DEBUSSY, Achille-Claude (1862-1918). Manuscrit musical autographe signé "A.Cl. Debussy", pour Hymnis. Comédie lyrique de Théodore de Banville, musique de Achille-Claude Debussy, partition pour piano et chant, adressé à "Mme. [Marie] Vasnier". [Circa 1882].
DEBUSSY, Achille-Claude (1862-1918). Manuscrit musical autographe signé "A.Cl. Debussy", pour Hymnis. Comédie lyrique de Théodore de Banville, musique de Achille-Claude Debussy, partition pour piano et chant, adressé à "Mme. [Marie] Vasnier". [Circa 1882].
DEBUSSY, Achille-Claude (1862-1918). Manuscrit musical autographe signé "A.Cl. Debussy", pour Hymnis. Comédie lyrique de Théodore de Banville, musique de Achille-Claude Debussy, partition pour piano et chant, adressé à "Mme. [Marie] Vasnier". [Circa 1882].
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DEBUSSY, Achille-Claude (1862-1918). Manuscrit musical autographe signé "A.Cl. Debussy", pour Hymnis. Comédie lyrique de Théodore de Banville, musique de Achille-Claude Debussy, partition pour piano et chant, adressé à "Mme. [Marie] Vasnier". [Circa 1882].
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DEBUSSY, Achille-Claude (1862-1918). Manuscrit musical autographe signé "A.Cl. Debussy", pour Hymnis. Comédie lyrique de Théodore de Banville, musique de Achille-Claude Debussy, partition pour piano et chant, adressé à "Mme. [Marie] Vasnier". [Circa 1882].

Details
DEBUSSY, Achille-Claude (1862-1918). Manuscrit musical autographe signé "A.Cl. Debussy", pour Hymnis. Comédie lyrique de Théodore de Banville, musique de Achille-Claude Debussy, partition pour piano et chant, adressé à "Mme. [Marie] Vasnier". [Circa 1882].

In-4 oblong (270 x 181 mm), titre, liste des personnages, et 29 pages autographes, sur 38 feuillets (simples ou doubles) à l'encre brune (une page d'esquisses au crayon) sur papier Lard-Esnault à 12 portées (originellement sur papier à 24 portées, coupé en deux). (Page de titre un peu salie, certains feuillets simples avec marques de déchirure en marge sans atteinte à la partition).
Provenance : Vente du 1er juin 1926, par Simon Kra, lot 38 ; par descendance aux propriétaires actuels.

Une redécouverte debussyste, non publiée et partiellement inconnue.
Conçue en 1867, cette comédie lyrique de Théodore de Banville devait être donnée en 1868 avec une musique de Jules Cressonnois. À la suite d’une série de malentendus, ce ne fut qu’à l’automne 1879, qu’eut lieu la première représentation d’Hymnis sur la scène du Théâtre lyrique. L’année suivante, l’éditeur Tresse publie pour la première fois le texte de Banville.
De la mise en musique par Debussy de cette comédie du poète parnassien, il subsistait jusqu’à présent deux manuscrits connus, l’un provenant des Strophes de la première scène ('Il dort encore, une main sur la lyre' - Collection Martin Bodmer), l’autre du début de la scène 7, l’Ode bachique ('À toi Lyaeos' - ancienne collection Toscanini, Sotheby's Londres, 26 mai 1983, lot 17, £14,000). Ce nouveau manuscrit, apparu pour la dernière fois lors d’une vente aux enchères de Simon Kra, le 1er juin 1926 (n° 38), n’a été décrit dans aucun des catalogues consacrés à Debussy. Il est noté très soigneusement à l’encre noire. S’il reprend avec des nouvelles variantes les Strophes de la scène 1 et l’Ode bachique, il comporte également de nouvelles séquences inconnues à ce jour, à savoir :
— Le duo d’Anacréon et d’Hymnis de la scène 1 ('Sous nos pas le ciel a mis'), pp. 7-8.
— La chanson d’Anacréon de la scène 2 ('Quand par un jour de soleil'), pp. 9-11, la fin de la quatrième strophe étant incomplète et la cinquième strophe manque.
— Le Trio final de la scène 7 ('Ah nous sommes bénis'), pp. 23-31.
Une comparaison des séquences communes avec les deux autres autographes connus montre qu’il s’agit d’une mise au net, soigneusement calligraphiée afin de l’offrir, telle une lettre d’amour, à Marie Vasnier.
Entre 1880 et 1882, au plus fort de sa liaison avec Marie Vasnier, Debussy mit en musique 12 poèmes de Banville et 3 pièces de théâtre, dont Hymnis. Théodore de Banville est, avec Paul Verlaine, le poète qui inspira le plus le compositeur. Sa première œuvre publiée sera Nuit d'étoiles, sur un texte de Banville, en 1882.
La plupart sinon toutes les mélodies sur des œuvres de Banville sont dédiées à madame Vasnier, soprano amateur et fille d’un professeur de musique, qui avait épousé à l’âge de dix-sept ans Henri Vasnier, greffier des bâtiments. (Séduit par son talent musical et son charme que le peintre Jacques-Émile Blanche a immortalisé dans un magnifique pastel réalisé en 1888, aujourd’hui conservé au Petit Palais).

