Lot Essay
« Parce que le tableau ce n’est pas l’évasion, il doit être un ami qui vous parle, qui découvre les richesses en vous et autour de vous ». Pour Maria Helena Vieira da Silva, pénétrer l’espace de l’œuvre doit être vécue comme une expérience, une immersion au cœur de la peinture. A ce titre, Le couloir ou Intérieur est un exemple emblématique de cette démarche intellectuelle et plastique de l’artiste d’absorption de l’œil par le jeu subtil d’une déconstruction géométrique.
Réalisé en 1948, alors que Vieira da Silva vient de retrouver son atelier parisien après avoir passé plusieurs années au Brésil, Le couloir ou Intérieur aborde la question de la grille ou du damier que l’artiste a entreprise, il y a un peu plus d’une dizaine d’années avec une composition fondatrice, La chambre à carreaux de 1935, aujourd’hui conservée à la Tate Gallery de Londres. En effet, très tôt, ses recherches s’orientent vers la construction d’un espace géométrique structuré de formes simples – carrés et losanges – dont elle s’applique à perturber la fixité par l’emploi de tonalités dont l’agencement et la répétition introduisent le mouvement au sein au sein de la grille. Vieira da Silva trouve ainsi une forme d’équilibre – particulièrement frappant ici – entre une organisation volontairement rationnelle qui tend à contraindre la composition et un éclatement de la structure par la distorsion de certaines lignes et l’explosion de couleurs d’une fraicheur et d’une intensité rarement employées dans sa palette.
Ses influences sont multiples et convoquent tout autant le souvenir du carrelage de la Flagellation du Christ de Pierro della Francesca, les carreaux des Femmes au bain de Bonnard ou les intérieurs métaphysiques de Chirico que le choc visuel reçu avec la découverte de Paul Klee et de Torrès-Garcia au tout début des années trente. Cependant, Vieira da Silva se nourrit de son propre vécu pour construire son propre lexique pictural : « Au Portugal, on trouve beaucoup de petits carreaux de faïence, les azulejos, le mot vient d’azur, parce qu’ils étaient bleus. […] Cela aussi m’a influencée. Enfin cette technique donne une vibration que je recherche et permet de trouver le rythme d’un tableau. ».
Attachée à l’idée primordiale d’incertitude, l’univers créé par Vieira se veut une rupture, une perturbation autant qu’une surprise. « Tout est tellement subtil ! Tout ce qui est réel, tout ce qui est stable : c’est faux ». Poursuivant cette idée, elle entend conférer à son œuvre valeur d’expérimentation : « Si j’ai utilisé ces petits carreaux, cette perspective… chancelante (terme choisi par Guy Weelen), c’est parce que je ne voyais pas l’intérêt de suivre Mondrian ou un autre. […] Je voulais que les gens ne soient pas passifs. Je voulais qu’ils viennent, qu’ils se promènent, montent, descendent. ». Cette problématique de l’immersion du spectateur au sein de l’œuvre afin de l’interroger sur son interaction avec cette dernière est une question d’une extrême modernité qui a trouvé des échos jusque dans les infinity rooms de Yayoi Kusama.
Indissociable de sa propre vie, la peinture de Vieira da Silva est avant tout le reflet d’une intériorité qui n’aspire qu’à l’inattendu : « Chaque jour je m’étonne davantage d’être, de rouler dans l’espace sur une boule. On nous parle de réalité. Tout m’étonne, je peins mon étonnement qui est à la fois émerveillement, terreur, rire. Je voudrais ne rien exclure de mon étonnement. Je voudrais faire des tableaux avec beaucoup de choses, avec toutes les contradictions. Avec l’inattendu. ».
Réalisé en 1948, alors que Vieira da Silva vient de retrouver son atelier parisien après avoir passé plusieurs années au Brésil, Le couloir ou Intérieur aborde la question de la grille ou du damier que l’artiste a entreprise, il y a un peu plus d’une dizaine d’années avec une composition fondatrice, La chambre à carreaux de 1935, aujourd’hui conservée à la Tate Gallery de Londres. En effet, très tôt, ses recherches s’orientent vers la construction d’un espace géométrique structuré de formes simples – carrés et losanges – dont elle s’applique à perturber la fixité par l’emploi de tonalités dont l’agencement et la répétition introduisent le mouvement au sein au sein de la grille. Vieira da Silva trouve ainsi une forme d’équilibre – particulièrement frappant ici – entre une organisation volontairement rationnelle qui tend à contraindre la composition et un éclatement de la structure par la distorsion de certaines lignes et l’explosion de couleurs d’une fraicheur et d’une intensité rarement employées dans sa palette.
Ses influences sont multiples et convoquent tout autant le souvenir du carrelage de la Flagellation du Christ de Pierro della Francesca, les carreaux des Femmes au bain de Bonnard ou les intérieurs métaphysiques de Chirico que le choc visuel reçu avec la découverte de Paul Klee et de Torrès-Garcia au tout début des années trente. Cependant, Vieira da Silva se nourrit de son propre vécu pour construire son propre lexique pictural : « Au Portugal, on trouve beaucoup de petits carreaux de faïence, les azulejos, le mot vient d’azur, parce qu’ils étaient bleus. […] Cela aussi m’a influencée. Enfin cette technique donne une vibration que je recherche et permet de trouver le rythme d’un tableau. ».
Attachée à l’idée primordiale d’incertitude, l’univers créé par Vieira se veut une rupture, une perturbation autant qu’une surprise. « Tout est tellement subtil ! Tout ce qui est réel, tout ce qui est stable : c’est faux ». Poursuivant cette idée, elle entend conférer à son œuvre valeur d’expérimentation : « Si j’ai utilisé ces petits carreaux, cette perspective… chancelante (terme choisi par Guy Weelen), c’est parce que je ne voyais pas l’intérêt de suivre Mondrian ou un autre. […] Je voulais que les gens ne soient pas passifs. Je voulais qu’ils viennent, qu’ils se promènent, montent, descendent. ». Cette problématique de l’immersion du spectateur au sein de l’œuvre afin de l’interroger sur son interaction avec cette dernière est une question d’une extrême modernité qui a trouvé des échos jusque dans les infinity rooms de Yayoi Kusama.
Indissociable de sa propre vie, la peinture de Vieira da Silva est avant tout le reflet d’une intériorité qui n’aspire qu’à l’inattendu : « Chaque jour je m’étonne davantage d’être, de rouler dans l’espace sur une boule. On nous parle de réalité. Tout m’étonne, je peins mon étonnement qui est à la fois émerveillement, terreur, rire. Je voudrais ne rien exclure de mon étonnement. Je voudrais faire des tableaux avec beaucoup de choses, avec toutes les contradictions. Avec l’inattendu. ».