Lot Essay
« Je donne à la couleur une vibration ; je donne à la couleur une structure ; je donne à la couleur sa forme. » - Heinz Mack
Créées en 1958 et 1960, les deux toiles présentées ici appartiennent à la série Dynamische Struktur de Heinz Mack. Avec ses textures ondulées et sa palette lumineuse, cette série, initiée en 1958, marque pour le plasticien allemand le début de son exploration de la lumière, de la réflexion et du mouvement, qui seront au cœur de son art pendant des décennies. Pour créer cette « vibration », Mack passe sur la toile un outil en forme de peigne pour former ce qui ressemble à des champs de peinture humide, réalisant ainsi des bandes alternées de noir et de blanc qui semblent danser allègrement sur la toile. L’artiste explique à leur sujet : « Les zones parallèles se transforment progressivement tout en conservant leur caractère distinct. C’est ainsi qu’elles entrent en vibration ». (H. Mack, “The New Dynamic Structure”, in ZERO, Cambridge, MA, 1973, p. 14).
Heinz Mack est le cofondateur du groupe ZERO, qu’il a lancé avec Otto Piene dans le studio qu’ils partageaient à Düsseldorf en 1957. Après le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale et en réaction à ce qu’ils considéraient comme la subjectivité de l’Art Informel, les artistes du mouvement ZERO ont fait table rase du passé pour permettre l’émergence du processus de création véritable, générant ainsi ce que Piene appelait « une zone de silence et de pures possibilités pour un nouveau départ » (O. Piene, “The Development of the Group ZERO”, in The Times Literary Supplement, 3 septembre 1964, pp. 812-813). S’ils possédaient des approches différentes, les artistes de ce groupe étaient unis par une éthique créative relativement dépouillée, considérant leur travail comme un point de départ vers des potentialités infinies.
Dans Dynamische Struktur der Zeit Nr. 23 (1958), Mack étale avec un peigne du pigment blanc sur du noir afin créer une grille scintillante de peinture, encadrée en haut et en bas par des marques de gris argenté. Dynamische Struktur Weiß auf Schwarz (1960), quant à elle, présente des bandes étroites de blanc sur du noir dont le flou futuriste fait écho au scintillement des écrans de télévision et des lumières stroboscopiques. Cette œuvre a été présentée pour la première fois lors de l’exposition consacrée à Heinz Mack en 1960 à la Galleria Azimut de Milan, fondée par Enrico Castellani et Piero Manzoni.
En 1962, ce même tableau a fait partie de l’exposition collective « Nu l» au Stedelijk au Museum d’Amsterdam, qui présentait les œuvres d’autres membres du groupe ZERO comme Castellani, Manzoni, Piene, Jan Schoonhoven, Lucio Fontana, Günther Uecker ou Yayoi Kusama. Ces deux peintures ont été présentées dans « ZERO aus Deutschland : 1957-1966, Und heute », une grande exposition qui s’est tenue à la Galerie der Stadt Esslingen en 1999-2000.
À l’instar des artistes minimalistes qui ont émergé dans l’Amérique des années 1960, ceux du mouvement ZERO ont rejeté la représentation au profit d’expériences directes de la lumière et de l’espace. Piene projette des « boules de lumière » dans des salles obscures et enflamme des pigments en poudre sur du papier et des toiles, tandis que Uecker enfonce des centaines de clous dans des surfaces blanches aériennes qui rappellent les champs et les mers balayés par le vent… Quant Mack, il utilise dans ses Dynamische Strukturen des lignes sismographiques alternées pour distiller de l’énergie vibratoire sur la toile. Plus tard, il créera des installations extérieures éblouissantes grâce à du métal réfléchissant, équipées de moteurs cinétiques. Mais les premières peintures de l’artiste demeurent l’expression la plus pure de sa philosophie. Les deux œuvres présentées ici semblent à la fois contenir et émettre de la lumière. Chaque surface est animée par une rythmique chatoyante de blanc et de noir, qui s’apparente à une apparition céleste.
‘’I impart vibration to a colour, I give the colour structure, I give the colour its form.’’ - Heinz Mack
Created in 1958 and 1960, the present two paintings are captivating early examples of Heinz Mack’s Dynamische Struktur series. With their corrugated textures and luminous monochrome palettes, this series—which Mack began in 1958—inaugurated the artist’s decades-long exploration of light, reflection and motion. Conjuring the sense of ‘vibration’ that was central to his art, Mack raked a comb-like tool over fields of wet paint to create alternating, oscillating bands of black and white, which dance across each canvas with pulsing dynamism. ''Individual parallel zones gradually transform themselves from zone to zone,’''Mack explained, ''while at the same time they retain their distinct but mutual character—in this way they are brought into vibration'' (H. Mack, ‘‘The New Dynamic Structure’’, in ZERO, Cambridge, MA, 1973, p. 14).
