Francis Picabia (1879-1953)
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Sans titre

Details
Francis Picabia (1879-1953)
Sans titre
signé 'Francis Picabia' (en bas à gauche); signé 'Francis Picabia' (au revers)
huile sur carton
74.8 x 52.4 cm.
Peint vers 1942-43

signed 'Francis Picabia' (lower left); signed 'Francis Picabia' (on the reverse)
oil on board
29 3⁄8 x 20 5⁄8 in.
Painted circa 1942-43
Provenance
Collection particulière, France (dans les années 1980).
Collection particulière, France (par descendance); vente, Christie's, Paris, 24 octobre 2014, lot 130.
Galerie Natalie Seroussi, Paris.
Galerie 1900-2000, Paris.
Collection particulière, Londres.
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel.
Literature
W. A. Camfield, B. Calté, C. Clements et A. Pierre, Francis Picabia, Catalogue raisonné, 1940-1953, Bruxelles, 2022, vol. IV, p. 280, no. 1819 (illustré en couleurs, p. 281).

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Lot Essay

Les années de guerre constituent un tournant dans l’œuvre de Picabia. L’artiste et sa compagne Olga Mohler, coincés lors de leur voyage en Suisse par le début de la guerre, parviennent finalement à rejoindre le Sud de la France en 1939 pour fuir les conflits dans cette zone à peu près « libre ». S’en suit une vie erratique, avec des changements de logement constants, des fuites dans les terres par peur des invasions et un mariage à la sauvette le 14 juin, le jour de l’entrée des Allemands dans Paris. L’artiste abandonne alors tout ce qui faisait son œuvre, et laisse derrière lui l’abstraction et les effets de transparence pour un réalisme appuyé, presque photographique. Dans ces années entre parenthèses, Picabia travaille sans relâche, enfermé et coupé du monde.
Dans une lettre à Léonce Rosenberg en juin 1940, il écrit « J’ai beaucoup travaillé, après mon retour de Suisse, du matin au soir je n’ai pas quitté mon atelier, c’était pour moi le seul moyen d’oublier… ».
Toujours, au cœur de ses nouvelles pensées, la figure humaine. C’est une femme, nue, seule ou à plusieurs, comme posées sur la toile, ou des peintures à sujet, qui racontent une histoire. Mais surtout ce sont des séries de « têtes de femmes », à répétition, dérivées encore et encore, jour après jour. L’artiste s’inspire des photographies publiées dans les magazines de mode de l’époque, comme Mon Paris, Paris Magazine, ou Paris Cinéma. On y retrouve des stars du grand écran, de Music-Hall, les célébrités, les « beautés modernes » de l’époque, stéréotypées, qui prennent alors une toute autre forme sous les traits du pinceau. Car du portrait ils n’en ont que l’apparence ; la couleur des cheveux change, les yeux aussi, les vêtements. Les traits se dessinent autrement. Toute la poésie de cette période de l’artiste surgit dans ces faux portraits à l’infini, ou les visages que nous croyons reconnaître sont en fait trompeurs.
Dans Sans Titre, Picabia reproduit la lumière des photographies, la pose à l’apparence figée, la mise en valeur par un fond neutre. Cependant, il laisse transparaître les coups de pinceau, les jeux de lumière et les lignes un peu floues, il donne à voir sa présence. Dans cette représentation à l’apparence parfaite, aux cheveux lisses et coiffés dont la brillance rappelle celle des photographies, à la robe marinière boutonnée jusqu’au col, cette femme prend alors une toute autre dimension.
La frontière entre la photographie et la peinture prend tout son sens dans les traits de cette toile, où l’émotion surgit par la texture, les ombres et les floutés. Ce portrait qui n’en est plus un, qui n’en fut jamais un, semble alors plus réel et plus vivant que la photographie qui l’a inspiré.
Picabia ne reprendra la représentation abstraite qu’à la fin de la guerre.

The war years were a turning point in Picabia's work. The artist and his partner Olga Mohler, trapped on their trip to Switzerland by the outbreak of war, finally managed to reach the South of France in 1939 to escape the conflicts in this virtually ‘free’ zone. What followed was an erratic life, with constant changes of accommodation, fleeing inland for fear of invasion and a hasty wedding on 14 June, the day the Germans entered Paris. The artist abandoned everything that had made his work, leaving behind abstraction and transparent effects for a strong, almost photographic realism. In these years between parentheses, Picabia worked tirelessly, locked away and cut off from the world.
In a letter to Léonce Rosenberg in June 1940, he wrote ‘I worked a lot, after my return from Switzerland, from morning till night I never left my studio, it was the only way for me to forget...’.
The human figure is always at the heart of his new thoughts. It's a woman, naked, alone or in a group, as if placed on the canvas, or subject paintings that tell a story. But above all they are series of ‘women's heads’, repeated, derived again and again, day after day. The artist was inspired by photographs published in fashion magazines of the time, such as
Mon Paris, Paris Magazine, or Paris Cinéma. They include stars from the silver screen, music hall, celebrities and the stereotypical ‘modern beauties’ of the day, who take on a completely different form under the brush strokes. The hair colour changes, as do the eyes and clothes. The features are drawn differently. All the poetry of the artist's period emerges in these infinite false portraits, where the faces we think we recognise are in fact deceptive.
In Sans Titre, Picabia reproduces the light of the photographs, the seemingly frozen pose and the neutral background. However, he allows the brushstrokes, the play of light and the slightly blurred lines to shine through, revealing his presence. In this representation, with its perfect appearance, sleek, coiffed hair with a shine reminiscent of photographs, and a sailor's dress buttoned up to the collar, this woman takes on a whole new dimension.
The boundary between photography and painting takes on its full meaning in the features of this canvas, where emotion emerges through texture, shadows and blurring. This portrait, which is no longer a portrait, which was never a portrait, seems more real and more alive than the photograph that inspired it.
Picabia did not return to abstract representation until the end of the war.

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