Une lettre d’amour musicale à Marie Vasnier.
Debussy s’éprend passionnément de cette femme, de quatorze ans son aînée, au point d’entretenir avec elle une relation qui durera jusqu’en 1885. C’est à elle qu’il dédie ce manuscrit de Hymnis, œuvre vraisemblablement composée en 1882, alors qu’il voyage en l’Europe avec Nadejda von Meck. Il passe de longs mois avec sa protectrice en Russie ou encore en Italie. On ne sait que peu de choses sur la relation entre Claude Debussy et Marie Vasnier, mais ce morceau pourrait avoir été composé suite à une querelle ou quelques jalousies de la part de son amante ?
Plusieurs spécialistes considèrent que les mélodies écrites pour Marie Vasnier sont autant de billets d'amour qu'il lui adresse, Hymnis, peut-être plus que les autres. Ainsi Eileen Souffrin-Le Breton, plus tard reprise par François Lesure, s'interroge : "On peut se demander à propos d'Hymnis si Debussy n'avait pas des raisons intimes pour aimer la pièce. Comment (...) ne pas voir une analogie entre la situation où se trouvent les trois personnages d'Hymnis et celle de Debussy lui-même vis-à-vis du ménage Vasnier ? (...) Lorsque Hymnis chante :
"Il dort encore, une main sur la lyre ! / (...) / Charmeur divin, tandis que tu sommeilles / autour de toi voltigent les abeilles: / Le doux poëte est l'envoyé des Dieux".
comment ne pas imaginer Mme. Vasnier sous les traits (d'une) Hymnis (d'abord) protectrice (et) maternelle :
"Être fière de ton génie / T'environner comme un enfant / Qu'on encourage et qu'on défend".
(ou) brûlante (de) passion :
"Dans l'ardeur qui me déchire / Le coeur plein de toi, / Je t'offre, ô mon roi, / Ma fureur et mon délire"
(Et le compositeur, sous les traits d') Anacréon qui proclame :
"Hymnis ! ô moitié de moi-même / Chère Hymnis ! je t'aime"
(Pour finir par le duo) :
"Ah ! Nous sommes bénis...".
Edward Lockspeiser, confirmant l'hypothèse d'Eileen Souffrin, propose également une théorie : "C'est aussi dans Hymnis que Debussy trouve sa fameuse réponse au Secrétaire du Conservatoire. A la question de cet austère personnage (devant les improvisations du jeune musicien) : "Quelle règle suivez-vous ?" l'élève répond sans vergogne : "Mon plaisir !" Cette réponse, qui illustre l'esthétique des poètes parnassiens transférée à la musique, s'inspire de la scène de réconciliation dans la pièce de Banville :
A: Hymnis !
H: Le Plaisir est ma loi !
Il serait également intéressant de comprendre pourquoi Debussy a choisi de ne mettre en musique qu'une partie de la pièce de Banville et non son intégralité. Des trois manuscrits connus, celui que nous présentons ici compte plus de 15 pages inédites, et est le plus long et le plus complet (celui de la fondation Martin Bodmer compte 11 pages et celui anciennement dans la collection d'Arturo Toscanini, 16 pages, reprennent des fragments du présent manuscrit). Il semble donc peu probable que le musicien ait mis en musique les scènes III à VI, sans doute sans rapport avec le message d'amour qu'il souhaitait transmettre. La scène III montre un Anacréon/Debussy léger dans ses sentiments et les scènes suivantes, desquelles Hymnis est absente, présentent un dialogue entre Anacréon et Eros.
Littérature: Eileen Souffrin-Le Breton. Debussy, lecteur de Banville, in Revue de musicologie, tome 46, n°2, pp. 200-222. Société française de musicologie, 1960.
Eileen Souffrin-Le Breton. Théodore de Banville et la musique, in French Studies, vol. IX, pp. 238-245, 1955.
Edward Lockspeiser. Debussy, sa vie et sa pensée. Paris : Fayard, 1980, pp. 89-99.
François Lesure. Claude Debussy avant Pelléas ou les années symbolistes. Paris : Klincksieck, 1992, pp. 35-63.
Christie's remercie M. Denis Herlin pour son aide pour la description de ce lot.

