Lot Essay
Le présent tableau probablement daté de 1785 (le troisième chiffre de la date est difficile à lire) fut réalisé six ans avant le tableau de même sujet conservé au Louvre (fig. 1) et daté de 1791. Le tableau du Louvre, de même composition, à l'exception de deux femmes que l'artiste a ajouté sur le lit à droite, fut exposé par Regnault au salon de 1791. Il se peut également que le tableau de la collection Saint-Marc soit daté de 1795.
Tycyclide, Xénophon, Platon et Plutarque parlent d'Alcibiade. Ce guerrier grec, élève de Socrate est décrit comme beau noble, riche, collectionnant les conquêtes masculines et féminines, excellant dans les sports et à la guerre.
Aucune source littéraire précise ne semble avoir inspiré directement le sujet de Socrate arrachant Alcibiade des bras de la Volupté, en dehors d'un bref passage du chapître VI de la Vie d'Alcibiade de Plutarque: 'quelquefois aussi se laissant aller aux allèchements des flatteurs qui lui administraient tous les plaisirs et toutes les voluptés, il [Alcibiade] échappait à Socrate et il fallait qu'il courut après pour le reprendre comme un esclave qui se serait enfuit de la maison de son maître'.
L'invention de la scène semble revenir au peintre Pierre Peyron (1744-1814) qui peignit en 1782, depuis Rome où il était pensionnaire, un tableau du même sujet (pour faire pendant aux Funérailles de Miltiade aujourd'hui au Louvre. Le tableau de Peyron (huile sur toile 98,7 x 136,8), aujourd'hui dans une collection particulière française a été publié par Udo Van de Sandt dans un article décrivant les possibles sources d'inspiration de Peyron, U. Van de Sandt, 'un tableau de Pierre Peyron commandé par le Comte d'Angiviller: Socrate détachant Alcibiade des bras de la Volupté', Mélanges en hommage à Pierre Rosenberg, Paris, 2001, pp. 410-416.
Regnault, qui connut Peyron à Rome, reprit le sujet pour une composition à l'intensité dramatique moins forte. Dans le présent tableau, ainsi que dans celui du Louvre, Regnault a recentré l'action autour d'un groupe de trois figures, dirigeant le regard du spectateur à la fois sur le mouvement de tiraillement d'Alcibiade entre plaisir et vertu et sur le geste déterminé et rageur de Socrate, comme si l'artiste avait voulu accentuer le côté piquant de la scène et en faire un épisode plus léger, aux limites de la scène de genre.
Regnault reprit le sujet en 1810 dans un immense tableau, 385 x 580 cm., qui fut acquis par l'Etat en 1824. Envoyé à la Préfecture de Chamberry en 1867, le tableau est perdu depuis 1907. Cette large toile, connue par la gravure qu'en fit Landon et par une esquisse à l'huile tendue sur carton présentée en 1987 à la Galerie Aaron de New York, est très différente du présent tableau. Il s'agit d'une composition à très nombreux personnages et accessoires, présentés en frise dans des attitudes plus figées.
Jean-Baptiste Regnault naquît à Paris en 1754 et montra dès son plus jeune âge un goût marqué pour le dessin. Après un bref passage en tant que mousse dans la marine marchande, il se rendit à l'âge de quatorze ans à Rome en compagnie du peintre Jean Bardin. Il y resta quatre années se liant avec le peintre Mengs et les milieux artistiques romains développant le 'retour à l'antique'. Il retourna en 1772 à Paris pour y débuter un apprentissage officiel dans le but de rejoindre l'Académie. Il remporta le prix de Rome en 1776, auquel il avait échoué en 1774 face à David. Il obtint donc la possibilité de retourner à Rome comme pensionnaire du Palais Mancini, siège de l'Académie de France alors dirigée par Joseph-Marie Vien. Il y fréquenta David, Suvée, Bonvoisin et Peyron. En 1780 il revint à Paris et fit ses début au salon de 1783. La critique le compara régulièrement à David et les plaça en rivaux. Regnault ouvrit un atelier et forma de nombreux élèves. Dans les années 1780, il se détourna de la grande peinture d'histoire aux accents héroïques pour réaliser des peintures de cabinet à sujets mythologiques au fini précieux propices à la représentation des chairs féminines et des drapés, qui firent son succès auprès des amateurs. Regnault dans le présent tableau prouve qu'il sait mêler un dessin souple et des matières onctueuses hérités du XVIIIème siècle avec la représentation épurée d'un intérieur antique. Fier de ses années d'apprentissage passées à Rome, et probablement également pour se démarquer de ses nombreux homonymes à l'époque, l'artiste signa toute sa vie 'Regnault de Rome'.
