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Le service particulier de l'Empereur
En octobre 1807, l’Empereur Napoléon 1er commande un nouveau service à la manufacture de Sèvres pour remplacer le service Olympique qu’il vient d’offrir au Tsar Alexandre 1er.
Ce service, nommé service particulier de l’Empereur est plus tard désigné Service des Quartiers Généraux ; cette appellation, déjà employée par le fidèle valet de chambre Marchand lors du départ pour Sainte-Hélène, pourrait faire référence aux quartiers généraux que Napoléon occupait pendant ses campagnes, dont plusieurs sont représentés sur les assiettes.
Le service est livré le 27 avril 1810 au Palais des Tuileries, juste à temps pour figurer sur la table de banquet du mariage avec l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche le 2 avril 1810.
Napoléon envisageait depuis longtemps un second mariage pour accéder au pouvoir politique et avait entamé une procédure de divorce avec sa première épouse, Joséphine, en 1809. Son premier choix s'était porté sur Anna Pavlovna, la plus jeune sœur du tsar Alexandre Ier de Russie. Mais les négociations durent plus longtemps que prévu et l'Autriche, soucieuse d'affirmer sa place entre la Russie et la France, deux superpuissances alliées, souhaite proposer Marie-Louise, fille de l'empereur François II d'Autriche. Le couple est marié par procuration à Vienne le 11 mars et par l'État français le 1er avril. La cérémonie religieuse du mariage a lieu le lendemain, le 2 avril, dans le Salon Carré du Louvre, temporairement transformé en chapelle. Napoléon et Marie-Louise se rendent ensuite aux Tuileries en passant par la Grande Galerie, où a lieu un banquet officiel, du grand couvert.
Le service se composait d’un service d’entrée et d’un service de dessert accompagné d’un large surtout en biscuit composé de vingt-cinq sculptures et un cabaret égyptien de vingt-neuf pièces, l’ensemble pour la somme considérable de 69.549 francs. Le service était également accompagné notamment de Une peinture par Alexandre Dufay dit Casanova, aujourd’hui conservée au Château de Fontainebleau, illustre le banquet du mariage où sont représentés autour du service Grand Vermeil de l’Empereur plusieurs éléments du surtout en biscuit.
Le service d’entrée comprenait vingt-quatre assiettes creuses, huit beurriers, dix-huit pots-à-jus et quatre saladiers et le service à dessert comprenait soixante-douze assiettes peintes, vingt-quatre assiettes à monter à bordure seulement, douze compotiers, deux vases à glace, quatre sucriers et dix corbeilles. Parmi ces dix corbeilles figuraient deux larges corbeilles anses serpent richement dorées, récemment acquises par le château de Fontainebleau auprès de Christie’s, Paris, 24 avril 2024, lot 450.
Pour les assiettes peintes, l’instruction de Napoléon transmise par Daru à Alexandre Brongniart, directeur de la manufacture de Sèvres, est la suivante : que parmi ces dessins, il n'y ait point de bataille ni de noms d'hommes mais qu'au contraire, les sujets n'offrent que des allusions très indirectes qui réveillent des souvenirs agréables. L’Empereur fournit lui-même 28 sujets : 4 pour les deux campagnes d’Italie, 15 pour l’expédition d’Égypte, 3 pour la campagne d’Autriche, et les 6 autres pour les campagnes de Prusse et de Pologne. Alexandre Brongniart, aidé par Vivant Denon, complète les sujets par d’autres événements marquants des mêmes campagnes, ainsi que des vues de Paris, des résidences impériales, des grandes institutions de l’Empire et des travaux majeurs réalisés en province. Chaque assiette coûtait 425 francs, un montant alors sans précédent. Pour le dessin de l’aile, on utilise une bordure de glaives antiques, conçue en avril 1807 par l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart, père du directeur de la manufacture. Il est finalement décidé d'adopter le ton vert de chrome, récemment développé par le chimiste Vauquelin. Les peintres commencent leur travail en janvier 1808 et l’achèvent en mars 1810. Avec les divers cadeaux faits par l'Empereur nécessitant des réassortiments, la manufacture de Sèvres produit au total 82 assiettes, mais la table des Tuileries n’en comporta jamais plus de 72 à la fois.
Lors de la 1ère Restauration en 1814, les soixante-douze assiettes conservées aux Tuileries sont envoyées à la manufacture de Sèvres afin d’y faire meuler la marque du premier Empire pour la remplacer par les deux L entrelacés gravés en noir, chiffre de Louis XVIII. Chaque assiette est alors également numérotée en creux et en noir. Napoléon retrouve son service pendant les Cent-Jours et après Waterloo, en juin 1815, Fouché l’autorise à emporter soixante assiettes à Sainte-Hélène. Napoléon n’utilise pas ce service de crainte qu’il ne soit cassé. Il offre deux assiettes lors des étrennes de 1817, l’une à Mme Bertrand, l’autre à Mme de Montholon. Le Mamelouk Ali note dans ses mémoires : « A Diner, [l’Empereur] s’amuse à regarder les peintures des assiettes du beau service de porcelaine de Sèvres. Il est à observer que sous ces assiettes, les Bourbons avaient fait graver le chiffre de Louis XVIII, des L opposés ». Dans un état daté du 15 avril 1821 annexé à son testament, Napoléon précise : « 1° Mon médailler. 2° Mon argenterie et ma porcelaine de Sèvres dont j’ai fait usage à Sainte-Hélène. 3° Je charge le comte Montholon de garder ces objets et de les remettre à mon fils quand il aura seize ans ».
La Cour de Vienne refuse ce legs au duc de Reichstatd et Montholon conserve les assiettes et les distribue, notamment au fils de Las Cases. En 1851, le fils du comte de Las Cases en possédait encore vingt-quatre.
