MASQUE
TEOTIHUACAN
MASQUE
TEOTIHUACAN
MASQUE
TEOTIHUACAN
3 More
MASQUE
TEOTIHUACAN
6 More
La Galerie Pierre Matisse, située à New York et qui porte le nom de son fondateur, le plus jeune fils d’Henri Matisse, a ouvert ses portes en 1931. Pierre Matisse (1900-1989) a longtemps été le soutien en Amérique d’un groupe d’artistes européens varié parmi lesquels figurent Miro, Chagall, Balthus, Giacometti (fig. 1) et aussi des peintres associés à l’avant-garde du surréalisme comme Yves Tanguy, Leonora Carrington, Matta et Wilfredo Lam.Matisse a lui-même été confronté très tôt aux productions artistiques ethnographiques par son propre père qui était aussi un collectionneur d’objets ethnographiques, comme de nombreux artistes pionniers du début du 20e siècle. Au cours des années 1930, Pierre Matisse se tourne vers les marchands parisiens d’arts premiers présents depuis longtemps, comme Charles Ratton, Josef Brummer et l’ami de Picasso, Ernst Ascher. Aux Etats-Unis, c’est le galeriste de Los Angeles Earl Stendahl qui introduit Matisse à l’art précolombien qu’il présentait lui-même à la vente et collectionnait personnellement.Avec la perturbation des communications avec l’Europe durant la Seconde Guerre mondiale, Matisse s’est orienté vers des créations pionnières comme celles de William Spratling, Diego Rivera et Roberto Montenegro Nerva.Matisse a été l’un des premiers à organiser des expositions-ventes dans tous ces domaines à New York (fig. 2), mais il a particulièrement apprécié ce masque depuis son achat en 1938 au point de le conserver dans sa propre collection personnelle pendant plus de cinquante ans sans jamais le vendre.Eugen Thaw, ancien marchand et collectionneur, a dit de Matisse à sa mort qu’il "était un homme à l’œil infaillible, même dans des domaines en dehors de son champs de spécialisation. À l’apogée de sa galerie et à son propre domicile, on pouvait rencontrer des objets inattendus de toutes sortes – tels des exemples splendides d’art précolombien [...] il a été l’un des premiers collectionneurs contemporains dans ce domaine." (New York Times, 11 août 1989)The Pierre Matisse Gallery, located in New York, named after its founder, the younger son of Henri Matisse, opened its doors in 1931. Pierre Matisse (1900-1989) was a long time standard-bearer in America of a diverse group of European artists including Miro, Chagall, Balthus, Giacometti (fig. 1) and those painters associated in the vanguard of Surrealism among them Yves Tanguy, Leonora Carrington, Matta and Wilfredo Lam.Matisse was exposed to ethnographic art early on through his father, who was a collector of ethnographic art like many early 20th century pioneering artists. Pierre Matisse turned during the 1930s to veteran Paris dealers of Arts Premiers as Charles Ratton, Josef Brummer and Picasso’s friend, Ernst Ascher. In America he struck up a collaboration with the Los Angeles gallerist, Earl Stendahl, who introduced Matisse to Pre-Columbian art, which he showcased and went on to collect personally.With World War II and the disruption in communication with Europe, Matisse turned to source works from the likes of William Spratling, Diego Rivera and Roberto Montenegro Nerva.Matisse mounted some of the first selling exhibitions in these domains in New York (fig. 2). However he particularly treasured this mask since its purchase in 1938 as it remained in his personal collection for over fifty years.Eugen Thaw, the former dealer and collector, said of Matisse upon his death: "He was a man of unerring eye, even in areas outside his field in which he specialized. In the heyday his gallery and in his house, there were always unexpected things – above all, wonderful examples of Pre-Columbian art […] he harked back to the early days of the modernist collecting." (New York Times, August 11, 1989)
MASQUETEOTIHUACAN

CLASSIQUE, ENV. 450-650 AP. J.-C.

Details
MASQUE
TEOTIHUACAN
CLASSIQUE, ENV. 450-650 AP. J.-C.
Hauteur : 15 cm. (6 in.)
Provenance
William Spratling (1900-1967), New York
William Spratling était un designer et artiste argentier d'origine américaine, surtout connu pour son influence sur la création mexicaine du XXe siècle.
William Spratling was an American born architect and silver-designer, best known for his influence on 20th century Mexican design.
Pierre Matisse Gallery, New York, acquis auprès de ce dernier le 7 octobre 1938, inv. n° 816
Collection Pierre et Tana Matisse Foundation, New York
Sotheby's, New York, 13 mai 2011, lot 177
Collection privée européenne, acquis lors de cette vente
Literature
Blazy, J. et al., Le cinquième Soleil - Arts du Mexique, Sarran, 2012, p. 115, n° 88
Blazy, J., Delpuech, A. et al., Il mondo che non c'era. L'arte precolombiana nella Collezione Ligabue, Milan, 2018, p. 97, n° 37
Exhibited
France, Sarran, Musée du Président Jacques Chirac, Le cinquième Soleil - Arts du Mexique, 11 juin - 11 novembre 2012
Venise, Palazzo Loredan, Istituto Veneto di Scienze Lettere ed Arti, Il mondo che non c'era. L'arte precolombiana nella Collezione Ligabue, 12 janvier - 30 juin 2018
Further details
TEOTIHUACAN SERPENTINE MASK

The impressive, face characterized by the mature features notable for the chiseled, jutting cheeks, fulsome, parted lips, ovoid eyes once inlaid with the lids marked in ochre by the remains of the iron oxide of these attachments, fleshy nose, the decoratively-carved ears pierced for ornaments. Suspension holes at the sides and the center of the forehead for attachment, in rich green mottled serpentine with remains of white and red stucco in one nostril.

