Lot Essay
Ces superbes et monumentaux candélabres Louis XV, incorporant des modèles de Meissen représentant éperviers sur des troncs d'arbres, constituent un véritable tour de force dans l'œuvre du sculpteur, fondeur et ciseleur du Roi Jacques Caffiéri (1678-1755), probablement conçus avec l'aide de son fils, Philippe (1714-1774).
Les montures en bronze doré, aux volutes audacieuses, sont étroitement liées à l'ensemble extraordinairement vaste de bronzes d'ameublement fournis à Madame l'Infante, Louise-Élisabeth de France, duchesse de Parme, pour le Palazzo di Colorno à la suite de son deuxième voyage à Paris entre septembre 1752 et septembre 1753. La paire présentée ici est en effet étroitement liée à trois paires de candélabres en bronze doré et porcelaine de Meissen d'époque Louis XV fournis à Madame l'Infante pour Colorno, une paire à trois branches et deux paires à cinq branches, toutes d'une splendeur et d'une taille monumentale similaires à celles de la paire Rothschild (A. Gonzales-Palacios, Gli Arredi Francesi, Rome, 1995, n° 76, pp. 285-290). Ce groupe comprenait également une paire de chenets répertoriés dans l'inventaire de Caffieri de 1755, vendus par le roi Umberto d'Italie, Christie's Londres, 4 décembre 1969, lot 37, et un ensemble de quatre appliques murales, également de Caffieri, aujourd'hui conservées au J. Paul Getty Museum (C. Bremer-David, Decorative Arts, An Illustrated Summary Catalogue of the Collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, 1993, n° 168, p. 103).
Si l'on sait que Madame l'Infante a effectué de nombreux achats directement auprès du marchand-mercier Lazare Duvaux, ainsi qu'auprès du ciseleur et doreur sur métaux du Roy Antoine Lelièvre, c'est Caffieri qui a été le plus sollicité pour cette commande. Les chenets et les appliques murales mentionnés ci-dessus sont tous deux décorés d'un motif guilloché ajouré qui semble avoir été un élément important et indissociable du style caractéristique de Caffieri. Ce motif apparaît de manière similaire sur les candélabres présentés ici et sur ceux de Colorno, chaque fois sous une forme différente, démontrant ainsi le talent original et génial de Caffieri.
Comme l'a fait valoir Peter Hughes dans The Wallace Collection Catalogue of Furniture III, Londres, 1996, n° 266, pp. 1310-1315, certains des objets en bronze doré du « groupe Colorno » pourraient en réalité avoir été commandés à l'origine par Louis XV pour son usage personnel quelques années auparavant, puis offerts par lui à sa fille aînée. Cette hypothèse repose notamment sur la commande du lustre en bronze doré, provenant également de Colorno et décoré de grands motifs guillochés ajourés, aujourd'hui conservé à la Wallace Collection, signé et daté 'CAFFIERI A PARIS 1751' et qui a donc été faite avant leur arrivée à Paris. Il est également possible que ces lustres aient déjà été en cours de fabrication avant la visite de la duchesse, en raison de la complexité de leur fabrication, de l'importance de la commande et de l'imminence de l'expédition.
Ces magnifiques candélabres sont apparentés à une série d'objets en porcelaine de Meissen montés qui se trouvent aujourd'hui au Palazzo Quirinale, à Rome. Mentionnés dans A. Gonzalez-Palacios, Gli Arredi Francesi, Milan, 1995, pp. 279-289. L'inventaire de Colorno de 1811 mentionne une paire très similaire (n° 76) dans la chambre d'audience : « Une girandole /à trois lumi/ères de bronze dor/é et cisel/é /à arabesques a grande feuillage avec une tige de porcelaine fine blanche avec un oiseau de proie. Mesurant 66 cm de haut et évaluée à 130 franchi, sa paire était répertoriée dans la chambre de toilette n° 13, à 90 franchi.