Vingt-quatre assiettes du service particulier de l’Empereur sont aujourd’hui conservées au château de Fontainebleau, dix-neuf à la Fondation Napoléon, trois au château de la Malmaison, trois au musée royal de l’armée de Bruxelles, deux au musée de Sèvres, deux au musée du Louvre et quelques autres dans des collections particulières. Une assiette de ce service, peinte d'une scène représentant la fête au mont Saint-Bernard à l'occasion des funérailles du général Desaix, a été vendue le 9 novembre 2021 chez Osenat, à Fontainebleau (pour 350 000 euros). Une autre, peinte avec Frédéric le Grand et ses lévriers dans les jardins du palais de Sans-Souci à Potsdam, a été vendue dans les mêmes salles le 5 mai 2021, lot 220 (pour 243 750 euros). Une autre peinte avec la frégate " La Muiron " débarquant à Ajaccio avec le général Bonaparte en octobre 1799 a été vendue dans les mêmes salles le 2 juillet 2017, lot 210 (pour 306 250 euros). Une autre, peinte avec le camp de l'Empereur sur l'île de Lobau en 1809, a été vendue dans les mêmes salles le 16 novembre 2014, lot 129, (pour 410 000 euros).
L'entrevue des deux Empereurs
Pour cette assiette du service particulier de l’Empereur peinte entre avril et juin 1808, le peintre Jacques François Joseph Swebach illUstre un épisode parmi les plus symboliques de la puissance de Napoléon : la rencontre des deux Empereurs.
Napoléon, à qui l’on demandait à Sainte-Hélène quelle fut l’époque la plus heureuse de sa vie, répondit « Peut-être à Tilsit… J’étais victorieux, je dictais des lois, j’avais des empereurs et des rois pour me faire la cour ». Talleyrand commentera ainsi cette rencontre dans ses mémoires : « une entrevue au milieu du Niémen, proposée par l’empereur Alexandre, était si romanesquement conçue, et pouvait être si magnifiquement ordonnée, que Napoléon qui y voyait un brillant épisode pour le poème de sa vie, l’accepta » (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Mémoires du prince de Talleyrand 1754-1838 publiée par le duc de Broglie, 1891-1892, p. 314)
La rencontre de Napoléon Ier et de l’empereur Alexandre Ier de Russie, le 25 juin 1807, sur un radeau au milieu du fleuve Niémen, près de la ville de Tilsit, est un épisode marquant des guerres napoléoniennes et de la diplomatie européenne. Cette rencontre illustre l’apogée du pouvoir de Napoléon, tout en marquant le début de son alliance éphémère avec la Russie. Après la victoire écrasante de Napoléon sur les armées russes et prussiennes à la bataille de Friedland le 14 juin 1807, le tsar Alexandre Ier est contraint de négocier et un armistice est signé entre la France et la Russie le 21 juin. La Prusse, déjà défaite après la bataille d'Iéna en 1806, est également impliquée. Napoléon, conscient de sa domination militaire, souhaite établir une paix favorable à ses ambitions européennes. Il veut aussi séduire et neutraliser Alexandre Ier pour isoler définitivement la Grande-Bretagne, sa grande rivale, en l'amenant à participer au Blocus continental. Cette rencontre et sa mise en scène théâtrale sont détaillées dans le journal d’Ernst Ludwig Siehr, conseiller de la commission de justice à Tilsit :
« Le 24 juin, à 9 heures du soir, on donna l'ordre de bâtir deux baraques flottantes pour la rencontre des souverains, qui dut se passer au milieu de la rivière. 150 charpentiers français commencèrent à bâtir ces baraques et la première fut finie le 25 juin. Cette baraque ancrée flotta au milieu de la rivière [Niémen] aux environs de l'ancien pont. La seconde n'était pas encore finie. A midi et demi Napoléon en compagnie de ses maréchaux et 100 gardes montèrent à la rivière où ils s'embarquèrent sur une petite barque. Les gardes russes formèrent au bord en face. Les trompettes russes donnèrent le signal du départ. Les deux barques arrivèrent à la baraque en même temps. Napoléon et Alexandre s'embrassèrent et entrèrent dans la baraque. Cet entretien dura trois quarts d'heure, et la retraite se passa également. Le 26 juin, on ordonna de donner la moitié de la ville aux Russes. Alexandre s'installa son quartier habituel dans la maison de Hinz, et de l'ouest d'une ligne se retraçant du nord au sud de la ville les Français évacuèrent leurs quartiers. Quelques régiments même quittèrent la ville. A midi et demi la section alla sur les barques comme hier, mais à cette différence près que le tsar Alexandre arriva avec le roi [de Prusse]. L'entretien dura une heure et demie. A cinq heures, 800 gardes françaises des environs se mirent dans la rue Allemande avec une musique magnifique. La cavalerie sur le côté nord et l'infanterie au sud. Ils furent en rangs de la porte Allemande jusqu'à l'église. Napoléon les inspecta jusqu'à ce que 40 coups de canon annoncèrent l'arrivée d'Alexandre. Le 27 juin, les deux empereurs manoeuvrèrent deux heures avec les gardes français, à intervalles réguliers on entendit les détonations. A six heures du soir, Alexandre et Constantine mangèrent chez Napoléon ». (Extraits du journal de Ernst Ludwig Siehr, conseiller de la commission de justice à Tilsit, juin-juillet 1807, in brochure du bicentenaire de Tilsit, ed. Bartheldruck, Arnstadt).
Après ces plusieurs jours de négociations entre les deux souverains, la Paix de Tilsit est signée les 7 et 9 juillet 1807. L'un des radeaux de l'entrevue sur le Niémen fut rapporté en France par Regnaud de Saint-Jean d'Angély qui l'installa sur un étang dans sa propriété de l'abbaye du Val, à Mériel dans le Val d'Oise (Philippe Champy, « Visite de l'abbaye du Val », bulletin des Amis du Vexin français, 2003, p. 19-20).
