Anna GouldComtesse Boniface de Castellane,Duchesse de Sagan et de Talleyrand(1875-1961) Tous les historiens de la Belle Epoque connaissent le nom d’Anna Gould et pourtant aucune biographie n’a jamais été écrite à son sujet. Pas de lettres, quelques lignes dans des mémoires, pas de témoignages, ou si peu. Le plus célèbre est celui d’Elisabeth de Gramont, duchesse de Clermont Tonnerre (1875-1954). Dans « Le temps des équipages » le premier volume ses mémoires, elle rédige quelques lignes, pas très élogieuses, au sujet d’Anna Gould, comtesse Boniface de Castellane, duchesse de Talleyrand et de Sagan : « Je me la suis toujours représentée comme l’impérieuse cheffesse d’une tribu iroquoise, la tête ceinte de haute plumes d’aigle. Elle était petite, maigre, le visage entièrement occupé par un large nez et deux énormes yeux noirs, le teint jaune, les bandeaux de cheveux en forme d’aile d’avion la raccourcissait encore. » Et madame de Clermont Tonnerre poursuit sa diatribe dans « Les marronniers en fleurs » deuxième volume de ses mémoires. Elle y fait une longue allusion aux raisons qui ont poussé Anna Gould à demander le divorce d’avec son premier mari, le célèbre dandy de la Belle Epoque, le comte Boniface de Castellane : « Les femmes couraient toutes après lui, pouvait-il éternellement se dérober ? Les rivales s’il y en eut, défilaient et ne s’installaient pas. Le seul, le grand grief de madame de Castellane, la fille des gros hommes d’affaires d’Amérique, fut la crainte de voir sa fortune s’effriter. C’est cela qui vrillait son petit cœur dur d’Américaine ». Et quand bien même ! pourrait-on rétorquer en 2017 à madame de Clermont Tonnerre. Il a sans doute fallu beaucoup de courage et de volonté à Anna Gould pour affronter la condamnation de la société de son temps et sauver non seulement sa fortune, mais aussi celle de trois fils nés de son union avec le célèbre « Boni ». La critique de madame de Clermont Tonnerre semble d’ailleurs très partiale lorsque l’on examine son propre destin conjugal que Francesco Rappazini a raconté dans une biographie récente *. Battue par son mari, ruinée, Elisabeth de Gramont connu de lourdes déceptions avec sa fille aînée, Beatrice, qui assigna ses parents en justice et mourut prématurément de la tuberculose à 33 ans. Cela-dit, que sait-on réellement sur Anna Gould ? Sa petite-fille, Diane de Castellane à qui ce collier de diamants a appartenu n’en gardait pas un mauvais souvenir. Elle avait séjourné plusieurs fois chez elle à New York et à Lyndhurst, le manoir gothique que la famille Gould avait fait bâtir à une quarantaine de kilomètres au Nord de New York. Le parcours de cette « princesse dollar » comme on surnommait les héritières américaines au début du XXème siècle, démontre au moins une chose ; Elle avait énormément de volonté et un esprit d’indépendance réel. Elle nait le 5 juin 1875 à New York. Elle est la seconde fille de Jason Gould et de son épouse, Helen Miller. Son père a bâti une fortune colossale dans les chemins de fer et dés sa naissance, Anna est une héritière convoitée. Elle a quatorze ans à la mort de sa mère en 1889 et dix-sept ans lorsque son père succombe à la tuberculose en 1892. A ses six enfants, quatre garçons et deux filles, Jason Gould lègue une fortune estimée à 72 millions de $, une somme colossale qui le classe parmi les hommes les plus riches du monde. Son grand rival dans les chemins de fer, William Henry Vanderbilt (1821-1885), reste toutefois au premier rang avec une fortune de 200 millions de $. Différence notoire avec les Vanderbilt qui ont le goût du faste, les Gould sont plus sévères. Eduqués dans la tradition presbytérienne, ils ont une notion de l’argent qui doit, certes, être profitable, mais aussi utile. Anna est couvée par son frère aîné George et sa sœur Helen. Ils consentent toutefois à un voyage en France au printemps 1894. Et c’est là que le destin de la jeune femme bascule lorsqu’elle rencontre le comte Boniface de Castellane. Beau, élégant, noble, ce dernier est l’archétype du chasseur de dot trop séduisant pour être honnête dont une dynastie américaine fortunée, doit se méfier. Et les Gould se méfient. George et Helen font tout pour que leur sœur renonce à son projet de