Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992)
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Saint-Malo

Details
Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992)
Saint-Malo
signé du monogramme de l'artiste (en bas à droite)
tempera sur papier de Chine
26.6 x 16.5 cm.
Peint vers 1978.

signed with the artist's monogram (lower right)
tempera on Chinese paper
10 ½ x 6 ½ in.
Painted circa 1978.
Provenance
Galerie Jeanne Bucher, Paris
Exhibited
G. Weelen et J. F. Jaeger, Vieira da Silva, Catalogue raisonné, Paris, 1994, No. 3064 (illustré p. 608).

Brought to you by

Morgane Cornu
Morgane Cornu Junior Specialist

Lot Essay

« Ce qui est une certitude pour moi ne l’est pas pour quelqu’un d’autre. Ce qui est une certitude pour quelqu’un d’autre ne l’est pas pour moi. Le monde change. Les yeux changent. » - Maria Helena Vieira da Silva

Sans titre (1977) et Saint-Malo (vers 1978) sont deux pièces exceptionnelles signées Maria Helena Vieira da Silva, qu’elle a réalisés à la veille de ses 80 ans. Leur univers onirique et leurs couleurs chatoyantes sont particulièrement représentatifs de la pratique tardive de l’artiste. Ainsi, Sans titre représente ce qui pourrait être une ville vue du ciel, avec une mosaïque de toits en grisaille, d’immeubles et de routes parsemés de lumières bleues, vertes, jaunes et roses. Le nébuleux Saint-Malo, dont le titre fait référence à la ville portuaire historique d’Ille-et-Vilaine, en Bretagne, évoque de la même manière des formes architecturales – et peut-être les mâts des bateaux dans le port – dans des tons d’or, d’argent et de terre d’ombre brûlée, agencés en damier, le tout sous un ciel bleu-gris.

Née à Lisbonne en 1908, Maria Helena Vieira da Silva a étudié à l’Académie de la Grande-Chaumière, à Paris. Très inspirée par le Quattrocento et le cubisme, elle conçoit son travail comme un theatrum mundi (théâtre du monde) métaphysique, créant des intérieurs et des paysages abstraits grâce à des couleurs en damier et des perspectives plongeantes. Après sept années d’exil à Rio de Janeiro avec son mari, le peintre juif hongrois Árpád Szenes, elle revient à Paris en 1947. Elle devient alors une figure centrale de l’Art Informel aux côtés d’autres artistes d’origine étrangère tels que Jean-Paul Riopelle et Zao Wou-Ki. Comme elle, ces peintres inventent de nouveaux langages visuels à la mesure d’une époque marquée par l’incertitude et le changement. Plus tardivement, l’œuvre de Vieira da Silva se rapproche de l’abstraction lyrique, convoquant des réalités situées au-delà de la surface du visible. « À la frontière des souterrains de l’esprit et des grands espaces du monde moderne, Vieira da Silva ouvre chaque jour de nouveaux yeux sur la vie dite “réelle” », écrit Claude Roy. « Mais en même temps, son œuvre nous murmure à l’oreille que la vraie vie est ailleurs » (C. Roy, Vieira da Silva, Barcelone 1989, p. 28).

Maria Helena Vieira da Silva a beaucoup voyagé tout au long de sa vie : du Portugal à Paris dans sa jeunesse, au Brésil en exil pendant la Seconde Guerre mondiale et, plus tard, à travers le monde pour des expositions et pour recevoir des distinctions internationales. À partir de la fin des années 1970, elle s’installe à Paris, où le titre de Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur lui est décerné en 1979. À travers ses peintures – Sans titre et Saint-Malo n’y font pas exception –, elle poursuit sa quête incessante de curiosité. « J’aime ses bleus, qui sont la couleur de son pays, disait son ami Zao Wou-Ki, et surtout ses beiges et ses bruns… Ils deviennent plus profonds et mystérieux et invoquent la poésie. Bibliothèques, labyrinthes, portes, villes, forêts : dans chaque tableau, ce sont des espaces réinventés dans lesquels nous circulons et nous nous perdons dans d’autres espaces, ad aeternam. » (Zao Wou-Ki, cité dans Au fil du temps : percurso fotobiográfico de Maria Helena Vieira da Silva, Lisbonne 2008, p. 225).


‘What is certainty for me is not so for someone else. What is certainty for someone else is not so for me. The world changes. The eyes change.’ - Maria Helena Vieira da Silva

Sans titre (1977) and Saint-Malo (circa 1978) are jewel-like examples of the work of Maria Helena Vieira da Silva. Painted as the artist neared her eighth decade, they display the shimmering, dreamlike qualities of her late practice with sparkling concision. Sans titre conjures a typical sense of urban space: we see what might be a city from the air, with a grisaille mosaic of roofs, buildings and roads dotted with lights of blue, green, yellow and pink. The atmospheric Saint-Malo, whose title refers to a historic port in Ille-et-Vilaine, Brittany, evokes similarly architectural form—and perhaps the masts of boats in harbour—in chequered gold, silver and burnt umber tones beneath a blue-grey sky.

Born in Lisbon in 1908, Vieira da Silva began her artistic training at the Académie de la Grande Chaumière in Paris. Informed by the lessons of Cubism and Quattrocento painting, she conceived of her work as a metaphysical theatrum mundi or ‘theatre of the world’, creating vertiginous, abstracted interiors and landscapes with chequered colour and plunging perspectives. Following seven years of exile in Rio de Janeiro with her husband, the Hungarian Jewish painter Árpád Szenes, she returned to Paris in 1947. She became a central figure in the Art Informel scene alongside other international artists including Jean-Paul Riopelle and Zao Wou-Ki. Like her, these painters were forging new visual languages to take the measure of an era of movement, uncertainty and change. In her later years, Vieira da Silva’s work came closer to lyrical abstraction, gesturing towards realities beyond the surface of the visible. ‘Ever watchful at the frontier of the subterranean reaches of the spirit and of the great spaces of the “modern” world, every day Vieira da Silva opens new eyes onto so-called “real” life’, writes Claude Roy. ‘But at the same time her work whispers in our ear that the true life is elsewhere’ (C. Roy, Vieira da Silva, Barcelona 1989, p. 28).

Vieira da Silva journeyed widely throughout her lifetime: from Portugal to Paris in her youth; to Brazil in exile during World War II; and, later, around the globe for exhibitions and awards as she gained international recognition. From the late 1970s, she remained happily in Paris, where she was awarded the title of Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur in 1979. Through her paintings—as seen Sans titre and Saint-Malo—her exploratory vision, intellect, and spirit continued on their unceasing voyage. ‘I like her blues, which are the colour of her country’, said her friend Zao Wou-Ki, ‘and, above all, her beiges and browns … they become more profound and mysterious and summon poetry. Libraries, labyrinths, doors, cities, forests: in each painting they are reinvented spaces in which we circulate and lose ourselves in other spaces, ad aeternam’ (Zao Wou-Ki, quoted in Au fil du temps : percurso fotobiográfico de Maria Helena Vieira da Silva, Lisbon 2008, p. 225).

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