GIOVANNI DOMENICO TIEPOLO (VENISE 1727-1804)
GIOVANNI DOMENICO TIEPOLO (VENISE 1727-1804)
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Ce lot a été consigné en partenariat avec la maison de ventes Marambat-Malafosse à Toulouse.
GIOVANNI DOMENICO TIEPOLO (VENISE 1727-1804)

Saint Jean Gualbert

Details
GIOVANNI DOMENICO TIEPOLO (VENISE 1727-1804)
Saint Jean Gualbert
huile sur toile, sur sa toile et son châssis d'origine
63,4 x 42,2 cm (25 x 16 1⁄2 in.)
Provenance
Collection particulière, région toulousaine, France.
Further details
GIOVANNI DOMENICO TIEPOLO, SAINT JOHN GUALBERTO, OIL ON CANVAS, UNLINED, ON ITS ORIGINAL STRETCHER

This new addition to the oeuvre of Giandomenico Tiepolo (1727-1804) is a rare discovery. It depicts Saint John Gualberto, founder of the Vallombrosian Order. Son of a rich Florentine family, John’s life changed dramatically the day he pardoned his brother’s assassin, inspired by the Passion of Christ. This act of mercy led to him taking the habit of the Benedictines and entering the monastery of San Miniato al Monte. Here he was shocked by the simony of the Bishop of Florence, whom he denounced before retiring from the community to lead an austere, hermetic existence. In 1015 he moved alone to the monastery of Vallombrosa, where he later became Prevost and subsequently Abbot, having welcomed to his community many of the monks from San Miniato. The confraternity at Vallombrosa was founded on the rule of Saint Benedict, as well as the teachings of the early fathers of the Church; these insisted on the idea of charity and a communal way of life, and thus the Vallombrosian came into existence.

Tiepolo’s painting makes reference to two miraculous events in the life of the saint. Most obviously, the cross that he is holding alludes to his first vision. Whilst praying before the great crucifix of San Miniato having just pardoned his brother’s killer, the head of Christ bowed to him as a sign of absolution for his sins. In the present picture, the head of the crucifix is slightly turned towards the saint, echoing this miracle. More subtly, the stonework behind the saint is probably a reference to the story of the monastery that saint John judged too opulent and then crumbled at his word.

A worthy successor to his father and teacher, Giambattista Tiepolo (1696-1770), the remarkable condition of the present painting allows us to admire Giandomenico’s glowing colours and rich brushwork. Father and son worked together in the Tiepolo studio, along with Giandomenico’s brother, Lorenzo (1736-1776), a specialist in pastels. Because of the collaborative nature of their work, in both paintings and frescoes, the talent of the sons was, for a long time, overlooked.
It was only in 1971, with the publication of Andriano Mariuz’s (1938-2003) catalogue raisonné, that Giandomenico’s oeuvre finally received the attention it deserved. This study allowed us to understand that patrons turned most often to Giandomenico when they desired a small scale work for private devotion. Many such paintings of half-length saints by his hand are known to us today, such as the Saint Louis Gonzaga in the Pinacoteca di Brera, Milan, Saint Joseph et l’enfant Jésus in the Museo Civico, Padua and Saint Dominique held in the Museo Civico in Udine.

In these paintings, as in ours, Giandomenico’s fascination with daily life is clear; it is these little details, anecdotal and touching, that render his religious subjects so human. In Saint John, it is above all the saint’s smile, with the slight gap in the front teeth, his wrinkles, executed in swift black brush strokes, and his ruddy hands that give the figure his humanity. This is a person who has known poverty, hard work and suffering, but has been transformed firstly by god’s grace and then by the painter’s brush into a radiant image. Giandomenico’s sensibility for the poignant aspects of the human condition resonates throughout his oeuvre. Although it is present in the work of his father, it is only in the son’s paintings that it is given centre stage.

There exists different versions of the present painting, with some minor differences. One is currently in the collection of the Rollins Art Museum, Florida (inv. 1961.04), and another ‘attributed to Giandomenico Tiepolo’ was recently brought to the market in Paris (sale Drouot Estimations, hôtel Drouot, Paris, 16 April 2022). It is probable that the version from the Rollins Museum once belonged to the collection of Martin von Wagner Museum in Würzburg, and which was published in Adriano Mariuz’s catalogue in 1971 (A. Mariuz, Giandomenico Tiepolo, Venice, 1971, p. 152). There, he dated the picture to the 1750’s, period when the Tiepolo family worked in Würzburg.

A preparatory sketch for the hands and the crucifix has been identified by the historian Giorgio Vigni in the collection of the Correr museum in Venice (inv. Cl. III, n. 7084) (A. Mariuz, op. cit., p. 152). The features of the model for Saint John Gualberto must have pleased the artist, because he can be found again in a painting of the same format in the Ambrosiana in Milan, there in the guise of a bishop saint.

We would like to thank Adelheid M. Gealt for her help in the writing of this catalogue entry.