mariage, d’autant plus que le comte de Castellane est « papiste ». Pour la première fois dans son existence, Anna fait preuve de cette indépendance d’esprit qui la caractérisera. Elle est folle amoureuse de son beau français et elle l’épousera. Les noces ont lieu à New York, le 4 mars 1895. La corbeille de la mariée est sublime. Helen a offert à sa sœur un long sautoir de diamants. On peut d’ailleurs se demander si certaines des pierres sertis sur ce sautoir n’ont pas été remontés par Cartier sur le collier qui est vendu aujourd’hui par Christie’s. La famille du marié offre un collier à quatre rangs de perles. Le comte Boniface a lui choisi un rang d’énormes perles et une série de joyaux en diamants signés par Boucheron. Il ne les paiera d’ailleurs jamais. Les archives de la maison Boucheron conservent un dossier intitulé « Affaire de Castellane « dans lequel il apparaît très clairement que c’est seulement après le divorce d’Anna Gould et de Boniface de Castellane que commencera le règlement de ces achats. En fait, c’est Anna elle-même qui les paiera. La vie somptueuse d’Anna Gould et de son premier mari a été trop souvent décrite pour qu’on la reprenne une fois de plus ici. Château à Grignan, château du Marais, et surtout, le fameux Palais Rose au coin de l’avenue Foch et de l’avenue de Malakoff. Les millions des Gould sont dépensés pour bâtir cette maison de ville qui n’a ni la grâce d’un hôtel du XVIIIème siècle entre cour et jardin, ni le côté pratique d’une demeure moderne. En fait, le Palais Rose aujourd’hui détruit, illustre parfaitement la volonté de certains grands aristocrates français de la Belle Epoque de donner un sens à leur vie. A défaut du pouvoir politique et de l’influence que détenaient leurs ancêtres, ils se lancent dans une politique de faste qui souvent ruinera leur famille. Quitte même à faire du pastiche. Madame de Clermont Tonnerre évoque les maîtresses de monsieur de Castellane, en ajoutant qu’elle ne restaient pas. Elle est indulgente envers le mari. L’une d’entre, madame Schneider, épouse du célèbre maître de forges, reste. Et les traces de cette liaison qui dure ne peuvent que parvenir aux oreilles d’Anna. Sincèrement amoureuse de son mari auquel elle a donné trois fils, la jeune femme est jalouse. Et c’est certainement le fait qu’elle ait été bafouée presque publiquement dans ses sentiments qui explique son geste. Faisant preuve une nouvelle fois de cette force de caractère qui lui est propre, elle demande le divorce au mois de janvier 1906. Elle l’obtient trois mois plus tard. Et force est de constater que sa revanche est subtile. Chacun soulignait volontiers combien son mariage avec M. de Castellane lui avait apporté un nom, un statut social et une certaine élégance. Elle choisit de renforcer encore ce statut en devenant deux fois duchesse et en épousant le cousin germain de son ex-mari. Le 7 juillet 1910, l’ex comtesse Boniface de Castellane, épouse Hélie de Talleyrand-Périgord, futur duc de Talleyrand et de Sagan. Elle conserve d’ailleurs le Palais Rose et le Château du Marais. De cette seconde union naîtront deux enfants : Howard (1909-1929) et Violette (1915-2003). Le destin du premier sera tragique. Il se suicide à l’âge de vingt ans, après que ses parents aient refusé de consentir à son mariage. Les trois fils Castellane d’Anna Gould, Boniface, Georges et Jason, mourront eux aussi avant elle, en 1944, 1946 et 1956. Lorsqu’elle disparaît à son tour en 1961, elle est presque oubliée. Seules, sa fille et ses petites-filles, et quelques rares proches se souviennent encore de cette femme qui fut l’une plus célèbres du Monde à la Belle Epoque. Dans la plupart des ouvrages où elle est mentionnée c’est souvent d’une manière négative, ou au mieux, condescendante. Anna Gould reste donc à découvrir. Une chose est certaine, elle fut la femme, certes déçue, d’un grand amour, mais elle fut aussi une pionnière du féminisme. Une femme du XXème siècle prenait ses décisions toute seule. Lors de sa séparation avec son premier mari, elle répondit à des proches qui lui faisait remarquer qu’un divorce était impossible : « I don’t see why not ». *Elisabeth de Gramont par Francesco Rapazzini, éditions Fayard, 2004. Vincent MeylanAll historians