Johann Joachim Kändler a d'abord modelé une paire de geais pour le palais japonais d'Auguste le Fort à Dresde en 1735. Un modèle avec un écureuil sur le côté est répertorié dans le Taxa de Kändler pour la période du 1er octobre 1739 au 31 janvier 1740. D’autres exemples sont connus comme cette paire dans la collection Charles de Pauw, vente Sotheby's Monaco, 22 juin 1986, lot 613, puis vente Christies, New York, 12 décembre 2002, lot 80. Citons enfin la très belle paire avec des geais de la collection Rothschild, vente Christie’s Londres, 4 juillet 2019, lot 9. Une paire d’éperviers sans monture a également fait partie des collections Peggy et David Rockefeller, vente Christie’s New York, 9 mai 2018, lot 204.
These superb and monumental Louis XV candelabra, incorporating Meissen models of sparrowhawks perched on tree trunks, represent a true tour de force in the oeuvre of the sculptor, founder and chaser to the King, Jacques Caffiéri (1678–1755), probably conceived with the assistance of his son Philippe (1714–1774).
The boldly scrolling gilt-bronze mounts are closely related to the exceptionally extensive suite of bronzes d’ameublement supplied to Madame l’Infante, Louise Élisabeth of France, Duchess of Parma, for the Palazzo di Colorno following her second visit to Paris between September 1752 and September 1753. The present pair is closely linked to three pairs of Louis XV gilt-bronze and Meissen porcelain candelabra supplied to Madame l’Infante for Colorno: one pair with three branches and two pairs with five branches, all of similar splendour and monumental scale to the Rothschild pair (A. Gonzales-Palacios, Gli Arredi Francesi, Rome, 1995, no. 76, pp. 285–290). This group also included a pair of firedogs listed in Caffieri’s 1755 inventory, sold by King Umberto of Italy, Christie’s London, 4 December 1969, lot 37, and a set of four wall-lights, also by Caffieri, now in the J. Paul Getty Museum (C. Bremer-David, Decorative Arts, An Illustrated Summary Catalogue of the Collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, 1993, no. 168, p. 103).
Although Madame l’Infante is known to have made numerous purchases directly from the marchand-mercier Lazare Duvaux, as well as from the King’s chaser and gilder Antoine Lelièvre, it was Caffieri who was most extensively commissioned for this project. The firedogs and wall-lights mentioned above are both decorated with an openwork guilloche pattern, which appears to have been an important and distinctive feature of Caffieri’s characteristic style. This motif appears similarly on the present candelabra and on those at Colorno—each time in a different interpretation—thus demonstrating the original and brilliant talent of Caffieri.
As argued by Peter Hughes in The Wallace Collection Catalogue of Furniture III, London, 1996, no. 266, pp. 1310–1315, some of the gilt-bronze objects from the “Colorno group” may in fact have been originally commissioned by Louis XV for his own use a few years earlier, then presented by him to his eldest daughter. This hypothesis is supported in particular by the commission of the gilt-bronze chandelier, also from Colorno and decorated with large openwork guilloche motifs, now in the Wallace Collection, signed and dated “CAFFIERI A PARIS 1751,” and therefore completed prior to their arrival in Paris. It is also possible that the candelabra had already been in production before the Duchess’s visit, due to the complexity of their manufacture, the scale of the commission, and the imminence of shipment.
These magnificent candelabra are related to a series of mounted Meissen porcelain objects now in the Palazzo Quirinale, Rome, mentioned in A. Gonzalez-Palacios, Gli Arredi Francesi, Milan, 1995, pp. 279–289. The 1811 Colorno inventory records a very similar pair (no. 76) in the audience chamber: “A girandole /with three lights/ in finely chased/ and gilt/ bronze /with arabesques and large foliage with a stem of fine white porcelain with a bird of prey.” Measuring 66 cm high and valued at 130 franchi, its pair was listed in the dressing room, no. 13, at 90 franchi.
Johann Joachim Kändler first modelled a pair of jays for the Japanese Palace of Augustus the Strong in Dresden in 1735. A model with a squirrel on the side is recorded in Kändler’s Taxa for the period 1 October 1739 to 31 January 1740. Other examples are known, such as the pair in the Charles de Pauw collection, Sotheby’s Monaco, 22 June 1986, lot 613, and later Christie’s New York, 12 December 2002, lot 80. Also noteworthy is the fine pair with jays from the Rothschild collection, Christie’s London, 4 July 2019, lot 9. A pair of sparrowhawks without mounts was also part of the Peggy and David Rockefeller collection, Christie’s New York, 9 May 2018, lot 204.
