Details
Figure de reliquaire Kota
Gabon
Soclé par Kichizô Inagaki (1876-1951), à Paris
Hauteur : 55 cm. (21 5⁄8 in.)
Provenance
Collection Georges de Miré (1890-1965), Paris
Bellier-Ratton-Carré, Hôtel Drouot, Paris, Collection G. de Miré. Sculptures anciennes d'Afrique et d'Amérique, 16 décembre 1931, lot 53
Collection privée, Paris, acquis lors de cette vente
Transmis par descendance
Roberta et Lance Entwistle, Londres, acquis auprès de cette dernière
Collection Hilde (1926-2012) et Dieter (1926-2001) Scharf, Hambourg, acquis auprès de ces derniers en 1996
Literature
Marquetty, M., Exposition d’art africain, d’art océanien. Galerie Pigalle, Paris, 1930, p. 16, n° 185
Paulme, D., Les sculptures de l'Afrique Noire, Paris, 1956, pp. 128 et 153, pl. XX
Chaffin, A. et F., L'art kota. Les figures de reliquaire, Meudon, 1979, p. 298, n° 181
Perrois, L., Arts du Gabon. Les arts plastiques du bassin de l’Ogooué, Arnouville, 1979, p. 166, n° 159
Heymer, K. et Thompson, J., Sehen lernen. Eine Sammlung afrikanischer Figuren, Cologne, 1999, pp. 90 et 91, n° 34
Rochard, P. et al., Figuren Afrikas. Meisterwerke einer Privatsammlung, Ingelheim-sur-le-Rhin, 2002, pp. 88 et 89, n° 30
Hourdé, C.-W. et Rolland, N., Galerie Pigalle. Afrique, Océanie, Paris, 2018, pp. 49 et 243, n° 185
Exhibited
Paris, Galerie du théâtre Pigalle, Exposition d’art africain, d’art océanien, 28 février - 1er avril 1930
Paris, Galerie Charles Ratton, Collection G. de Miré. Sculptures anciennes d'Afrique et d'Amérique, 1 - 15 décembre 1931
Ingelheim-sur-le-Rhin, Altes Rathaus, Figuren Afrikas. Meisterwerke einer Privatsammlung, 28 avril - 7 juillet 2002
Further details
Kota Reliquary Figure, Gabon

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Alexis Maggiar
Alexis Maggiar International Head, African & Oceanic Art, Vice Chairman of Christie's France

Lot Essay

Passionné, esthète et visionnaire, Georges de Miré constitue en quelques années une collection légendaire, dont les pièces - parmi les plus remarquables jamais réunies - jalonnent aujourd’hui les plus grandes collections. Le reliquaire kota présenté ici faisait partie de cet ensemble exceptionnel et est exposé pour la première fois en 1930 à la galerie du théâtre Pigalle, lors de l’emblématique Exposition d’art africain et d’art océanien. Cet événement fondateur, salué pour la qualité inédite des œuvres présentées, marque un tournant décisif dans la réception des arts extra-européens en Europe. Cousin du peintre Roger de La Fresnaye, proche des avant-gardes parisiennes, de Miré porte un regard à la fois esthétique et intellectuel, qu’illustre parfaitement cette œuvre rigoureusement choisie.

En 1931, acculé par des revers financiers, Georges de Miré se voit contraint de se séparer de ses trésors. Après deux semaines d’exposition à la galerie Charles Ratton, la vente du 16 décembre à l’hôtel Drouot - qualifiée par Ralph Flint1 de « most important aggregation of ancient African sculpture […] in existence » - scelle la dispersion d’un ensemble aujourd’hui mythique. L’événement, préparé par Charles Ratton et Louis Carré, marque l’histoire du marché de l’art dit « primitif ». Georges-Henri Rivière, alors sous-directeur du musée d’ethnographie du Trocadéro et auteur de la préface du catalogue, exprime avec regret que le musée « ne soit pas encore assez riche pour s’offrir en bloc cette magnifique collection [alliant] dans le domaine de l’art primitif, autant de beauté digne de tant de science ». Cette reconnaissance érudite souligne l’apport décisif de Georges de Miré : au-delà d’un simple collectionneur, un passeur de regard, dont la vision moderne et sensible a durablement façonné la perception de l’art africain en Occident.

