LUCIO FONTANA (1899-1968)
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the … Read more
LUCIO FONTANA (1899-1968)

Concetto spaziale, [Teatrino]

Details
LUCIO FONTANA (1899-1968)
Concetto spaziale, [Teatrino]
signé et titré 'l. Fontana "Concetto Spaziale"' (au dos)
huile sur toile et bois laqué
62 x 76.4 x 7 cm.
Réalisé en 1966.

signed and titled 'l. Fontana "Concetto Spaziale"' (on the reverse)
oil on canvas and lacquered wood
24 3/8 x 30 1/8 x 2 ¾ in.
Executed in 1966.
Provenance
Atelier de l'artiste
Galerie Mathias Fels, Paris
Collection Jacques Tronche, Paris
Collection Anne Tronche, Paris
Literature
E. Crispolti, Lucio Fontana, Catalogue raisonné des peintures, sculptures et environnements spatiaux, Vol. II, Bruxelles, 1974, No. 66 TE 19 (illustré p. 176).
E. Crispolti, Fontana: Catalogo generale, Volume secondo, Milan, 1986, No. 66 TE 19 (illustré p. 621).
E. Crispolti, Fontana: Catalogo Ragionato di Sculture, Dipinti, Ambientazioni, vol. II, Milan, 2006, No. 66 TE 19 (illustré p. 810).
Special notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent.

Brought to you by

Paul Nyzam
Paul Nyzam Head of Department

Lot Essay

Avec ses surfaces contrastées de rouges acidulés, Concetto spaziale, Teatrino est un exemple éclatant des Teatrini (ou « petits théâtres ») de Lucio Fontana. Réalisés entre 1964 et 1966, ils forment un corpus unique de moins de deux cents œuvres dans la carrière prolifique de l’artiste. Théoricien du mouvement spatialiste au tournant des années 1950, Fontana s’est employé depuis lors à dépasser les limites physiques de la toile. Lancé dans une quête de l’infini ouvert par-delà le cadre du tableau, il taille ou perce la surface de ses Buchi, Tagli, Olii et de sa récente série Fine de Dio achevée en 1964. Comme il l’explique, ses Teatrini sont cependant d’une toute autre nature : ‘‘[ils] étaient un type de ‘Spatialisme réaliste’. Aussi un peu dans la mode de ces choses Pop Art… mais toujours à ma façon. C'étaient des formes que l'homme imagine dans l'espace’ (cité in P. Gottschaller, Lucio Fontana: The Artist’s Materials, Los Angeles, 2012, p. 114).

À mi-chemin entre peinture et sculpture, les Teatrini évoquent un théâtre d’ombres : au premier plan un cadre de bois brillant projette ainsi, en fonction de la lumière, ses ombres sur un arrière-plan mat. À l’instar de Concetto spaziale, Teatrino, l’effet de mise en scène est renforcé par la présence « réaliste » de formes organiques sur les bordures du cadre. Une protubérance végétale centrale suggère ici l’existence d’une ligne d’horizon à sa base et d’un ciel en arrière-plan. Marquant une rupture avec près de quinze ans d’abstraction pure, l’œuvre témoigne de l’ouverture de Fontana aux préoccupations de son temps et notamment au Pop Art. Celui-ci a inondé la scène européenne dès 1964, lors du triomphe de Robert Rauschenberg à la Biennale de Venise. Souhaitant jouer de la même séduction que cette esthétique industrielle, Fontana pare ses Teatrini d’un aspect usiné figuratif : à partir d’esquisses, il fait réaliser ses bois laqués par un fabricant de meubles alors en vue, Dino Gavna. Il les colore également de couleurs brillantes synthétiques, à l’image des deux rouges luminescents de Concetto spaziale, Teatrino.

Les Teatrini demeurent toutefois ancrés dans l’approche conceptuelle de Fontana : « Mes formes figuratives…ont reposé sur une mentalité fondamentalement philosophique » (cité in ibid, p. 118). Fasciné par les avancées de la conquête spatiale et le progrès moderne, l’artiste livre ainsi dans sa série l’excitation et l’anxiété qui le saisit à l’idée d’un univers silencieux et infini : « Je pensais à ces mondes, à la lune avec ces trous, à ce terrible silence qui nous angoisse, aux astronautes dans un nouveau monde » (cité in Carla Lonzi, Autoritratto, De Donato editore, 1969, p. 388). Et pour ce faire, il crée ce qu’Enrico Crispolti appelle un « spectacle spatial ». Dans la fenêtre finie des Teatrini, Fontana a ouvert le bal d’un théâtre céleste. Comme dans Concetto spaziale, Teatrino : dans le ciel rouge, il a tracé une constellation oblongue de trous, limitée par les bords du cadre, et qui suggère l’existence de cet espace invisible vertigineux, prolongé dans l’infini, par-delà le fond et la finitude de la toile.

With its contrasting surfaces in bright reds, Concetto spaziale, Teatrino is a radiant example of the Teatrini ("small theatres") by Lucio Fontana. Completed between 1964 and 1966, they form a unique body of fewer than 200 works in the artist's prolific career. A Spatialist movement theorist at the dawn of the 1950s, Fontana applied himself to moving past the physical limits of the canvas. Launched in a quest for the infinite openness beyond the frame of the painting, he carved or pierced the surface of his Buchi, Tagli, Olii and the recent Fine de Dio series finished in 1964. As he explained, however, his Teatrini are of a completely different nature: "‘[They] were a sort of 'Realist Spatialism'. Also a bit in the style of those Pop Art things, but always in my own way. They were shapes that man imagined in space" (quoted in P. Gottschaller, Lucio Fontana: The Artist’s Materials, Los Angeles, 2012, p. 114).

Somewhere between painting and sculpture, the Teatrini evoke a shadow theatre: in the foreground a shiny wood frame projects its shadows, depending on the light, against a matte background. Like the Concetto spaziale, Teatrino, the staging effect is underscored by the "realistic" presence of organic shapes on the edges of the frame. A central, plant-like protuberance suggests the existence of a horizon line at its base and a sky in the background. Marking a break with nearly 15 years of pure abstraction, the work attests to Fontana's interaction with the concerns of his time, especially Pop Art. Pop Art invaded the European scene in 1964, with Robert Rauschenberg's triumphant showing at the Venice Biennale. Wanting to work with the same seduction as that industrial aesthetic, Fontana gave his Teatrini a figurative machined look: working from sketches, he had his lacquered wood elements crafted by a then-prominent furniture maker, Dino Gavna. He also coloured them with shiny synthetic hues, as seen in the two luminescent reds in Concetto spaziale, Teatrino.

Still, the Teatrini remained rooted in Fontana's conceptual approach: "My figurative forms ... were founded on a fundamentally philosophical mentality" (quoted in ibid, p. 118). Fascinated by the advances in the conquest of space and modern progress, the artist, with this series, delivered the excitement and anxiety that gripped him at the thought of a silent, infinite universe: "I was thinking about those worlds, about the moon with its craters, about the terrible, distressing silence, about the astronauts in a new world" (quoted in Carla Lonzi, Autoritratto, De Donato editore, 1969, p. 388). And to do that, he created what Enrico Crispolti called a "spatial spectacle". In the finished window of the Teatrini, Fontana lifted the curtain on a celestial theatre. As in Concetto spaziale, Teatrino: in the red sky, he outlined an oblong constellation of holes, bound by the edges of the frame and suggesting the existence of an invisible, vertiginous space, projecting into infinity, beyond the background and the finiteness of the canvas.

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