Les montures en bronze doré, aux volutes audacieuses, sont étroitement liées à l'ensemble extraordinairement vaste de bronzes d'ameublement fournis à Madame l'Infante, Louise-Élisabeth de France, duchesse de Parme, pour le Palazzo di Colorno à la suite de son deuxième voyage à Paris entre septembre 1752 et septembre 1753. La paire présentée ici est en effet étroitement liée à trois paires de candélabres en bronze doré et porcelaine de Meissen d'époque Louis XV fournis à Madame l'Infante pour Colorno, une paire à trois branches et deux paires à cinq branches, toutes d'une splendeur et d'une taille monumentale similaires à celles de la paire Rothschild (A. Gonzales-Palacios, Gli Arredi Francesi, Rome, 1995, n° 76, pp. 285-290). Ce groupe comprenait également une paire de chenets répertoriés dans l'inventaire de Caffieri de 1755, vendus par le roi Umberto d'Italie, Christie's Londres, 4 décembre 1969, lot 37, et un ensemble de quatre appliques murales, également de Caffieri, aujourd'hui conservées au J. Paul Getty Museum (C. Bremer-David, Decorative Arts, An Illustrated Summary Catalogue of the Collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, 1993, n° 168, p. 103).
Si l'on sait que Madame l'Infante a effectué de nombreux achats directement auprès du marchand-mercier Lazare Duvaux, ainsi qu'auprès du ciseleur et doreur sur métaux du Roy Antoine Lelièvre, c'est Caffieri qui a été le plus sollicité pour cette commande. Les chenets et les appliques murales mentionnés ci-dessus sont tous deux décorés d'un motif guilloché ajouré qui semble avoir été un élément important et indissociable du style caractéristique de Caffieri. Ce motif apparaît de manière similaire sur les candélabres présentés ici et sur ceux de Colorno, chaque fois sous une forme différente, démontrant ainsi le talent original et génial de Caffieri.
Comme l'a fait valoir Peter Hughes dans The Wallace Collection Catalogue of Furniture III, Londres, 1996, n° 266, pp. 1310-1315, certains des objets en bronze doré du « groupe Colorno » pourraient en réalité avoir été commandés à l'origine par Louis XV pour son usage personnel quelques années auparavant, puis offerts par lui à sa fille aînée. Cette hypothèse repose notamment sur la commande du lustre en bronze doré, provenant également de Colorno et décoré de grands motifs guillochés ajourés, aujourd'hui conservé à la Wallace Collection, signé et daté 'CAFFIERI A PARIS 1751' et qui a donc été faite avant leur arrivée à Paris. Il est également possible que ces lustres aient déjà été en cours de fabrication avant la visite de la duchesse, en raison de la complexité de leur fabrication, de l'importance de la commande et de l'imminence de l'expédition.
Ces magnifiques candélabres sont apparentés à une série d'objets en porcelaine de Meissen montés qui se trouvent aujourd'hui au Palazzo Quirinale, à Rome. Mentionnés dans A. Gonzalez-Palacios, Gli Arredi Francesi, Milan, 1995, pp. 279-289. L'inventaire de Colorno de 1811 mentionne une paire très similaire (n° 76) dans la chambre d'audience : « Une girandole /à trois lumi/ères de bronze dor/é et cisel/é /à arabesques a grande feuillage avec une tige de porcelaine fine blanche avec un oiseau de proie. Mesurant 66 cm de haut et évaluée à 130 franchi, sa paire était répertoriée dans la chambre de toilette n° 13, à 90 franchi.
Johann Joachim Kändler a d'abord modelé une paire de geais pour le palais japonais d'Auguste le Fort à Dresde en 1735. Un modèle avec un écureuil sur le côté est répertorié dans le Taxa de Kändler pour la période du 1er octobre 1739 au 31 janvier 1740. D’autres exemples sont connus comme cette paire dans la collection Charles de Pauw, vente Sotheby's Monaco, 22 juin 1986, lot 613, puis vente Christies, New York, 12 décembre 2002, lot 80. Citons enfin la très belle paire avec des geais de la collection Rothschild, vente Christie’s Londres, 4 juillet 2019, lot 9. Une paire d’éperviers sans monture a également fait partie des collections Peggy et David Rockefeller, vente Christie’s New York, 9 mai 2018, lot 204.