Tycyclide, Xénophon, Platon et Plutarque parlent d'Alcibiade. Ce guerrier grec, élève de Socrate est décrit comme beau noble, riche, collectionnant les conquêtes masculines et féminines, excellant dans les sports et à la guerre.
Aucune source littéraire précise ne semble avoir inspiré directement le sujet de Socrate arrachant Alcibiade des bras de la Volupté, en dehors d'un bref passage du chapître VI de la Vie d'Alcibiade de Plutarque: 'quelquefois aussi se laissant aller aux allèchements des flatteurs qui lui administraient tous les plaisirs et toutes les voluptés, il [Alcibiade] échappait à Socrate et il fallait qu'il courut après pour le reprendre comme un esclave qui se serait enfuit de la maison de son maître'.
L'invention de la scène semble revenir au peintre Pierre Peyron (1744-1814) qui peignit en 1782, depuis Rome où il était pensionnaire, un tableau du même sujet (pour faire pendant aux Funérailles de Miltiade aujourd'hui au Louvre. Le tableau de Peyron (huile sur toile 98,7 x 136,8), aujourd'hui dans une collection particulière française a été publié par Udo Van de Sandt dans un article décrivant les possibles sources d'inspiration de Peyron, U. Van de Sandt, 'un tableau de Pierre Peyron commandé par le Comte d'Angiviller: Socrate détachant Alcibiade des bras de la Volupté', Mélanges en hommage à Pierre Rosenberg, Paris, 2001, pp. 410-416.
Regnault, qui connut Peyron à Rome, reprit le sujet pour une composition à l'intensité dramatique moins forte. Dans le présent tableau, ainsi que dans celui du Louvre, Regnault a recentré l'action autour d'un groupe de trois figures, dirigeant le regard du spectateur à la fois sur le mouvement de tiraillement d'Alcibiade entre plaisir et vertu et sur le geste déterminé et rageur de Socrate, comme si l'artiste avait voulu accentuer le côté piquant de la scène et en faire un épisode plus léger, aux limites de la scène de genre.
Regnault reprit le sujet en 1810 dans un immense tableau, 385 x 580 cm., qui fut acquis par l'Etat en 1824. Envoyé à la Préfecture de Chamberry en 1867, le tableau est perdu depuis 1907. Cette large toile, connue par la gravure qu'en fit Landon et par une esquisse à l'huile tendue sur carton présentée en 1987 à la Galerie Aaron de New York, est très différente du présent tableau. Il s'agit d'une composition à très nombreux personnages et accessoires, présentés en frise dans des attitudes plus figées.
Jean-Baptiste Regnault naquît à Paris en 1754 et montra dès son plus jeune âge un goût marqué pour le dessin. Après un bref passage en tant que mousse dans la marine marchande, il se rendit à l'âge de quatorze ans à Rome en compagnie du peintre Jean Bardin. Il y resta quatre années se liant avec le peintre Mengs et les milieux artistiques romains développant le 'retour à l'antique'. Il retourna en 1772 à Paris pour y débuter un apprentissage officiel dans le but de rejoindre l'Académie. Il remporta le prix de Rome en 1776, auquel il avait échoué en 1774 face à David. Il obtint donc la possibilité de retourner à Rome comme pensionnaire du Palais Mancini, siège de l'Académie de France alors dirigée par Joseph-Marie Vien. Il y fréquenta David, Suvée, Bonvoisin et Peyron. En 1780 il revint à Paris et fit ses début au salon de 1783. La critique le compara régulièrement à David et les plaça en rivaux. Regnault ouvrit un atelier et forma de nombreux élèves. Dans les années 1780, il se détourna de la grande peinture d'histoire aux accents héroïques pour réaliser des peintures de cabinet à sujets mythologiques au fini précieux propices à la représentation des chairs féminines et des drapés, qui firent son succès auprès des amateurs. Regnault dans le présent tableau prouve qu'il sait mêler un dessin souple et des matières onctueuses hérités du XVIIIème siècle avec la représentation épurée d'un intérieur antique. Fier de ses années d'apprentissage passées à Rome, et probablement également pour se démarquer de ses nombreux homonymes à l'époque, l'artiste signa toute sa vie 'Regnault de Rome'.