Le peintre Jacques François Joseph Swebach (1769-1823), fils et élève du peintre Louis Swebach Desfontaines, débute sa carrière en 1783 en exposant au Salon de la Correspondance, se spécialisant rapidement comme peintre et graveur de chevaux et scènes de bataille. Il entre en 1802 à la manufacture de Sèvres comme peintre de batailles, de scène de genre et de paysage, participant à la réalisation des services les plus prestigieux comme le service particulier de l’Empereur, les deux services Égyptiens, les deux services Encyclopédiques ou encore le service des vues diverses. En 1814, Swebach est appelé en Russie par le Tsar Alexandre 1er, sans doute séduit par sa peinture sur le service égyptien que Napoléon lui offrait en 1808. Swebach est alors nommé premier peintre et directeur de la manufacture Impériale de porcelaine de Saint-Pétersbourg où il travaille jusqu’en 1820.
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The Emperor's private service
In October 1807, Emperor Napoleon1st ordered a new service from the Sèvres manufactory to replace the Olympic service he had just given to Tsar Alexander1st.
This service, named Service Particulier de l'Empereur, was later designated Service des Quartiers Généraux; this name, already used by the loyal valet de chambre Marchand on his departure for St. Helena, could refer to the headquarters Napoleon occupied during his campaigns, several of which are depicted on the plates.
The service was delivered to the Tuileries Palace on April 27, 1810, just in time to feature on the banquet table for the wedding to Archduchess Marie-Louise of Austria on April 2, 1810.
Napoleon had long been considering a second marriage as a means to political power, and had begun divorce proceedings with his first wife, Josephine, in 1809. His first choice was Anna Pavlovna, the younger sister of Tsar Alexander I of Russia. But negotiations took longer than expected, and Austria, anxious to assert its place between Russia and France, two allied superpowers, wished to propose Marie-Louise, daughter of Emperor Franz II of Austria. The couple were married by proxy in Vienna on March 11, and by the French state on April 1. The religious wedding ceremony took place the following day, April 2, in the Salon Carré of the Louvre, temporarily transformed into a chapel. Napoleon and Marie-Louise then made their way to the Tuileries via the Grande Galerie, where an official banquet was held.
The service consisted of an entrée service and a dessert service, accompanied by a large cookie surtout composed of twenty-five sculptures and a twenty-nine-piece Egyptian cabaret, all for the considerable sum of 69,549 francs. The service was also accompanied by A painting by Alexandre Dufay dit Casanova, now in the Château de Fontainebleau, illustrating the wedding banquet, in which several elements of the cookie service are depicted around the Emperor's Grand Vermeil service.
The entrée service included twenty-four soup plates, eight butter dishes, eighteen pots-à-jus and four salad bowls, while the dessert service comprised seventy-two painted plates, twenty-four rim-only plates, twelve compote dishes, two ice cream vases, four sugar bowls and ten baskets. The ten baskets included two large baskets with richly gilded snake handles, recently acquired by the Château de Fontainebleau from Christie's, Paris, April 24, 2024, lot 450.
For painted plates, Napoleon's instructions, transmitted by Daru to Alexandre Brongniart, director of the Sèvres factory, are as follows: que parmi ces dessins, il n'y ait point de bataille ni de noms d'hommes mais qu'au contraire, les sujets n'offrent que des allusions très indirectes qui réveillent des souvenirs agréables.
The Emperor himself supplied 28 subjects: 4 for the two Italian campaigns, 15 for the Egyptian expedition, 3 for the Austrian campaign, and the remaining 6 for the Prussian and Polish campaigns. Alexandre Brongniart, assisted by Vivant Denon, completed the subjects with other key events from the same campaigns, as well as views of Paris, the imperial residences, the major institutions of the Empire and major works carried out in the provinces. Each plate cost 425 francs, an unprecedented sum at the time. For the design of the wing, a border of antique swords was used, conceived in April 1807 by the architect Alexandre-Théodore Brongniart, father of the director of the manufactory. It was finally decided to adopt the chrome green tone, recently developed by the chemist Vauquelin. The painters began their work in January 1808 and completed it in March 1810. With the Emperor's various gifts requiring reorders, the Sèvres factory produced a total of 82 plates, but the Tuileries table never held more than 72 at a time.
At the time of the 1st Restoration in 1814, the seventy-two plates kept at the Tuileries were sent to the Sèvres factory to have the First Empire mark ground off and replaced by the two interlaced Ls engraved in black, the figure of Louis XVIII. Each plate was also numbered in black. Napoleon returned to service during the Hundred Days, and after Waterloo, in June 1815, Fouché authorized him to take sixty plates to St. Helena. Napoleon did not use the service for fear of breaking it. In 1817, he gave two plates as presents, one to Mme Bertrand, the other to Mme de Montholon. The Mamelouk Ali notes in his memoirs : « A Diner, [l’Empereur] s’amuse à regarder les peintures des assiettes du beau service de porcelaine de Sèvres. Il est à observer que sous ces assiettes, les Bourbons avaient fait graver le chiffre de Louis XVIII, des L opposés ». In a statement dated April 15, 1821 appended to his will, Napoleon states : « 1° Mon médailler. 2° Mon argenterie et ma porcelaine de Sèvres dont j’ai fait usage à Sainte-Hélène. 3° Je charge le comte Montholon de garder ces objets et de les remettre à mon fils quand il aura seize ans ».
The Viennese Court refused to accept the Duke of Reichstatd's bequest, and Montholon kept the plates and distributed them, notably to the son of Las Cases. In 1851, Count de Las Cases' son still owned twenty-four of them.
