Statue Luba
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Statue Luba

République démocratique du Congo

細節
Statue Luba
République démocratique du Congo
Hauteur : 46 cm. (18 1⁄8 in.)
來源
Collection privée, Europe, acquis ca. 1970
Sotheby's, Londres, 28 novembre 1994, plat recto, lot 23
Collection Joseph-Hans (Jo) Christiaens, Bruxelles
Collection Hilde (1926-2012) et Dieter (1926-2001) Scharf, Hambourg, acquis auprès de ce dernier en 1994
出版
Neyt, F., Luba. Aux sources du Zaïre - Luba. To the Sources of the Zaïre - Luba. Aan de bronnen van de Zaïre, Paris, 1993, pp. 140 et 141
Neyt, F., « Les génies au pays des Lubas », in Les Albums Archeologie nouvelle, février 1994, n° 2 (3), p. 90
Roberts, A. et M. et al., Memory. Luba Art and the Making of History, New York, 1996, pp. 42 et 43, n° 10
Bacquart, J.-B., L’art tribal d’Afrique noire - The Tribal Arts of Africa, Paris, 1998, plat recto, p. 158, fig. A
Heymer, K. et Thompson, J., Sehen lernen. Eine Sammlung afrikanischer Figuren, Cologne, 1999, pp. 154 et 155, n° 66
Neyt, F., « La femme dans les arts luba », in Antiques. Journal des antiquaires - Antiekjournaal, Hors-série, juin 2001, p. 2
Rochard, P. et al., Figuren Afrikas. Meisterwerke einer Privatsammlung, Ingelheim-sur-le-Rhin, 2002, pp. 150 et 151, n° 59
Volper, J., Pour qu'en bas on l'entende. Les masques ronds striés des Luba orientaux, Bruxelles, 2010, p. 77, n° 34
展覽
Paris, Musée Dapper, Luba. Aux sources du Zaïre, 25 novembre 1993 - 17 avril 1994
Anvers, Antwerpen Etnografisch Museum, Luba. Aux sources du Zaïre, 20 mai - 4 septembre 1994
New York, Museum for African Art, Memory. Luba Art and the Making of History, 2 février - 8 septembre 1996
Washington, D.C., National Museum of African Art, Smithsonian Institution, Memory. Luba Art and the Making of History, 30 octobre 1996 - 26 janvier 1997
Buffalo, Albright-Knox Art Gallery, Memory. Luba Art and the Making of History, 26 juillet - 5 octobre 1997
Wellesley, Davis Museum & Cultural Center, Wellesley College, Memory. Luba Art and the Making of History, 5 février - 7 juin 1998
Ingelheim-sur-le-Rhin, Altes Rathaus, Figuren Afrikas. Meisterwerke einer Privatsammlung, 28 avril - 7 juillet 2002
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Luba Figure, Democratic Republic of the Congo

榮譽呈獻

Alexis Maggiar
Alexis Maggiar International Head, African & Oceanic Art, Vice Chairman of Christie's France

拍品專文

Autorité sacrée et mémoire incarnée : la figure féminine dans la statuaire luba
par Pierre Mollfulleda

La statue luba de la collection Scharf, d’une qualité artistique exceptionnelle, constitue un jalon majeur dans la compréhension de la sculpture royale de l’Afrique centrale. Issue d’un contexte sociopolitique et rituel d’une grande complexité, elle incarne les valeurs fondamentales du royaume luba : mémoire, autorité spirituelle, transmission, beauté façonnée et continuité dynastique. Par sa posture inédite, agenouillée tout en demeurant droite, par l’intériorité qu’elle dégage et par le raffinement de ses formes, elle illustre avec force la place essentielle qu’occupent les figures féminines dans l’imaginaire politique et sacré de cette civilisation.

Dans le système politique luba hautement sophistiqué, le roi concentrait à la fois l’autorité temporelle et le pouvoir sacré. Pour matérialiser et protéger cette autorité, il s’entourait d’un trousseau royal comprenant des objets spécifiques : appui-nuques, tabourets, bâtons de commandement, figures d’ancêtres, supports d’arc, tous investis de significations profondes. Ces objets, conservés dans le trésor royal, étaient confiés à une dignitaire féminine, la kyabuta, et activés dans des sanctuaires dédiés lors de cérémonies précises. Ainsi chez les Luba l’autorité ne se résume pas à son expression visible ou guerrière, si les hommes exercent le pouvoir de manière explicite, les femmes, elles, incarnent une autorité complémentaire, invisible, mais tout aussi puissante.

Par sa gestuelle - mains croisées sur la poitrine, regard baissé, posture frontale et stable - la statue de la collection Scharf renvoie explicitement à ces fonctions de médiation, de recueillement, de respect. Cette position exprime également la détention de secrets royaux, la capacité à recevoir et à conserver des savoirs occultes. La sculpture, en tant qu’objet, devient dès lors bien plus qu’une représentation : elle est une présence, un lieu d’ancrage de la parole et de l’esprit. Lors des cérémonies, elle pouvait recevoir des libations d’huiles végétales, comme l’attestent les suintements visibles sur sa surface, révélant une longue vie rituelle et une manipulation respectueuse.