of the Belle Époque period know Anna Gould’s name but no biography has ever been written about her. No letters, a few lines in memoirs, no accounts or so few. The best known is in the first volume of the memoirs of Elisabeth de Gramont, duchesse de Clermont Tonnerre (1875-1954), Le temps des équipages; she writes a few not really appreciative lines about Anna Gould, comtesse Boniface de Castellane, duchesse de Talleyrand et de Sagan: "I have always seen her as the imperious chieftain of an Iroquois tribe, her head decorated with tall eagle feathers. She was small, thin, her face completely eaten up by a large nose and two enormous black eyes, her skin sallow; her hair coiffed in airplane like wings made her seem shorter still." Madame de Clermont Tonnerre pursued her diatribe in Les marronniers en fleurs, the second volume of these memoirs. Reflecting on the reasons that led Anna Gould to ask to divorce her first husband, Boni de Castellane, the famous Belle Epoque dandy: "Women were all chasing him, could he endlessly evade tem? Rivals, if any, came and went without ever staying. As the daughter of an American businessman, her single serious grievance was the fear to see her fortune dwindle. This is what pierced her hard little American heart". And what if this was the case, one could retort today to Madame de Clermont Tonnerre. Anna Gould certainly needed a lot of courage and will to confront the condemnation of the society of her time and save not only her own fortune but also that of the three sons born from her marriage with the famous Boni. Madame de Clermont Tonnerre's criticism seems very partial when one considers her own marital destiny as told by Francesco Rappazini in a recent biography. Beaten by her husband and ruined, Elisabeth de Gramont was also tragically rejected by her oldest daughter, Béatrice, who took her parents to court and died prematurely from tuberculosis at 33.So, what is really known about Anna Gould? Her granddaughter Diane de Castellane to whom this diamond necklace belonged did not have bad memories of her. She stayed several times with her in New York and Lyndhurst, the gothic style manor built by the Gould family about thirty miles north of New York. The life of this "princess dollar" – as American heiresses were called at the beginning of the 20th century – demonstrates at least one thing: she had strong will and a real sense of independence.She was born on 5 June 1875 in New York, the second daughter of Jason Gould and his wife, Helen Miller. Her father built an enormous fortune in railways and from birth Anna was a sought after heiress. She was fourteen when her mother died in 1889 and seventeen when her father died from tuberculosis in 1892. Jason Gould, one of the world's richest men, left his six children, four boys and two girls a fortune of $72 million, a colossal sum at the time. His great rival in railways William Henry Vanderbilt (1821-1885) still ranked first with a fortune of $200 million.Unlike the Vanderbilts who enjoyed a lavish lifestyle, the Goulds were stricter. Educated in the Presbyterian tradition, for them money had to be profitable but also useful. Anna was cherished by her very protective older brother George and sister Helen. They still allowed her to travel to France in the spring of 1894. And this is where the young woman's fate was sealed when she met the Comte Boniface de Castellane. Handsome, elegant, of noble birth, he was the archetype of dowry hunters whom a wealthy American dynasty should distrust. The Goulds were weary indeed and George and Helen did everything they could to get their sister to abandon this marriage plan, including because the Comte de Castellane was a "papist".For the first time in her life, Anna showed the independence of spirit which would define her. She was madly in love with her handsome Frenchman and was intent on marrying him. The wedding took place in New York on 4 March 1895. The bride's magnificent corbeille de marriage (the traditional set of personal gifts to the bride) included a diamond string necklace offered by her sister Helen. Some stones from that necklace could well have been remounted by Cartier on the necklace sold today by Christie's. The