拍品專文
Le masque de la collection Jolika est l’exemplaire le plus accomplit et le plus puissant de ce corpus restreint. C’est en effet un tour de force que d’être parvenu à réaliser un masque d’une taille monumentale, doté d’yeux pâles envoûtants et contrastants avec la patine sombre, transportant ainsi le spectateur vers un lieu liminal situé entre la terre ferme et le royaume mystique. Dans les îles éloignées qui parsèment le détroit reliant l’Australie à la Nouvelle-Guinée, les masques constituaient la première forme artistique. Monumentaux et héroïques, ils sont le langage visuel des habitants du détroit. Leur fonction était liée à de nombreux aspects de la vie du détroit de Torrès, ainsi on les utilisait pour assurer la fertilité de la population, pour des cérémonies agraires ou bien encore pour des rites initiatiques ou funéraires. Représentant un héros de la mythologie ou un esprit du clan, le masque remplissait plusieurs rôles afin de garantir l’équilibre du groupe par le biais de connexions visuelles avec le surnaturel. L’impression intense de ce masque est inoubliable, et c’est pour cette raison qu’il fît partie des trois seuls masques d’Océanie que William Rubin sélectionna pour son exposition historique « Primitivisme » au Museum of Modern Art à New York en 1984.
Prélude
Les masques créés par les artistes des îles du Détroit de Torres comptent parmi les plus rares et les plus spectaculaires au monde. Si ces îles sont réputées pour leur riche production artistique, ces œuvres sont extrêmement rares au regard de leur faible population. Moins de 4 000 âmes y vivaient avant que les explorateurs européens n’y multiplient leurs séjours au XIXe siècle et, par la suite, leur nombre a même chuté pendant quelque temps. Les ancêtres des habitants actuels des îles Torres y auraient élu domicile il y a environ deux millénaires, bien qu’aucune preuve archéologique solide ne vienne étayer cette hypothèse. Les premiers écrits mentionnant un masque originaire de cette région, et donc une tradition de cet artisanat, font référence à un masque en écailles de tortue. Cet écrit date de 1606, année où l’explorateur espagnol Don Diego de Prado y Tovar (Hilder, 1980: 74) accomplit le voyage commandité par Luís Vaz de Torres, dont le détroit porte aujourd’hui le nom. Une grande partie des connaissances actuelles sur l’art et la culture traditionnels du Détroit de Torres provient des recherches novatrices et approfondies d’Alfred Court Haddon, effectuées dans les années 1880, puis publiées en six tomes, entre 1902 et 1935. Les croyances et la religion de ces îles sont axées sur des héros mythiques et les cultes totémiques qui leur sont associés. On considère que ces masques, qui représenteraient ces héros, étaient utilisés au cours de grands événements et lors des rites de passage des villageois.
Notes sur la provenance de ce masque
Samuel McFarlane
L’origine de ce masque remonte à la première installation importante de missionnaires dans les îles du Détroit de Torrès, dirigée par le révérend Samuel McFarlane (1837-1911) de la Société missionnaire de Londres (fig. 1). Né en Ecosse, Samuel MacFarlane devient missionnaire en 1858. Il est tout d’abord nommé aux îles Loyauté, l’actuelle Nouvelle-Calédonie, avant d’atteindre Lifu le 30 octobre 1859. De retour de Lifu, il reste à Londres le temps nécessaire pour écrire The Story of the Lifu Mission (Londres, 1873) et obtenir l’aval de la Société pour son projet de mission en Nouvelle-Guinée.
Il retourne en Nouvelle-Guinée en passant par les îles Torrès et accoste à Erub (île Darney) le 1er juillet 1871. Les Îliens acclament son arrivée comme « L’avènement de la Lumière », et depuis lors, tous les habitants continuent de commémorer chaque année cet événement, le 1er juillet. Au cours de son séjour dans le Pacifique Sud, il effectue vingt-trois voyages, se rend dans plus de quatre-vingts villages, établit douze installations de mission, apprend six langues et publie des traductions dans deux d’entre elles. En 1877, il déplace son quartier général sur l’île de Murray, dans le Détroit de Torres.