Mack was a co-founder of the ZERO group, which he launched with Otto Piene out of their shared Düsseldorf studio in 1957. After the trauma of World War II, and in reaction to what they saw as the indulgent subjectivity of Art Informel, the ZERO artists sought to create art from a blank slate: what Piene called ''a zone of silence and of pure possibilities for a new beginning'' (O. Piene, ‘’The Development of the Group ‘ZERO’’’, in The Times Literary Supplement, 3 September 1964, pp. 812-813). The ZERO artists were diverse in their approaches, but united in an elemental, stripped-back creative ethos. They saw their work as a starting point, a regathering of primary forces into a condition of immaculate, open-ended potential.
In Dynamische Struktur der Zeit Nr. 23 (1958), Mack has combed white pigment over black in both vertical and horizontal directions to create a scintillating grid of impasto, bracketed at top and bottom by gleaming sweeps of silver-grey. Dynamische Struktur Weiß auf Schwarz (1960), meanwhile, features serried bands of white on black whose blurring conjures a Futurist sense of movement, echoing the flicker of television screens and strobe lights. This work was debuted at Mack’s 1960 solo show at Galleria Azimut in Milan—co-founded by the Italian artists Enrico Castellani and Piero Manzoni—and in 1962 it was part of the major group show ''Nul'' at the Stedelijk Museum, Amsterdam, which showcased the work of ZERO affiliates as diverse as Castellani, Manzoni, Piene, Jan Schoonhoven, Lucio Fontana, Günther Uecker and Yayoi Kusama. Both paintings were shown in “ZERO aus Deutschland: 1957-1966, Und heute”, a survey exhibition at the Galerie der Stadt Esslingen in 1999-2000.
Like the Minimalists who emerged in 1960s America, the ZERO artists rejected depiction in favour of direct experiences of light and space. Piene projected ‘light-ballets’ in darkened rooms, and set powdered pigments aflame on paper and canvas; Uecker hammered hundreds of nails into billowing, meditative white surfaces that recalled windblown fields and seas. In his Dynamische Strukturen, Mack used alternating, seismographic lines to distil vibrational energy on canvas. He would later go on to create reliefs and sculptures of reflective metal, employing kinetic motors and creating dazzling outdoor installations. His early paintings, however, remain perhaps the purest expression of his philosophy. The present two works seems to both contain and emanate light; their flashes of white and black are the image of an ever-changing sensation. Each surface throbs with rhythmic optical life, a near-heavenly apparition seized in shimmering paint.
Créées en 1958 et 1960, les deux toiles présentées ici appartiennent à la série Dynamische Struktur de Heinz Mack. Avec ses textures ondulées et sa palette lumineuse, cette série, initiée en 1958, marque pour le plasticien allemand le début de son exploration de la lumière, de la réflexion et du mouvement, qui seront au cœur de son art pendant des décennies. Pour créer cette « vibration », Mack passe sur la toile un outil en forme de peigne pour former ce qui ressemble à des champs de peinture humide, réalisant ainsi des bandes alternées de noir et de blanc qui semblent danser allègrement sur la toile. L’artiste explique à leur sujet : « Les zones parallèles se transforment progressivement tout en conservant leur caractère distinct. C’est ainsi qu’elles entrent en vibration ». (H. Mack, “The New Dynamic Structure”, in ZERO, Cambridge, MA, 1973, p. 14).
Heinz Mack est le cofondateur du groupe ZERO, qu’il a lancé avec Otto Piene dans le studio qu’ils partageaient à Düsseldorf en 1957. Après le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale et en réaction à ce qu’ils considéraient comme la subjectivité de l’Art Informel, les artistes du mouvement ZERO ont fait table rase du passé pour permettre l’émergence du processus de création véritable, générant ainsi ce que Piene appelait « une zone de silence et de pures possibilités pour un nouveau départ » (O. Piene, “The Development of the Group ZERO”, in The Times Literary Supplement, 3 septembre 1964, pp. 812-813). S’ils possédaient des approches différentes, les artistes de ce groupe étaient unis par une éthique créative relativement dépouillée, considérant leur travail comme un point de départ vers des potentialités infinies.
Dans Dynamische Struktur der Zeit Nr. 23 (1958), Mack étale avec un peigne du pigment blanc sur du noir afin créer une grille scintillante de peinture, encadrée en haut et en bas par des marques de gris argenté. Dynamische Struktur Weiß auf Schwarz (1960), quant à elle, présente des bandes étroites de blanc sur du noir dont le flou futuriste fait écho au scintillement des écrans de télévision et des lumières stroboscopiques. Cette œuvre a été présentée pour la première fois lors de l’exposition consacrée à Heinz Mack en 1960 à la Galleria Azimut de Milan, fondée par Enrico Castellani et Piero Manzoni.