Twenty-four plates from the Emperor's private service are now at the Château de Fontainebleau, nineteen at the Fondation Napoléon, three at the Château de la Malmaison, three at the Musée Royal de l'Armée in Brussels, two at the Musée de Sèvres, two at the Musée du Louvre and a few others in private collections. A plate from this service, painted with a scene depicting the feast at Mont Saint-Bernard on the occasion of General Desaix's funeral, was sold on November 9, 2021 at Osenat, Fontainebleau (for 350,000 euros). Another, painted with Frederick the Great and his greyhounds in the gardens of the Sans-Souci palace in Potsdam, was sold in the same rooms on May 5, 2021, lot 220 (for 243,750 euros). Another painted with the frigate “La Muiron” landing at Ajaccio with General Bonaparte in October 1799 was sold in the same rooms on July 2, 2017, lot 210 (for 306,250 euros). Another, painted with the Emperor's camp on the island of Lobau in 1809, was sold in the same rooms on November 16, 2014, lot 129, (for 410,000 euros).
The two emperors' meeting
For this plate from the Emperor's private service, painted between April and June 1808, the painter Jacques François Joseph Swebach illustrates one of the most symbolic episodes of Napoleon's power: the meeting of the two Emperors.
Napoleon, asked on St. Helena what was the happiest time of his life, replied : « Peut-être à Tilsit… J’étais victorieux, je dictais des lois, j’avais des empereurs et des rois pour me faire la cour ». Talleyrand wrote of this meeting in his memoirs : : « une entrevue au milieu du Niémen, proposée par l’empereur Alexandre, était si romanesquement conçue, et pouvait être si magnifiquement ordonnée, que Napoléon qui y voyait un brillant épisode pour le poème de sa vie, l’accepta » (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Mémoires du prince de Talleyrand 1754-1838 publiée par le duc de Broglie, 1891-1892, p. 314)
The meeting of Napoleon I and Emperor Alexander I of Russia on June 25, 1807, on a raft in the middle of the River Niemen, near the town of Tilsit, is a landmark episode in the Napoleonic Wars and in European diplomacy. The encounter marked the height of Napoleon's power, and the beginning of his short-lived alliance with Russia. Following Napoleon's crushing victory over the Russian and Prussian armies at the Battle of Friedland on June 14, 1807, Tsar Alexander I was forced to negotiate, and an armistice was signed between France and Russia on June 21. Prussia, already defeated after the battle of Jena in 1806, was also involved. Napoleon, aware of his military dominance, wanted to establish a peace that would further his European ambitions. He also wanted to seduce and neutralize Alexander I in order to definitively isolate Great Britain, his great rival, by getting it to participate in the Continental Blockade. This meeting and its theatrical staging are detailed in the diary of Ernst Ludwig Siehr, advisor to the Justice Commission at Tilsit: « Le 24 juin, à 9 heures du soir, on donna l'ordre de bâtir deux baraques flottantes pour la rencontre des souverains, qui dut se passer au milieu de la rivière. 150 charpentiers français commencèrent à bâtir ces baraques et la première fut finie le 25 juin. Cette baraque ancrée flotta au milieu de la rivière [Niémen] aux environs de l'ancien pont. La seconde n'était pas encore finie. A midi et demi Napoléon en compagnie de ses maréchaux et 100 gardes montèrent à la rivière où ils s'embarquèrent sur une petite barque. Les gardes russes formèrent au bord en face. Les trompettes russes donnèrent le signal du départ. Les deux barques arrivèrent à la baraque en même temps. Napoléon et Alexandre s'embrassèrent et entrèrent dans la baraque. Cet entretien dura trois quarts d'heure, et la retraite se passa également. Le 26 juin, on ordonna de donner la moitié de la ville aux Russes. Alexandre s'installa son quartier habituel dans la maison de Hinz, et de l'ouest d'une ligne se retraçant du nord au sud de la ville les Français évacuèrent leurs quartiers. Quelques régiments même quittèrent la ville. A midi et demi la section alla sur les barques comme hier, mais à cette différence près que le tsar Alexandre arriva avec le roi [de Prusse]. L'entretien dura une heure et demie. A cinq heures, 800 gardes françaises des environs se mirent dans la rue Allemande avec une musique magnifique. La cavalerie sur le côté nord et l'infanterie au sud. Ils furent en rangs de la porte Allemande jusqu'à l'église. Napoléon les inspecta jusqu'à ce que 40 coups de canon annoncèrent l'arrivée d'Alexandre. Le 27 juin, les deux empereurs manoeuvrèrent deux heures avec les gardes français, à intervalles réguliers on entendit les détonations. A six heures du soir, Alexandre et Constantine mangèrent chez Napoléon ». (Extraits du journal de Ernst Ludwig Siehr, conseiller de la commission de justice à Tilsit, juin-juillet 1807, in brochure du bicentenaire de Tilsit, ed. Bartheldruck, Arnstadt).
After several days of negotiations between the two sovereigns, the Peace of Tilsit was signed on July 7 and 9, 1807. Regnaud de Saint-Jean d'Angély brought one of the rafts used for the meeting back to France, and installed it on a pond on his property at Val Abbey, Mériel in the Val d'Oise (Philippe Champy, “Visite de l'abbaye du Val”, bulletin des Amis du Vexin français, 2003, p. 19-20).
Painter Jacques François Joseph Swebach (1769-1823), son and pupil of painter Louis Swebach Desfontaines, began his career in 1783 by exhibiting at the Salon de la Correspondance, quickly specializing as a painter and engraver of horses and battle scenes. In 1802, he joined the Manufacture de Sèvres as a painter of battles, genre scenes and landscapes, participating in the creation of the most prestigious services, such as the Emperor's particular service, the two Egyptian services, the two Encyclopedic services and the miscellaneous views service. In 1814, Swebach was called to Russia by Tsar Alexander I, no doubt attracted by his painting of the Egyptian service that Napoleon had given him in 1808. Swebach was then appointed first painter and director of the Imperial Porcelain Factory in Saint Petersburg, where he worked until 1820.
