拍品專文
Le Uli et le Dr Mabuse
par Jean-Philippe Beaulieu
Cette rare et ancienne statue uli commandait de longs et complexes rituels funéraires malangan dans les villages cachés dans les collines du centre de l’île de Nouvelle-Irlande au XIXe siècle. Sculpture monoxyle de grande taille, elle incarne par son allure et ses attributs, la puissance absolue, la force mais aussi la fécondité. Franz Boluminski l’a acquis à Konombin, l’un des villages Mandak source de la tradition uli.
Augustin Krämer, le leader de l’expédition navale allemande en 1908-1909 consacra plusieurs mois d’enquêtes de terrain à l’étude des ulis. Avec ses informateurs Mandak, il en identifia douze types caractéristiques. Cet uli est un Selambungin Antelou. Parmi le corpus de 230 ulis publié en 2021 dans Beaulieu, J.-P., Uli. Powerful Ancestors from the Pacific, nous n’en avons identifié que douze, dont six en collection privée, aux côtés de celui qui anciennement était dans la collection de Barbara et Murray Frum (Christie’s, Paris, 2 décembre 2021, lot 13).
Cet uli est imposant et affiche les attributs des statues les plus anciennes du corpus. Le uli a une large tête barbue, ce qui estclassique, mais la crête qui la surmonte est très longue. Sa mâchoire est projetée en avant, une caractéristique des ulis anciens - comme celui du musée du quai Branly - Jacques Chirac que l’on trouve aussi sur les crânes surmodelés qui étaient préparés pour les cérémonies. Son nez est percé, la partie basse étant sculptée, là aussi, de la même manière que les ulis anciens du Nord du pays Mandak. D’autres éléments particuliers relient cet uli à un groupe dont fait partie le uli d’André Breton (voir l’article du Tribal Art Magazine, « André Breton, Giorgio De Chirico et les uli », Arquennes, automne 2024, n°113, p. 102). On remarquera la même construction géométrique pour la tête - ici la mâchoire est plus projetée en avant -, le traitement des oreilles percées, la coiffe, la forme de la crête, les proportions entre la tête, le buste, les jambes, le traitement des jambes et des pieds (voir les ulis U1-2, U1-8 U4-3, U4-4, U7-11, U7-15, U9-2, U9-3 publiés par Beaulieu, J.-P., ibid.). Pour ce groupe de neuf ulis, nous avons quatre provenances d’acquisition confirmées, trois à Panakondo ou juste à côté et un à Konombin. Les villages ne sont qu’à quatre heures de marche, au nord du pays Mandak. Il existe aussi des variations, mais au sein du corpus des ulis, on trouve une certaine unité stylistique, suggérant qu’ils proviennent d’un même groupe de sculpteurs.
Cet uli a aussi une patine due à la fumée sur le dos, quand il était conservé entre deux cérémonies, enrobé dans des feuilles de bananier, dans les poutres de la maison des hommes. Il a été repigmenté pour les différentes cérémonies, le blanc étant de la chaux, l’ocre un oxyde de fer et le noir provenant du charbon. Le visage était recouvert de chaux avec un rehaut facial noir. La majorité de cette chaux est tombée, ce qui est courant après plus de 110 ans. On remarquera au niveau de la coiffe et à différents endroits qu’il reste des aplats ornés de motifs rouges et des traces de jaune. La barbe de fibres est encore présente. La patine de la plante des pieds montre que le uli était présenté debout sur le sol, et non pas sur un banc dans une hutte rituelle. Norbert Jacques a publié deux photos en 1922 dans sa relation de voyage (p. 88), confirmant que cet uli estaujourd’hui dans une condition très proche de celle d’il y a 103 ans.
Le uli a été enregistré au Linden-Museum de Stuttgart le 6 mai 1909 sous le numéro 058633.
