Celso Lagar (1891-1966)
Celso Lagar (1891-1966)

Hommage à Guynemer

Details
Celso Lagar (1891-1966)
Hommage à Guynemer
signé et daté 'Lagar 17' (en bas à gauche); signé, daté et inscrit 'Guynemer Lagar 1917' (au revers)
huile sur toile
69.5 x 79.8 cm. (27 3/8 x 31 3/8 in.)
Peint en 1917
Provenance
Galerie René Metras, Barcelone.
Collection particulière, Barcelone (acquis auprès de celle-ci, vers 1981-82).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
N. Alba, Celso Lagar. Los cuadros del Petit Palais, 1983 (illustré).
N. Alba, Celso Lagar, aquel maldito de Montparnasse, 1992.
J. M. Bonet, Diccionario de las vanguardias en Espana (1907-1936), Madrid, 1995, p. 360 (illustré).
Juan Ramón Jiménez. Premio Nobel, Madrid, 2006, p. 595 (illustré).
I. García García, Celso Lagar, Madrid, 2010, pp. 44-45 (illustré en couleurs).
Exhibited
Barcelone, Galerias Layetanas, 1918.
Valence, Insituto Valenciona de Arte Moderno, Centre Julio González, El ultraismo y las plásticas, juin-septembre 1996, p. 78 (illustré en couleurs).
Madrid, Fundación Caja Madrid, Istmos. Vanguardias espanolas 1915-1936, 1998, p. 47, no. 2 (illustré en couleurs).
Madrid, Fundación Cultural Mapfre Vida, A vueltas con la pintura, juin-septembre 2003, p. 103 (illustré en couleurs).
Further details
'Tribute to Guynemer'; signed and dated lower left; signed, dated and inscribed on the reverse; oil on canvas.

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Jeanne Rigal
Jeanne Rigal

Lot Essay

Monsieur Narcisso Alba a confirmé l'authenticité de cette oeuvre.


En 1917, Celso Lagar vit depuis un an à Paris où il s'est lié d'amitié avec Max Jacob, Blaise Cendrars, André Derain, Fernand Léger, ou encore Amedeo Modigliani qui réalise plusieurs portrait de lui dont une huile sur toile (fig. 1). Il fait également la connaissance du marchand Léopold Zborowski qui lui consacrera une exposition en 1928. Alors à peine âgé de 26 ans, Lagar réalise le présent tableau, Hommage à Guynemer.
En septembre de la même année, Georges Guynemer, capitaine de l'aviation française disparaît au cours d'une mission dans les Flandres. La mort du pilote de guerre, célèbre pour avoir remporté de nombreuses victoires et pour avoir été notamment le premier à abattre un bombardier lourd allemand, choque profondément la nation. L'aviateur, par son sang-froid, son habileté, sa loyauté et la précision de ses manuvres avait gagné l'admiration de ses pairs et même de l'ennemi. Ainsi, Ernst Udet, grand pilote allemand, racontera comment Guynemer, qui s'inspirait de l'ancienne chevalerie lors de ses combats aériens, l'avait épargné alors que sa mitrailleuse s'était enrayée. Lors de l'enterrement de Guynemer, plusieurs pilotes allemands, dont Udet, iront fleurir sa tombe.
Dans son Hommage à Guynemer, Lagar personnifie le pilote par l'attribut qui le caractérise le mieux, l'instrument de ses victoires, son avion. Le peintre est fidèle dans la retranscription du modèle, un SPAD, dont le gouvernail est paré du drapeau français tandis que la coque, les ailes et les roues sont ornées de cocardes tricolores. Ces dernières, ont été, à partir du XXème siècle, utilisées afin d'indiquer la nationalité des avions militaires. Mais elles sont aussi, un symbole fort de patriotisme. Celso Lagar, très attaché à la France où il s'est fait de nombreux amis et a rencontré sa femme, Hortense Bégué tient à apporter son soutien à ce pays qu'il chérit tant.
L'introduction rédigée par Gustave Kahn, pour le catalogue de l'exposition Celso Laga peintre, Max Jimenez, sculpteurr tenue à la Galerie Percier à Paris en1924, donne un éclairage pour la compréhension de l'Hommage à Guynemer: "L'art de Lagar est solide et franc, d'une couleur somptueuse et nourrie, d'un dessin ferme et elliptique. Ce castillan a gardé dans les yeux l'éblouissement du beau soleil fauve d'outre Pyrénées. Il a le goût des harmonies sobrement rutilantes, des ciels compacts et pourtant chaudement éclairés en plaques brillantes sur une nature ordonnée, précise, ardentes, à fermes contours".
Hommage à Guynemer, figure parmi les chefs-d'oeuvre de Lagar. Le tableau est défini par un mode de construction similaire à celui du Port de Bilbao, aujourd'hui conservé au musée des Beaux-Arts de Bilbao. Le peintre agence sa composition selon plusieurs angles de vues qu'il superpose les uns aux autres.
Ce traitement post-cubiste, témoigne de l'influence des artistes d'avant-garde qu'il a côtoyés à Montparnasse à partir de 1916. Sans doute faut-il y voir aussi l'héritage d'années d'observation du travail de son père, sculpteur sur bois et de sa propre formation, puisqu'il étudiera la sculpture quelques années avant se consacrer uniquement à la peinture. En effet, dans le présent tableau, Lagar semble vouloir retranscrire la tridimensionnalité de son sujet sur la surface plane. Les formes et leurs contours sont dessinés par des aplats de couleur vibrante intensifiés par les contrastes qu'ils produisent entre eux. L'apposition, côte à côte, de tons jaunes et bleus associés à des courbes roses et vertes décrivent des tourbillons où viennent filtrer les rayons du soleil. Le peintre a également recours à une vue en contreplongée, qui vient renforcer l'impression de suspension de l'avion dans les airs. Cet angle de vue place le spectateur dans le ciel, au-dessus de l'avion. Associé à un cadrage légèrement décalé vers la gauche, il suggère que l'avion va poursuivre sa course et finir par sortir hors du cadre. Les inscriptions 'ALSACE' et 'HAUTE SOMME' figurent le chemin parcouru et viennent amplifier l'effet de mouvement.

