Lot Essay
Le Comité Marc Chagall a confirmé l'authenticité de cette œuvre.
Dans son Nu au coq, Chagall dépeint une danseuse androgyne nue ainsi que l’un de ses motifs favoris, le coq, qui la regarde l’œil grand ouvert. Cette œuvre est un exemple de la créativité prolifique de Chagall, qui supprime les frontières entre réalité et imagination. Les couleurs et les lignes suggestives, presqu’éphémères, qu’utilise l’artiste pour le nu placent les personnages dans un décor onirique. Il est intéressant de noter qu’ici, le créateur fait partie de la création, les traits saisissants du visage du nu rappelant ceux de certains autoportraits de Chagall. Le coq apparaît ici comme le fidèle compagnon du personnage, et l’épais pastel utilisé pour ses plumes et sa crête rouge rend l’oiseau, dans une certaine mesure, plus « réel » que l’impalpable nu.
Dans l’œuvre de Chagall, les animaux sont aussi importants que les humains et depuis son enfance, l’artiste a toujours considéré les animaux comme des compagnons actifs et intelligents. Dans l’univers de Chagall, les animaux peuvent jouer du violon (Chèvre au violon, 1937-1938 ; Meyer, no 642), voler (La vache volante, 1937-1938 ; Meyer, no. 648), fumer la pipe (La chèvre qui fume, 1927 ; Meyer no. 486) ou encore faire un numéro de cirque (L’âne à la Tour Eiffel, 1927 ; Meyer no. 481). Sa série de gouaches illustrant Les Fables de la Fontaine de 1926 à 1927, ainsi que celles réalisées pour le Cirque Vollard en 1927, révèlent la conviction de Chagall qu’il existe une complicité entre les humains et les animaux et qu’ils font partie du même royaume. Le coq du Nu au coq est présent dans de nombreux tableaux de Chagall : parfois, il porte des mariés ou alors, il est le personnage principal de la composition ou bien il accompagne simplement une jeune femme, comme dans cette œuvre et d’autres œuvres contemporaines telles que Le coq, 1947 (F. Meyer, Marc Chagall, Life and Work, Londres, 1964, no. 774) ou Le coq vert, 1949 (Meyer, no. 794). Dans ce contexte particulier, le coq symbolise la fertilité, avec son cri matinal quotidien, célébrant la joie de vivre, l’amour et la jeunesse.
À l’époque où Chagall a réalisé le Nu au coq, son esprit était plein d’images riches et innovantes, puisqu’il venait de terminer sa série de gouaches illustrant quatre contes des Nuits arabes. Il s’agit probablement des chefs-d’œuvre les plus extraordinaires de Chagall, exécutés lors de sa dernière année passée aux États-Unis, en 1947, avant son retour en Europe. Les pigments et l’atmosphère de conte de fée du Nu au coq rappelle la qualité exceptionnelle des gouaches des Nuits arabes, inspirées de la puissante magie des contes de Shéhérazade dans Les Mille et Une Nuits.
La provenance de ce dessin, issu de la collection de Michel Goldschmidt, suggère que Chagall lui en a peut-être fait cadeau. Goldschmidt était le propriétaire de la maison d’Orgeval, près de Paris, où Chagall s’est installé à son retour de New York en 1948, et où il a vécu avec sa compagne Virginia McNeil et leur fils David.
In Nu au coq, Chagall depicts an androgynous dancing nude and as well as one of his favorite motifs, the rooster, who stares wide-eyed at the figure. This work is an example of Chagall's prolific creativity in which he fuses the boundaries between reality and imagination. The suggestive and almost ephemeral coloring and lines which the artist uses for the nude place the characters in a dream-like setting. Interestingly the creator is here part of the creation, the nude's striking facial features recalling those found in some of Chagall's self-portraits. The rooster appears here as the figure's faithful companion, and the thick pastel used for its feathers and red crest makes the bird, to a certain extent, more 'real' than the immaterial nude.