« Figure ‘Uli’ Mers du Sud, Nord Est du Nouveau-Mecklembourg (Nouvelle-Irlande), (village de) Konombin, Monts de Schleinitz, à environ 160km de Käwieng ». Il a été cédé par la suite par échange avec Hermann Seeger de la ville de Weilimdorf le 8 mai 1954. Nous l’avions publié en 2021, mais nous avions perdu sa trace depuis 1954, avant de le retrouver chez Christie’s, avenue Matignon, 71 ans plus tard.
Mais pourquoi cet uli orne-t-il la couverture de certains exemplaires de Südsee. Ein Reisebuch, de l’écrivain luxembourgeois Norbert Jacques publiée en 1922 ?
Norbert Jacques est surtout connu pour avoir créé le personnage du Dr Mabuse, un génie du mal possédant ses victimes par hypnose, qui fut porté à la postérité par les films de Fritz Lang. Ce qui est moins connu est qu’il a aussi réalisé un grand voyage dans les mers du Sud, et c’est le 8 mars 1913 qu’il débarque avec son épouse à Rabaul, en Nouvelle-Bretagne. Ils découvrent l’archipel Bismarck durant les deux mois suivants, au gré des escales du vapeur Sumatra. Sa relation de voyage décrit un dîner chez Franz Boluminski à Kavieng. Norbert Jacques semble particulièrement impressionné par la prestance de l’administrateur colonial, qu’il décrit comme un aristocrate prussien. Au moment de sa visite, la plupart des ulis avaient été acquis, mais il en restait au moins quatorze dans un hangar de Boluminski, juste avant leur envoi pour le Musée de Munich. C’est sans doute à ce moment que Norbert Jacques a découvert les ulis pour la première fois.
« Dans la sculpture des insulaires des mers du Sud, on semble trouver un pendant à ces danses. On y voit si souvent des êtres qui exhibent de la manière la plus évidente les attributs des deux sexes. Je ressens instinctivement que ces danses et ces sculptures sont enracinées dans un sentiment de lien plus fort avec la création. La foi de ces hommes est restée plus élémentaire et plus proche de l'émergence de l'humanité et de l'ensemble des choses de l'émotion. Ils ont conservé quelque chose que nous avons perdu en tant que principe biologique ou philosophique, le principe de la double sexualité ».
Norbert Jacques avait acquis quelques objets de Nouvelle-Irlande, mais c’est cet uli, acquis par Franz Boluminski et exposé auLinden-Museum de Stuttgart dans les années 1920, qu’il a choisi pour illustrer son ouvrage, soulignant le pouvoir de fascination universel exercé par ces statues.
The Uli and Dr Mabuse
by Jean-Philippe Beaulieu
This rare and ancient Uli statue once commanded long and intricate malagan funeral rituals in the villages hidden among the hills of central New Ireland during the XIXth century. A large, monoxylous sculpture, it embodies, through its form and attributes, absolute power, strength, and fertility. Franz Boluminski acquired it in Konombin, one of the Mandak villages at the heart of Uli tradition.
Augustin Krämer, the leader of the German naval expedition of 1908-1909, dedicated several months of fieldwork to the study of Uli statues. With the help of his Mandak informants, he identified twelve distinct types. This particular Uli is a SelambunginAntelou. Of the 230 Uli statues published in 2021 in Beaulieu, J.-P., Uli. Powerful Ancestors from the Pacific, only twelve havebeen identified, six of which are in private collections, alongside one formerly held by Barbara and Murray Frum (Christie’s, Paris, December 2, 2021, lot 13).
