'M. Choiseul Gouffier fut nommé ambassadeur à Constantinople. Il alloit en Turquie avec des projets brillants pour les arts. Ils me séduirent...je sacrifiais tout au plaisir de m'y associer' (Lettre à le Brun, 30 janvier 1793, in A. de Montaiglon et J. Guiffrey, Correspondance des directeurs de l'Académie de France à Rome avec les surintendants des bâtiments, Paris, 1887-1908, XVI, pp. 245-6).
Après un séjour de près de six ans en Italie, Louis-François Cassas quitte son premier protecteur, le comte de Rohan-Chabot pour suivre le duc de Choiseul Gouffier, nouvel ambassadeur de France auprès de la Sublime Porte. Le diplomate français et l'équipe d'artistes et de savants qui l'accompagne embarquent à Toulon sur le Séduisant en 1784. Après une escale à Athènes et deux mois à Constantinople, Louis-François Cassas commence une véritable expédition, un 'Grand Tour' qui le mènera jusqu'aux confins du Levant. L'artiste va y dessiner les monuments et les sites les plus pittoresques, selon un souhait de l'ambassadeur, qui finance entièrement le voyage (voir A. Gilet, Im Banne der Sphinx, cat. expo., Musée des Beaux-Arts, Tours et Wallraf-Richartz-Museum, Cologne, 1994-95, pp. 10-18).
L'artiste débute son voyage par Alep, et fait étape à Antioche, qui est représentée vue du bord de l'Oronte dans un de nos dessins (lot 119), avec un premier plan pittoresque, probablement au goût de ses commanditaires occidentaux. Suivront Chypre, Alexandrie, la Syrie, le Liban, la Palestine, et enfin la Basse Egypte. L'artiste circule en dissimulant son identité d'occidental. Il se trouve à Baalbek en juin et juillet 1785, le site était déjà connu des voyageurs occidentaux (voir R. Wood, The ruins of Balbec, otherwise Heliopolis in Coelosyria, Londres, 1757) mais les travaux de Cassas sont remarquables quant à la précision des relevés archéologiques. Il y admire la majesté du site et écrit à l'ambassadeur 'J'ai dessiné et mesuré les principaux monuments qui ne cèdent en rien aux belles antiquités de Rome par la grandeur, la noblesse et la pureté de l'architecture' (Lettre à l'ambassadeur, 21 juillet 1785, cité in Gilet, op. cit., p. 159).
En 1786, il rentre à Constantinople, ou il présente ses travaux, qui rencontrent rapidement un grand succès. Puis il retourne à Rome entre 1787 et 1791 afin de travailler aux illustrations du récit de voyage rédigé par le diplomate (Voyage Pittoresque de la Syrie, de la Phénicie, de la Palestine et de la Basse Egypte, Paris, 1796) ; trois volumes seront publiés mais le projet demeurera inachevé.
Une autre aquarelle, représentant Palmyre (Millon & Associés, Hôtel Drouot, Paris, 23 juin 2011, lot 73), appartenait à l'origine au même groupe que les trois uvres ici présentées.
Louis-François CASSAS (Azay-le-Ferron 1756-1827 Versailles)
Vue de Tripoli, au Liban, un groupe d'hommes mangeant au premier plan
Details
Louis-François CASSAS (Azay-le-Ferron 1756-1827 Versailles)
Vue de Tripoli, au Liban, un groupe d'hommes mangeant au premier plan
pierre noire, plume et encre noire, aquarelle rehaussée de gomme arabique
648 x 892 mm.
Vue de Tripoli, au Liban, un groupe d'hommes mangeant au premier plan
pierre noire, plume et encre noire, aquarelle rehaussée de gomme arabique
648 x 892 mm.
Provenance
Probablement ancienne collection de Dreux-Brézé.