Brought to you by

Pierre Etienne
Pierre Etienne International Director, Deputy Chairman, Old Master Paintings

Lot Essay

Cette découverte est une très belle addition à l’œuvre de Giandomenico Tiepolo (1727-1804). Elle représente saint Jean Gualbert, fondateur de la congrégation des Vallombrosains. Fils d’une riche famille florentine, la vie de Jean change le jour où il pardonne à l’assassin de son frère en méditant sur la Passion du Christ. Il entre alors au monastère de San Miniato al Monte où il prend l'habit bénédictin, profondément transformé par son acte de rémission. Jean y est toutefois choqué par la simonie de l’évêque de Florence et la dénonce, avant de se retirer pour mener une vie plus austère d’ermite. En 1015, il se retire sans cléricature à Vallombreuse. Il y prend la direction de la communauté comme prévôt, puis comme abbé, après avoir accueilli de nombreux moines de San Miniato. La confrérie à Vallombreuse se fonde ainsi sur la règle de saint Benoit, tout en s’inspirant des enseignements des anciens Pères, et insiste sur la charité et la vie commune.

Le tableau de Tiepolo retranscrit deux évènements miraculeux de la vie du saint. Dans un premier temps, la croix qu’il tient se réfère à la vision qu’il reçoit en priant devant le grand crucifix de San Miniato – il vient tout juste de pardonner au bourreau de son frère, et la tête du Christ s’incline en signe d’absolution. Dans notre tableau, la tête du crucifix se tourne légèrement vers le saint, faisant écho à ce miracle. Plus subtilement, la maçonnerie derrière le saint renvoie probablement à l’histoire du monastère jugé trop luxueux par le saint, et qui s’effondra sur son ordre.

La remarquable conservation de ce tableau nous laisse admirer la luminosité subtile du coloris de Giandomenico, digne héritier de son père et maître, Giambattista Tiepolo (1696-1770). Dans l’atelier, fils et père œuvraient ensemble, en compagnie du frère de Giandomenico, Lorenzo (1736-1776), qui s’était pour sa part spécialisé dans la technique du pastel. Du fait de cette collaboration, aussi bien pour les tableaux que pour les fresques, le talent des fils resta longtemps dans l’obscurité.
Ce n’est qu’en 1971, avec le catalogue d’Adriano Mariuz (1938-2003) que l’œuvre de Giandomenico reçoit l’attention qu’elle méritait. Cet ouvrage nous apprend que les mécènes recherchaient particulièrement les œuvres de Giandomenico lorsqu’il s’agissait des tableaux de petit format voués à la dévotion privée. On connait aujourd’hui de sa main plusieurs tableaux qui représentent des saints à mi-corps, à l’exemple du Saint Louis de Gonzague conservé à la Pinacoteca di Brera à Milan, du Saint Joseph et l’Enfant Jésus du Museo Civico de Padoue et du Saint Dominique conservé au Museo Civico d’Udine.
Dans ces tableaux de dévotion, tout comme dans le nôtre, la fascination de Giandomenico pour la vie quotidienne est apparente ; ce sont ces petits détails touchants voire anecdotiques qui rendent les sujets religieux si humains. Ici ce sont surtout le sourire de saint Jean, avec deux dents légèrement écartées, ses rides, exécutées avec de vifs coups de pinceau, et ses mains rougeaudes, qui donnent toute son humanité à la figure du saint. Cette personne connait la pauvreté, le travail dur, la souffrance, mais elle est transformée en image radieuse, d’abord par la grâce de Dieu, puis par le talent du peintre. La sensibilité de Giandomenico pour les aspects poignants de la condition humaine résonne dans tout son œuvre. Bien qu’également présente dans les œuvres du père, ce n’est que dans les tableaux du fils qu’une place centrale leur est accordée.

Il existe différentes versions de cette composition, l’une se trouve au musée Rollins en Floride (inv. 1961.04), et une autre, seulement 'attribuée à Giandomenico' est récemment apparue sur le marché parisien (vente Drouot Estimations, hôtel Drouot, Paris, 16 avril 2022). Il est probable que la version du musée Rollins soit celle ayant figuré dans les collections du musée Martin von Wagner, à Würzburg, et qui avait été publiée dans le catalogue d’Adriano Mariuz en 1971 (A. Mariuz, Giandomenico Tiepolo, Venise, 1971, p. 152). Il la datait du début des années cinquante, période durant laquelle les Tiepolo travaillaient dans cette ville.

Un dessin préparatoire des mains et du crucifix a été identifié par l’historien Giorgio Vigni parmi la collection du musée Correr à Venise (inv. Cl. III, n. 7084) (A. Mariuz, op. cit., p. 152). Les traits du modèle de saint Jean Gualbert ont dû plaire à l’artiste puisqu’on les retrouve dans un tableau du même format conservé à l’Ambrosiana à Milan, représentant un évêque.

Nous remercions Adelheid M. Gealt de son aide apportée à la rédaction de cette notice.

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