This Uli is imposing, displaying the features typical of the oldest statues in the corpus. It possesses a broad, bearded head, which is classic, but the crest atop it is exceptionally long. Its jaw is thrust forward, a characteristic found in ancient Uli statues - such as the one in the musée du quai Branly-Jacques Chirac, and also in over-modeled skulls prepared for ceremonies. Its nose is pierced, with the lower portion carved similarly to ancient Uli statues from northern Mandak. Other distinctive elements link this Uli to a group that includes the Uli in André Breton’s collection (see the article in Tribal Art Magazine, "André Breton, Giorgio De Chirico et les uli", Arquennes, Autumn 2024, no. 113, p. 102). One will notice the same geometric construction of the head - though the jaw here is more pronounced -, the treatment of the pierced ears, the headdress, the shape of the crest, the proportions between the head, torso, and legs, and the treatment of the legs and feet (see the Uli statues U1-2, U1-8, U4-3, U4-4, U7-11, U7-15, U9-2, U9-3 published by Beaulieu, J.-P., ibid.). Among this group of nine Uli statues, four provenances of acquisition are confirmed, three from Panakondo or nearby and one from Konombin. These villages are only four hours' walk apart, to the north of the Mandak region. There are also variations, but within the Uli corpus, a certain stylistic unity persists, suggesting it originates from a single group of sculptors.
This Uli has developed a patina due to smoke on its back, as it was stored between ceremonies, wrapped in banana leaves, within the beams of the men's house. It was repigmented for various ceremonies, with the white coming from lime, the ochre from iron oxide, and the black from charcoal. The face was covered with lime, highlighted with black facial accents. Most of this lime has worn off, which is typical after more than 110 years. One can still observe at the headdress and at various points traces of red patterns and yellow stains. The fiber beard remains intact. The patina on the soles of the feet shows that this Uli was displayed standing on the ground, rather than on a bench in a ritual hut. Norbert Jacques published two photographs of it in 1922 in his travel account (p. 88), confirming that this Uli today remains in a condition very similar to that of 103 years ago.
The Uli was recorded at the Linden-Museum in Stuttgart on May 6, 1909, under the number 058633.
"Figure 'Uli' South Seas, Northeast New Mecklenburg (New Ireland), (village of) Konombin, Schleinitz Mountains, approximately 160km from Käwieng".
It was subsequently exchanged with Hermann Seeger from the town of Weilimdorf on May 8, 1954. We published it in 2021, but lost track of it after 1954, until it resurfaced at Christie's, Avenue Matignon, 71 years later.
But why does this Uli adorn the cover of certain editions of Norbert Jacques’ Südsee. Ein Reisebuch published in 1922?
Norbert Jacques is chiefly known for creating the character of Dr. Mabuse, a genius of evil who possesses his victims throughhypnosis, later immortalized in Fritz Lang's films. Less known, however, is his significant journey through the South Seas,beginning on March 8, 1913, when he and his wife arrived in Rabaul, New Britain. They explored the Bismarck Archipelago over the next two months, stopping at various ports aboard the steamer Sumatra. His travel account describes a dinner at Franz Boluminski's home in Kavieng. Jacques seems especially impressed by the presence of the colonial administrator, whom he describes as a Prussian aristocrat. By the time of his visit, most of the Uli statues had been acquired, but at least fourteen still remained in a shed at Boluminski’s, just before being sent to the Munich Museum. It was likely during this time that Jacques encountered the Uli statues for the first time.
"In the sculpture of the islanders of the South Seas, one seems to find a counterpart to these dances. So often, we see beings who so clearly display the attributes of both sexes. I instinctively sense that these dances and sculptures are rooted in a deeper connection to creation. The faith of these men has remained more elemental, closer to the emergence of humanity and the entirety of emotional existence. They have preserved something we have lost as a biological or philosophical principle: the principle of dual sexuality".
Though Norbert Jacques had acquired a few objects from New Ireland, it was this Uli, acquired by Franz Boluminski and exhibited at the Linden-Museum in the 1920s, that he chose to illustrate his book, underscoring the universal fascination these statues evoke.
Bibliographie :
Beaulieu, J.-P., « Le premier Uli du Linden-Museum de Stuttgart », in Tribal Art Magazine, Arquennes, automne 2020, n° 97, p. 84.
Beaulieu, J.-P., Uli. Powerful Ancestors from the Pacific, Nivelles, 2021, p. 267, n° U7-11.
Beaulieu, J.-P., « André Breton, Giorgio De Chirico et les uli », in Tribal Art Magazine, Arquennes, automne 2024, n° 113, p. 102.