MacFarlane retourne en Angleterre en juin 1886, où il publie Among The Cannibals of New Guinea (Londres, 1888) (Gibbney, Volume 5, (MUP), 1974.). Malheureusement, il ne fait aucune référence détaillée à un quelconque inventaire des œuvres collectées. Nous savons, d’après les archives du British Museum, qu’il fait don de 224 objets et sculptures, tous originaires d’Océanie, dont 191 proviennent de Nouvelle-Guinée et seulement 37 des îles du Détroit de Torrès. Le British Museum possède également certaines de ses correspondances dans ses archives: « Lettre de S. McFarlane, Somerset, Queensland/ M. Sharpe, 15 sept 1876. » McFarlane écrit qu’il fait parvenir au British Museum un envoi au service d’histoire naturelle, constitué d’outils en pierre, de lances et de flèches sculptées, etc. tous originaires de Nouvelle-Guinée. Il fait référence à un colis précédent, sans en préciser la nature, et précise qu’il ne s’est pas encore installé sur la côte de Nouvelle-Guinée. Aussi : liste de « spécimens ethnologiques recueillis entre l’île de Yule et le Détroit de Chine. Nouvelle-Guinée. Courrier annoté du 24 juin 1884, +2428 et seq ». Également : « liste d’objets présentés à la collection Christy par A. W. Franks [un administrateur effectuant des acquisitions au nom de la collection Christy]. 26 juin 1885. Achat d’E. Gerrard fils auprès du Rév S. McFarlane 30 £ ». Annotation + 2489-2501. Aussi: « liste des objets recueillis en Nouvelle-Guinée par le Rév. S. McFarlane achetés par Edward Gerrard fils le 23 nov 1886 ». C’est dans cette dernière que sont cités les présents masques.
Edward Gerrard et fils
D’après la correspondance disponible au British Museum et comme le confirment les archives du Museum für Völkerkunde Dresden, Edward Gerrard fils (1832-1927) a joué le rôle d’intermédiaire dans la vente de certaines pièces collectées par McFarlane sur les îles Torrès. Edward Gerrard père (1810-1910) travaillait depuis 1836 à la Société de zoologie de Londres en tant qu’assistant de George Robert Waterhouse. En 1850, il lance sa propre société familiale, spécialisée dans la taxidermie et l’ostéologie. Edward Gerrard fils cultive des liens étroits avec la Société de zoologie et sert d’intermédiaire pour l’achat d’objets et de spécimens d’histoire naturelle. L’entreprise devient florissante avec son activité de commissaires-priseurs, mais ce ne fut le cas qu’à partir des années 1920, bien après que les pièces rapportées par McFarlane furent dispersées (cf. P.A. Morris, Edward Gerrard and Sons : A Taxidermy Memoir, 2004).
Museum für völkerkunde de Dresde
Le musée de Dresde a fait l’acquisition d’un stock de masques du Détroit de Torres sous l’égide d’Adolf Bernhard Meyer (1840 – 1911). Cet anthropologue allemand, ornithologue, entomologiste et herpétologiste a dirigé le musée d’anthropologie et d’ethnographie de Dresden de 1874 à 1905, année où il prit sa retraite. Si, par la suite, ce masque a été cédé par le musée, d’autres en écailles de tortue originaires de l’île de Maribuag (Jervis) restent, ou ont été, classées sous les numéros suivants à l’inventaire du musée de Dresde : 6346, 6347, 6348, 6349, 6361, 6362, 6363, 6364, 6365, 6367, 6375, 6376, 6377. Numéros des masques en bois : 6360, 6398 (publiés à côté du n° 6397 dans l’ouvrage de Meyer). D’après ce dernier, chaque pièce a été collectée par S. McFarlane dans une maison d’hommes, sans que l’on puisse savoir avec certitude s’il s’agit d’une ou de plusieurs maisons (dans Masken von Neu Guinea und dem Bismarck Archipel / Unterstützung der Generaldirection der Königlichen Sammlungen für Kunst und Wissenschaft zu Dresden, 1889, p. 5).
