Lot Essay
Cette oeuvre est accompagnée d'un certificat d'authenticité de Catherine Putman.
Précurseur et incompris, rare et incontournable, la personnalité de Bram van Velde conserve une part de mystère, une aura qui a laissé une empreinte durable. Artiste souvent qualifié de « maudit » tant sa reconnaissance critique et publique fut tardive, peu d’artistes ont su comme lui traverser pratiquement un siècle de création et parvenir à une œuvre d’une cohérence aussi incontestable.
Bram van Velde ne connaît le succès que tardivement après avoir rencontré les plus grandes difficultés pour montrer sa peinture et parvenir à la faire accepter. S’il parvient à exposer chez de grands galeristes – Samuel Kootz à New York, Aimé Maeght à Paris – chaque nouvelle exposition se solde par une déception. Seule une petite poignée d’amis, artistes, amateurs et critiques lui apportent un soutien indéfectible, parmi lesquels on compte notamment Samuel Beckett, Jacques Putman ou Georges Duthuit. Parallèlement, les épreuves qu’il traverse semblent nourrir sa peinture. Comme il l’explique : « Je ne fais pas de la peinture. Je tâche de rendre visibles les phénomènes de notre époque. ».
Sans titre peint en 1952-1953 est un témoignage de cette parfaite maîtrise à laquelle parvient van Velde. La peinture y est faite de rupture, elle brise les lignes, crée des pauses entrecoupées d’élans. Elle invite l’œil à la parcourir en un mouvement sans cesse renouvelé jusqu’à ce qu’elle laisse une impression d’équilibre. Les teintes éclatantes répondent aux tonalités plus sombres, aux camaïeux de bruns et de gris dont surgissent jaunes, rouges, verts ou bleus percutants. Patrick Waldberg, qui fait la connaissance du peintre en 1953, dresse un portrait de l’artiste qui semble entrer en résonnance avec sa propre peinture : « Bram jouit de ce rare privilège qu’est la dignité physique : un corps mince, droit et souple de plante aquatique, surmonté par un visage d’hermine aux yeux de saphir clair, qu’anime une expression un peu traquée d’enfant perdu et surpris. De temps en temps, un rire soudain et muet brise la mélancolie de ce visage, et l’agite en un frémissement de rides concentriques qui se propagent comme des ondes, telle la surface d’une eau dormante que viendrait troubler le choc d’un caillou. » (P. Waldberg, Mains et Merveilles, Paris, 1961, pp. 100-101).
Chaque toile est le fruit d’un travail intense, d’une implication destructrice qui le conduit à ne produire que peu d’œuvres. Ainsi chacune d’entre elles semble être autant un aboutissement qu’une remise en cause, un dépassement de soi. « Un dévoilement sans fin, comme l’écrit Samuel beckett, voile derrière voile, plan sur plan de transparences imparfaites, un dévoilement vers l’indévoilable, le rien, la chose à nouveau. »
Précurseur et incompris, rare et incontournable, la personnalité de Bram van Velde conserve une part de mystère, une aura qui a laissé une empreinte durable. Artiste souvent qualifié de « maudit » tant sa reconnaissance critique et publique fut tardive, peu d’artistes ont su comme lui traverser pratiquement un siècle de création et parvenir à une œuvre d’une cohérence aussi incontestable.
Bram van Velde ne connaît le succès que tardivement après avoir rencontré les plus grandes difficultés pour montrer sa peinture et parvenir à la faire accepter. S’il parvient à exposer chez de grands galeristes – Samuel Kootz à New York, Aimé Maeght à Paris – chaque nouvelle exposition se solde par une déception. Seule une petite poignée d’amis, artistes, amateurs et critiques lui apportent un soutien indéfectible, parmi lesquels on compte notamment Samuel Beckett, Jacques Putman ou Georges Duthuit. Parallèlement, les épreuves qu’il traverse semblent nourrir sa peinture. Comme il l’explique : « Je ne fais pas de la peinture. Je tâche de rendre visibles les phénomènes de notre époque. ».
Sans titre peint en 1952-1953 est un témoignage de cette parfaite maîtrise à laquelle parvient van Velde. La peinture y est faite de rupture, elle brise les lignes, crée des pauses entrecoupées d’élans. Elle invite l’œil à la parcourir en un mouvement sans cesse renouvelé jusqu’à ce qu’elle laisse une impression d’équilibre. Les teintes éclatantes répondent aux tonalités plus sombres, aux camaïeux de bruns et de gris dont surgissent jaunes, rouges, verts ou bleus percutants. Patrick Waldberg, qui fait la connaissance du peintre en 1953, dresse un portrait de l’artiste qui semble entrer en résonnance avec sa propre peinture : « Bram jouit de ce rare privilège qu’est la dignité physique : un corps mince, droit et souple de plante aquatique, surmonté par un visage d’hermine aux yeux de saphir clair, qu’anime une expression un peu traquée d’enfant perdu et surpris. De temps en temps, un rire soudain et muet brise la mélancolie de ce visage, et l’agite en un frémissement de rides concentriques qui se propagent comme des ondes, telle la surface d’une eau dormante que viendrait troubler le choc d’un caillou. » (P. Waldberg, Mains et Merveilles, Paris, 1961, pp. 100-101).
Chaque toile est le fruit d’un travail intense, d’une implication destructrice qui le conduit à ne produire que peu d’œuvres. Ainsi chacune d’entre elles semble être autant un aboutissement qu’une remise en cause, un dépassement de soi. « Un dévoilement sans fin, comme l’écrit Samuel beckett, voile derrière voile, plan sur plan de transparences imparfaites, un dévoilement vers l’indévoilable, le rien, la chose à nouveau. »