Ce type de figure féminine debout, voire agenouillée, est extrêmement rare dans la statuaire luba, davantage connue pour ses représentations assises ou fléchies. Au sein du corpus, le style de cette œuvre permet de l’attribuer à la région orientale du territoire luba, entre les rivières Luvua et Lukuga, réputée pour la finesse de ses ateliers. Par l’ensemble de ses caractéristiques, notamment le traitement très réalistes du visage, elle peut sans aucun doute être attribuée au même sculpteur que la figure debout rentrée en 1910 dans les collections du British Museum de Londres (inv. n° AOA 1910 441). Cependant, sa posture spécifique de cette pièce - debout tout en étant agenouillée – n’a pas d’équivalent connu dans le corpus des statues indépendantes, ce qui lui confère une singularité remarquable.

La coiffure, finement sculptée, rappelle les styles portés historiquement par les hommes et les femmes luba, mais aussi par leurs voisins Hemba. Composée de plusieurs lobes torsadés, elle évoque les coiffures décrites dès la fin du XIXe siècle par les explorateurs européens, qui en soulignaient déjà la sophistication et la symbolique sociale. La chevelure ainsi représentée sur la statue est bien plus qu’un attribut esthétique : elle signale la maturité, l’identité, le statut, et constitue en elle-même un langage visuel codé.

Admirée en Occident dès la fin du XIXe siècle, notamment pour son raffinement formel jugé proche des canons classiques gréco-romains, la sculpture luba a très tôt été reconnue comme l’une des traditions artistiques majeures du continent africain. Son langage plastique témoigne d’une grande maîtrise de l’abstraction et d’une capacité rare à condenser des valeurs complexes dans une forme unique.

La statue luba de la Collection Scharf, a été largement publiée et exposée, et figure parmi les exemples les plus aboutis de la statuaire royale luba. Par son équilibre formel, la profondeur de sa patine, la densité de ses références symboliques et l’importance de son statut rituel, elle s’impose comme un chef-d’œuvre dont la puissance esthétique témoigne de son importance au sein de la société qui l’a conçue, honorée et transmise.

Sacred Authority and Embodied Memory: the Female Figure in Luba Sculpture
by Pierre Mollfulleda

The Luba statue from the Scharf Collection, of exceptional artistic quality, constitutes a major milestone in the understanding of royal sculpture from Central Africa. Emerging from a socio-political and ritual context of great complexity, it embodies the fundamental values of the Luba kingdom: memory, spiritual authority, transmission, refined beauty, and dynastic continuity. Through its unprecedented posture - kneeling yet upright - its aura of introspection, and the sophistication of its forms, it powerfully illustrates the essential place of female figures within the political and sacred imagination of this civilization.

Within the highly sophisticated Luba political system, the king embodied both temporal authority and sacred power. To materialize and safeguard this authority, he surrounded himself with a royal regalia composed of specific objects: headrests, stools, staffs of command, ancestor figures, and bow stands, all imbued with profound meaning. These objects, preserved within the royal treasury, were entrusted to a female dignitary - the kyabuta - and activated in dedicated sanctuaries during precise ceremonies. Among the Luba, authority thus extended far beyond its visible or martial expressions: while men exercised power explicitly, women embodied a complementary, invisible, yet equally potent authority.

Through its gesture - hands crossed over the chest, gaze lowered, frontal and stable posture - the statue from the Scharf Collection explicitly evokes these functions of mediation, reverence, and introspection. This position also signifies the possession of royal secrets, the ability to receive and preserve esoteric knowledge. As an object, the sculpture transcends mere representation: it becomes a presence, an anchor for both word and spirit. During ceremonies, it would receive libations of vegetal oils, as evidenced by the visible seepage on its surface, revealing a long ritual life and respectful handling.

Such upright or kneeling female figures are exceedingly rare in Luba statuary, which is better known for seated or crouching representations. Within the corpus, the style of this work allows its attribution to the eastern region of the Luba territory, between the Luvua and Lukuga rivers, an area renowned for the refinement of its workshops. By its features, notably the highly realistic treatment of the face, this statue can without doubt be attributed to the same sculptor as the standing figure acquired in 1910 by the British Museum in London (inv. no. AOA 1910 441). However, the specific posture of this piece - standing while kneeling - has no known equivalent among independent statues, thus endowing it with a remarkable singularity.

The finely sculpted hairstyle recalls those historically worn by Luba men and women, as well as by their Hemba neighbors. Composed of several twisted lobes, it evokes the coiffures described as early as the late 19th century by European explorers, who already emphasized their sophistication and social symbolism. Far from being merely an aesthetic attribute, the hairstyle represented in the statue signifies maturity, identity, status, and in itself constitutes a codified visual language.

Admired in the West from the late 19th century, notably for its formal refinement seen as akin to classical Greco-Roman canons, Luba sculpture was early on recognized as one of the major artistic traditions of the African continent. Its visual language demonstrates great mastery of abstraction and a rare ability to condense complex values into a single form.

The Luba statue from the Scharf Collection has been widely published and exhibited, and stands among the most accomplished examples of Luba royal statuary. Through its formal balance, the depth of its patina, the density of its symbolic references, and the importance of its ritual status, it asserts itself as a masterpiece whose aesthetic power testifies to its profound significance within the society that conceived, revered, and transmitted it.

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