MASQUE DE L’ÎLE DE SAIBAI
Ce masque provenant de la collection Jolika est le plus remarquable d’un corpus extrêmement rare d’œuvres du Détroit de Torrès. Avec ses proportions magistrales (près de trois fois la taille d’un visage humain), sa forme particulière en trapèze, sa profondeur et l’expression obsédante des yeux en coquillage qui opposent un contraste fort avec le bois sombre, ce masque est l’un des plus fascinants de tous les masques des Mers du Sud.
Les masques en bois des îles Torrès, contrairement aux masques en écailles de tortue peut-être plus célèbres, sont tous associés à l’île occidentale de Saibai. Ceci s'explique sans doute par le fait que l’île et ses habitants sont proches de la Nouvelle-Guinée, à l’embouchure du rivière Fly, et de ses traditions de sculpture de bois, et que les tortues prolifèrent moins dans les eaux boueuses de Papouasie. Douglas Fraser, dans son analyse approfondie de l’art du Détroit de Torres, classe le masque Jolika dans la catégorie « 2E », un corpus très restreint composé de deux autres modèles réputés figurant dans la collection du l’Australia Museum, à Sydney, sous le numéro d’inventaire E7097 (cf. Moore, 1989, p. 28, figure 18) et d’un troisième dans la collection Barbier-Mueller, numéro 4241 (cf. Peltier et Morin, eds, 2006, p. 228, n° cat. 118).
Chacun possède une forme concave de profil, une surface décorée et des yeux en coquillage. Le front est encadré par un alignement caractéristique de cheveux. Ce groupe se caractérise également par l’absence de percements pour les yeux, ce qui signifie qu’ils n’étaient pas portés sur le visage, mais plutôt sur le sommet de la tête. L’exemplaire de la collection Jolika, comme le précise Friede, en s’appuyant sur les notes de Fraser et d’A. B. Meyer, présente un appendice en forme de croissant à l’arrière, laissant présumer qu’il était effectivement porté sur le haut de la tête, et qu’il pouvait aussi servir d’objet de décoration architectural (Friede, éd., Vol II, 2007, p. 169 ; Fraser, op. cit. ; Meyer 1889, p. 6).
Ce type de masque de visage humain, appelé mawa (ce qui signifie visage ou masque), était utilisé dans la cérémonie éponyme : mawa. Elle célébrait, aux alentours du mois de septembre, la récolte de l’ubar, une variété de prune sauvage ainsi que celle de l’igname, du manioc et du taro. Le danseur masqué portait également un costume composé de feuilles de cocotier. La cérémonie visait non seulement à célébrer la récolte, mais aussi à préserver la fertilité du sol.
Prélude
Les masques créés par les artistes des îles du Détroit de Torres comptent parmi les plus rares et les plus spectaculaires au monde. Si ces îles sont réputées pour leur riche production artistique, ces œuvres sont extrêmement rares au regard de leur faible population. Moins de 4 000 âmes y vivaient avant que les explorateurs européens n’y multiplient leurs séjours au XIXe siècle et, par la suite, leur nombre a même chuté pendant quelque temps. Les ancêtres des habitants actuels des îles Torres y auraient élu domicile il y a environ deux millénaires, bien qu’aucune preuve archéologique solide ne vienne étayer cette hypothèse. Les premiers écrits mentionnant un masque originaire de cette région, et donc une tradition de cet artisanat, font référence à un masque en écailles de tortue. Cet écrit date de 1606, année où l’explorateur espagnol Don Diego de Prado y Tovar (Hilder, 1980: 74) accomplit le voyage commandité par Luís Vaz de Torres, dont le détroit porte aujourd’hui le nom. Une grande partie des connaissances actuelles sur l’art et la culture traditionnels du Détroit de Torres provient des recherches novatrices et approfondies d’Alfred Court Haddon, effectuées dans les années 1880, puis publiées en six tomes, entre 1902 et 1935. Les croyances et la religion de ces îles sont axées sur des héros mythiques et les cultes totémiques qui leur sont associés. On considère que ces masques, qui représenteraient ces héros, étaient utilisés au cours de grands événements et lors des rites de passage des villageois.
