LUIGI SABATELLI (FLORENCE 1772-1850 MILAN)
Ces six portraits inédits représentent six membres d'une importante famille florentine, les Ricasoli: le marquis Pietro Leopoldo Ricasoli Zanchini (1778-1850), son épouse, la marquise Lucrezia Ricasoli (née Rinuccini) et quatre de leurs huit enfants : Luigi (né en 1801), Giovanni (né en 1803), Alessandro (né en 1804) et Stanislao (né en 1813). Tous ces portraits, à l'exception du dernier, furent exécutés en 1808, exclusivement à la plume et à l'encre brune, technique habituelle de l'artiste. Le portrait de Stanislao fut exécuté neuf ans après, dans une technique différente, à la pierre noire et à la sanguine, dans la lignée de la tradition du portrait florentin du XVIIème siècle, à l'exemple de Carlo Dolci ou Jacopo Vignali. Les enfants sont dessinés sur papier vergé, tandis ques les parents sont sur un papier velin de plus grandes dimensions. Filleul du Grand Duc de Toscane, le marquis Ricasoli avait succédé à son père à la fonction de prieur de l'Ordre de Santo Stefano et était devenu chambellan du roi Louis de Bourbon (sur la famille Ricasoli, voir L. Passerini, Genealogia e storia della famiglia Ricasoli, Florence, 1861). Le marquis épousa en 1796 Lucrezia Rinuccini, elle aussi membre d'une vieille famille patricienne de Florence et musicienne accomplie et passionnée. Le couple occupa une place importante sur la scène culturelle florentine de leur temps, tant dans la musique, la littérature et les arts figuratifs. Leur exceptionnelle collection de partitions musicales est aujourd'hui conservée à l'université de Louisville, aux Etats-Unis. Le marquis rassembla également un remarquable ensemble d'oeuvres d'artistes de son temps, artistes qu'il connaissait le plus souvent personnellement. Ainsi, Canova lui offrit deux bustes en plâtre de Napoléon et du pape Pie VII. Le marquis fit connaissance de Sabatelli vers 1802 et lui commanda une fresque représentant Saint Jérôme pour l'église San Girolamo de Fiesole. En 1828, avec ses fils Francesco (1801-1829) et Giuseppe (1813-1843), Sabatelli exécuta de larges toiles sur la vie de saint Antoine de Padoue pour la chapelle des Ricasoli dans l'église de Santa Croce à Florence, encore in situ. Les quatre enfants Ricasoli ici présentés, menèrent tous des carrières ecclésiastiques (voir A. Bresciani, Da Opere del Padre Antonio Bresciani della Compagnia del Gesù. Lettere familiari ed Erudite, XVI, 1869, p. 94). Luigi fut le secrétaire des Jésuites à Rome; Giovanni devint chanoine à Santa Maria del Fiore avant d'entrer au Tribunal de la Sacra Rota à Rome. Alessandro entra aussi dans l'ordre des jésuites et plus tard devint chanoine à Santa Maria del Fiore. Le plus jeune, Stanislao, poursuivit également très probablement une carrière religieuse comme ses frères, car il publia en 1832 le livre De assumptione Mariae Virginis. Sabatelli ne peignit que de rares portraits (son magnifique autoportrait est aux Offices), mais il réalisa entre 1797 et 1810 tout un ensemble de portraits dessinés à la plume et encre brune. Il s'agit surtout de portraits de ses amis ou de personnalités, comme Antonio Canova (1805), le peintre Pietro Benvenuti (1808), le violoniste Niccolò Paganini (1810), l'abbé Luigi Lanzi ou encore le pape Pie VII (1808); presque tous ces dessins sont aujourd'hui conservés à Rome, à la Galleria Nazionale d'Arte Moderna (voir C. Del Bravo et B. Paolozzi Strozzi, Luigi Sabatelli 1772-1850, disegni e incisioni, cat. expo., Florence, Galleria degli Uffizi, 1978). L'année 1808 fut particulièrement féconde pour l'artiste qui dessina, outre la série présentée ici, les portraits de l'archevêque de Florence, Monseigneur Antonio Martini, de l'anatomiste Paolo Mascagni et du poète Luigi Fiacchi (Del Bravo et Paolozzi Strozzi, op. cit., nos. 56, 58, 59). Comme pour les portraits plus finis de ce large groupe, les dessins présentés ici sont tous signés, datés et portent le nom du modèle. Sur trois d'entre eux (lots 39-41), Sabatelli a procédé à des essais de plume en haut à gauche de sa feuille. La plus grande partie des portraits dessinés de Sabatelli est aujourd'hui conservée à la Galleria Nazionale de Rome (qui en possède 67) et aux Offices (11). Mis à part ces deux institutions, ses portraits restent extrêmement rares. Les six dessins présents ici sont d'autant plus remarquables qu'ils forment le seul groupe de portraits d'une même famille qui soit aujourd'hui connu. Par la pureté des lignes, la posture noble et détachée des personnages, les présents dessins capturent avec acuité la physionomie individuelle des modèles et peuvent être à juste titre comptés parmi les expressions les plus réussies du portrait néoclassique. Le portrait dessiné était, autour de 1800, un genre en vogue en Italie. Nombre d'artistes choisirent ce medium pour représenter les riches touristes de passage, mais aussi leurs amis et pairs. Les portraits à la plume de Sabatelli s'inscrivent dans cette mode et peuvent être comparés à ceux réalisés par Jean-Baptiste Wicar, Pietro Benvenuti ou Giovanni Battista dell'Era, dont ils se distinguent néanmoins par leur technique virtuose et l'utilisation de plus grands formats.
LUIGI SABATELLI (FLORENCE 1772-1850 MILAN)

Portrait de Giovanni Ricasoli (1803-1825) à l'âge de cinq ans

Details
LUIGI SABATELLI (FLORENCE 1772-1850 MILAN)
Portrait de Giovanni Ricasoli (1803-1825) à l'âge de cinq ans
signé et daté 'Luigi Sabatelli fece 1808' (en bas à droite), et inscrit 'Giovanni Ricasoli' (en bas à gauche)
plume et encre brune, non encadré
298 x 209 mm.

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Caroline Lescure
Caroline Lescure

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