En octobre 1807, l’Empereur Napoléon 1er commande un nouveau service à la manufacture de Sèvres pour remplacer le service Olympique qu’il vient d’offrir au Tsar Alexandre 1er.
Ce service, nommé service particulier de l’Empereur est plus tard désigné Service des Quartiers Généraux ; cette appellation, déjà employée par le fidèle valet de chambre Marchand lors du départ pour Sainte-Hélène, pourrait faire référence aux quartiers généraux que Napoléon occupait pendant ses campagnes, dont plusieurs sont représentés sur les assiettes.
Le service est livré le 27 avril 1810 au Palais des Tuileries, juste à temps pour figurer sur la table de banquet du mariage avec l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche le 2 avril 1810.
Napoléon envisageait depuis longtemps un second mariage pour accéder au pouvoir politique et avait entamé une procédure de divorce avec sa première épouse, Joséphine, en 1809. Son premier choix s'était porté sur Anna Pavlovna, la plus jeune sœur du tsar Alexandre Ier de Russie. Mais les négociations durent plus longtemps que prévu et l'Autriche, soucieuse d'affirmer sa place entre la Russie et la France, deux superpuissances alliées, souhaite proposer Marie-Louise, fille de l'empereur François II d'Autriche. Le couple est marié par procuration à Vienne le 11 mars et par l'État français le 1er avril. La cérémonie religieuse du mariage a lieu le lendemain, le 2 avril, dans le Salon Carré du Louvre, temporairement transformé en chapelle. Napoléon et Marie-Louise se rendent ensuite aux Tuileries en passant par la Grande Galerie, où a lieu un banquet officiel, du grand couvert.
Le service se composait d’un service d’entrée et d’un service de dessert accompagné d’un large surtout en biscuit composé de vingt-cinq sculptures et un cabaret égyptien de vingt-neuf pièces, l’ensemble pour la somme considérable de 69.549 francs. Le service était également accompagné notamment de Une peinture par Alexandre Dufay dit Casanova, aujourd’hui conservée au Château de Fontainebleau, illustre le banquet du mariage où sont représentés autour du service Grand Vermeil de l’Empereur plusieurs éléments du surtout en biscuit.
Le service d’entrée comprenait vingt-quatre assiettes creuses, huit beurriers, dix-huit pots-à-jus et quatre saladiers et le service à dessert comprenait soixante-douze assiettes peintes, vingt-quatre assiettes à monter à bordure seulement, douze compotiers, deux vases à glace, quatre sucriers et dix corbeilles. Parmi ces dix corbeilles figuraient deux larges corbeilles anses serpent richement dorées, récemment acquises par le château de Fontainebleau auprès de Christie’s, Paris, 24 avril 2024, lot 450.
Pour les assiettes peintes, l’instruction de Napoléon transmise par Daru à Alexandre Brongniart, directeur de la manufacture de Sèvres, est la suivante : que parmi ces dessins, il n'y ait point de bataille ni de noms d'hommes mais qu'au contraire, les sujets n'offrent que des allusions très indirectes qui réveillent des souvenirs agréables. L’Empereur fournit lui-même 28 sujets : 4 pour les deux campagnes d’Italie, 15 pour l’expédition d’Égypte, 3 pour la campagne d’Autriche, et les 6 autres pour les campagnes de Prusse et de Pologne. Alexandre Brongniart, aidé par Vivant Denon, complète les sujets par d’autres événements marquants des mêmes campagnes, ainsi que des vues de Paris, des résidences impériales, des grandes institutions de l’Empire et des travaux majeurs réalisés en province. Chaque assiette coûtait 425 francs, un montant alors sans précédent. Pour le dessin de l’aile, on utilise une bordure de glaives antiques, conçue en avril 1807 par l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart, père du directeur de la manufacture. Il est finalement décidé d'adopter le ton vert de chrome, récemment développé par le chimiste Vauquelin. Les peintres commencent leur travail en janvier 1808 et l’achèvent en mars 1810. Avec les divers cadeaux faits par l'Empereur nécessitant des réassortiments, la manufacture de Sèvres produit au total 82 assiettes, mais la table des Tuileries n’en comporta jamais plus de 72 à la fois.
Lors de la 1ère Restauration en 1814, les soixante-douze assiettes conservées aux Tuileries sont envoyées à la manufacture de Sèvres afin d’y faire meuler la marque du premier Empire pour la remplacer par les deux L entrelacés gravés en noir, chiffre de Louis XVIII. Chaque assiette est alors également numérotée en creux et en noir. Napoléon retrouve son service pendant les Cent-Jours et après Waterloo, en juin 1815, Fouché l’autorise à emporter soixante assiettes à Sainte-Hélène. Napoléon n’utilise pas ce service de crainte qu’il ne soit cassé. Il offre deux assiettes lors des étrennes de 1817, l’une à Mme Bertrand, l’autre à Mme de Montholon. Le Mamelouk Ali note dans ses mémoires : « A Diner, [l’Empereur] s’amuse à regarder les peintures des assiettes du beau service de porcelaine de Sèvres. Il est à observer que sous ces assiettes, les Bourbons avaient fait graver le chiffre de Louis XVIII, des L opposés ». Dans un état daté du 15 avril 1821 annexé à son testament, Napoléon précise : « 1° Mon médailler. 2° Mon argenterie et ma porcelaine de Sèvres dont j’ai fait usage à Sainte-Hélène. 3° Je charge le comte Montholon de garder ces objets et de les remettre à mon fils quand il aura seize ans ».
La Cour de Vienne refuse ce legs au duc de Reichstatd et Montholon conserve les assiettes et les distribue, notamment au fils de Las Cases. En 1851, le fils du comte de Las Cases en possédait encore vingt-quatre.