Animals are as important as humans in Chagall's oeuvre, and since his childhood, the artist had always considered animals as active and intelligent companions. In Chagall's world, animals can play the violin (Chèvre au violon, 1937-1938; Meyer, no. 642), they can fly (La vache volante, 1937-1938; Meyer, no. 648), smoke a pipe (La chèvre qui fume, 1927; Meyer no. 486) and perform circus acts (L'âne à la Tour Eiffel, 1927; Meyer no. 481). His series of gouaches illustrating Les Fables de la Fontaine of 1926-1927, as well as those executed for the Cirque Vollard in 1927, reveal Chagall's belief in the complicity between humans and animals, implying that they belong to the same realm. The rooster in Nu au coq is present in many of Chagall's paintings, sometimes seen carrying a matrimonial couple, or being the central character of the composition, or simply accompanying a young woman, just as in the present work and in other contemporaneous works such as Le coq, 1947 (F. Meyer, Marc Chagall, Life and Work, London, 1964, no. 774) or Le coq vert, 1949 (Meyer, no. 794). In this particular context, the rooster symbolizes fertility, with its daily morning crow, celebrating the joy of life, love and youth.
By the time Nu au coq was executed, Chagall's mind was fresh with rich, innovative imagery, as he had recently completed the series of gouaches to illustrate four tales of the Nuits arabes. These works are probably Chagall's most extraordinary masterpieces which he produced during his last year spent in America in 1947 before moving back to Europe. The pigments and fairytale-like atmosphere in Nu au coq echoe the gem-like quality of the Arabian Nights gouaches, inspired by the powerful magic in Shahrazad's tales of Les Mille et Une Nuits.
The provenance of the present drawing, coming from Michel Goldschmidt's collection, suggests that Chagall perhaps gave this work as a gift to the latter. Goldschmidt was the owner of the house in Orgeval, near Paris, which was Chagall's first home when he came back from New York in 1948, and where he lived with his lover Virginia McNeil and their son David.
Dans son Nu au coq, Chagall dépeint une danseuse androgyne nue ainsi que l’un de ses motifs favoris, le coq, qui la regarde l’œil grand ouvert. Cette œuvre est un exemple de la créativité prolifique de Chagall, qui supprime les frontières entre réalité et imagination. Les couleurs et les lignes suggestives, presqu’éphémères, qu’utilise l’artiste pour le nu placent les personnages dans un décor onirique. Il est intéressant de noter qu’ici, le créateur fait partie de la création, les traits saisissants du visage du nu rappelant ceux de certains autoportraits de Chagall. Le coq apparaît ici comme le fidèle compagnon du personnage, et l’épais pastel utilisé pour ses plumes et sa crête rouge rend l’oiseau, dans une certaine mesure, plus « réel » que l’impalpable nu.
Dans l’œuvre de Chagall, les animaux sont aussi importants que les humains et depuis son enfance, l’artiste a toujours considéré les animaux comme des compagnons actifs et intelligents. Dans l’univers de Chagall, les animaux peuvent jouer du violon (Chèvre au violon, 1937-1938 ; Meyer, no 642), voler (La vache volante, 1937-1938 ; Meyer, no. 648), fumer la pipe (La chèvre qui fume, 1927 ; Meyer no. 486) ou encore faire un numéro de cirque (L’âne à la Tour Eiffel, 1927 ; Meyer no. 481). Sa série de gouaches illustrant Les Fables de la Fontaine de 1926 à 1927, ainsi que celles réalisées pour le Cirque Vollard en 1927, révèlent la conviction de Chagall qu’il existe une complicité entre les humains et les animaux et qu’ils font partie du même royaume. Le coq du Nu au coq est présent dans de nombreux tableaux de Chagall : parfois, il porte des mariés ou alors, il est le personnage principal de la composition ou bien il accompagne simplement une jeune femme, comme dans cette œuvre et d’autres œuvres contemporaines telles que Le coq, 1947 (F. Meyer, Marc Chagall, Life and Work, Londres, 1964, no. 774) ou Le coq vert, 1949 (Meyer, no. 794). Dans ce contexte particulier, le coq symbolise la fertilité, avec son cri matinal quotidien, célébrant la joie de vivre, l’amour et la jeunesse.