Norbert, J., Südsee. Ein Reisebuch, Munich, 1922, p. 88.
par Jean-Philippe Beaulieu
Cette rare et ancienne statue uli commandait de longs et complexes rituels funéraires malangan dans les villages cachés dans les collines du centre de l’île de Nouvelle-Irlande au XIXe siècle. Sculpture monoxyle de grande taille, elle incarne par son allure et ses attributs, la puissance absolue, la force mais aussi la fécondité. Franz Boluminski l’a acquis à Konombin, l’un des villages Mandak source de la tradition uli.
Augustin Krämer, le leader de l’expédition navale allemande en 1908-1909 consacra plusieurs mois d’enquêtes de terrain à l’étude des ulis. Avec ses informateurs Mandak, il en identifia douze types caractéristiques. Cet uli est un Selambungin Antelou. Parmi le corpus de 230 ulis publié en 2021 dans Beaulieu, J.-P., Uli. Powerful Ancestors from the Pacific, nous n’en avons identifié que douze, dont six en collection privée, aux côtés de celui qui anciennement était dans la collection de Barbara et Murray Frum (Christie’s, Paris, 2 décembre 2021, lot 13).
Cet uli est imposant et affiche les attributs des statues les plus anciennes du corpus. Le uli a une large tête barbue, ce qui estclassique, mais la crête qui la surmonte est très longue. Sa mâchoire est projetée en avant, une caractéristique des ulis anciens - comme celui du musée du quai Branly - Jacques Chirac que l’on trouve aussi sur les crânes surmodelés qui étaient préparés pour les cérémonies. Son nez est percé, la partie basse étant sculptée, là aussi, de la même manière que les ulis anciens du Nord du pays Mandak. D’autres éléments particuliers relient cet uli à un groupe dont fait partie le uli d’André Breton (voir l’article du Tribal Art Magazine, « André Breton, Giorgio De Chirico et les uli », Arquennes, automne 2024, n°113, p. 102). On remarquera la même construction géométrique pour la tête - ici la mâchoire est plus projetée en avant -, le traitement des oreilles percées, la coiffe, la forme de la crête, les proportions entre la tête, le buste, les jambes, le traitement des jambes et des pieds (voir les ulis U1-2, U1-8 U4-3, U4-4, U7-11, U7-15, U9-2, U9-3 publiés par Beaulieu, J.-P., ibid.). Pour ce groupe de neuf ulis, nous avons quatre provenances d’acquisition confirmées, trois à Panakondo ou juste à côté et un à Konombin. Les villages ne sont qu’à quatre heures de marche, au nord du pays Mandak. Il existe aussi des variations, mais au sein du corpus des ulis, on trouve une certaine unité stylistique, suggérant qu’ils proviennent d’un même groupe de sculpteurs.
Cet uli a aussi une patine due à la fumée sur le dos, quand il était conservé entre deux cérémonies, enrobé dans des feuilles de bananier, dans les poutres de la maison des hommes. Il a été repigmenté pour les différentes cérémonies, le blanc étant de la chaux, l’ocre un oxyde de fer et le noir provenant du charbon. Le visage était recouvert de chaux avec un rehaut facial noir. La majorité de cette chaux est tombée, ce qui est courant après plus de 110 ans. On remarquera au niveau de la coiffe et à différents endroits qu’il reste des aplats ornés de motifs rouges et des traces de jaune. La barbe de fibres est encore présente. La patine de la plante des pieds montre que le uli était présenté debout sur le sol, et non pas sur un banc dans une hutte rituelle. Norbert Jacques a publié deux photos en 1922 dans sa relation de voyage (p. 88), confirmant que cet uli estaujourd’hui dans une condition très proche de celle d’il y a 103 ans.
Le uli a été enregistré au Linden-Museum de Stuttgart le 6 mai 1909 sous le numéro 058633.