Vingt-quatre assiettes du service particulier de l’Empereur sont aujourd’hui conservées au château de Fontainebleau, dix-neuf à la Fondation Napoléon, trois au château de la Malmaison, trois au musée royal de l’armée de Bruxelles, deux au musée de Sèvres, deux au musée du Louvre et quelques autres dans des collections particulières. Une assiette de ce service, peinte d'une scène représentant la fête au mont Saint-Bernard à l'occasion des funérailles du général Desaix, a été vendue le 9 novembre 2021 chez Osenat, à Fontainebleau (pour 350 000 euros). Une autre, peinte avec Frédéric le Grand et ses lévriers dans les jardins du palais de Sans-Souci à Potsdam, a été vendue dans les mêmes salles le 5 mai 2021, lot 220 (pour 243 750 euros). Une autre peinte avec la frégate " La Muiron " débarquant à Ajaccio avec le général Bonaparte en octobre 1799 a été vendue dans les mêmes salles le 2 juillet 2017, lot 210 (pour 306 250 euros). Une autre, peinte avec le camp de l'Empereur sur l'île de Lobau en 1809, a été vendue dans les mêmes salles le 16 novembre 2014, lot 129, (pour 410 000 euros).
L'entrevue des deux Empereurs
Pour cette assiette du service particulier de l’Empereur peinte entre avril et juin 1808, le peintre Jacques François Joseph Swebach illUstre un épisode parmi les plus symboliques de la puissance de Napoléon : la rencontre des deux Empereurs.
Napoléon, à qui l’on demandait à Sainte-Hélène quelle fut l’époque la plus heureuse de sa vie, répondit « Peut-être à Tilsit… J’étais victorieux, je dictais des lois, j’avais des empereurs et des rois pour me faire la cour ». Talleyrand commentera ainsi cette rencontre dans ses mémoires : « une entrevue au milieu du Niémen, proposée par l’empereur Alexandre, était si romanesquement conçue, et pouvait être si magnifiquement ordonnée, que Napoléon qui y voyait un brillant épisode pour le poème de sa vie, l’accepta » (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Mémoires du prince de Talleyrand 1754-1838 publiée par le duc de Broglie, 1891-1892, p. 314)
La rencontre de Napoléon Ier et de l’empereur Alexandre Ier de Russie, le 25 juin 1807, sur un radeau au milieu du fleuve Niémen, près de la ville de Tilsit, est un épisode marquant des guerres napoléoniennes et de la diplomatie européenne. Cette rencontre illustre l’apogée du pouvoir de Napoléon, tout en marquant le début de son alliance éphémère avec la Russie. Après la victoire écrasante de Napoléon sur les armées russes et prussiennes à la bataille de Friedland le 14 juin 1807, le tsar Alexandre Ier est contraint de négocier et un armistice est signé entre la France et la Russie le 21 juin. La Prusse, déjà défaite après la bataille d'Iéna en 1806, est également impliquée. Napoléon, conscient de sa domination militaire, souhaite établir une paix favorable à ses ambitions européennes. Il veut aussi séduire et neutraliser Alexandre Ier pour isoler définitivement la Grande-Bretagne, sa grande rivale, en l'amenant à participer au Blocus continental. Cette rencontre et sa mise en scène théâtrale sont détaillées dans le journal d’Ernst Ludwig Siehr, conseiller de la commission de justice à Tilsit :
« Le 24 juin, à 9 heures du soir, on donna l'ordre de bâtir deux baraques flottantes pour la rencontre des souverains, qui dut se passer au milieu de la rivière. 150 charpentiers français commencèrent à bâtir ces baraques et la première fut finie le 25 juin. Cette baraque ancrée flotta au milieu de la rivière [Niémen] aux environs de l'ancien pont. La seconde n'était pas encore finie. A midi et demi Napoléon en compagnie de ses maréchaux et 100 gardes montèrent à la rivière où ils s'embarquèrent sur une petite barque. Les gardes russes formèrent au bord en face. Les trompettes russes donnèrent le signal du départ. Les deux barques arrivèrent à la baraque en même temps. Napoléon et Alexandre s'embrassèrent et entrèrent dans la baraque. Cet entretien dura trois quarts d'heure, et la retraite se passa également. Le 26 juin, on ordonna de donner la moitié de la ville aux Russes. Alexandre s'installa son quartier habituel dans la maison de Hinz, et de l'ouest d'une ligne se retraçant du nord au sud de la ville les Français évacuèrent leurs quartiers. Quelques régiments même quittèrent la ville. A midi et demi la section alla sur les barques comme hier, mais à cette différence près que le tsar Alexandre arriva avec le roi [de Prusse]. L'entretien dura une heure et demie. A cinq heures, 800 gardes françaises des environs se mirent dans la rue Allemande avec une musique magnifique. La cavalerie sur le côté nord et l'infanterie au sud. Ils furent en rangs de la porte Allemande jusqu'à l'église. Napoléon les inspecta jusqu'à ce que 40 coups de canon annoncèrent l'arrivée d'Alexandre. Le 27 juin, les deux empereurs manoeuvrèrent deux heures avec les gardes français, à intervalles réguliers on entendit les détonations. A six heures du soir, Alexandre et Constantine mangèrent chez Napoléon ». (Extraits du journal de Ernst Ludwig Siehr, conseiller de la commission de justice à Tilsit, juin-juillet 1807, in brochure du bicentenaire de Tilsit, ed. Bartheldruck, Arnstadt).
Après ces plusieurs jours de négociations entre les deux souverains, la Paix de Tilsit est signée les 7 et 9 juillet 1807. L'un des radeaux de l'entrevue sur le Niémen fut rapporté en France par Regnaud de Saint-Jean d'Angély qui l'installa sur un étang dans sa propriété de l'abbaye du Val, à Mériel dans le Val d'Oise (Philippe Champy, « Visite de l'abbaye du Val », bulletin des Amis du Vexin français, 2003, p. 19-20).