À l’époque où Chagall a réalisé le Nu au coq, son esprit était plein d’images riches et innovantes, puisqu’il venait de terminer sa série de gouaches illustrant quatre contes des Nuits arabes. Il s’agit probablement des chefs-d’œuvre les plus extraordinaires de Chagall, exécutés lors de sa dernière année passée aux États-Unis, en 1947, avant son retour en Europe. Les pigments et l’atmosphère de conte de fée du Nu au coq rappelle la qualité exceptionnelle des gouaches des Nuits arabes, inspirées de la puissante magie des contes de Shéhérazade dans Les Mille et Une Nuits.
La provenance de ce dessin, issu de la collection de Michel Goldschmidt, suggère que Chagall lui en a peut-être fait cadeau. Goldschmidt était le propriétaire de la maison d’Orgeval, près de Paris, où Chagall s’est installé à son retour de New York en 1948, et où il a vécu avec sa compagne Virginia McNeil et leur fils David.
In Nu au coq, Chagall depicts an androgynous dancing nude and as well as one of his favorite motifs, the rooster, who stares wide-eyed at the figure. This work is an example of Chagall's prolific creativity in which he fuses the boundaries between reality and imagination. The suggestive and almost ephemeral coloring and lines which the artist uses for the nude place the characters in a dream-like setting. Interestingly the creator is here part of the creation, the nude's striking facial features recalling those found in some of Chagall's self-portraits. The rooster appears here as the figure's faithful companion, and the thick pastel used for its feathers and red crest makes the bird, to a certain extent, more 'real' than the immaterial nude.
Animals are as important as humans in Chagall's oeuvre, and since his childhood, the artist had always considered animals as active and intelligent companions. In Chagall's world, animals can play the violin (Chèvre au violon, 1937-1938; Meyer, no. 642), they can fly (La vache volante, 1937-1938; Meyer, no. 648), smoke a pipe (La chèvre qui fume, 1927; Meyer no. 486) and perform circus acts (L'âne à la Tour Eiffel, 1927; Meyer no. 481). His series of gouaches illustrating Les Fables de la Fontaine of 1926-1927, as well as those executed for the Cirque Vollard in 1927, reveal Chagall's belief in the complicity between humans and animals, implying that they belong to the same realm. The rooster in Nu au coq is present in many of Chagall's paintings, sometimes seen carrying a matrimonial couple, or being the central character of the composition, or simply accompanying a young woman, just as in the present work and in other contemporaneous works such as Le coq, 1947 (F. Meyer, Marc Chagall, Life and Work, London, 1964, no. 774) or Le coq vert, 1949 (Meyer, no. 794). In this particular context, the rooster symbolizes fertility, with its daily morning crow, celebrating the joy of life, love and youth.
By the time Nu au coq was executed, Chagall's mind was fresh with rich, innovative imagery, as he had recently completed the series of gouaches to illustrate four tales of the Nuits arabes. These works are probably Chagall's most extraordinary masterpieces which he produced during his last year spent in America in 1947 before moving back to Europe. The pigments and fairytale-like atmosphere in Nu au coq echoe the gem-like quality of the Arabian Nights gouaches, inspired by the powerful magic in Shahrazad's tales of Les Mille et Une Nuits.
The provenance of the present drawing, coming from Michel Goldschmidt's collection, suggests that Chagall perhaps gave this work as a gift to the latter. Goldschmidt was the owner of the house in Orgeval, near Paris, which was Chagall's first home when he came back from New York in 1948, and where he lived with his lover Virginia McNeil and their son David.