CLEMENTE CIULI (VERS 1781-VERS 1850-1855)
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CLEMENTE CIULI (VERS 1781-VERS 1850-1855)

Femme éplorée à l'antique ou allégorie de la mort du duc de Berry

Details
CLEMENTE CIULI (VERS 1781-VERS 1850-1855)
Femme éplorée à l'antique ou allégorie de la mort du duc de Berry
plaque circulaire en micro-mosaïque, signée "C. Ciuli", dans un cadre en bronze ciselé, gravé et doré à décor de fleurs de lys héraldiques et d'un cartouche inscrit d'un vers d'Horace (Odes I, 24 : À Virgile) "Multis ille bonis flebilis occidit nulli flebilior quam tibi." (Il est mort, digne d’être pleuré de tous les gens de bien ; mais nul ne doit le pleurer plus que toi)
D. 5 cm. (2 in.) ; dim. cadres : 15,2 x 12 cm. (6 x 4 ¾ in.)
Provenance
Par tradition familiale, offert par le roi Louis XVIII à Marie-Caroline de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, duchesse de Berry (1798-1870) puis, don de la duchesse de Berry à l’un de ses proches puis par descendance dans cette collection ducale.
Collection aristocratique, Paris.
Literature
Bibliographie comparative :
L. Curmer, L'industrie : exposition des produits de l'industrie française en 1844, Paris, 1844, p. 225.
P. Marmottan, Les arts en Toscane sous Napoléon. La Princesse Elisa, Paris, 1901, p. 114.
J. Hanisee Gabriel, The Gilbert Collection. Micromosaics, Londres, 2000, pp. 35-36, 100, cat. 44.
R. Grieco, Micromosaici Romani. Roman Micromosaic, Rome, 2008, pp. 11-14 et p. 311.
M. Pupillo, "Le occasioni di Clemente Ciuli mosaicista romano", in. Bollettino dei Musei Comunali di Roma, XXIV, 2010, pp. 45-68.
M. Pupillo, “La Testa di Vestale di Clemente Ciuli tra Roma e Parigi”, in. C. Stefani (dir.), Arte et territorio. Il mosaico minuto tra Roma, Milano e l’Europa, Foligno, 2016, pp. 103-115.
Further Details
A MICROMOSAIC OF AN ANTIQUE MOURNER IN A FLEUR-DE-LYS BRONZE FRAME, CLEMENTE CIULI (C. 1781–C. 1850-55)

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Hippolyte de la Féronnière
Hippolyte de la Féronnière Head of European Furniture Department

Lot Essay

La micro-mosaïque est signée par un des plus importants mosaïstes-lapidaires du début du XIXe siècle, Clemente Ciuli.

À l'initiative de Joseph Bonaparte (1768-1844), frère aîné de l'empereur Napoléon Ier, un atelier de mosaïque est créé à Paris en 1807 par Francesco Belloni (1872-1847) afin de renouer avec la tradition antique et byzantine, toujours active en Italie. Belloni s'est formé à l'art de la mosaïque dans l'atelier du Vatican, le Studio del Mosaico créé à la fin du XVIe siècle par le pape Grégoire XIII et contrôlé par la Reveranda Fabbrica di San Pietro in Vaticano. L'atelier parisien qu'il dirige est situé dans l'ancien couvent des Cordeliers à partir de 1809 et est alors nommé École Impériale de Mosaïque avant de porter celui de Manufacture Royale de Mosaïque en 1817.

La technique de la micro-mosaïque inventée à Rome durant la seconde moitié du XVIIIe siècle se différencie de la technique traditionnelle de la mosaïque par l’usage de tesselles, pouvant compter plus de 1.000 éléments de verre filé découpé dit "smalti filati" ou pierres naturelles taillées par centimètre carré. Louis XVIII s’inscrit dans cette continuité, comme le montre notamment le médaillon de Belloni présenté à l’Exposition des manufactures royales de 1817 ou son portrait (guéridon dit d’Hartwell, musée du Louvre, inv. T414C ; son portrait, inv. RFML.OA.2019.3.1) ou encore le plateau réalisé en 1814 et modifié pour Charles X, toujours par Belloni (musée du Louvre, inv. MS164).