Le peintre Jacques François Joseph Swebach (1769-1823), fils et élève du peintre Louis Swebach Desfontaines, débute sa carrière en 1783 en exposant au Salon de la Correspondance, se spécialisant rapidement comme peintre et graveur de chevaux et scènes de bataille. Il entre en 1802 à la manufacture de Sèvres comme peintre de batailles, de scène de genre et de paysage, participant à la réalisation des services les plus prestigieux comme le service particulier de l’Empereur, les deux services Égyptiens, les deux services Encyclopédiques ou encore le service des vues diverses. En 1814, Swebach est appelé en Russie par le Tsar Alexandre 1er, sans doute séduit par sa peinture sur le service égyptien que Napoléon lui offrait en 1808. Swebach est alors nommé premier peintre et directeur de la manufacture Impériale de porcelaine de Saint-Pétersbourg où il travaille jusqu’en 1820.
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The Emperor's private service
In October 1807, Emperor Napoleon1st ordered a new service from the Sèvres manufactory to replace the Olympic service he had just given to Tsar Alexander1st.
This service, named Service Particulier de l'Empereur, was later designated Service des Quartiers Généraux; this name, already used by the loyal valet de chambre Marchand on his departure for St. Helena, could refer to the headquarters Napoleon occupied during his campaigns, several of which are depicted on the plates.
The service was delivered to the Tuileries Palace on April 27, 1810, just in time to feature on the banquet table for the wedding to Archduchess Marie-Louise of Austria on April 2, 1810.
Napoleon had long been considering a second marriage as a means to political power, and had begun divorce proceedings with his first wife, Josephine, in 1809. His first choice was Anna Pavlovna, the younger sister of Tsar Alexander I of Russia. But negotiations took longer than expected, and Austria, anxious to assert its place between Russia and France, two allied superpowers, wished to propose Marie-Louise, daughter of Emperor Franz II of Austria. The couple were married by proxy in Vienna on March 11, and by the French state on April 1. The religious wedding ceremony took place the following day, April 2, in the Salon Carré of the Louvre, temporarily transformed into a chapel. Napoleon and Marie-Louise then made their way to the Tuileries via the Grande Galerie, where an official banquet was held.
The service consisted of an entrée service and a dessert service, accompanied by a large cookie surtout composed of twenty-five sculptures and a twenty-nine-piece Egyptian cabaret, all for the considerable sum of 69,549 francs. The service was also accompanied by A painting by Alexandre Dufay dit Casanova, now in the Château de Fontainebleau, illustrating the wedding banquet, in which several elements of the cookie service are depicted around the Emperor's Grand Vermeil service.
The entrée service included twenty-four soup plates, eight butter dishes, eighteen pots-à-jus and four salad bowls, while the dessert service comprised seventy-two painted plates, twenty-four rim-only plates, twelve compote dishes, two ice cream vases, four sugar bowls and ten baskets. The ten baskets included two large baskets with richly gilded snake handles, recently acquired by the Château de Fontainebleau from Christie's, Paris, April 24, 2024, lot 450.
For painted plates, Napoleon's instructions, transmitted by Daru to Alexandre Brongniart, director of the Sèvres factory, are as follows: que parmi ces dessins, il n'y ait point de bataille ni de noms d'hommes mais qu'au contraire, les sujets n'offrent que des allusions très indirectes qui réveillent des souvenirs agréables.
The Emperor himself supplied 28 subjects: 4 for the two Italian campaigns, 15 for the Egyptian expedition, 3 for the Austrian campaign, and the remaining 6 for the Prussian and Polish campaigns. Alexandre Brongniart, assisted by Vivant Denon, completed the subjects with other key events from the same campaigns, as well as views of Paris, the imperial residences, the major institutions of the Empire and major works carried out in the provinces. Each plate cost 425 francs, an unprecedented sum at the time. For the design of the wing, a border of antique swords was used, conceived in April 1807 by the architect Alexandre-Théodore Brongniart, father of the director of the manufactory. It was finally decided to adopt the chrome green tone, recently developed by the chemist Vauquelin. The painters began their work in January 1808 and completed it in March 1810. With the Emperor's various gifts requiring reorders, the Sèvres factory produced a total of 82 plates, but the Tuileries table never held more than 72 at a time.
At the time of the 1st Restoration in 1814, the seventy-two plates kept at the Tuileries were sent to the Sèvres factory to have the First Empire mark ground off and replaced by the two interlaced Ls engraved in black, the figure of Louis XVIII. Each plate was also numbered in black. Napoleon returned to service during the Hundred Days, and after Waterloo, in June 1815, Fouché authorized him to take sixty plates to St. Helena. Napoleon did not use the service for fear of breaking it. In 1817, he gave two plates as presents, one to Mme Bertrand, the other to Mme de Montholon. The Mamelouk Ali notes in his memoirs : « A Diner, [l’Empereur] s’amuse à regarder les peintures des assiettes du beau service de porcelaine de Sèvres. Il est à observer que sous ces assiettes, les Bourbons avaient fait graver le chiffre de Louis XVIII, des L opposés ». In a statement dated April 15, 1821 appended to his will, Napoleon states : « 1° Mon médailler. 2° Mon argenterie et ma porcelaine de Sèvres dont j’ai fait usage à Sainte-Hélène. 3° Je charge le comte Montholon de garder ces objets et de les remettre à mon fils quand il aura seize ans ».
The Viennese Court refused to accept the Duke of Reichstatd's bequest, and Montholon kept the plates and distributed them, notably to the son of Las Cases. In 1851, Count de Las Cases' son still owned twenty-four of them.