DEBUSSY, Achille-Claude (1862-1918). Autograph music manuscript signed (‘A. Cl. Debussy’) for Hymnis. Comédie lyrique de Théodore de Banville, musique de Achille-Claude Debussy, partition pour piano et chant, inscribed to ‘Mme. [Marie] Vanier’, n.d. [c. 1882].

Oblong quarto (270 x 181 mm), title, dramatis personae and 29 pages, scored for piano and voice, in brown ink (one page of sketches in pencil) on 12-stave paper by Lard-Esnault (originally a 24-stave page cut in half). (Title page slightly soiled, some singletons with tear marks to margins). Unbound.
Provenance: Auction by Simon Kra, Paris, 1 June 1926, lot 38; thence by descent to the present owner.

A Debussy rediscovery, unpublished and comprising substantially unknown music.
Théodore de Banville’s comédie lyrique Hymnis was written in 1867 and intended to be performed in the following year with music by Jules Cressonnois, although owing to a series of misunderstandings it was not to be performed until the autumn of 1879, at the Théâtre Lyrique; it was published for the first time a year later by Tresse.
Until now, the musical setting of the work by Debussy was known from only two sources, one for the Strophes of the first scene (‘Il dort encore, une main sur la lyre’ in the Martin Bodmer collection), the other from the beginning of scene 7, the Ode bachique (‘À toi Lyaeos’, formerly in the Toscanini Collection, sold at Sotheby's, 26 May 1983, lot 17, £14,000). The present manuscript, untraced since it was sold at auction on 1 June 1926, has never been described in any of the catalogues devoted to Debussy. It is meticulously notated in brown ink and comprises, with new variants, the Strophes of scene 1 and the Ode Bachique, whilst also including three previously unknown sections:
- The duo for Anacreon and Hymnis in scene 1 (‘Sous nos pas le ciel a mis’), pp. 7-8.
- The song of Anacreon in scene 2 (‘Quand par un jour de soleil’), pp. 9-11, lacking the end of the fourth stanza and the fifth stanza.
- The final trio of scene 7 (‘Ah! nous sommes bénis‘), pp. 23-31.
It is clear from a comparison of the shared sequences with the two other known autographs that the present manuscript is a calligraphic fair copy, intended to be offered, as a sort of musical love letter, to Marie Vasnier.
Between 1880 and 1882, at the height of his affair with Marie Vasnier, Debussy set to music 12 poems by de Banville and 3 plays, including Hymnis. Théodore de Banville is, with Paul Verlaine, the poet who most inspired the composer: indeed, Debussy’s first published work, in 1882, was a setting of de Banville’s Nuit d'étoiles. Most – if not all – of Debussy’s de Banville settings are dedicated to Marie Vasnier: an amateur soprano, the daughter of a music teacher, she had married Henri Vasnier, a clerk of works, at the age of seventeen. Her musical talent and charm are preserved in a beautiful pastel made in 1888 by Jacques-Émile Blanche, now in the Petit Palais, Paris.

