Lot Essay
Suzanne Talbot acquiert le fauteuil 'aux dragons' directement auprès d'Eileen Gray. Elle sera la première à lui commander un aménagement intérieur complet. Le caractère exotique et symbolique du siège le situe dans la première phase de création de l'artiste, si personnelle et intimiste, emprunte de poésie et d'un certain mystère. Il s'apparente à l'esprit des panneaux décoratifs et paravents, qu'elle expose pour la première fois publiquement en 1913 et de celui des oeuvres publiées dans le premier article personnel que la parution anglaise de Vogue lui consacre en 1917. Il est à rapprocher de l'enfilade en laque (lot 243), réalisée vers 1915-1917, dont le décor des poignées de tirage et des chapiteaux des pieds sont de la même inspiration asiatique, contrastant avec les paravents 'brique' et les boiseries laquées à décor géométrique qu'Eileen Gray réalise pour l'appartement rue de Lota, vers 1920-1922.
Génie de la force et de la bonté, de la protection et de la vigilance dans la culture chinoise, le dragon, tel qu'il est 'mis en scène' dans notre siège, en évoque une représentation courante en Chine. Il est souvent illustré jouant avec la "perle" (zhu) symbole de puissance et de gloire, associée à la lune, au roulement du tonnerre, à l'oeuf, au joyau de l'omnipotence ou à la "perle qui brille dans la nuit" selon les interprétations. La forme enveloppante du fauteuil lui-même, le dessin arrondi de l'assise ainsi que le traitement capitonné du dossier tout comme le tissu d'origine clair, laissent à imaginer une transposition de cette représentation traditionnelle, par l'évocation d'une perle dans son coquillage. Les nuages stylisés qui ornent les corps des deux dragons sculptés semblent de la même manière faire référence aux nuages stylisés, accompagnés de flammes, qui figurent toujours autour des dragons dans la tradition chinoise. Enfin symbole positif, le dragon apparaît souriant dans certaines illustrations chinoises à l'image de ceux qui composent la structure du fauteuil. Il constitue une pièce maîtresse dans l'oeuvre d'Eileen Gray de par son inventivité et sa qualité d'exécution, marquant la première phase de son évolution artistique
Génie de la force et de la bonté, de la protection et de la vigilance dans la culture chinoise, le dragon, tel qu'il est 'mis en scène' dans notre siège, en évoque une représentation courante en Chine. Il est souvent illustré jouant avec la "perle" (zhu) symbole de puissance et de gloire, associée à la lune, au roulement du tonnerre, à l'oeuf, au joyau de l'omnipotence ou à la "perle qui brille dans la nuit" selon les interprétations. La forme enveloppante du fauteuil lui-même, le dessin arrondi de l'assise ainsi que le traitement capitonné du dossier tout comme le tissu d'origine clair, laissent à imaginer une transposition de cette représentation traditionnelle, par l'évocation d'une perle dans son coquillage. Les nuages stylisés qui ornent les corps des deux dragons sculptés semblent de la même manière faire référence aux nuages stylisés, accompagnés de flammes, qui figurent toujours autour des dragons dans la tradition chinoise. Enfin symbole positif, le dragon apparaît souriant dans certaines illustrations chinoises à l'image de ceux qui composent la structure du fauteuil. Il constitue une pièce maîtresse dans l'oeuvre d'Eileen Gray de par son inventivité et sa qualité d'exécution, marquant la première phase de son évolution artistique