Nu étendu sur un divan rouge

Surnommé le « prince de Montparnasse », Moise Kisling, peintre franco-polonais, fût un membre important de l'École de Paris au début du XXe siècle. Durant son séjour dans la capitale française, il se lie d'amitié avec des artistes tels que Modigliani, Jules Pascin, André Derain et Chaïm Soutine avec qui il partage le même atelier. En parlant de ses premiers travaux, Kisling se souvient : « Quand je suis arrivé à Paris en 1910, je voulais absolument peindre comme Cézanne » (cité dans G. Charensol, Kisling, Paris, 1948, pp. 12-13), ce qui démontre l'influence picturale de Cézanne sur l'artiste. Kisling se tourne ensuite vers les cubistes pour trouver l'inspiration, à savoir Picasso et Derain, après une année passée à Céret, une petite ville du sud de la France qualifiée de « Mecque du cubisme ». A partir des années 1920, sa pratique s'oriente cependant vers une esthétique plus fluide et plus figurative, centrée sur le nu féminin, tout en conservant les qualités de joie et de générosité contagieuse de son œuvre. Représentant une femme nue allongée sur un divan, Nu sur un divan rouge est une œuvre à grande échelle réalisée à l'huile et au graphite sur toile en 1927. Les tons rouges vifs combinés à des couleurs plus sombres submergeant les contours pâles de la personne assise confèrent à cette œuvre une qualité vibrante et radieuse, emblématique des peintures de nu de Kisling. La représentation allongée et la pose apparemment peu naturelle de la figure portent également les marques quintessentielles d'une peinture de nu allongé de l'artiste. Tout au long de sa carrière, Kisling a affirmé que peu d'artistes avaient influencé son style, appréciant sa propre individualité et son talent artistique. Pourtant, on ne peut ignorer les similitudes que cette œuvre présente avec les peintures de nus de Modigliani. Les yeux en amande du personnage, également emblématiques de l'œuvre de Modigliani, confirment cette hypothèse et démontrent également le lien étroit entre les deux artistes. Olympia de Manet, peint en 1863, bouleverse radicalement la représentation du nu féminin dans son symbolisme et sa forme générale. Le rôle des spectateurs passe de celui de spectateurs passifs à celui de voyeurs et la figure nue devient soudainement le sujet central des œuvres. Ces changements visants à créer une relation intime entre les deux acteurs, bouleversent ainsi toutes les conventions artistiques de l'époque. Dans la présente œuvre, le regard prolongé et passionné de la femme illustre parfaitement ces avancées, conférant à l'œuvre une sensation sensuelle, quintessence des peintures de nu de Kisling. Nu sur un divan rouge réunit les principaux attributs d'une peinture de nu allongé de Kisling et constitue l'un des meilleurs exemples de l'évolution de l'artiste vers la peinture figurative dans les années 1920. En 1937, à propos de l'exposition de l'artiste à la Gertrude Stein Gallery, Louis Chéronnet écrit : « Toutes les formes de Kisling sont typiquement allongées et gracieuses [...]. Sur une toile apparemment préparée de manière inaltérable, les couleurs se répandent » et Nu sur un divan rouge résume parfaitement ces qualités. Il est important de noter que cette pièce faisait autrefois partie de la collection privée d'Elizabeth Sauvy, également connue sous le nom de Titaÿna. Au cours de la première moitié du XXe siècle, Mme Sauvy était connue pour sa personnalité féministe et rebelle, servant de modèle aux jeunes femmes. Elle était également une journaliste, une écrivaine et une réalisatrice de films reconnue. Ses publications étaient basées sur ses voyages internationaux et sa vie d'aventurière. Cependant, à partir des années 1930, Sauvy a commencé à interviewer les semblables d'Adolf Hitler et Mussolini, ce qui s'est concrétisé par une position collaborationniste à la suite de l'occupation allemande de la France. Dans les années 1940, elle écrit également des articles antisémites pour des journaux collaborationnistes français, ce qui lui vaut d'être condamnée pour indignité nationale en 1946.

Nicknamed the ‘Prince of Montparnasse’, Moise Kisling was a Polish-French painter and a key member of the Ecole de Paris School in the early 20th century. During his time in the French capital, he befriended the likes of Modigliani, Jules Pascin, André Derain and Chaïm Soutine with whom he also happened to share the same studio space. When speaking of his early work, Kisling recollected : ‘ When I arrived in Paris in 1910 I absolutely wanted to paint like Cezanne’ (quoted in G. Charensol, Kisling, Paris, 1948, pp. 12-13) demonstrating Cézanne’s pictorial influence upon the artist. Kisling then turned his attention to the cubists for inspiration, namely Picasso and Derain following a year spent in Céret, a small town in southern France coined as ‘the Mecca of Cubism’. However, from the 1920s his practice shifted to a more fluid and figurative aesthetic focused on the female nude which still contained the joyful and infectiously generous qualities of his oeuvre.
Featuring a nude female figure lying on a bright red couch, Nu sur un divan rouge is a large-scale oil and graphite on canvas work from 1927. The bright fiery red tones combined with darker colors submerging the sitter’s pale outline give this piece a vibrant and radiant quality emblematic of Kisling’s nude paintings. The elongated depiction and seemingly unnatural pose of the figure also bear the quintessential hallmarks of a reclining nude painting by the artist. Throughout his career, Kisling maintained that few artists influenced his style, appreciating his own individuality and artistic talent. Yet, one cannot shy away from the similarities this current work presents to Modigliani’s nude paintings. The figure’s almond-shaped eyes, also emblematic of Modigliani’s oeuvre, support this assumption and also demonstrate the undeniable close bond between both artists.
Since Manet’s Olympia in 1863, the depiction of the female nude drastically changed in its symbolism and overall form. Viewers’ role shifted from passive spectators to voyeurs and the nude figure suddenly became works’ central subject. These changes intended to create an intimate relationship between both actors shattering all artistic conventions at the time. In the present work, the woman’s prolonged and passionate gaze perfectly demonstrates these advancements giving the work a sensual feel quintessential of Kisling’s nude paintings.
Nu sur un divan rouge brings together key attributes of a Kisling reclining nude painting and is one of the best examples of the artist’s shift towards figurative painting in the 1920s. In 1937, speaking of the artist’s exhibition at the Gertrude Stein Gallery, Louis Chéronnet wrote ‘ All of Kisling's forms are characteristically elongated and graceful […] Over a seemingly inalterably prepared canvas colours spread ’ and Nu sur un divan rouge perfectly encapsulates these qualities.
It is important to note that this piece was once part of the private collection of Elizabeth Sauvy, also known as Titaÿna. During the first half of the 20th century, Sauvy was known for her feminist and rebellious personality acting as a role model for young women. She was also a widely acclaimed reporter, writer and film director. Her releases were based around her international travels and her adventure-driven life. However, from the 1930s onwards, Sauvy started to interview the likes of Adolf Hitler and Mussolini which later materialized into a collaborationist stance following the German occupation of France, and ultimatelyled to her conviction of Indignité Nationale in 1946.