Sculpté selon la tradition des Kota du Gabon, ce reliquaire mbulu ngulu incarne l’esthétique saisissante et hautement stylisée propre aux figures de gardiens d’ancêtres qui étaient destinées à protéger les reliques contenues dans des paniers. Les plaques de laiton et de cuivre, finement repoussées, épousent les volumes avec une précision chirurgicale, introduisant une vibration chromatique subtile. Le visage demeure l’aspect le plus singulier. La bouche striée renvoie à la vision d’une mâchoire osseuse, dans une expression la plus brute, figée dans un rictus silencieux. Quant aux yeux, ils s’apparentent à des orbites creuses, paradoxalement « habitées » ici par des disques osseux incandescents, comme si la sculpture réinjectait une étincelle de vie dans l’anatomie de la mort. Ce contraste entre la forme vide (crânienne) et la matière vibrante (cuivrée, dorée) crée une tension troublante et une dialectique entre la permanence de la mort et le simulacre persistant de la vie, finalement, le lien entre le monde invisible et tangible.

1 « Rare Negro Art from the Miré Collection in Paris Auction », in The Art News, New York, 5 décembre 1931, vol. XXX, n° 10, pp. 5 et 6.

A passionate connoisseur, aesthete, and visionary, Georges de Miré assembled in just a few years a legendary collection, whose pieces - among the most remarkable ever gathered - now form the cornerstone of major institutions worldwide. The Kota reliquary presented here was part of that extraordinary ensemble and was first exhibited in 1930 at the Théâtre Pigalle gallery, during the landmark Exposition d’art africain et d’art océanien. This seminal event, hailed for the unprecedented quality of its works, marked a decisive turning point in the European reception of non-Western art. A cousin of the painter Roger de La Fresnaye and intimately connected with the Parisian avant-garde, de Miré approached collecting with both intellectual and aesthetic rigor - a duality perfectly embodied in this meticulously chosen work.

In 1931, faced with mounting financial difficulties, Georges de Miré was forced to part with his treasures. Following a two-week exhibition at the Charles Ratton Gallery, the sale held on December 16th at Hôtel Drouot - described by Ralph Flint1 as “the most important aggregation of ancient African sculpture [...] in existence” - sealed the fate of a now-legendary collection. Orchestrated by Charles Ratton and Louis Carré, the event left an indelible mark on the history of the so-called “primitive” art market. Georges-Henri Rivière, then deputy director of the Musée d’Ethnographie du Trocadéro and author of the sale catalogue’s preface, lamented that the museum was “not yet wealthy enough to acquire en bloc this magnificent collection [which unites] in the field of primitive art, so much beauty worthy of so much scholarship”. This scholarly tribute underscores the profound contribution of Georges de Miré - not merely a collector, but a visionary interpreter, whose modern and sensitive eye helped shape the West’s perception of African art in lasting ways.

Carved in the tradition of the Kota people of Gabon, this mbulu ngulu reliquary figure exemplifies the striking, highly stylized aesthetic distinctive to ancestor guardian effigies - objects designed to safeguard relics kept in woven baskets. The delicately repoussé brass and copper plates contour the form with surgical precision, creating a subtle chromatic shimmer. The face stands as its most distinctive feature: the striated mouth evokes a bony jaw, frozen in a raw, silent grimace. The eyes, hollow sockets, are paradoxically “inhabited” here by incandescing bone discs, as though the sculpture were reigniting a spark of life within the anatomy of death. This interplay between void (the cranial form) and radiant matter (in golds and coppers) produces a haunting tension - a dialectic between the constancy of death and the lingering illusion of life. In the end, it is this very tension that evokes the link between the invisible and the tangible worlds.

1 « Rare Negro Art from the Miré Collection in Paris Auction », in The Art News, New York, December 5, 1931, vol. XXX, no. 10, pp. 5 and 6.

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