Lot Essay
Cette feuille d'une grande délicatesse illustre l'un des thèmes favoris du frère dominicain Fra Bartolommeo. Chris Fischer date l'oeuvre vers 1500 (1994-95, op. cit.) et la rattache à un groupe de dessins de même sujet, parfois agrémentés de saint Jean-Baptiste, d'anges et d'un mécène. Toutes ces feuilles, exécutées à la plume et encre brune parfois rehaussée de blanc et de dimensions similaires, présentent les mêmes caractéristiques stylistiques: une juxtaposition de petits traits de plume et d'encre brune pour dessiner notamment le visage et la coiffure de la Vierge, tantôt assise au centre tantôt debout, souvent avec les cheveux attachés dans un ou deux chignons (Fischer, 1994-95, op. cit., pp. 78-9; et C. Fischer, Fra Bartolommeo, Master Draftsman of the High Renaissance, cat. expo., Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen, 1990, pp. 93-5). Ces études sont probablement à mettre en rapport avec le projet d'une Sainte Conversation que Fra Bartolommeo n'exécuta finalement jamais en peinture mais qui servit probablement quelques années plus tard à son collaborateur Mariotto Albertinelli (1474-1515), pour un tondo aujourd'hui conservé au Columbia Museum of Art (Fischer, 1990, op. cit., p. 93 ; Fischer date le tableau vers 1506-9).
Une copie, qui rassemble sur la même feuille les figures des recto et verso du présent dessin, est conservée au British Museum (inv. no. 1910,0212.12; Fischer, 1994-95, op. cit., p. 78), alors qu'une autre feuille dans le même musêe et qui revient à l'artiste lui-même (inv. no. 1895,0915.525r), montre une version similaire mais moins aboutie du recto du présent dessin. Le recto est aussi repris de manière plus esquissée dans le verso d'une feuille d'étude à Rotterdam dans laquelle des croquis d'un Christ en croix jouxtent une Vierge et l'Enfant (Museum Boijmans Van Beuningen, inv. no. M151v ; Fischer, 1990, p. 83). D'autres dessins avec des variantes du sujet se trouvent aux Offices (inv. no. 489e verso; Fischer, 1986, op. cit., fig. 38) et Windsor (inv. no. RL 12786 ; A.E. Popham, J. Wilde, The Italian drawings at Windsor Castle, Londres, 1949, no. 112).
Le saint Jean-Baptiste du recto se retrouve dans une autre feuille conservée au Louvre où la Vierge et l'Enfant sont assis (inv. no. 229r ; Fischer, 1994-95, op. cit., no. 45). Le thème de la rencontre entre l'Enfant Jésus et le petit saint Jean étaient parmi les légendes les plus répandues dans la Florence de l'époque (Fischer, 1994-5, op. cit., p. 46). Comme le suggère Fischer, il est possible que le sujet (Jean-Baptiste est le saint protecteur de Florence) ait eu des connotations fortes, voire politiques, dans la ville au moment où l'indépendance de la cité était menacée par les Borgia. C'était aussi un sujet intime, qui s'adaptait bien aux petits formats des tableaux de dévotion privée trés en demande à l'époque. Et si nombre de ces tableaux sont aujourd'hui perdus, les nombreux dessins connus témoignent de leurs compositions (Fischer, 1994-5, op. cit.).
La datation du dessin vers 1500 place l'oeuvre au moment où l'artiste devint frère dominicain et entra au couvent de San Domenico à Prato pour intérer l'ordre de San Marco l'année suivante. Il arrêta volontairement la peinture pendant quatre ans, mais ce dessin, comme l'ensemble des feuilles similaires évoquées précdemment, montre que l'imagination artistique de Fra Bartolommeo ne s'était pas arrêtée. Le papier devint à cette époque son unique moyen d'expression pour continuer à créer ses compositions religieuses.
Une copie, qui rassemble sur la même feuille les figures des recto et verso du présent dessin, est conservée au British Museum (inv. no. 1910,0212.12; Fischer, 1994-95, op. cit., p. 78), alors qu'une autre feuille dans le même musêe et qui revient à l'artiste lui-même (inv. no. 1895,0915.525r), montre une version similaire mais moins aboutie du recto du présent dessin. Le recto est aussi repris de manière plus esquissée dans le verso d'une feuille d'étude à Rotterdam dans laquelle des croquis d'un Christ en croix jouxtent une Vierge et l'Enfant (Museum Boijmans Van Beuningen, inv. no. M151v ; Fischer, 1990, p. 83). D'autres dessins avec des variantes du sujet se trouvent aux Offices (inv. no. 489e verso; Fischer, 1986, op. cit., fig. 38) et Windsor (inv. no. RL 12786 ; A.E. Popham, J. Wilde, The Italian drawings at Windsor Castle, Londres, 1949, no. 112).
Le saint Jean-Baptiste du recto se retrouve dans une autre feuille conservée au Louvre où la Vierge et l'Enfant sont assis (inv. no. 229r ; Fischer, 1994-95, op. cit., no. 45). Le thème de la rencontre entre l'Enfant Jésus et le petit saint Jean étaient parmi les légendes les plus répandues dans la Florence de l'époque (Fischer, 1994-5, op. cit., p. 46). Comme le suggère Fischer, il est possible que le sujet (Jean-Baptiste est le saint protecteur de Florence) ait eu des connotations fortes, voire politiques, dans la ville au moment où l'indépendance de la cité était menacée par les Borgia. C'était aussi un sujet intime, qui s'adaptait bien aux petits formats des tableaux de dévotion privée trés en demande à l'époque. Et si nombre de ces tableaux sont aujourd'hui perdus, les nombreux dessins connus témoignent de leurs compositions (Fischer, 1994-5, op. cit.).
La datation du dessin vers 1500 place l'oeuvre au moment où l'artiste devint frère dominicain et entra au couvent de San Domenico à Prato pour intérer l'ordre de San Marco l'année suivante. Il arrêta volontairement la peinture pendant quatre ans, mais ce dessin, comme l'ensemble des feuilles similaires évoquées précdemment, montre que l'imagination artistique de Fra Bartolommeo ne s'était pas arrêtée. Le papier devint à cette époque son unique moyen d'expression pour continuer à créer ses compositions religieuses.