Lot Essay
Bien qu'elle ne porte aucune date et que nous ne possédions aucun renseignement la concernant, il est néanmoins possible de dater approximativement cette toile puisque la toilette de la jeune femme correspond aux robes de bal que portaient les dames de la bonne société entre 1879 et 1885. Ainsi, par exemple, le modèle féminin de Retour de Bal présenté par Gervex au Salon de 1879 porte une robe de soirée tout à fait similaire, voire peut-être, la même robe. Il est également possible de dater la toile par certains élèments du décor, et du mobilier qui se trouve être le propre ameublement de l'artiste. Dans une photographie d'archives montrant le peintre dans son intérieur en 1880 on retrouve le secrétaire surmonté d'une vitrine devant lequel évoluent les deux personnages. Le fauteuil capitonné sur lequel est jeté le linge ressemble à celui que l'on retrouve dans Rolla en 1878. Si dans le tableau du Musée de Bordeaux , le dossier est plus haut, le tissu qui recouvre ce fauteuil semble le même. Le siège est, par contre, représenté à l'identique dans Nana réalisé dans les mêmes années.
Le sujet de cette oeuvre n'est pourtant pas très clair et pourrait être lu de deux manières, comme c'est souvent le cas chez Gervex. On peut d'abord y voir comme nous venons de le suggérer une jeune femme à la mode achevant de se préparer à aller au bal. La table de toilette en désordre avec sa boîte à poudre ouverte et le postiche de cheveux roux dévoile les secrets de ses apprêts. Au premier plan, sur le fauteuil, au milieu du linge, est jetée sa sortie de bal, très froufroutante selon la mode de l'époque. Et pour bien montrer qu'elle ne la déshabille pas alors qu'elle rentre mais que sa maîtresse s'apprète à sortir, la camériste est accroupie et achève les dernières retouches de la longue traîne de sa robe. Notons que sa présence est loin d'être anodine et même chargée de sens pour l'époque. Le fait que la camériste, effacée, assez âgée et de mise simple porte un chapeau signifie qu'elle va être le chaperon qui accompagnera sa maîtresse, ce qui range d'emblée celle-ci dans le rang des jeunes femmes de la bonne société. Pourtant, toujours selon la lecture que pouvaient en faire les contemporains, cette dame en chapeau pourrait aussi être la mère de la jeune femme. Sa toilette beaucoup plus modeste et son attitude en feraient une de ces petites bourgeoises souvent peintes par Forain qui saffairent à parer leur fille bien partie sur le chemin de la galanterie. Néanmoins, cette version ne résiste pas à une analyse approfondie. En effet, la jeune femme qui se regarde dans le miroir est trop distinguée, sa robe trop somptueuse et l'intérieur dans lequel elle évolue trop riche et trop élégant pour que cette jeune coquette puisse, à l'époque, ne pas avoir de domestique. La lecture la plus évidente est que la dame en chapeau est la bonne, et le tableau représente donc une jeune femme de la bonne société achevant de se préparer à aller au bal, escortée par sa gouvernante. Une seconde lecture est néanmoins tout aussi séduisante : il pourrait aussi s'agir d'une élégante essayant une nouvelle toilette. On remarque en effet que malgré la richesse de son costume, la jeune femme est dépourvue de bijoux. Elle ne porte aucun bracelet et même pas une bague, ce qui est assez exceptionnel, et sa table de toilette est vide d'accessoires un peu riches. Ce fait est assez étonnant pour une femme de la bonne société s'apprètant à se rendre à une grande soirée comme en témoigne sa robe et se livrant à ses ultimes préparatifs. De plus, si on peut reconnaître dans le linge jeté sur le fauteuil une sortie de bal au milieu d'une chemise et d'un jupon, on peut aussi considérer qu'il s'agit d'un déshabillé ou d'une robe d'intérieur que la jeune femme aurait ôté pour enfiler sa nouvelle toilette. La dame en chapeau serait dans ce cas-là la couturière venue livrer son travail et exécutant quelques retouches. Un élèment du tableau vient confirmer cette version : la coiffure de la jeune rousse. Son chignon, quoique parfaitement lissé et impeccable, est très sobre et très strict, plus conforme à accompagner une tenue de jour qu'une toilette de gala et d'ailleurs, le postiche qui est jeté sur la coiffeuse confirme bien que pour aller au bal, la jeune élégante aurait choisi une coiffure plus sophistiquée.
Entre ces deux lectures du tableau, il est bien difficile de trancher. Mais qu'il s'agisse des derniers apprêts avant le bal ou de l'essayage d'une toilette - ce qui n'exclut pas un mélange des deux - l'oeuvre montre la parfaite connaissance qu'a Gervex, de l'univers féminin à la mode et de ses charmantes coquetteries, ce qui est là le véritable sujet du tableau.