En 1962, ce même tableau a fait partie de l’exposition collective « Nu l» au Stedelijk au Museum d’Amsterdam, qui présentait les œuvres d’autres membres du groupe ZERO comme Castellani, Manzoni, Piene, Jan Schoonhoven, Lucio Fontana, Günther Uecker ou Yayoi Kusama. Ces deux peintures ont été présentées dans « ZERO aus Deutschland : 1957-1966, Und heute », une grande exposition qui s’est tenue à la Galerie der Stadt Esslingen en 1999-2000.
À l’instar des artistes minimalistes qui ont émergé dans l’Amérique des années 1960, ceux du mouvement ZERO ont rejeté la représentation au profit d’expériences directes de la lumière et de l’espace. Piene projette des « boules de lumière » dans des salles obscures et enflamme des pigments en poudre sur du papier et des toiles, tandis que Uecker enfonce des centaines de clous dans des surfaces blanches aériennes qui rappellent les champs et les mers balayés par le vent… Quant Mack, il utilise dans ses Dynamische Strukturen des lignes sismographiques alternées pour distiller de l’énergie vibratoire sur la toile. Plus tard, il créera des installations extérieures éblouissantes grâce à du métal réfléchissant, équipées de moteurs cinétiques. Mais les premières peintures de l’artiste demeurent l’expression la plus pure de sa philosophie. Les deux œuvres présentées ici semblent à la fois contenir et émettre de la lumière. Chaque surface est animée par une rythmique chatoyante de blanc et de noir, qui s’apparente à une apparition céleste.
‘’I impart vibration to a colour, I give the colour structure, I give the colour its form.’’ - Heinz Mack
Created in 1958 and 1960, the present two paintings are captivating early examples of Heinz Mack’s Dynamische Struktur series. With their corrugated textures and luminous monochrome palettes, this series—which Mack began in 1958—inaugurated the artist’s decades-long exploration of light, reflection and motion. Conjuring the sense of ‘vibration’ that was central to his art, Mack raked a comb-like tool over fields of wet paint to create alternating, oscillating bands of black and white, which dance across each canvas with pulsing dynamism. ''Individual parallel zones gradually transform themselves from zone to zone,’''Mack explained, ''while at the same time they retain their distinct but mutual character—in this way they are brought into vibration'' (H. Mack, ‘‘The New Dynamic Structure’’, in ZERO, Cambridge, MA, 1973, p. 14).
Mack was a co-founder of the ZERO group, which he launched with Otto Piene out of their shared Düsseldorf studio in 1957. After the trauma of World War II, and in reaction to what they saw as the indulgent subjectivity of Art Informel, the ZERO artists sought to create art from a blank slate: what Piene called ''a zone of silence and of pure possibilities for a new beginning'' (O. Piene, ‘’The Development of the Group ‘ZERO’’’, in The Times Literary Supplement, 3 September 1964, pp. 812-813). The ZERO artists were diverse in their approaches, but united in an elemental, stripped-back creative ethos. They saw their work as a starting point, a regathering of primary forces into a condition of immaculate, open-ended potential.
In Dynamische Struktur der Zeit Nr. 23 (1958), Mack has combed white pigment over black in both vertical and horizontal directions to create a scintillating grid of impasto, bracketed at top and bottom by gleaming sweeps of silver-grey. Dynamische Struktur Weiß auf Schwarz (1960), meanwhile, features serried bands of white on black whose blurring conjures a Futurist sense of movement, echoing the flicker of television screens and strobe lights. This work was debuted at Mack’s 1960 solo show at Galleria Azimut in Milan—co-founded by the Italian artists Enrico Castellani and Piero Manzoni—and in 1962 it was part of the major group show ''Nul'' at the Stedelijk Museum, Amsterdam, which showcased the work of ZERO affiliates as diverse as Castellani, Manzoni, Piene, Jan Schoonhoven, Lucio Fontana, Günther Uecker and Yayoi Kusama. Both paintings were shown in “ZERO aus Deutschland: 1957-1966, Und heute”, a survey exhibition at the Galerie der Stadt Esslingen in 1999-2000.
Like the Minimalists who emerged in 1960s America, the ZERO artists rejected depiction in favour of direct experiences of light and space. Piene projected ‘light-ballets’ in darkened rooms, and set powdered pigments aflame on paper and canvas; Uecker hammered hundreds of nails into billowing, meditative white surfaces that recalled windblown fields and seas. In his Dynamische Strukturen, Mack used alternating, seismographic lines to distil vibrational energy on canvas. He would later go on to create reliefs and sculptures of reflective metal, employing kinetic motors and creating dazzling outdoor installations. His early paintings, however, remain perhaps the purest expression of his philosophy. The present two works seems to both contain and emanate light; their flashes of white and black are the image of an ever-changing sensation. Each surface throbs with rhythmic optical life, a near-heavenly apparition seized in shimmering paint.