These superb and monumental Louis XV candelabra, incorporating Meissen models of sparrowhawks perched on tree trunks, represent a true tour de force in the oeuvre of the sculptor, founder and chaser to the King, Jacques Caffiéri (1678–1755), probably conceived with the assistance of his son Philippe (1714–1774).
The boldly scrolling gilt-bronze mounts are closely related to the exceptionally extensive suite of bronzes d’ameublement supplied to Madame l’Infante, Louise Élisabeth of France, Duchess of Parma, for the Palazzo di Colorno following her second visit to Paris between September 1752 and September 1753. The present pair is closely linked to three pairs of Louis XV gilt-bronze and Meissen porcelain candelabra supplied to Madame l’Infante for Colorno: one pair with three branches and two pairs with five branches, all of similar splendour and monumental scale to the Rothschild pair (A. Gonzales-Palacios, Gli Arredi Francesi, Rome, 1995, no. 76, pp. 285–290). This group also included a pair of firedogs listed in Caffieri’s 1755 inventory, sold by King Umberto of Italy, Christie’s London, 4 December 1969, lot 37, and a set of four wall-lights, also by Caffieri, now in the J. Paul Getty Museum (C. Bremer-David, Decorative Arts, An Illustrated Summary Catalogue of the Collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, 1993, no. 168, p. 103).
Although Madame l’Infante is known to have made numerous purchases directly from the marchand-mercier Lazare Duvaux, as well as from the King’s chaser and gilder Antoine Lelièvre, it was Caffieri who was most extensively commissioned for this project. The firedogs and wall-lights mentioned above are both decorated with an openwork guilloche pattern, which appears to have been an important and distinctive feature of Caffieri’s characteristic style. This motif appears similarly on the present candelabra and on those at Colorno—each time in a different interpretation—thus demonstrating the original and brilliant talent of Caffieri.
As argued by Peter Hughes in The Wallace Collection Catalogue of Furniture III, London, 1996, no. 266, pp. 1310–1315, some of the gilt-bronze objects from the “Colorno group” may in fact have been originally commissioned by Louis XV for his own use a few years earlier, then presented by him to his eldest daughter. This hypothesis is supported in particular by the commission of the gilt-bronze chandelier, also from Colorno and decorated with large openwork guilloche motifs, now in the Wallace Collection, signed and dated “CAFFIERI A PARIS 1751,” and therefore completed prior to their arrival in Paris. It is also possible that the candelabra had already been in production before the Duchess’s visit, due to the complexity of their manufacture, the scale of the commission, and the imminence of shipment.
These magnificent candelabra are related to a series of mounted Meissen porcelain objects now in the Palazzo Quirinale, Rome, mentioned in A. Gonzalez-Palacios, Gli Arredi Francesi, Milan, 1995, pp. 279–289. The 1811 Colorno inventory records a very similar pair (no. 76) in the audience chamber: “A girandole /with three lights/ in finely chased/ and gilt/ bronze /with arabesques and large foliage with a stem of fine white porcelain with a bird of prey.” Measuring 66 cm high and valued at 130 franchi, its pair was listed in the dressing room, no. 13, at 90 franchi.
Johann Joachim Kändler first modelled a pair of jays for the Japanese Palace of Augustus the Strong in Dresden in 1735. A model with a squirrel on the side is recorded in Kändler’s Taxa for the period 1 October 1739 to 31 January 1740. Other examples are known, such as the pair in the Charles de Pauw collection, Sotheby’s Monaco, 22 June 1986, lot 613, and later Christie’s New York, 12 December 2002, lot 80. Also noteworthy is the fine pair with jays from the Rothschild collection, Christie’s London, 4 July 2019, lot 9. A pair of sparrowhawks without mounts was also part of the Peggy and David Rockefeller collection, Christie’s New York, 9 May 2018, lot 204.
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