Cette oeuvre date d'une période charnière de la carrière de Gervex. Grâce à la célébrité que lui a apportée le scandale de Rolla, refusé à grand fracas par le jury du Salon de 1878 pour 'immoralité', le jeune maître a maintenant ses entrées dans les meilleurs salons parisiens. S'il est connu de tous comme l'un des amants en titre de la célèbre et sulfureuse courtisane Louise Valtesse de La Bigne, dont Zola fait l'un des modèles de Nana, Gervex a tendance alors à s'assagir un peu afin de ne pas trop nuire à sa nouvelle fortune mondaine. Il s'attache alors à séduire également le public élégant en représentant sur un mode réaliste des évènements de la mondanité parisienne. Il n'est peut-être pas anodin que sa robe porte des roses sans doute artificielles et que sa chevelure postiche soit clairement mise en évidence au milieu des fards de bon aloi qui encombrent sa coiffeuse -on remarque d'ailleurs un flacon d''eau de toilette Impiriale', sans doute un clin d'oeil bonapartiste de Gervex . Peut-être faut-il y lire un message adressé par l'artiste souvent gouailleur au spectateur : si la femme est jolie c'est qu'elle utilise des artifices. Il serait très tentant de voir également dans cette jeune élégante Louise Valtesse de la Bigne, la fameuse maîtresse de Gervex et le modèle de Nana. Amant éconduit, il aurait ainsi voulu révéler un secret : la somptueuse chevelure rousse, célèbre dans tout Paris de la blonde Valtesse serait fausse ! Pourtant, rien ne permet d'affirmer que le modèle de Gervex est bien Valtesse. La courtisane était beaucoup plus sulfureuse et moins sage que la grande bourgeoise élégante de notre tableau. De plus, Louise Delabigne, devenue comtesse de La Bigne par la grâce de l'alcôve était petite et ronde et notre jeune femme semble beaucoup plus élancée et mince que le modèle de Nana. Ses bras très fins, presque maigres selon les canons de l'époque,et très aristocratiques sont plutôt ceux de l'un des modèles professionnels de Gervex, modèles professionnels de Gervex, modèle qui figure dans plusieurs autres tableaux de l'artiste jusque dans les années 1890.
Dernières retouches avant le bal ne représente donc pas Nana. Son sujet n'est pas le demi-monde mais plutôt la féminité raffinée et l'élégance du 'Tout Paris' dans lequel le jeune Gervex venait de faire son entrée.
Cette oeuvre figurera dans le catalogue raisonné de Gervex actuellement en préparation par Jean-Christophe Pralong-Gourvennec sous le titre : Dernières retouches avant le bal.
Nous remercions Monsieur Jean-Christophe Pralong-Gouvennec qui a rédigé cette notice.
Le sujet de cette oeuvre n'est pourtant pas très clair et pourrait être lu de deux manières, comme c'est souvent le cas chez Gervex. On peut d'abord y voir comme nous venons de le suggérer une jeune femme à la mode achevant de se préparer à aller au bal. La table de toilette en désordre avec sa boîte à poudre ouverte et le postiche de cheveux roux dévoile les secrets de ses apprêts. Au premier plan, sur le fauteuil, au milieu du linge, est jetée sa sortie de bal, très froufroutante selon la mode de l'époque. Et pour bien montrer qu'elle ne la déshabille pas alors qu'elle rentre mais que sa maîtresse s'apprète à sortir, la camériste est accroupie et achève les dernières retouches de la longue traîne de sa robe. Notons que sa présence est loin d'être anodine et même chargée de sens pour l'époque. Le fait que la camériste, effacée, assez âgée et de mise simple porte un chapeau signifie qu'elle va être le chaperon qui accompagnera sa maîtresse, ce qui range d'emblée celle-ci dans le rang des jeunes femmes de la bonne société. Pourtant, toujours selon la lecture que pouvaient en faire les contemporains, cette dame en chapeau pourrait aussi être la mère de la jeune femme. Sa toilette beaucoup plus modeste et son attitude en feraient une de ces petites bourgeoises souvent peintes par Forain qui saffairent à parer leur fille bien partie sur le chemin de la galanterie. Néanmoins, cette version ne résiste pas à une analyse approfondie. En effet, la jeune femme qui se regarde dans le miroir est trop distinguée, sa robe trop somptueuse et l'intérieur dans lequel elle évolue trop riche et trop élégant pour que cette jeune coquette puisse, à l'époque, ne pas avoir de domestique. La lecture la plus évidente est que la dame en chapeau est la bonne, et le tableau représente donc une