Lot Essay
Troublante par le réalisme saisissant des corps en torsion et poétique par son expression de la fragilité humaine, Pietà (2008) de Berlinde de Bruyckere offre une réinterprétation contemporaine de l'un des motifs les plus émouvants de l'histoire de l'art occidental. L’artiste flamande connaît parfaitement l’iconographie doloriste chrétienne et puise régulièrement son inspiration dans la tradition des maîtres anciens, inaliénable de sa culture visuelle. Lucas Cranach l’Ancien et Rogier van der Weyden et leur manière d’utiliser le corps pour exprimer l'état psychologique ont notamment exercé une influence déterminante sur son œuvre. En regardant les peintures de Cranach, elle dit ainsi ressentir « à travers la présence physique des personnages leurs pensées et préoccupations; leurs craintes, leurs passions, leurs doutes... » (B. de Bruyckere cité in Berlinde de Bruyckere: We Are All Flesh, catalogue d’exposition, Australian Centre for Contemporary Arts, Melbourne, 2012).
Pour donner aux corps de la Pietà cet aspect tragique et intense, de Bruyckere utilise ici la cire, son médium de prédilection. Rarement utilisé en sculpture, ce matériau restait réservé jadis aux ex-voto des églises. L’artiste dit en apprécier « la souplesse qui permet de toujours modifier une forme en cours et la fragilité, proche de celle de la peau ». Son langage visuel trouve une expression la plus poétique dans le traitement curieux que de Bruyckere accorde aux membres, délibérément stylisés et étirés, qui contrastent avec la virtuosité hyperréaliste de la cire sculptée. Ce sens inné de l'exagération et le goût pour la théâtralité rapproche également de Bruyckere des maniéristes italiens, notamment de la maîtrise poignante du marbre sculpté de Michel-Ange, auteur de l’interprétation probablement la plus emblématique du thème de la Pietà, celle de la Basilique Saint-Pierre à Rome. Pourtant, son obsession avec les membres fragmentés, leur déformation et assemblage, revendique un lien plus étroit avec l’esthétique de Rodin.
Figé dans un état de perpétuelle métamorphose ovidienne, Pietà de de Bruyckere montre l’union de deux corps en souffrance et évoque ainsi l’idée de soutien et d'intimité, tout en incarnant la douleur, le chagrin et la pitié qui sont cruciales pour l'iconographie de la Pietà. La virtuosité époustouflante avec laquelle de Bruyckere met ici en exergue la dualité du corps, à la fois un apogée de la beauté naturelle et une configuration grotesque de la matière organique, fait d’elle l'un des sculpteurs les plus uniques de sa génération. C’est sans doute cette expression de la vulnérabilité humaine qui a éveillé l’intérêt de Claude Berri pour de Bruyckere, à qui il a dédié une exposition personnelle dans l’Espace Claude Berri en 2007, bien avant son triomphe dans le Pavillon Belge à la Biennale de Venise en 2013.
Pour donner aux corps de la Pietà cet aspect tragique et intense, de Bruyckere utilise ici la cire, son médium de prédilection. Rarement utilisé en sculpture, ce matériau restait réservé jadis aux ex-voto des églises. L’artiste dit en apprécier « la souplesse qui permet de toujours modifier une forme en cours et la fragilité, proche de celle de la peau ». Son langage visuel trouve une expression la plus poétique dans le traitement curieux que de Bruyckere accorde aux membres, délibérément stylisés et étirés, qui contrastent avec la virtuosité hyperréaliste de la cire sculptée. Ce sens inné de l'exagération et le goût pour la théâtralité rapproche également de Bruyckere des maniéristes italiens, notamment de la maîtrise poignante du marbre sculpté de Michel-Ange, auteur de l’interprétation probablement la plus emblématique du thème de la Pietà, celle de la Basilique Saint-Pierre à Rome. Pourtant, son obsession avec les membres fragmentés, leur déformation et assemblage, revendique un lien plus étroit avec l’esthétique de Rodin.
Figé dans un état de perpétuelle métamorphose ovidienne, Pietà de de Bruyckere montre l’union de deux corps en souffrance et évoque ainsi l’idée de soutien et d'intimité, tout en incarnant la douleur, le chagrin et la pitié qui sont cruciales pour l'iconographie de la Pietà. La virtuosité époustouflante avec laquelle de Bruyckere met ici en exergue la dualité du corps, à la fois un apogée de la beauté naturelle et une configuration grotesque de la matière organique, fait d’elle l'un des sculpteurs les plus uniques de sa génération. C’est sans doute cette expression de la vulnérabilité humaine qui a éveillé l’intérêt de Claude Berri pour de Bruyckere, à qui il a dédié une exposition personnelle dans l’Espace Claude Berri en 2007, bien avant son triomphe dans le Pavillon Belge à la Biennale de Venise en 2013.