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拍品專文
« La photographie permet à l'auteur de l'œuvre de devenir lui-même 'témoin' du tableau: la vision est la chose perçue au préalable par l'objectif, l'image est la copie critique de la chose réelle. » Giulio Paolini
Habitée par des thématiques liées au rapport entre l'espace, le temps, le langage visuel et l'art contemporain, l'œuvre de Paolini est celle d'un artiste conceptuel hautement cultivé et sophistiqué. Ses recherches s'appuient souvent sur un usage expérimental de la photographie et de la toile émulsionnée, supports dont il se sert pour explorer des notions telles que la répétition, la circularité des références et le « double » des images. À partir de la fin des années 1960, il cite de plus en plus fréquemment des chefs-d'œuvre anciens dans ses compositions: celles-ci deviennent alors le théâtre de réflexions sur l'histoire de l'art, et d'enquêtes sur les différentes significations que les événements historiques et le temps ont imposé à la peinture, la sculpture et l'architecture d'antan.
Ces éléments clés de la démarche de Paolini (la corrélation espace-temps, le détournement de tableaux du passé, l'utilisation de supports hétérodoxes) trouvent sans doute leur expression la plus aboutie dans une série de travaux conçus entre 1976 et 1978, présentés lors de son exposition personnelle de 1978 à la Villa Pignatelli, à Naples. Très radicales, ces œuvres poussent plus loin encore les recherches de l'artiste autour de l'idée du « double » et de l'altération spatio-temporelle des images. Parmi elles figure Sir Lawrence Dundas and his grandson (1977), une composition dans laquelle l'artiste reproduit sur une toile émulsionnée le grand tableau éponyme du peintre allemand Johan Zoffany, peint vers 1775. À première vue, Paolini semble présenter une réplique photographique en noir et blanc tout à fait fidèle à la scène domestique de Zoffany: un salon cossu au centre duquel apparait le prospère politicien et négociant écossais Lawrence Dudas aux côtés de son petit-fils. En y regardant de plus près, on remarque cependant que les tableaux accrochés aux murs de l'intérieur bourgeois ont été modifiés: ici, ils donnent tous à voir des copies exactes de l'œuvre originale.
Le point focal de l'œuvre ne se trouve finalement pas là où on l'attendait: l'intrigant jeu de mises en abyme et de recoupements que Paolini tisse entre la scène centrale et les images affichées à l'arrière-plan l'emporte vite sur le motif historique. En découle un complexe effet de miroir, sorte de spirale de références qui tournent sur elles-mêmes, selon une logique spatio-temporelle insensée. Les images accrochées au mur sont-elles des reproductions de tableaux, ou simplement des miroirs dans lesquels se reflète le monde alentour? Le regard rivé sur l'espace par-delà la toile, les personnages, à la fois observateurs et observés, sont pris dans un étrange ballet de correspondances auquel le spectateur est lui aussi invité à participer. En jouant ainsi sur notre perception, Paolini nous met face à la répétition infinie d'un paradoxe qui soulève toujours les mêmes insolubles questions: Que sommes-nous en train d'observer? Et qui regarde qui?
'' Photography allows the author himself to ‘witness’ the painting: the vision is the thing already seen by the lens, the image is the critical copy of the real thing.'' Giulio Paolini
A highly sophisticated and cultured conceptual artist, Paolini’s work addresses themes related to the relationship between space, time, artistic languages and contemporary art. He often delves into these issues by experimentally using the medium of photography and emulsified canvas, employing them to represent repetition, circularity of references and the double. From the late 1960s onwards, the theme of quoting works from the past is introduced more insistently, which takes on the character of an investigation through art history and a search for the many meanings that history and time have imposed upon the work.
In a series of works from 1976 to 1978, which Paolini presented in the exhibition at Villa Pignatelli in Naples, all these elements—the theme of the space-time relationship, the citation of the painting of the past, the use of experimental mediums—seem to find their most accomplished expression. These radical works deepen his research on the double and the temporal and spatial sinking of the image. This can be seen in Sir Lawrence Dundas and his grandson (1977), a work belonging to this cycle, in which Paolini represents on emulsified canvas the large painting of the same title by the German painter Johan Zoffany made around 1775. This is a bourgeois interior, a depiction of a drawing room with the wealthy Scottish merchant and politician Lawrence Dundas and his grandson at its center: apparently a faithful black-and-white reproduction of a work from the past, capturing a scene of domestic comfort. On closer inspection, however, the interior is filled with a series of other works hanging on the walls, each a faithful representation of the original painting.
From the historical subject, attention quickly shifts to Paolini’s enigmatic interplay of cross-references between the scene depicted and the scenes represented in the paintings placed in the main scene. It is a circular carousel of cross-references and mirroring, arriving at a logical-spatial-temporal cul-de-sac. Are they representations of paintings on the wall, or mirrors reflecting what is outside the frame? All the characters are watching but at the same time being watched, in a game of cross-references that also involves the viewer. We are faced with a perceptual paradox and its perpetual reiteration, which forces us to the same questions without solution: what are we looking at? And who is watching whom?
