qui interroge le conflit entre la raison et l’amour, entre l’amour chaste et l’amour passion. Avec cet épisode final, la grâce, la joie de vivre et la beauté, personnifiées par les grâces, s’inclinent devant la passion, et ce malgré leur brève victoire prônant un amour plus platonique. Kauffmann rend ici hommage à son surnom panégyrique de ‘pittrice delle grazie’ [peintre de la grâce].
Ce cycle a connu une importante fortune au XVIIIe siècle. Il fut commandé par l’éditeur anglais Henry Bryer (mort avant 1783) qui cherchait à faire un important profit en diffusant les formes gravées. En collaboration avec le graveur et éditeur William Wynne Ryland (1738-1783), il fit graver l’ensemble entre 1777 et 1779 par le Russe Gabriel Scorodomoff (1748-1792), l’un des meilleurs graveurs de son temps. La légende des gravures spécifie que Bryer est le propriétaire des première, troisième et cinquième scène de l’ensemble peint. La gravure tirée du tableau-ci présent (fig. 1) ne mentionne pas le nom d’un propriétaire mais reprend une dédicace à la princesse russe Yekaterina Romanovna Dashkova (1743-1810). Cela n’implique pas forcément que celle-ci possédait notre tableau mais une lettre de l’artisan Matthew Boulton (1728-1809) adressé à la princesse lui demandant l’autorisation de reproduire son œuvre comme une ‘mechanical painting’ [peinture mécanique] suggère que celle-ci a acquis Le triomphe de l’Amour à Bryer avant janvier 1778, date de publication de la gravure, justifiant ainsi l’absence du nom de Bryer dans la légende. La date de publication nous permet également de situer chronologiquement notre tableau, celle-ci indiquant que celui-ci a été peint au plus tard en 1777.
Nous tenons à remercier Dr. Bettina Baumgärtel, à la tête du Angelica Kauffman Research Project, d’avoir examiné le tableau et d’avoir contribué par son expertise détaillée à la rédaction de cette notice. Ce tableau sera inclus dans le catalogue raisonné de l’artiste en cours de préparation.
Les cinq autres œuvres constituant ce cycle sont conservées au Vorarlberg Landesmuseum de Brégence (nos. inv. Gem 1346-1350). Cette même institution conserve un dessin préparatoire au Triomphe de l’Amour. Notons que l’ensemble des tableaux fut peint sur des toiles circulaires. Ils ont par la suite tous été contrecollés sur des toiles de format carré.
La victoire de Cupidon vient clore l’histoire qui commence lorsque Cupidon tente d'aveugler la grâce Aglaia, pour qu'elle tombe amoureuse. Pour venger leur sœur, les compagnes d’Aglaia s’unissent pour voler le carquois de Cupidon. Celui-ci parvient néanmoins à le récupérer et, pour les punir, les frappe de ses flèches d’amour. L’Amour a pris sa revanche. C’est un cycle qui interroge le conflit entre la raison et l’amour, entre l’amour chaste et l’amour passion. Avec cet épisode final, la grâce, la joie de vivre et la beauté, personnifiées par les grâces, s’inclinent devant la passion, et ce malgré leur brève victoire prônant un amour plus platonique. Kauffmann rend ici hommage à son surnom panégyrique de ‘pittrice delle grazie’ [peintre de la grâce].
Ce cycle a connu une importante fortune au XVIIIe siècle. Il fut commandé par l’éditeur anglais Henry Bryer (mort avant 1783) qui cherchait à faire un important profit en diffusant les formes gravées. En collaboration avec le graveur et éditeur William Wynne Ryland (1738-1783), il fit graver l’ensemble entre 1777 et 1779 par le Russe Gabriel Scorodomoff (1748-1792), l’un des meilleurs graveurs de son temps. La légende des gravures spécifie que Bryer est le propriétaire des première, troisième et cinquième scène de l’ensemble peint. La gravure tirée du tableau-ci présent (fig. 1) ne mentionne pas le nom d’un propriétaire mais reprend une dédicace à la princesse russe Yekaterina Romanovna Dashkova (1743-1810). Cela n’implique pas forcément que celle-ci possédait notre tableau mais une lettre de l’artisan Matthew Boulton (1728-1809) adressé à la princesse lui demandant l’autorisation de reproduire son œuvre comme une ‘mechanical painting’ [peinture mécanique] suggère que celle-ci a acquis Le triomphe de l’Amour à Bryer avant janvier 1778, date de publication de la gravure, justifiant ainsi l’absence du nom de Bryer dans la légende. La date de publication nous permet également de situer chronologiquement notre tableau, celle-ci indiquant que celui-ci a été peint au plus tard en 1777.
Nous tenons à remercier Dr. Bettina Baumgärtel, à la tête du Angelica Kauffman Research Project, d’avoir examiné le tableau et d’avoir contribué par son expertise détaillée à la rédaction de cette notice. Ce tableau sera inclus dans le catalogue raisonné de l’artiste en cours de préparation.