Twenty-four plates from the Emperor's private service are now at the Château de Fontainebleau, nineteen at the Fondation Napoléon, three at the Château de la Malmaison, three at the Musée Royal de l'Armée in Brussels, two at the Musée de Sèvres, two at the Musée du Louvre and a few others in private collections. A plate from this service, painted with a scene depicting the feast at Mont Saint-Bernard on the occasion of General Desaix's funeral, was sold on November 9, 2021 at Osenat, Fontainebleau (for 350,000 euros). Another, painted with Frederick the Great and his greyhounds in the gardens of the Sans-Souci palace in Potsdam, was sold in the same rooms on May 5, 2021, lot 220 (for 243,750 euros). Another painted with the frigate “La Muiron” landing at Ajaccio with General Bonaparte in October 1799 was sold in the same rooms on July 2, 2017, lot 210 (for 306,250 euros). Another, painted with the Emperor's camp on the island of Lobau in 1809, was sold in the same rooms on November 16, 2014, lot 129, (for 410,000 euros).
The two emperors' meeting
For this plate from the Emperor's private service, painted between April and June 1808, the painter Jacques François Joseph Swebach illustrates one of the most symbolic episodes of Napoleon's power: the meeting of the two Emperors.
Napoleon, asked on St. Helena what was the happiest time of his life, replied : « Peut-être à Tilsit… J’étais victorieux, je dictais des lois, j’avais des empereurs et des rois pour me faire la cour ». Talleyrand wrote of this meeting in his memoirs : : « une entrevue au milieu du Niémen, proposée par l’empereur Alexandre, était si romanesquement conçue, et pouvait être si magnifiquement ordonnée, que Napoléon qui y voyait un brillant épisode pour le poème de sa vie, l’accepta » (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Mémoires du prince de Talleyrand 1754-1838 publiée par le duc de Broglie, 1891-1892, p. 314)
The meeting of Napoleon I and Emperor Alexander I of Russia on June 25, 1807, on a raft in the middle of the River Niemen, near the town of Tilsit, is a landmark episode in the Napoleonic Wars and in European diplomacy. The encounter marked the height of Napoleon's power, and the beginning of his short-lived alliance with Russia. Following Napoleon's crushing victory over the Russian and Prussian armies at the Battle of Friedland on June 14, 1807, Tsar Alexander I was forced to negotiate, and an armistice was signed between France and Russia on June 21. Prussia, already defeated after the battle of Jena in 1806, was also involved. Napoleon, aware of his military dominance, wanted to establish a peace that would further his European ambitions. He also wanted to seduce and neutralize Alexander I in order to definitively isolate Great Britain, his great rival, by getting it to participate in the Continental Blockade. This meeting and its theatrical staging are detailed in the diary of Ernst Ludwig Siehr, advisor to the Justice Commission at Tilsit: « Le 24 juin, à 9 heures du soir, on donna l'ordre de bâtir deux baraques flottantes pour la rencontre des souverains, qui dut se passer au milieu de la rivière. 150 charpentiers français commencèrent à bâtir ces baraques et la première fut finie le 25 juin. Cette baraque ancrée flotta au milieu de la rivière [Niémen] aux environs de l'ancien pont. La seconde n'était pas encore finie. A midi et demi Napoléon en compagnie de ses maréchaux et 100 gardes montèrent à la rivière où ils s'embarquèrent sur une petite barque. Les gardes russes formèrent au bord en face. Les trompettes russes donnèrent le signal du départ. Les deux barques arrivèrent à la baraque en même temps. Napoléon et Alexandre s'embrassèrent et entrèrent dans la baraque. Cet entretien dura trois quarts d'heure, et la retraite se passa également. Le 26 juin, on ordonna de donner la moitié de la ville aux Russes. Alexandre s'installa son quartier habituel dans la maison de Hinz, et de l'ouest d'une ligne se retraçant du nord au sud de la ville les Français évacuèrent leurs quartiers. Quelques régiments même quittèrent la ville. A midi et demi la section alla sur les barques comme hier, mais à cette différence près que le tsar Alexandre arriva avec le roi [de Prusse]. L'entretien dura une heure et demie. A cinq heures, 800 gardes françaises des environs se mirent dans la rue Allemande avec une musique magnifique. La cavalerie sur le côté nord et l'infanterie au sud. Ils furent en rangs de la porte Allemande jusqu'à l'église. Napoléon les inspecta jusqu'à ce que 40 coups de canon annoncèrent l'arrivée d'Alexandre. Le 27 juin, les deux empereurs manoeuvrèrent deux heures avec les gardes français, à intervalles réguliers on entendit les détonations. A six heures du soir, Alexandre et Constantine mangèrent chez Napoléon ». (Extraits du journal de Ernst Ludwig Siehr, conseiller de la commission de justice à Tilsit, juin-juillet 1807, in brochure du bicentenaire de Tilsit, ed. Bartheldruck, Arnstadt).
After several days of negotiations between the two sovereigns, the Peace of Tilsit was signed on July 7 and 9, 1807. Regnaud de Saint-Jean d'Angély brought one of the rafts used for the meeting back to France, and installed it on a pond on his property at Val Abbey, Mériel in the Val d'Oise (Philippe Champy, “Visite de l'abbaye du Val”, bulletin des Amis du Vexin français, 2003, p. 19-20).
Painter Jacques François Joseph Swebach (1769-1823), son and pupil of painter Louis Swebach Desfontaines, began his career in 1783 by exhibiting at the Salon de la Correspondance, quickly specializing as a painter and engraver of horses and battle scenes. In 1802, he joined the Manufacture de Sèvres as a painter of battles, genre scenes and landscapes, participating in the creation of the most prestigious services, such as the Emperor's particular service, the two Egyptian services, the two Encyclopedic services and the miscellaneous views service. In 1814, Swebach was called to Russia by Tsar Alexander I, no doubt attracted by his painting of the Egyptian service that Napoleon had given him in 1808. Swebach was then appointed first painter and director of the Imperial Porcelain Factory in Saint Petersburg, where he worked until 1820.