Habitée par des thématiques liées au rapport entre l'espace, le temps, le langage visuel et l'art contemporain, l'œuvre de Paolini est celle d'un artiste conceptuel hautement cultivé et sophistiqué. Ses recherches s'appuient souvent sur un usage expérimental de la photographie et de la toile émulsionnée, supports dont il se sert pour explorer des notions telles que la répétition, la circularité des références et le « double » des images. À partir de la fin des années 1960, il cite de plus en plus fréquemment des chefs-d'œuvre anciens dans ses compositions: celles-ci deviennent alors le théâtre de réflexions sur l'histoire de l'art, et d'enquêtes sur les différentes significations que les événements historiques et le temps ont imposé à la peinture, la sculpture et l'architecture d'antan.
Ces éléments clés de la démarche de Paolini (la corrélation espace-temps, le détournement de tableaux du passé, l'utilisation de supports hétérodoxes) trouvent sans doute leur expression la plus aboutie dans une série de travaux conçus entre 1976 et 1978, présentés lors de son exposition personnelle de 1978 à la Villa Pignatelli, à Naples. Très radicales, ces œuvres poussent plus loin encore les recherches de l'artiste autour de l'idée du « double » et de l'altération spatio-temporelle des images. Parmi elles figure Sir Lawrence Dundas and his grandson (1977), une composition dans laquelle l'artiste reproduit sur une toile émulsionnée le grand tableau éponyme du peintre allemand Johan Zoffany, peint vers 1775. À première vue, Paolini semble présenter une réplique photographique en noir et blanc tout à fait fidèle à la scène domestique de Zoffany: un salon cossu au centre duquel apparait le prospère politicien et négociant écossais Lawrence Dudas aux côtés de son petit-fils. En y regardant de plus près, on remarque cependant que les tableaux accrochés aux murs de l'intérieur bourgeois ont été modifiés: ici, ils donnent tous à voir des copies exactes de l'œuvre originale.
Le point focal de l'œuvre ne se trouve finalement pas là où on l'attendait: l'intrigant jeu de mises en abyme et de recoupements que Paolini tisse entre la scène centrale et les images affichées à l'arrière-plan l'emporte vite sur le motif historique. En découle un complexe effet de miroir, sorte de spirale de références qui tournent sur elles-mêmes, selon une logique spatio-temporelle insensée. Les images accrochées au mur sont-elles des reproductions de tableaux, ou simplement des miroirs dans lesquels se reflète le monde alentour? Le regard rivé sur l'espace par-delà la toile, les personnages, à la fois observateurs et observés, sont pris dans un étrange ballet de correspondances auquel le spectateur est lui aussi invité à participer. En jouant ainsi sur notre perception, Paolini nous met face à la répétition infinie d'un paradoxe qui soulève toujours les mêmes insolubles questions: Que sommes-nous en train d'observer? Et qui regarde qui?
'' Photography allows the author himself to ‘witness’ the painting: the vision is the thing already seen by the lens, the image is the critical copy of the real thing.'' Giulio Paolini
A highly sophisticated and cultured conceptual artist, Paolini’s work addresses themes related to the relationship between space, time, artistic languages and contemporary art. He often delves into these issues by experimentally using the medium of photography and emulsified canvas, employing them to represent repetition, circularity of references and the double. From the late 1960s onwards, the theme of quoting works from the past is introduced more insistently, which takes on the character of an investigation through art history and a search for the many meanings that history and time have imposed upon the work.
In a series of works from 1976 to 1978, which Paolini presented in the exhibition at Villa Pignatelli in Naples, all these elements—the theme of the space-time relationship, the citation of the painting of the past, the use of experimental mediums—seem to find their most accomplished expression. These radical works deepen his research on the double and the temporal and spatial sinking of the image. This can be seen in Sir Lawrence Dundas and his grandson (1977), a work belonging to this cycle, in which Paolini represents on emulsified canvas the large painting of the same title by the German painter Johan Zoffany made around 1775. This is a bourgeois interior, a depiction of a drawing room with the wealthy Scottish merchant and politician Lawrence Dundas and his grandson at its center: apparently a faithful black-and-white reproduction of a work from the past, capturing a scene of domestic comfort. On closer inspection, however, the interior is filled with a series of other works hanging on the walls, each a faithful representation of the original painting.
From the historical subject, attention quickly shifts to Paolini’s enigmatic interplay of cross-references between the scene depicted and the scenes represented in the paintings placed in the main scene. It is a circular carousel of cross-references and mirroring, arriving at a logical-spatial-temporal cul-de-sac. Are they representations of paintings on the wall, or mirrors reflecting what is outside the frame? All the characters are watching but at the same time being watched, in a game of cross-references that also involves the viewer. We are faced with a perceptual paradox and its perpetual reiteration, which forces us to the same questions without solution: what are we looking at? And who is watching whom?