Notes sur la provenance de ce masque
Samuel McFarlane
L’origine de ce masque remonte à la première installation importante de missionnaires dans les îles du Détroit de Torrès, dirigée par le révérend Samuel McFarlane (1837-1911) de la Société missionnaire de Londres (fig. 1). Né en Ecosse, Samuel MacFarlane devient missionnaire en 1858. Il est tout d’abord nommé aux îles Loyauté, l’actuelle Nouvelle-Calédonie, avant d’atteindre Lifu le 30 octobre 1859. De retour de Lifu, il reste à Londres le temps nécessaire pour écrire The Story of the Lifu Mission (Londres, 1873) et obtenir l’aval de la Société pour son projet de mission en Nouvelle-Guinée.
Il retourne en Nouvelle-Guinée en passant par les îles Torrès et accoste à Erub (île Darney) le 1er juillet 1871. Les Îliens acclament son arrivée comme « L’avènement de la Lumière », et depuis lors, tous les habitants continuent de commémorer chaque année cet événement, le 1er juillet. Au cours de son séjour dans le Pacifique Sud, il effectue vingt-trois voyages, se rend dans plus de quatre-vingts villages, établit douze installations de mission, apprend six langues et publie des traductions dans deux d’entre elles. En 1877, il déplace son quartier général sur l’île de Murray, dans le Détroit de Torres.
MacFarlane retourne en Angleterre en juin 1886, où il publie Among The Cannibals of New Guinea (Londres, 1888) (Gibbney, Volume 5, (MUP), 1974.). Malheureusement, il ne fait aucune référence détaillée à un quelconque inventaire des œuvres collectées. Nous savons, d’après les archives du British Museum, qu’il fait don de 224 objets et sculptures, tous originaires d’Océanie, dont 191 proviennent de Nouvelle-Guinée et seulement 37 des îles du Détroit de Torrès. Le British Museum possède également certaines de ses correspondances dans ses archives: « Lettre de S. McFarlane, Somerset, Queensland/ M. Sharpe, 15 sept 1876. » McFarlane écrit qu’il fait parvenir au British Museum un envoi au service d’histoire naturelle, constitué d’outils en pierre, de lances et de flèches sculptées, etc. tous originaires de Nouvelle-Guinée. Il fait référence à un colis précédent, sans en préciser la nature, et précise qu’il ne s’est pas encore installé sur la côte de Nouvelle-Guinée. Aussi : liste de « spécimens ethnologiques recueillis entre l’île de Yule et le Détroit de Chine. Nouvelle-Guinée. Courrier annoté du 24 juin 1884, +2428 et seq ». Également : « liste d’objets présentés à la collection Christy par A. W. Franks [un administrateur effectuant des acquisitions au nom de la collection Christy]. 26 juin 1885. Achat d’E. Gerrard fils auprès du Rév S. McFarlane 30 £ ». Annotation + 2489-2501. Aussi: « liste des objets recueillis en Nouvelle-Guinée par le Rév. S. McFarlane achetés par Edward Gerrard fils le 23 nov 1886 ». C’est dans cette dernière que sont cités les présents masques.
Edward Gerrard et fils
D’après la correspondance disponible au British Museum et comme le confirment les archives du Museum für Völkerkunde Dresden, Edward Gerrard fils (1832-1927) a joué le rôle d’intermédiaire dans la vente de certaines pièces collectées par McFarlane sur les îles Torrès. Edward Gerrard père (1810-1910) travaillait depuis 1836 à la Société de zoologie de Londres en tant qu’assistant de George Robert Waterhouse. En 1850, il lance sa propre société familiale, spécialisée dans la taxidermie et l’ostéologie. Edward Gerrard fils cultive des liens étroits avec la Société de zoologie et sert d’intermédiaire pour l’achat d’objets et de spécimens d’histoire naturelle. L’entreprise devient florissante avec son activité de commissaires-priseurs, mais ce ne fut le cas qu’à partir des années 1920, bien après que les pièces rapportées par McFarlane furent dispersées (cf. P.A. Morris, Edward Gerrard and Sons : A Taxidermy Memoir, 2004).
