拍品專文
L’école de Fontainebleau forme une des périodes les plus singulières de l’histoire de l’art. Elle prend le nom de ce château situé au sud de Paris qui accueillit des artistes venant des principaux foyers artistiques européens pour œuvrer, au début du XVIe siècle, à la transformation d’une ancienne demeure féodale en bâtisse de Prince humaniste. Rarement chantier artistique ne fût aussi total et aussi manifestement porteur de modernité. Le roi François Ier (1494-1547) voulut élever par les arts son royaume à la hauteur de son voisin ultramontain. L’art de cette école témoigne de sa fièvre créative et proclame tous les désirs de l’époque : la gloire, le plaisir, l’amour, la fête.
Les artistes Giovanni Battista di Jacopo dit Rosso Fiorentino (1495-1540) et Francesco Primaticcio (1504-1570) furent les véritables intendants de cette transformation. On leur doit aujourd’hui la galerie François Ier, entamée par le premier et terminée par le second, véritable manifeste de cette école maniériste de la Renaissance française.
Mais toutes les créations bellifontaines n’ont malheureusement pas survécu jusqu’à nous, comme la galerie d’Ulysse, disparue en 1738, ou encore le pavillon de Pomone, détruit en 1766. Ce dernier, une petite fabrique à proximité de la grotte des Pins dans les jardins du château possédait un seul niveau, ouvert par deux côtés sur les jardins et fermé des deux autres par des murs décorés de fresques, chaque mur étant l'oeuvre d'un artiste différent. Une gravure par Léon Davent (actif entre 1540 et 1556) (Paris, Blibliothèque nationale de France, département des estampes et de la photographie, no. inv. da67) d’après la composition de Primatice ainsi qu’une autre par Antonio Fantuzzi (1510-1550) d’après celle de Rosso permettent de comprendre l’articulation des deux œuvres. Disposées au cœur d’un jardin, ces compositions renvoient au mythe très botanique de Vertumne et Pomone. Le récit d’Ovide (43 av. J.-C.-17 ou 18) raconte l’histoire de Pomone, nymphe des fruits, séduite par Vertumne se déguisant tour à tour en vendangeur, gardien de vigne, pêcheur, puis vieille femme pour l’approcher, illustrant par cette suite de personnages les différentes saisons.
Si la composition de Rosso expose bien la métamorphose la plus souvent illustrée du mythe par la scène d’une vieille femme, en vérité Vertumne, approchant la très chaste Pomone, la composition de Primatice paraît plus délicate à déchiffrer. Elle fut tour à tour nommée ‘Nymphes cultivant un jardin’, ‘Le temple de Priape’, en raison de la présence centrale de la divinité assimilée à la fécondité symbolisé par une statue du dieu en érection, ‘Le jardin de Pomone’ puis ‘L’union féconde de Vertumne et Pomone’.
Une traduction de 1539 du texte d’Ovide inspira peut-être Primatice pour cette singulière composition. Le texte, à la différence des traductions habituelles, décrit une Pomone occupée à retirer les mauvaises herbes de son jardin et mentionne des arbres si lourds de fruits qu’il fallait des colonnes pour les soutenir (Les XV livres de la Métamorphose d’Ovide, 1539, XIV, f°. 96-98).
Si nous devions aux gravures la connaissance de ces deux compositions, la toile que nous présentons aujourd’hui constitue un témoignage particulièrement précieux de l’art de l’école de Fontainebleau. On y redécouvre les carnations minérales des nymphes, inspirées à Primatice par son observation des peintures de Michel-Ange (1475-1564), et cette palette acidulée aux tons ocres, orangés au service d’une certaine notion de l’érotisme.
Les artistes Giovanni Battista di Jacopo dit Rosso Fiorentino (1495-1540) et Francesco Primaticcio (1504-1570) furent les véritables intendants de cette transformation. On leur doit aujourd’hui la galerie François Ier, entamée par le premier et terminée par le second, véritable manifeste de cette école maniériste de la Renaissance française.
Mais toutes les créations bellifontaines n’ont malheureusement pas survécu jusqu’à nous, comme la galerie d’Ulysse, disparue en 1738, ou encore le pavillon de Pomone, détruit en 1766. Ce dernier, une petite fabrique à proximité de la grotte des Pins dans les jardins du château possédait un seul niveau, ouvert par deux côtés sur les jardins et fermé des deux autres par des murs décorés de fresques, chaque mur étant l'oeuvre d'un artiste différent. Une gravure par Léon Davent (actif entre 1540 et 1556) (Paris, Blibliothèque nationale de France, département des estampes et de la photographie, no. inv. da67) d’après la composition de Primatice ainsi qu’une autre par Antonio Fantuzzi (1510-1550) d’après celle de Rosso permettent de comprendre l’articulation des deux œuvres. Disposées au cœur d’un jardin, ces compositions renvoient au mythe très botanique de Vertumne et Pomone. Le récit d’Ovide (43 av. J.-C.-17 ou 18) raconte l’histoire de Pomone, nymphe des fruits, séduite par Vertumne se déguisant tour à tour en vendangeur, gardien de vigne, pêcheur, puis vieille femme pour l’approcher, illustrant par cette suite de personnages les différentes saisons.
Si la composition de Rosso expose bien la métamorphose la plus souvent illustrée du mythe par la scène d’une vieille femme, en vérité Vertumne, approchant la très chaste Pomone, la composition de Primatice paraît plus délicate à déchiffrer. Elle fut tour à tour nommée ‘Nymphes cultivant un jardin’, ‘Le temple de Priape’, en raison de la présence centrale de la divinité assimilée à la fécondité symbolisé par une statue du dieu en érection, ‘Le jardin de Pomone’ puis ‘L’union féconde de Vertumne et Pomone’.
Une traduction de 1539 du texte d’Ovide inspira peut-être Primatice pour cette singulière composition. Le texte, à la différence des traductions habituelles, décrit une Pomone occupée à retirer les mauvaises herbes de son jardin et mentionne des arbres si lourds de fruits qu’il fallait des colonnes pour les soutenir (Les XV livres de la Métamorphose d’Ovide, 1539, XIV, f°. 96-98).
Si nous devions aux gravures la connaissance de ces deux compositions, la toile que nous présentons aujourd’hui constitue un témoignage particulièrement précieux de l’art de l’école de Fontainebleau. On y redécouvre les carnations minérales des nymphes, inspirées à Primatice par son observation des peintures de Michel-Ange (1475-1564), et cette palette acidulée aux tons ocres, orangés au service d’une certaine notion de l’érotisme.