Lot Essay
Capturer la musique des sphères et la restituer était le rêve de Pythagore, mais aussi celui de Takis.
Panagiotis Vassilakis, connu sous le nom de Takis, nait en 1925 à Athènes. Son enfance se déroule pendant l’occupation allemande nazie et italienne fasciste, pendant la Seconde Guerre mondiale. Immédiatement après, le pays plonge dans une guerre civile, et le futur créateur s’implique, dès sa jeunesse, dans différents groupes politiques. Parallèlement, et bien qu’autodidacte, il devient sculpteur alors qu’il n’a pas encore trente ans. Passionné par l’histoire antique, ses premiers travaux témoignent d’un amour pour l’héritage grec et ses arts, mais aussi pour la sculpture moderne, particulièrement celle de Picasso et Modigliani. C’est en arrivant à Paris, en 1954, que s’opère sa transformation.
Deux moments peuvent être considérés comme clés dans l’œuvre de Takis : celui où, alors qu’il attend un train en gare de Calais, il réalise l’importance des ampoules, fils électriques, câbles et signaux de cette forêt de métaux que l’homme se fabrique pour se repérer et faire fonctionner tout un système de références. Takis commence à partir de là à réaliser des sculptures qu’il appelle « signaux » et qui sont, aujourd’hui encore, parmi ses œuvres les plus emblématiques : des tiges de métal suspendues et sensibles aux ondes arrivant de toutes parts, dont les têtes s’allument à l’envi comme pour un indiquer une présence aléatoire dans le cosmos. Puis, celui où se produit, en 1959, sa découverte du magnétisme comme moyen de sculpter. Takis cherche alors un moyen de briser les conventions de ce que peut être la sculpture. La solution est trouvée : au lieu d’une forme solide et lourde, le créateur essaye de créer une sculpture qui flotte dans l’espace. La gravité apparaît comme adversaire autant que comme allié : elle repousse et attire.
Takis est avant tout un créateur de la cité, dans la cité. Il ne se considère pas comme un artiste dont les œuvres devraient seulement finir dans un musée, figées et en attente. Elles ont pour destin de vivre avec le public. C’est dans cette démarche que l’artiste grec voit dans la proposition de Renault une possibilité de rendre concret ce désir d’artiste-citoyen. Il adopte ainsi la vision de Claude-Louis Renard, le directeur du département Recherches, art et industrie, bras armé du programme de mécénat d’entreprise de la Régie Renault, et profite de la générosité de l’usine de Boulogne-Billancourt. L’aventure que lui expose Renard lui plait : les artistes contemporains doivent prendre leur place dans le monde du travail collectif.
De ce point de vue, il est notable que, dans tout toute la période de coexistence entre œuvres, artistes et salariés chez Renault, jamais une œuvre n’a été vandalisée ou même ouvertement refusée. Le programme n’a jamais été considéré comme un passetemps de la direction, mais véritablement comme un parti pris aussi audacieux que cohérent avec les activités du groupe.
L’œuvre ici présentée opère la synthèse de toutes ces aspérités : faite de métaux et d’aimants, choses propres au monde industriel, autant que de bois, de peinture que d’éléments plus traditionnels, elle permet à Takis d’incorporer les différents témoins de sa recherche artistique, et fait écho au caractère éminemment sensuel de ses œuvres, amenant le public, d’où qu’il vienne, à regarder de près et à découvrir comme par effraction les forces cachées de la matière.
Panagiotis Vassilakis, connu sous le nom de Takis, nait en 1925 à Athènes. Son enfance se déroule pendant l’occupation allemande nazie et italienne fasciste, pendant la Seconde Guerre mondiale. Immédiatement après, le pays plonge dans une guerre civile, et le futur créateur s’implique, dès sa jeunesse, dans différents groupes politiques. Parallèlement, et bien qu’autodidacte, il devient sculpteur alors qu’il n’a pas encore trente ans. Passionné par l’histoire antique, ses premiers travaux témoignent d’un amour pour l’héritage grec et ses arts, mais aussi pour la sculpture moderne, particulièrement celle de Picasso et Modigliani. C’est en arrivant à Paris, en 1954, que s’opère sa transformation.
Deux moments peuvent être considérés comme clés dans l’œuvre de Takis : celui où, alors qu’il attend un train en gare de Calais, il réalise l’importance des ampoules, fils électriques, câbles et signaux de cette forêt de métaux que l’homme se fabrique pour se repérer et faire fonctionner tout un système de références. Takis commence à partir de là à réaliser des sculptures qu’il appelle « signaux » et qui sont, aujourd’hui encore, parmi ses œuvres les plus emblématiques : des tiges de métal suspendues et sensibles aux ondes arrivant de toutes parts, dont les têtes s’allument à l’envi comme pour un indiquer une présence aléatoire dans le cosmos. Puis, celui où se produit, en 1959, sa découverte du magnétisme comme moyen de sculpter. Takis cherche alors un moyen de briser les conventions de ce que peut être la sculpture. La solution est trouvée : au lieu d’une forme solide et lourde, le créateur essaye de créer une sculpture qui flotte dans l’espace. La gravité apparaît comme adversaire autant que comme allié : elle repousse et attire.
Takis est avant tout un créateur de la cité, dans la cité. Il ne se considère pas comme un artiste dont les œuvres devraient seulement finir dans un musée, figées et en attente. Elles ont pour destin de vivre avec le public. C’est dans cette démarche que l’artiste grec voit dans la proposition de Renault une possibilité de rendre concret ce désir d’artiste-citoyen. Il adopte ainsi la vision de Claude-Louis Renard, le directeur du département Recherches, art et industrie, bras armé du programme de mécénat d’entreprise de la Régie Renault, et profite de la générosité de l’usine de Boulogne-Billancourt. L’aventure que lui expose Renard lui plait : les artistes contemporains doivent prendre leur place dans le monde du travail collectif.
De ce point de vue, il est notable que, dans tout toute la période de coexistence entre œuvres, artistes et salariés chez Renault, jamais une œuvre n’a été vandalisée ou même ouvertement refusée. Le programme n’a jamais été considéré comme un passetemps de la direction, mais véritablement comme un parti pris aussi audacieux que cohérent avec les activités du groupe.
L’œuvre ici présentée opère la synthèse de toutes ces aspérités : faite de métaux et d’aimants, choses propres au monde industriel, autant que de bois, de peinture que d’éléments plus traditionnels, elle permet à Takis d’incorporer les différents témoins de sa recherche artistique, et fait écho au caractère éminemment sensuel de ses œuvres, amenant le public, d’où qu’il vienne, à regarder de près et à découvrir comme par effraction les forces cachées de la matière.