Lot Essay
Jean Barbault (1718-1762), peintre 'délicieux et savoureux, non dénué d’une note d’humour… coloriste hors de pair' comme le décrit Pierre Rosenberg (Le siècle de Louis XV, peinture française de 1710 à 1774, Ottawa, 1976, pp. 28-29), est longtemps resté dans l’obscurité avant d’être tiré de l’ombre en 1974 avec la première exposition monographique dédiée à son œuvre.
La vie de l’artiste s’avère rocambolesque ; d’abord étudiant de l’austère Jean Restout (1692-1768) à Paris, il parvient à entrer à l’Académie de Saint-Luc à Rome sans avoir réussi le concours grâce à l’estime que lui porte Jean-François de Troy (1679-1752), son directeur. Cependant, Barbault ne semble pas profiter de l’abondance artistique offerte par la ville éternelle. Il y croule sous les dettes, se marie en secret et essaie d’escroquer l’administration de l’Académie. Il n’empêche que le peintre connaît un franc succès auprès des aristocrates et patriciens étrangers qui voyageaient alors en Italie. On peut citer parmi ses mécènes le prince et la princesse Paul-Antoine Esterhazy (1711-1762), Joseph Roch Boyer de Fonscolombe (1721-1799) et Jean de Julienne (1686-1766), un grand collectionneur des tableaux de Jean-Antoine Watteau (1684-1721).
En 1751, Barbault reçoit une commande de la part d’Abel-François Poisson (1727-1781), marquis de Vandières, plus connu sous ses titres ultérieurs de marquis de Marigny et de Ménars, frère cadet de Madame de Pompadour (1721-1764) et directeur des Bâtiments du Roi, qui lui demande douze tableaux représentant les costumes d’Italie. Une lettre de Jean-François de Troy au marquis, datée du 10 novembre 1751, précise que Barbault a terminé 'six tableaux des douze que vous lui aviés [sic] ordonné…Ces six tableaux sont : le Suisse de la garde du Pape ; le Cocher du Pape ; le Chasseur ; la Frascatane ; la fille dotée ; la Vénetienne [sic]…' (voir D. Jacquot, 2010, op. cit., p. 83.)
Ces tableaux sont passés par la suite dans la collection du camarade de voyage du marquis, l’architecte Jacques-Germain Soufflot (1713-1780). Dans le catalogue de la vente après décès de ce dernier, on remarque que certains tableaux non signés par Barbault ont été attribués à Pierre Subleyras (1699-1749). Il est vrai que la matière riche et les coloris somptueux, si bien employés ici dans La Frascatane, se rapprochent du style du peintre occitan, mais la présente composition, avec ses accents dorés, ne pourrait être attribuée à personne d’autre qu’à Barbault.
Les costumes d’Italie connaissaient alors un grand succès dont Barbault a profité. Plusieurs versions de chaque composition sont connues. Or, à chaque fois, l’artiste change des petits détails en rajoutant un élément de paysage, en inversant la pose du modèle ou en changeant les couleurs du costume. Ainsi, le cheval et l’homme qui se trouvent dans le coin inférieur gauche de notre Frascatane ne sont pas repris dans les autres versions connues du tableau.
La jolie paysanne de la composition vient de Frascati, une ville située dans les monts Albains près de Rome. À partir du début du XVIe siècle, des grandes familles romaines commencent à y bâtir leurs maisons de campagne. Embellies et enrichies par les générations successives, ces maisons deviennent de véritables châteaux. Grâce à la magnificence de la cathédrale Saint-Pierre, et réputé pour son vin blanc, Frascati était aussi une étape obligée sur le chemin du Grand Tour, ce qui explique pourquoi Barbault a choisi d’inclure une frascatane dans sa sélection de costumes typiques pour ses mécènes souhaitant un souvenir de leur voyage italien.
La vie de l’artiste s’avère rocambolesque ; d’abord étudiant de l’austère Jean Restout (1692-1768) à Paris, il parvient à entrer à l’Académie de Saint-Luc à Rome sans avoir réussi le concours grâce à l’estime que lui porte Jean-François de Troy (1679-1752), son directeur. Cependant, Barbault ne semble pas profiter de l’abondance artistique offerte par la ville éternelle. Il y croule sous les dettes, se marie en secret et essaie d’escroquer l’administration de l’Académie. Il n’empêche que le peintre connaît un franc succès auprès des aristocrates et patriciens étrangers qui voyageaient alors en Italie. On peut citer parmi ses mécènes le prince et la princesse Paul-Antoine Esterhazy (1711-1762), Joseph Roch Boyer de Fonscolombe (1721-1799) et Jean de Julienne (1686-1766), un grand collectionneur des tableaux de Jean-Antoine Watteau (1684-1721).
En 1751, Barbault reçoit une commande de la part d’Abel-François Poisson (1727-1781), marquis de Vandières, plus connu sous ses titres ultérieurs de marquis de Marigny et de Ménars, frère cadet de Madame de Pompadour (1721-1764) et directeur des Bâtiments du Roi, qui lui demande douze tableaux représentant les costumes d’Italie. Une lettre de Jean-François de Troy au marquis, datée du 10 novembre 1751, précise que Barbault a terminé 'six tableaux des douze que vous lui aviés [sic] ordonné…Ces six tableaux sont : le Suisse de la garde du Pape ; le Cocher du Pape ; le Chasseur ; la Frascatane ; la fille dotée ; la Vénetienne [sic]…' (voir D. Jacquot, 2010, op. cit., p. 83.)
Ces tableaux sont passés par la suite dans la collection du camarade de voyage du marquis, l’architecte Jacques-Germain Soufflot (1713-1780). Dans le catalogue de la vente après décès de ce dernier, on remarque que certains tableaux non signés par Barbault ont été attribués à Pierre Subleyras (1699-1749). Il est vrai que la matière riche et les coloris somptueux, si bien employés ici dans La Frascatane, se rapprochent du style du peintre occitan, mais la présente composition, avec ses accents dorés, ne pourrait être attribuée à personne d’autre qu’à Barbault.
Les costumes d’Italie connaissaient alors un grand succès dont Barbault a profité. Plusieurs versions de chaque composition sont connues. Or, à chaque fois, l’artiste change des petits détails en rajoutant un élément de paysage, en inversant la pose du modèle ou en changeant les couleurs du costume. Ainsi, le cheval et l’homme qui se trouvent dans le coin inférieur gauche de notre Frascatane ne sont pas repris dans les autres versions connues du tableau.
La jolie paysanne de la composition vient de Frascati, une ville située dans les monts Albains près de Rome. À partir du début du XVIe siècle, des grandes familles romaines commencent à y bâtir leurs maisons de campagne. Embellies et enrichies par les générations successives, ces maisons deviennent de véritables châteaux. Grâce à la magnificence de la cathédrale Saint-Pierre, et réputé pour son vin blanc, Frascati était aussi une étape obligée sur le chemin du Grand Tour, ce qui explique pourquoi Barbault a choisi d’inclure une frascatane dans sa sélection de costumes typiques pour ses mécènes souhaitant un souvenir de leur voyage italien.