Mêlant une extrême précision, des choix de couleur harmonieux et l’usage de tesselles à la manière d’un miniaturiste faisant presque oublier qu’il s’agit d’une juxtaposition de milliers petits morceaux de verre et de pierre, cette micro-mosaïque présente toutes les qualités du travail de Ciuli qui signe ici sa création sur le pourtour en partie inférieure. Encore peu de choses sur la vie de Clemente Ciuli nous sont parvenues. Il naît vers 1781 et décède vers 1850-1855. On sait qu’il possède un atelier à Rome, place d’Espagne, et qu’il est un des plus célèbres dans son domaine au début du XIXe siècle, notamment actif dans les ateliers du Vatican.
Parisien depuis 1826 ou plus probablement 1828, certainement à cause d'un marché romain devenu compliqué à cause de la raréfaction des commandes, il est présenté au roi Charles X en 1829. En France, il crée et restaure des mosaïques anciennes comme celle découverte à Saint-Germain-des-Champs dans l’Yonne. On sait qu’il réside à Paris rue de l’Arbre Sec sous la Restauration et qu’il travaille avec l’architecte François Debret à la rénovation de la basilique de Saint-Denis jusque sous la Monarchie de Juillet.

Rares sont les réalisations de Ciuli et plus encore celles signées de sa main. Parmi celles-ci, on compte un buste du Jupiter ou Zeus d’Otricoli daté 1803 sur une tabatière ou boîte circulaire en laque rouge offerte par le pape Pie VII au prince Joseph Bonaparte lors du sacre de Napoléon (Museo Napoleonico, Rome), une tête de Bacchus sur une tabatière en or datée 1804 (cadeau de Lady Marjorie W. Gilbert en mémoire de Sir A. Gilbert, LACMA, Los Angeles, inv. M.2010.55a-b), un autre buste de Jupiter similaire à celui du Museo Napoleonico daté 1808 passé en vente sur le marché de l’art (Sotheby’s, New York, 29 janvier 2009, lot 365, adjugé 59.375 $), une tête de Silène montée dans un plateau de guéridon datée 1825 (Claydon House, Buckinghamshire), une vestale datée 1828 (musée minéralogique du Jardin des Plantes, Paris). Une Vendeuse d’amours sur une tabatière est également documentée mais non signée. Notons également, même si la technique semble bien différente, une "mosaïque représentant une chienne composée avec des cailloux de la Seine" qu'il présente lors de l'Exposition des produits de l'industrie de 1844. Cette réalisation est aujourd'hui perdue.

Le sujet de notre micro-mosaïque est à relier avec l’iconographie traditionnelle du deuil : une femme éplorée aux côtés d’une urne funéraire, accompagnée d’un chien, symbole de fidélité, est entourée de cyprès associés à l’éternité et à l’immortalité, et de ruines antiques dont la pyramide de Caius Cestius, célèbre monument funéraire. Le cadre quant à lui, très proche des réalisations de la maison Giroux à laquelle il pourrait être attribué, fait référence aux Bourbons par la multitude de fleurs de lys héraldiques et également la citation des Odes d'Horace, poète antique cher au roi Louis XVIII, dans un cartouche en forme d’urne antique allongée incisée de deux branches de saule pleureur, symbole de la tristesse et du deuil :

« Multis ille bonis flebilis occidit, nulli flebilior quam tibi. »
« Il est mort, digne d’être pleuré de tous les gens de bien ; mais nul ne doit le pleurer plus que toi. »
Horace, Les Odes

La collection aristocratique où notre œuvre a été conservée possédait de très nombreux souvenirs des Bourbons que cette famille ducale détenait directement de la duchesse de Berry. Notre micro-mosaïque aurait été offerte par le roi en personne à sa nièce par alliance, la duchesse, peu après l’assassinat du duc à sa sortie de l’opéra, dans la nuit du 13 au 14 février 1820. Le thème alors abordé par Ciuli sur sa micro-mosaïque prend tout son sens et illustre parfaitement la douleur des Bourbons suite à cet évènement en représentant une figure allégorique pouvant personnifier la duchesse de Berry et la citation latine permettant d'évoquer la mémoire du duc, pleuré par sa veuve (fig. illustrant la duchesse de Berry en deuil avec sa fille sur une plaque de porcelaine d'après F.-J. Kinson).
Figure importante du second quart du XIXe siècle, la duchesse de Berry fut l’instigatrice de nombreuses modes et passa commande à des artistes dans l'Europe entière, dont la maison Giroux qui fait partie de ses fournisseurs réguliers et privilégiés. Véritable mécène, elle déploya ses collections tant dans ses appartement du pavillon de Marsan au palais des Tuileries que dans ses propriétés dont le château de Rosny.



This micromosaic is signed by one of the most important mosaicists and stonemasons of the early 19th century, Clemente Ciuli.

On the initiative of Joseph Bonaparte (1768–1844), elder brother of Emperor Napoleon I, a mosaic workshop was established in Paris in 1807 by Francesco Belloni (1772–1847), with the aim of reviving the ancient and Byzantine traditions that remained active in Italy. Belloni had trained in the Vatican’s mosaic studio, the Studio del Mosaico, founded at the end of the 16th century by Pope Gregory XIII and overseen by the Reverenda Fabbrica di San Pietro in Vaticano. The Parisian workshop he directed was located in the former Cordeliers convent from 1809 and was known as the Imperial School of Mosaic before becoming the Royal Manufactory of Mosaic in 1817.