Museum für völkerkunde de Dresde
Le musée de Dresde a fait l’acquisition d’un stock de masques du Détroit de Torres sous l’égide d’Adolf Bernhard Meyer (1840 – 1911). Cet anthropologue allemand, ornithologue, entomologiste et herpétologiste a dirigé le musée d’anthropologie et d’ethnographie de Dresden de 1874 à 1905, année où il prit sa retraite. Si, par la suite, ce masque a été cédé par le musée, d’autres en écailles de tortue originaires de l’île de Maribuag (Jervis) restent, ou ont été, classées sous les numéros suivants à l’inventaire du musée de Dresde : 6346, 6347, 6348, 6349, 6361, 6362, 6363, 6364, 6365, 6367, 6375, 6376, 6377. Numéros des masques en bois : 6360, 6398 (publiés à côté du n° 6397 dans l’ouvrage de Meyer). D’après ce dernier, chaque pièce a été collectée par S. McFarlane dans une maison d’hommes, sans que l’on puisse savoir avec certitude s’il s’agit d’une ou de plusieurs maisons (dans Masken von Neu Guinea und dem Bismarck Archipel / Unterstützung der Generaldirection der Königlichen Sammlungen für Kunst und Wissenschaft zu Dresden, 1889, p. 5).
MASQUE DE L’ÎLE DE SAIBAI
Ce masque provenant de la collection Jolika est le plus remarquable d’un corpus extrêmement rare d’œuvres du Détroit de Torrès. Avec ses proportions magistrales (près de trois fois la taille d’un visage humain), sa forme particulière en trapèze, sa profondeur et l’expression obsédante des yeux en coquillage qui opposent un contraste fort avec le bois sombre, ce masque est l’un des plus fascinants de tous les masques des Mers du Sud.
Les masques en bois des îles Torrès, contrairement aux masques en écailles de tortue peut-être plus célèbres, sont tous associés à l’île occidentale de Saibai. Ceci s'explique sans doute par le fait que l’île et ses habitants sont proches de la Nouvelle-Guinée, à l’embouchure du rivière Fly, et de ses traditions de sculpture de bois, et que les tortues prolifèrent moins dans les eaux boueuses de Papouasie. Douglas Fraser, dans son analyse approfondie de l’art du Détroit de Torres, classe le masque Jolika dans la catégorie « 2E », un corpus très restreint composé de deux autres modèles réputés figurant dans la collection du l’Australia Museum, à Sydney, sous le numéro d’inventaire E7097 (cf. Moore, 1989, p. 28, figure 18) et d’un troisième dans la collection Barbier-Mueller, numéro 4241 (cf. Peltier et Morin, eds, 2006, p. 228, n° cat. 118).
Chacun possède une forme concave de profil, une surface décorée et des yeux en coquillage. Le front est encadré par un alignement caractéristique de cheveux. Ce groupe se caractérise également par l’absence de percements pour les yeux, ce qui signifie qu’ils n’étaient pas portés sur le visage, mais plutôt sur le sommet de la tête. L’exemplaire de la collection Jolika, comme le précise Friede, en s’appuyant sur les notes de Fraser et d’A. B. Meyer, présente un appendice en forme de croissant à l’arrière, laissant présumer qu’il était effectivement porté sur le haut de la tête, et qu’il pouvait aussi servir d’objet de décoration architectural (Friede, éd., Vol II, 2007, p. 169 ; Fraser, op. cit. ; Meyer 1889, p. 6).
Ce type de masque de visage humain, appelé mawa (ce qui signifie visage ou masque), était utilisé dans la cérémonie éponyme : mawa. Elle célébrait, aux alentours du mois de septembre, la récolte de l’ubar, une variété de prune sauvage ainsi que celle de l’igname, du manioc et du taro. Le danseur masqué portait également un costume composé de feuilles de cocotier. La cérémonie visait non seulement à célébrer la récolte, mais aussi à préserver la fertilité du sol.