MASQUE BOA
Boa mask
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MASQUE BOA Boa mask

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Details
MASQUE BOA
Boa mask
République Démocratique du Congo
Hauteur : 27 cm. (10 ½ in.)
Provenance
Collecté par Emile Possoz (1885-1969), Louvain
Père Gustaaf Hulstaert (1900-1990), Mesele
Cyrille Houzé (1921-2011), Coquillatville
Par descendance au propriétaire actuel

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Lot Essay

Il est de plus en plus rare d’avoir la chance de découvrir une pièce inédite, qui plus est un masque boa, objet singulier, particulièrement recherché pour sa plastique moderne et sa rareté. La pièce nous est heureusement parvenue accompagnée d’un historique complet.

Elle a tout d'abord appartenu à Emile Possoz, diplômé en droit à Louvain en 1909, Substitut au Congo Belge de 1926 à 1945, Substitut du procureur du roi à Coquilhatville en 1929. Il rédigea en collaboration avec le père Hulstaert de nombreux articles dans les annales Aequatoria (1937-1962), revue co-fondée par Hulstaert lui-même. Possoz s’intéressa particulièrement à l’ethnologie, ce qui l’amena certainement à séjourner au sein des populations indigènes. Le masque boa fut probablement collecté au cours d’un de ses voyages d’étude. Hulstaert était quant à lui un prêtre missionnaire du Sacré Cœur. Il arriva au Congo en 1925. Reconnu pour son érudition et pour son attachement au peuple Mongo, linguiste auto-didacte, nous lui devons son exceptionnel dictionnaire lomongo-français (1957). La proximité de Possoz et de Hulstaert (les archives d’Aequatoria dénombrent en effet 140 lettres échangées entre les deux hommes) poussa Possoz a offrir son masque boa à cet ami.

A la fin des années 40, Cyrille Houzé est appelé à reprendre au Congo Belge une ferme existante, la ferme Bolombo, située à l’intérieur des terres au bord du fleuve dans la région de l’équateur à 160 km en amont de Coquihatville (actuellement Mbandaka, RDC). A son arrivée en Afrique, il ne sait pas encore qu’il va y passer plus de 50 ans et que ce pays va le marquer profondément lui et sa famille. La ferme Bolombo est très rudimentaire, en piteux état, mais il relève le défi. Il est alors âgé de 26 ans, jeune chevillard, il aime le bétail et a la carrure pour se lancer dans l’aventure. La ferme va prendre de l’éclat et très rapidement il va donner un souffle à l’exploitation. Malheureusement, à la suite des événements du 30 juin 1960 et de l’indépendance du Congo, les biens de Cyrille Houzé seront saisis par le nouveau pouvoir en place et en peu de temps l’exploitation Bolombo périclite. Sans politique de gestion le bétail est abattu pour une consommation locale immédiate, et les bâtiments sont pillés.

Il en faudra bien plus pour faire renoncer notre éleveur qui décidera de rester sur ces terres africaines qu’il aime et de mettre sur pied une nouvelle exploitation : la ferme Bolaka à proximité de Bamanya. Implantée plus proche du centre ville, la ferme va s’équiper de nouveaux bâtiments, et le cheptel va s’enrichir de superbes têtes de bétail amenées de la région Mpakapar par barges sur le fleuve après des semaines de voyages à travers les terres inhospitalières du Congo. Après quelques années d’efforts, l’exploitation devenue prospère fera la fierté de la région et permettra d’alimenter Coquihatville ainsi qu’une partie du reste du pays en viande de qualité. C’est en 1962 qu’il ouvrira alors la boucherie Houzé au cœur de Coquihatville. En 1951, alors que le père Hulstaert effectue son deuxième séjour à Bamanya, les deux hommes se rencontrent et naît alors une longue et profonde amitié. En 1969, le père Hulstaert baptisera la fille unique de Cyrille. C’est à la suite d’une fraternelle relation entre les deux hommes que le masque Boa est offert à la famille Houzé par le père Hulstaert.

Seuls une vingtaine de masques boa sont connus (Burssens in Palmenaer, 1995), la grande rareté de ces œuvres étant liée à l’usage peu développé des masques dans le Haut-Congo. Les exemplaires collectés le plus tôt furent acquis avant 1886, puis d’autres au début du XXème siècle.

Hutereau, qui collecta un masque boa dans la chefferie de Monzali, entre 1910 et 1912, rapporta que ce type de masque appelé pongdudu « provoquait la peur chez l’ennemi » et servait lors de « guerres et de danses ».Il était portait par un « sorcier ». Burssens (op.cit.) ajoute que certains informateurs de McMasters (1990) prétendaient qu’il existait au début du siècle un masque de guerre appelé kpongadomba qui rendait les guerriers invincibles au combat. Sculpté à la demande du chef, le masque était remis au guerrier le plus valeureux et le plus apte à diriger le groupe avant la bataille. McMasters apprit plus tard que les masques perdirent leur fonction au tournant du XXème siècle car après la défaite contre les forces coloniales, la population boa s’était rendu compte que leurs masques ne leur apportaient plus l’invincibilité.

Le corpus des rares masques boa est relativement homogène. Le visage s’inscrit dans un ovale régulier, le front est proéminent, le nez large, les yeux percés, la bouche laissant apparaître des dents figurés par de petits bâtonnets, une polychromie caractéristique dessinant des formes géométriques noires et brunes sur la face, et des oreilles surdimensionnées. Le masque boa de la collection Houzé peut être rapproché du célèbre masque d’Alberto Magnelli (voir Christie's, New York, 22 novembre 1996, lot 92). Ces deux masques se distinguent du corpus décrit plus haut par le primitivisme qui se dégage de leurs visages: caractère sauvage, percements des yeux s’évasant vers l’extérieur du masque, bichromie contrastée comparable jouant sur des formes géométriques, bouche dentée de forme analogue. De très grande ancienneté, ces deux masques correspondent probablement à un style archaïque antérieur aux masques de typologie plus classique.

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