A musical love letter to Marie Vasnier.
Claude Debussy was to carry on a passionate love affair with Marie Vasnier, fourteen years his elder, until 1885. It was to her that he dedicated this manuscript of Hymnis, likely composed in 1882 during a tour of Russia and Italy with his patron Nadejda von Meck. Very little is known about the details of their relationship, but the setting may have been composed following a quarrel or outburst of jealousy.
Several scholars have described the music written for Marie Vasnier as musical love letters — Hymnis, perhaps, more than others. According to Eileen Souffrin-Le Breton (cited by François Lesure): ‘We can wonder in relation to Hymnis whether Debussy did not have personal reasons for loving the play... How (...) can one fail to see an analogy between the situation of the three characters of Hymnis and Debussy's own in relation to the Vasnier household? (...) When Hymnis sings
Il dort encore, une main sur la lyre ! (...) / Charmeur divin, tandis que tu sommeilles / autour de toi voltigent les abeilles / Le doux poëte est l'envoyé des Dieux.
How can one fail to imagine Mme Vasnier in the guise of the (initially) protective and maternal Hymnis:
Être fière de ton nie / T'environner comme un enfant / Qu'on encourage et qu'on défend.
or burning with passion:
Dans l'ardeur qui me déchire / Le coeur plein de toi, / Je t'offre, ô mon roi, / Ma fureur et mon délire
and the composer, as the personification of Anacreon, proclaiming
Hymnis ! ô moitié de moi-même / Chère Hymnis ! je t'aime
and concluding with the duo:
Ah ! Nous sommes bénis ...’.
Edward Lockspeiser, supporting Eileen Souffrin’s hypothesis, also proposes a theory: ‘It is also in Hymnis that Debussy found his famous response to the secretary of the Conservatoire: to the question of this austere figure, on hearing an improvisation by the young composer, “What rule do you follow?”, Debussy shamelessly replied “My pleasure!”. This answer, illustrating the translation to music of the aesthetics of the Parnassian poets, is inspired by the scene of reconciliation in de Banville’s play:
“A : Hymnis !
H : Le Plaisir est ma loi !
It is interesting to speculate why Debussy chose to set only part of de Banville's work to music and not its entirety. Of the three surviving sources, the present manuscript has more than 15 pages of unknown music, and is the longest and most complete: both the Bodmer manuscript (11 pages) and the Toscanini manuscript (16 pages), comprise scenes already present in this manuscript. It seems therefore unlikely that Debussy set scenes III to VI to music, perhaps because they were unrelated to the emotional message he wished to convey: scene III depicts an Anacreon/Debussy who is superficial in his feelings, and the following scenes, from which Hymnis is absent, present a dialogue between Anacreon and Eros.

Literature:
Eileen Souffrin-Le Breton. ‘Debussy, lecteur de Banville’, Revue de musicologie, vol. 46, n° 2, pp. 200-222. Société française de musicologie, 1960.
Eileen Souffrin-Le Breton. ‘Théodore de Banville et la musique, French Studies, vol. IX, pp. 238-245, 1955.
Edward Lockspeiser. Debussy, sa vie et sa pensée. Paris: Fayard, 1980, pp. 89-99.
François Lesure. Claude Debussy avant Pelléas ou les années symbolistes. Paris: Klincksieck, 1992, pp. 35-63.
Christie’s is grateful to Denis Herlin for his help and advice on the present lot.

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Adrien Legendre
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