jeune femme de la bonne société achevant de se préparer à aller au bal, escortée par sa gouvernante. Une seconde lecture est néanmoins tout aussi séduisante : il pourrait aussi s'agir d'une élégante essayant une nouvelle toilette. On remarque en effet que malgré la richesse de son costume, la jeune femme est dépourvue de bijoux. Elle ne porte aucun bracelet et même pas une bague, ce qui est assez exceptionnel, et sa table de toilette est vide d'accessoires un peu riches. Ce fait est assez étonnant pour une femme de la bonne société s'apprètant à se rendre à une grande soirée comme en témoigne sa robe et se livrant à ses ultimes préparatifs. De plus, si on peut reconnaître dans le linge jeté sur le fauteuil une sortie de bal au milieu d'une chemise et d'un jupon, on peut aussi considérer qu'il s'agit d'un déshabillé ou d'une robe d'intérieur que la jeune femme aurait ôté pour enfiler sa nouvelle toilette. La dame en chapeau serait dans ce cas-là la couturière venue livrer son travail et exécutant quelques retouches. Un élèment du tableau vient confirmer cette version : la coiffure de la jeune rousse. Son chignon, quoique parfaitement lissé et impeccable, est très sobre et très strict, plus conforme à accompagner une tenue de jour qu'une toilette de gala et d'ailleurs, le postiche qui est jeté sur la coiffeuse confirme bien que pour aller au bal, la jeune élégante aurait choisi une coiffure plus sophistiquée.
Entre ces deux lectures du tableau, il est bien difficile de trancher. Mais qu'il s'agisse des derniers apprêts avant le bal ou de l'essayage d'une toilette - ce qui n'exclut pas un mélange des deux - l'oeuvre montre la parfaite connaissance qu'a Gervex, de l'univers féminin à la mode et de ses charmantes coquetteries, ce qui est là le véritable sujet du tableau.
Cette oeuvre date d'une période charnière de la carrière de Gervex. Grâce à la célébrité que lui a apportée le scandale de Rolla, refusé à grand fracas par le jury du Salon de 1878 pour 'immoralité', le jeune maître a maintenant ses entrées dans les meilleurs salons parisiens. S'il est connu de tous comme l'un des amants en titre de la célèbre et sulfureuse courtisane Louise Valtesse de La Bigne, dont Zola fait l'un des modèles de Nana, Gervex a tendance alors à s'assagir un peu afin de ne pas trop nuire à sa nouvelle fortune mondaine. Il s'attache alors à séduire également le public élégant en représentant sur un mode réaliste des évènements de la mondanité parisienne. Il n'est peut-être pas anodin que sa robe porte des roses sans doute artificielles et que sa chevelure postiche soit clairement mise en évidence au milieu des fards de bon aloi qui encombrent sa coiffeuse -on remarque d'ailleurs un flacon d''eau de toilette Impiriale', sans doute un clin d'oeil bonapartiste de Gervex . Peut-être faut-il y lire un message adressé par l'artiste souvent gouailleur au spectateur : si la femme est jolie c'est qu'elle utilise des artifices. Il serait très tentant de voir également dans cette jeune élégante Louise Valtesse de la Bigne, la fameuse maîtresse de Gervex et le modèle de Nana. Amant éconduit, il aurait ainsi voulu révéler un secret : la somptueuse chevelure rousse, célèbre dans tout Paris de la blonde Valtesse serait fausse ! Pourtant, rien ne permet d'affirmer que le modèle de Gervex est bien Valtesse. La courtisane était beaucoup plus sulfureuse et moins sage que la grande bourgeoise élégante de notre tableau. De plus, Louise Delabigne, devenue comtesse de La Bigne par la grâce de l'alcôve était petite et ronde et notre jeune femme semble beaucoup plus élancée et mince que le modèle de Nana. Ses bras très fins, presque maigres selon les canons de l'époque,et très aristocratiques sont plutôt ceux de l'un des modèles professionnels de Gervex, modèles professionnels de Gervex, modèle qui figure dans plusieurs autres tableaux de l'artiste jusque dans les années 1890.
Dernières retouches avant le bal ne représente donc pas Nana. Son sujet n'est pas le demi-monde mais plutôt la féminité raffinée et l'élégance du 'Tout Paris' dans lequel le jeune Gervex venait de faire son entrée.
Cette oeuvre figurera dans le catalogue raisonné de Gervex actuellement en préparation par Jean-Christophe Pralong-Gourvennec sous le titre : Dernières retouches avant le bal.
Nous remercions Monsieur Jean-Christophe Pralong-Gouvennec qui a rédigé cette notice.