Lot Essay
Formé à l’école des Beaux-Arts de Nancy dans la section architecture et décoration, Jacques Majorelle quitte rapidement sa ville natale pour rejoindre Paris et l’Académie Julian et expose au Salon de la société des artistes français pour la première fois en 1908. Grand voyageur, Majorelle part rapidement à la découverte de nouveaux horizons qui guideront sa peinture : l’Égypte dans les années 1910 puis le Maroc où il s’installa définitivement en 1923, dans sa villa de Marrakech.
Le début des années 1930 est marqué par l’introduction de rehauts d'or (et parfois d'argent) sur la gouache, comme en témoigne le portrait présenté ici. D'abord utilisés sur papier noir avec un but purement décoratif, ceux-ci vont très vite acquérir un rôle primordial, comme en témoigne Robert Boutet : ‘A la base de ce nouveau procédé se trouve l'emploi des métaux or et argent qui donnaient aux premières œuvres une apparence décorative rappelant parfois les précieux travaux de l'art persan […]. À force d'étude et de persévérance, Majorelle est parvenu au but qu'il recherchait. Il a dépouillé les métaux de l'influence décorative qu'ils apportaient fatalement dans l'œuvre et il a réussi ce véritable miracle de leur faire jouer, dans l'ensemble, le rôle de couleurs’ (‘Les Kasbahs de l'Atlas peintes par Majorelle’, La Vigie Marocaine, avril 1929). Dans le même temps, Majorelle s’éprend de ces ‘beautés noires’, sujet qui l’occupera jusqu’à la fin de sa vie : ‘leurs merveilleux corps nus emplissent toutes ces compositions. Chaque nouveau tableau est prétexte pour les peindre dans des attitudes différentes’ (F. Marcilhac, La Vie et l’œuvre de Jacques Majorelle, Paris, 1988, p. 168).
Femme de Pita portraiturée ici (fig.) au cours de 1947 à Kissidougou en Guinée française peut être comparée, stylistiquement, à d’autres portraits dessinés de femmes à l’attitude noble et hiératique, dont Fatima, portraiturée à Marrakech vers 1934 (Collection Guy Senouf ; op. cit., 1988, p. 171) et à une femme noire allongée dans une pose plus lascive, intitulée Le Pagne rose, daté 1952. Cette dernière est représentée sur un fond abstrait coloré grâce à de larges touches de couleurs vives à l’image du présent dessin (collection particulière ; op. cit., 1999-2000, p. 189). Majorelle apprécie beaucoup ce séjour en Afrique noire et relate son expérience dans une lettre adressée à ses cousins le 17 janvier 1948 : ‘Ma peinture n’est pas une petite affaire dans cette Guinée où la lumière est un piège. Mais que c’est beau… Les soirs de Guinée sont de magiques féeries. Le pays m’emballe littéralement. On s’ingénie à me faciliter la tâche, à me trouver des modèles, à me camionner d’un point à un autre ou à m’emmener à la chasse la nuit. Je me suis mis au travail ici à Kissidougou, où j’ai trouvé les premiers éléments que je cherchais’ (op. cit., 1999-2000, p. 177).
Cet émouvant portrait, resté dans la famille de l’artiste jusqu’à aujourd’hui, nous parvient dans un très bel état de conservation, les couleurs et les rehauts d’or étant d’une grande fraîcheur.
Fig. Majorelle photographiant son modèle
Le début des années 1930 est marqué par l’introduction de rehauts d'or (et parfois d'argent) sur la gouache, comme en témoigne le portrait présenté ici. D'abord utilisés sur papier noir avec un but purement décoratif, ceux-ci vont très vite acquérir un rôle primordial, comme en témoigne Robert Boutet : ‘A la base de ce nouveau procédé se trouve l'emploi des métaux or et argent qui donnaient aux premières œuvres une apparence décorative rappelant parfois les précieux travaux de l'art persan […]. À force d'étude et de persévérance, Majorelle est parvenu au but qu'il recherchait. Il a dépouillé les métaux de l'influence décorative qu'ils apportaient fatalement dans l'œuvre et il a réussi ce véritable miracle de leur faire jouer, dans l'ensemble, le rôle de couleurs’ (‘Les Kasbahs de l'Atlas peintes par Majorelle’, La Vigie Marocaine, avril 1929). Dans le même temps, Majorelle s’éprend de ces ‘beautés noires’, sujet qui l’occupera jusqu’à la fin de sa vie : ‘leurs merveilleux corps nus emplissent toutes ces compositions. Chaque nouveau tableau est prétexte pour les peindre dans des attitudes différentes’ (F. Marcilhac, La Vie et l’œuvre de Jacques Majorelle, Paris, 1988, p. 168).
Femme de Pita portraiturée ici (fig.) au cours de 1947 à Kissidougou en Guinée française peut être comparée, stylistiquement, à d’autres portraits dessinés de femmes à l’attitude noble et hiératique, dont Fatima, portraiturée à Marrakech vers 1934 (Collection Guy Senouf ; op. cit., 1988, p. 171) et à une femme noire allongée dans une pose plus lascive, intitulée Le Pagne rose, daté 1952. Cette dernière est représentée sur un fond abstrait coloré grâce à de larges touches de couleurs vives à l’image du présent dessin (collection particulière ; op. cit., 1999-2000, p. 189). Majorelle apprécie beaucoup ce séjour en Afrique noire et relate son expérience dans une lettre adressée à ses cousins le 17 janvier 1948 : ‘Ma peinture n’est pas une petite affaire dans cette Guinée où la lumière est un piège. Mais que c’est beau… Les soirs de Guinée sont de magiques féeries. Le pays m’emballe littéralement. On s’ingénie à me faciliter la tâche, à me trouver des modèles, à me camionner d’un point à un autre ou à m’emmener à la chasse la nuit. Je me suis mis au travail ici à Kissidougou, où j’ai trouvé les premiers éléments que je cherchais’ (op. cit., 1999-2000, p. 177).
Cet émouvant portrait, resté dans la famille de l’artiste jusqu’à aujourd’hui, nous parvient dans un très bel état de conservation, les couleurs et les rehauts d’or étant d’une grande fraîcheur.
Fig. Majorelle photographiant son modèle