« Figure ‘Uli’ Mers du Sud, Nord Est du Nouveau-Mecklembourg (Nouvelle-Irlande), (village de) Konombin, Monts de Schleinitz, à environ 160km de Käwieng ». Il a été cédé par la suite par échange avec Hermann Seeger de la ville de Weilimdorf le 8 mai 1954. Nous l’avions publié en 2021, mais nous avions perdu sa trace depuis 1954, avant de le retrouver chez Christie’s, avenue Matignon, 71 ans plus tard.
Mais pourquoi cet uli orne-t-il la couverture de certains exemplaires de Südsee. Ein Reisebuch, de l’écrivain luxembourgeois Norbert Jacques publiée en 1922 ?
Norbert Jacques est surtout connu pour avoir créé le personnage du Dr Mabuse, un génie du mal possédant ses victimes par hypnose, qui fut porté à la postérité par les films de Fritz Lang. Ce qui est moins connu est qu’il a aussi réalisé un grand voyage dans les mers du Sud, et c’est le 8 mars 1913 qu’il débarque avec son épouse à Rabaul, en Nouvelle-Bretagne. Ils découvrent l’archipel Bismarck durant les deux mois suivants, au gré des escales du vapeur Sumatra. Sa relation de voyage décrit un dîner chez Franz Boluminski à Kavieng. Norbert Jacques semble particulièrement impressionné par la prestance de l’administrateur colonial, qu’il décrit comme un aristocrate prussien. Au moment de sa visite, la plupart des ulis avaient été acquis, mais il en restait au moins quatorze dans un hangar de Boluminski, juste avant leur envoi pour le Musée de Munich. C’est sans doute à ce moment que Norbert Jacques a découvert les ulis pour la première fois.
« Dans la sculpture des insulaires des mers du Sud, on semble trouver un pendant à ces danses. On y voit si souvent des êtres qui exhibent de la manière la plus évidente les attributs des deux sexes. Je ressens instinctivement que ces danses et ces sculptures sont enracinées dans un sentiment de lien plus fort avec la création. La foi de ces hommes est restée plus élémentaire et plus proche de l'émergence de l'humanité et de l'ensemble des choses de l'émotion. Ils ont conservé quelque chose que nous avons perdu en tant que principe biologique ou philosophique, le principe de la double sexualité ».
Norbert Jacques avait acquis quelques objets de Nouvelle-Irlande, mais c’est cet uli, acquis par Franz Boluminski et exposé auLinden-Museum de Stuttgart dans les années 1920, qu’il a choisi pour illustrer son ouvrage, soulignant le pouvoir de fascination universel exercé par ces statues.
The Uli and Dr Mabuse
by Jean-Philippe Beaulieu
This rare and ancient Uli statue once commanded long and intricate malagan funeral rituals in the villages hidden among the hills of central New Ireland during the XIXth century. A large, monoxylous sculpture, it embodies, through its form and attributes, absolute power, strength, and fertility. Franz Boluminski acquired it in Konombin, one of the Mandak villages at the heart of Uli tradition.
Augustin Krämer, the leader of the German naval expedition of 1908-1909, dedicated several months of fieldwork to the study of Uli statues. With the help of his Mandak informants, he identified twelve distinct types. This particular Uli is a SelambunginAntelou. Of the 230 Uli statues published in 2021 in Beaulieu, J.-P., Uli. Powerful Ancestors from the Pacific, only twelve havebeen identified, six of which are in private collections, alongside one formerly held by Barbara and Murray Frum (Christie’s, Paris, December 2, 2021, lot 13).
This Uli is imposing, displaying the features typical of the oldest statues in the corpus. It possesses a broad, bearded head, which is classic, but the crest atop it is exceptionally long. Its jaw is thrust forward, a characteristic found in ancient Uli statues - such as the one in the musée du quai Branly-Jacques Chirac, and also in over-modeled skulls prepared for ceremonies. Its nose is pierced, with the lower portion carved similarly to ancient Uli statues from northern Mandak. Other distinctive elements link this Uli to a group that includes the Uli in André Breton’s collection (see the article in Tribal Art Magazine, "André Breton, Giorgio De Chirico et les uli", Arquennes, Autumn 2024, no. 113, p. 102). One will notice the same geometric construction of the head - though the jaw here is more pronounced -, the treatment of the pierced ears, the headdress, the shape of the crest, the proportions between the head, torso, and legs, and the treatment of the legs and feet (see the Uli statues U1-2, U1-8, U4-3, U4-4, U7-11, U7-15, U9-2, U9-3 published by Beaulieu, J.-P., ibid.). Among this group of nine Uli statues, four provenances of acquisition are confirmed, three from Panakondo or nearby and one from Konombin. These villages are only four hours' walk apart, to the north of the Mandak region. There are also variations, but within the Uli corpus, a certain stylistic unity persists, suggesting it originates from a single group of sculptors.