The technique of micromosaic, invented in Rome during the second half of the 18th century, differs from traditional mosaic-making through its use of minuscule tesserae, often counting more than a thousand pieces of cut spun glass also called “smalti filati” or carved natural stones per square centimetre. Louis XVIII continued this tradition, as seen in Belloni’s medallion exhibited at the Exposition des Manufactures Royales in 1817, his portrait (so-called Hartwell gueridon, Louvre Museum, inv. T414C; his portrait, inv. RFML.OA.2019.3.1), and the tabletop created in 1814 and later modified for Charles X, also by Belloni (Louvre Museum, inv. MS164).

Combining remarkable precision, harmonious colour choices, and the use of tesserae with the finesse of a miniaturist—so delicate that one almost forgets it is made of thousands of tiny pieces of glass and stone—this micromosaic exhibits all the hallmarks of Ciuli’s craftsmanship. He signed this piece along the lower edge.
Little is known about Clemente Ciuli’s life. He was born around 1781 and died circa 1850–1855. He is known to have maintained a workshop on the Piazza di Spagna in Rome and was among the most celebrated masters of his craft in the early 19th century, notably active within the Vatican workshops.
Settled in Paris from 1826 or, more likely, 1828, likely due to the declining Roman market and dwindling commissions, Ciuli was presented to King Charles X in 1829. In France, he both created and restored ancient mosaics, such as the one discovered at Saint-Germain-des-Champs in the Yonne. Records show that he lived on the Rue de l’Arbre Sec during the Restoration and collaborated with the architect François Debret on the renovation of the Basilica of Saint-Denis, continuing his work into the July Monarchy.

Few of Ciuli’s works survive, and even fewer bear his signature. Among the known examples are a bust of Jupiter or Zeus of Otricoli, dated 1803, set into a red lacquer snuffbox offered by Pope Pius VII to Prince Joseph Bonaparte at Napoleon’s coronation (Museo Napoleonico, Rome); a head of Bacchus on a gold snuffbox dated 1804 (gift of Lady Marjorie W. Gilbert in memory of Sir A. Gilbert, LACMA, Los Angeles, inv. M.2010.55a–b); another bust of Jupiter, similar to the one in the Museo Napoleonico and dated 1808, sold at auction (Sotheby’s, New York, 29 January 2009, lot 365, hammer price $59,375); a head of Silenus set into a guéridon tabletop, dated 1825 (Claydon House, Buckinghamshire); a vestal virgin, dated 1828 (musée minéralogique du Jardin des Plantes, Paris). A Vendeuse d’amours on a snuffbox is also recorded but unsigned. We should also mention, though the technique seems quite different, a “mosaic depicting a dog composed of pebbles from the Seine,” exhibited at the Exposition des Produits de l’Industrie in 1844—a work now lost.

The subject of this micromosaic draws upon traditional mourning iconography: a grieving woman beside a funerary urn, accompanied by a dog, symbol of fidelity, surrounded by cypress trees, emblems of eternity and immortality, and ancient ruins including the Pyramid of Caius Cestius, a celebrated funerary monument. The frame, very similar to those produced by the Maison Giroux—to which it may be attributed—evokes the House of Bourbon through its abundance of heraldic fleurs-de-lis, as well as through the quotation from Horace’s Odes, inscribed within a cartouche shaped like an elongated ancient urn and engraved with two weeping willow branches, symbols of sorrow and mourning:

“Multis ille bonis flebilis occidit, nulli flebilior quam tibi.”
“He died, mourned by all good men, but by none more than by you.”
Horace, Odes

The aristocratic collection from which this work comes contained numerous Bourbon relics, inherited directly from the Duchess of Berry. Our micromosaic was likely presented by the king himself to his niece by marriage, the duchess, shortly after the assassination of the duke as he left the opera on the night of 13 to 14 February 1820. The theme chosen by Ciuli for this micromosaic thus takes on profound significance, poignantly expressing the grief of the Bourbons in the aftermath of the tragedy. The allegorical figure may be seen as a personification of the Duchess of Berry, while the Latin verse evokes the memory of her late husband, mourned by his widow (fig. illustrating the Duchess of Berry in mourning with her daughter on a porcelain plaque after F.-J. Kinson).
A key figure in the second quarter of the 19th century, the Duchess of Berry was an instigator of many fashions and a generous patron, commissioning artists across Europe. Among her regular and favoured suppliers was Maison Giroux. A true patron of the arts, she displayed her collections both in her apartments in the Pavillon de Marsan at the Tuileries Palace and in her country estates, including the Château de Rosny.

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