Ainsi, comme l'écrivit Max Jacob: "Voici un peintre dans l'âme et dans l'esprit; voici un producteur généreux que ne gênent ni les barrières des différentes écoles modernes ou autres. Il peint ce qu'il aime, il aime ce qu'il peint et il y met l'ardeur d'une compréhension nourrie et sagace. Que de vrais sentiments! Et qu'on a de plaisir à les reconnaître! Tout ce qui en Lagar sort comme les fleurs d'un vase: fleurs épineuses, fleurs tristes, fleurs de lumière! Ah oui! Lagar est un espagnol! Le folklore de ses ancêtres a la grosse et spleenétique gaîté de Plaute, l'amertume psychologique du cordoban Sénèque, le sens artiste inné des japonais, et le profit multiple des héros russes. (Max Jacob, catalogue d'exposition Lagar, Galerie Zborowski, Paris, 1928).



In 1917, Celso Lagar had been living for a year in Paris, where he befriended Max Jacob, Blaise Cendrars, André Derain, Fernand Léger and Amedeo Modigliani, who painted several portraits of him including an oil on canvas (fig. 1). He also met art dealer Leopold Zborowski who dedicated an exhibition to him in 1928.
Aged just 26 years old, Lagar then produced the present picture, Hommage à Guynemer. In September of the same year, Georges Guynemer, a French Air Force Captain, had disappeared during a mission in Flanders. The nation was deeply shocked by the death of the fighter pilot, famous for his many victories, and in particular for being the first aviator to take down a German heavy bomber. Guynemers courage, skill, loyalty and the precision of his manoeuvres had won the admiration of his peers and even the enemy. Ernst Udet, the great German pilot thus tells how Guynemer, inspired by the lost ideal of chivalry during his aerial battles, had once spared him while his gun was jammed. At Guynemer's funeral, several German pilots, including Udet, laid wreaths on his tomb. In his Hommage to Guynemer, Lagar personifies the pilot through the object which best characterises him his aircraft, the instrument of his victories.
The painter delivers a faithful rendition of the model, a SPAD, its tail decorated with the French flag while the hull, wings, and wheels are adorned with tricolour cockades. Starting in the 20th century, these were used to indicate the nationality of military aircraft, but they were also a strong symbol of patriotism. Celso Lagar, who was deeply attached to France, where he made many friends and met his wife, Hortense Bégué, set great store by supporting the country he loved so much.
The catalogue introduction by Gustave Kahn for the exhibition Celso Lagar Peintre, Max Jimenez, sculptor at the Galerie Percier in Paris in 1924, is helpful in understanding the Hommage à Guynemer: "Lagar's art is solid and candid, sumptuous and rich in colour, firm and elliptical in design. The eyes of this Spaniard have not lost the dazzlingly beautiful wild sunlight from beyond the Pyrenees. He has a penchant for sparkling yet sober harmonies and skies that are compact yet warmly illuminated by brilliant and ardent fragments with firm contours, against an orderly, precise background."
Hommage à Guynemer is one of Lagar's masterpieces. The picture is characterised by a method of construction similar to his Port de Bilbao, now in the Fine Arts Museum in Bilbao (Fig. 2). The painter arranges his composition based on several overlapping perspectives. Such post-Cubist treatment shows the influence of the avant-garde, with which he flirted in Montparnasse in 1916. It also no doubt reveals the legacy of years of observing his father, a woodcarver, at work, and of his own training he spent a few years studying sculpture before devoting himself to painting. Indeed, in this picture, Lagar seems to recreate the three-dimensionality of his subject on the flat surface.
The shapes and their contours are drawn in vibrant patches of colour intensified by the contrasts they generate. The juxtaposition of yellow and blue tones, set against pink and green curves, create a series of whirls penetrated by sunlight. The painter also adopts a bird's eye view, an angle which places the viewer in the sky above the aircraft, reinforcing the impression of a place suspended in the air. With the composition centred slightly to the left, he suggests that the aircraft will continue its course and eventually leave the frame. The inscriptions "ALSACE" and "HAUTE SOMME" chart its journey, heightening the effect of movement.
As Max Jacob wrote: "This is an artist full of soul and spirit a generous creator, untrammelled by the boundaries set by modern or any other schools. He paints what he loves, loves what he paints and brings to it all the passion of well-nourished and wise insight. Nothing but real feelings! And what pleasure we take in recognising them! Everything in Lagar emerges like flowers from a vase: thorny flowers, sad flowers, flowers of light! Yes, Lagar is a true Spaniard! The folklore of his ancestors and the great and splenetic gaiety of Plautus, the mental bitterness of the Cordoban Seneca, the innate artistic sense of the Japanese, and the multiple bounties of the Russian heroes". (Max Jacob, in exhibition catalogue Lagar, Gallery Zborowski, Paris, 1928).

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