This Uli has developed a patina due to smoke on its back, as it was stored between ceremonies, wrapped in banana leaves, within the beams of the men's house. It was repigmented for various ceremonies, with the white coming from lime, the ochre from iron oxide, and the black from charcoal. The face was covered with lime, highlighted with black facial accents. Most of this lime has worn off, which is typical after more than 110 years. One can still observe at the headdress and at various points traces of red patterns and yellow stains. The fiber beard remains intact. The patina on the soles of the feet shows that this Uli was displayed standing on the ground, rather than on a bench in a ritual hut. Norbert Jacques published two photographs of it in 1922 in his travel account (p. 88), confirming that this Uli today remains in a condition very similar to that of 103 years ago.
The Uli was recorded at the Linden-Museum in Stuttgart on May 6, 1909, under the number 058633.
"Figure 'Uli' South Seas, Northeast New Mecklenburg (New Ireland), (village of) Konombin, Schleinitz Mountains, approximately 160km from Käwieng".
It was subsequently exchanged with Hermann Seeger from the town of Weilimdorf on May 8, 1954. We published it in 2021, but lost track of it after 1954, until it resurfaced at Christie's, Avenue Matignon, 71 years later.
But why does this Uli adorn the cover of certain editions of Norbert Jacques’ Südsee. Ein Reisebuch published in 1922?
Norbert Jacques is chiefly known for creating the character of Dr. Mabuse, a genius of evil who possesses his victims throughhypnosis, later immortalized in Fritz Lang's films. Less known, however, is his significant journey through the South Seas,beginning on March 8, 1913, when he and his wife arrived in Rabaul, New Britain. They explored the Bismarck Archipelago over the next two months, stopping at various ports aboard the steamer Sumatra. His travel account describes a dinner at Franz Boluminski's home in Kavieng. Jacques seems especially impressed by the presence of the colonial administrator, whom he describes as a Prussian aristocrat. By the time of his visit, most of the Uli statues had been acquired, but at least fourteen still remained in a shed at Boluminski’s, just before being sent to the Munich Museum. It was likely during this time that Jacques encountered the Uli statues for the first time.
"In the sculpture of the islanders of the South Seas, one seems to find a counterpart to these dances. So often, we see beings who so clearly display the attributes of both sexes. I instinctively sense that these dances and sculptures are rooted in a deeper connection to creation. The faith of these men has remained more elemental, closer to the emergence of humanity and the entirety of emotional existence. They have preserved something we have lost as a biological or philosophical principle: the principle of dual sexuality".
Though Norbert Jacques had acquired a few objects from New Ireland, it was this Uli, acquired by Franz Boluminski and exhibited at the Linden-Museum in the 1920s, that he chose to illustrate his book, underscoring the universal fascination these statues evoke.
Bibliographie :
Beaulieu, J.-P., « Le premier Uli du Linden-Museum de Stuttgart », in Tribal Art Magazine, Arquennes, automne 2020, n° 97, p. 84.
Beaulieu, J.-P., Uli. Powerful Ancestors from the Pacific, Nivelles, 2021, p. 267, n° U7-11.
Beaulieu, J.-P., « André Breton, Giorgio De Chirico et les uli », in Tribal Art Magazine, Arquennes, automne 2024, n° 113, p. 102.
Norbert, J., Südsee. Ein Reisebuch, Munich, 1922, p. 88.