bridegroom's family offered a four strand pearl necklace. The Comte Boniface chose a strand of enormous pearls and a set of diamond jewels by Boucheron. They were never paid for. The Boucheron archives kept a file entitled "Affaire de Castellane", in which it clearly appears that it was only after Anna Gould and Boniface de Castellane's divorce that the payments occurred. In fact Anna paid for them herself.Anna Gould and her first husband’s splendid lifestyle has often been described, with their château in Grignan, the château du Marais and of course the famous Palais Rose at the corner of avenue Foch and avenue Malakoff. The Gould millions were spent on the building of this town house which had neither the grace of an 18th century hôtel particulier nor the practical aspects of a modern residence. In fact the Palais Rose perfectly demonstrated the wish of some Belle Époque aristocrats to give meaning to their life. With none of the political power or influence of their ancestors they turned to lavish construction campaigns, frequently pastiches, that would often ruin their families.Madame de Clermont Tonnerre mentions Monsieur de Castellane's mistresses and adds they did not stay, with traditional indulgence for the husband. One of them however, Madame Schneider, wife of the famous owner of the Creusot mines and steel foundries, did remain. And the rumours of this lasting liaison could only reach Anna's ears. Sincerely in love with her husband with whom she had three sons, the young woman was jealous. It is certainly because her feelings had been almost publicly scorned that in January 1906 she filed for a divorce which was granted three months later. One can only add that her revenge was subtle. All readily underlined how much she had gained from her marriage with Monsieur de Castellane that had brought her a name, a position in society and a degree of elegance. She chose to reinforce this status by marrying her former husband's first cousin and becoming twice a duchess. On 7 July 1910 the former comtesse Boniface de Castellane married Hélie de Talleyrand Perigord, future duc de Talleyrand et de Sagan and kept the Palais Rose and the Château du Marais.Two children were born of this second marriage: Howard (1909-1929) and Violet (1915-2003). Her son died tragically, committing suicide at twenty, after his parents refused to consent to his marriage. Anna Gould's three Castellane sons: Boniface, Georges and Jason also died before her, in 1944, 1946 and 1956. When she died in 1961 she was almost forgotten. Only her daughter and granddaughters and a few friends remember one of most famous women of the Belle Époque. In most books she is referred to in a dismissive or condescending way. Anna Gould remains to be discovered; one thing is certain: she was the woman of one great love, even if it was unrequited and led todisillusionment, but she was also a forerunner of feminism; a 20th century woman who took her own decisions. When she divorced her first her husband, she replied to someone telling her that divorce was impossible: "I don't see why not". *Elisabeth de Gramont by Francesco Rapazzini, éditions Fayard, 2004. Vincent Meylan
COLLIER BELLE ÉPOQUE DIAMANTS, PAR CARTIER
Details
COLLIER BELLE ÉPOQUE DIAMANTS, PAR CARTIER
Le tour du cou serti de diamants taille ancienne en serti clos perlé en chute retenant en pampilles mobiles des motifs de forme poire ajourés et ornés de diamants coussins et ronds taille ancienne en serti clos perlé dans un entourage de diamants taille ancienne en serti perlé, vers 1900, 35 cm., poids brut: 92.28 gr., monture en platine (850) et or 14K (585), dans son écrin
Signé Cartier Paris
Le tour du cou serti de diamants taille ancienne en serti clos perlé en chute retenant en pampilles mobiles des motifs de forme poire ajourés et ornés de diamants coussins et ronds taille ancienne en serti clos perlé dans un entourage de diamants taille ancienne en serti perlé, vers 1900, 35 cm., poids brut: 92.28 gr., monture en platine (850) et or 14K (585), dans son écrin
Signé Cartier Paris
Provenance
Collection Boniface de Castellane et Anna Gould
Further details
A BELLE EPOQUE DIAMOND AND PLATINUM NECKLACE, BY CARTIER
Brought to you by
Fiona Braslau