Bernard Piffaretti (né en 1955)
Bernard Piffaretti (né en 1955)

Sans titre

Details
Bernard Piffaretti (né en 1955)
Sans titre
signé et daté 'Piffaretti 1985' (au dos)
acrylique sur toile
191.8 x 127.5 cm.
Peint en 1985.

signed and dated 'Piffaretti 1985' (on the reverse)
acrylic on canvas
75 ½ x 50 ¼ in.
Painted in 1985.
Provenance
Acquis directement auprès de l'artiste

Brought to you by

Josephine Wanecq
Josephine Wanecq Specialist, Head of Evening Sale

Lot Essay

« Le dédoublement introduit un doute quant à la création de l’œuvre initiale. Toute suprématie est abolie, et c’est précisément le sujet de ma peinture. » - Bernard Piffaretti

Au cours des années 1980, Bernard Piffaretti a mis au point un processus pictural qui consiste à peindre une bande verticale sur une toile, tel un axe de symétrie. Une fois la toile divisée, il peint une composition abstraite sur une moitié, qu’il tente ensuite de reproduire exactement dans l’autre moitié. Piffaretti travaille d’un seul jet, sans aucune aide technique. Il en résulte des gouttes, des éclaboussures et des formes subtilement divergentes où l’on retrouve les principaux poncifs de la modernité : la ligne, les aplats, la grille, les points. Les différences entre ces « images jumelles » créent une tension visuelle : le statut de « l’original » par rapport à celui de « la copie » devient flou, remettant en cause la chronologie de la création de l’œuvre.

Le présent tableau a été réalisé en 1985, au début du travail de recherche de l’artiste. Ici, les deux compositions diffèrent par la couleur. Dans la partie gauche, les traits et les touches de couleurs sont exécutés dans des teintes terreuses sur un fond blanc. Dans la moitié opposée, Piffaretti a répété ces couleurs avant de les recouvrir respectivement de rouge et de noir, laissant apparaître des éclats du brun et du blanc sous-jacents. Laquelle des deux moitiés fait autorité sur l’autre ? Le subtil écart entre les deux parties permet au regardeur de créer visuellement le tableau, par aller-retours, et de le considérer comme un « tout » mouvant et coloré.

Bernard Piffaretti a étudié à l’école des Beaux-Arts de Saint-Étienne de 1973 à 1979 et s’installe à Paris en 1981. Indifférent au travail néo-expressionniste des artistes de la Transavanguardia et de la Figuration Libre alors omniprésents dans les galeries parisiennes, il s’intéresse au mouvement déconstructif Supports/Surfaces et au groupe BMPT (Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni). En 1982, Piffaretti intègre l’exposition collective « Fragments et Figures » organisée par Jean-Louis Froment au CAPC de Bordeaux. Le travail du plasticien intéresse Jean Fournier qui lui consacre sa première exposition personnelle 8 jours pour Bernard Piffaretti en 1983, dans le grand espace de la rue Quincampoix.

Quand, à 28 ans, Piffaretti connaît le succès, il est alors nettement plus jeune que la plupart des autres artistes soutenus par Jean Fournier, dont Claude Viallat, Joan Mitchell, Sam Francis et Shirley Jaffe. Pourtant, c’est avec des artistes plus âgés que lui, comme Shirley Jaffe, qu’il a tissé les liens les plus étroits (B. Piffaretti en conversation avec R. Rubinstein, The Brooklyn Rail, juin 2022). Comme ses acolytes de la galerie Jean Fournier, Piffaretti a interrogé en profondeur la question de la peinture, tout en créant des œuvres d’une grande vitalité visuelle. Sa méthode lui a permis de se consacrer presqu’uniquement à la couleur, à ses accords et ses multiples tonalités. Il a fait de la couleur son sujet. C’est ce que Jean Fournier a aimé plus que tout chez Piffaretti et les artistes qu’il a défendus sa vie durant.

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