For a mask of the same stone and similar inlay coloration in the Denver Art Museum, see Young-Sánchez, M., Pre-Columbian Art in the Denver Art Museum Collection, Denver, 2003, p. 32, no. 12.

Teotihuacán stone masks have been treasured since the 14th century as witnessed by the Aztec offerings of such masks unearth in the Templo Mayor excavations in Mexico City. Traditionally labelled as funerary masks probably attached to mummy bundles recent studies suggest that these often weighty stone faces were used in quotidian rituals as centerpieces in shrine-like settings similar to the faces embedded in theater incensarios - fig. 6 - (Rose, T.R., Walsh, J.M., The stone faces of Teotihuacan: Insights into their use, manufacture and sources in Journal of Archaeological Science, no. 22, Bridgnorth, 2016, pp. 299-312).
Sale room notice

Lot Essay

La grande cité de Teotihuacan - l’un des sites archéologique les plus impressionnants qui soit au monde - s’est développée dans la vallée de Mexico, à peu de distance au nord de la ville actuelle de Mexico, entre le premier et le septième siècle de notre ère. A l’apogée de son développement, au 6e siècle ap. J.-C., la ville s’étendait sur une zone supérieure à vingt kilomètres carrés et elle était le centre religieux, politique et économique le plus puissant de Mésoamérique, avec une aire d’influence qui s’étendait au sud jusqu’à la zone culturelle de la civilisation Maya. De nos jours, Teotihuacan est surtout connue pour les constructions architecturales monumentales qui se trouvent dans le centre de la cité et qui étaient entourées de très nombreux quartiers d’habitation où l’on pense que résidaient plusieurs centaines de milliers d’habitants. Même plusieurs siècles après la disparition de la ville en tant que telle, la cité en ruine a continué d’exercer une influence culturelle au travers de ce qu’elle avait été et son nom actuel lui a été donné par les Aztèques au 15e siècle : Teotihuacan ou « Le lieu de naissance des Dieux ».

Les milliers d’œuvres d’art indépendantes - principalement des représentations humaines et des récipients de différents types - réalisés principalement en argile ou en pierre par des artisans hautement qualifiés au sein des nombreux ateliers spécialisés de la ville, sont tout autant réputées que les plus célèbres et imposantes constructions de Teotihuacan - les Pyramides du Soleil et de la Lune, le Temple de Quetzalcoatl et la Rue des Morts. Les masques en pierre grandeur nature de Teotihuacan, dont celui présenté ici est un exemple traditionnel, ont longtemps été admirés pour leur élégante simplicité et leur sobriété dans le rendu abstrait. Plus de cinq cents exemplaires sont répertoriés dans les collections et leur taille varie de 10 à 28 cm. de hauteur. Ils sont réalisés dans un style simple et stéréotypé typique de l’esthétique de Teotihuacan et dans une variété de pierres que l’on ne retrouve pas à proximité de la cité, principalement de la serpentine - comme ce masque - du travertin, du calcaire, et de la listwanite.

Représentant un visage humain anonyme et idéalisé plutôt que des individus en particulier, les masques appartiennent à un corpus commun, avec un rendu géométrique des traits du visage ou l’on retrouve un large front droit légèrement en pente vers l’arrière, une ligne de front légèrement incurvée, un large nez triangulaire, des yeux ovales et une bouche semi-ouverte avec des lèves droites parallèles. Ces mêmes caractéristiques faciales schématisées qui sont la caractéristique des masques Teotihuacan sont également visibles sur les visages des nombreuses représentations en pierre grandeur nature du site, dont certaines sont debouts (fig. 4) et d’autres assises (fig. 5), ainsi que sur nombre de très nombreuses représentations humaines en céramique qui sont moulées pour la plupart.

Certains masques sont étonnamment représentés de profil sous trois dimensions, comme ici, avec un nez fortement saillant, des lèvres complètement séparées et des joues bombées qui confèrent au visage un aspect charnu et une expression sereine. On peut au-delà des caractéristiques stylistiques habituelles que l’on retrouve sur les masques Teotihuacan (pour une sélection, voir Berrin, K., Pasztory, E. et al., 1993) qui n’expriment généralement aucune expression et ne montrent aucun âge ou sexe déterminé, rencontrer quelques légères variations, comme sur le masque ici présenté, avec une sculpture des joues arrondies et des lignes profondes de chaque côté de la bouche qui donnent au visage un aspect un peu plus âgé.

Les masques comportent tous des protubérances rectangulaires des deux côtés du visage pour représenter les oreilles qui sont toujours perforées à leur base pour la fixation d’ornements à suspendre. Des perforations complémentaires peuvent aussi souvent se trouver le long des bordures des masques et parfois sur la partie haute du front, comme ici. Les yeux profonds et les bouches entrouvertes étaient souvent incrustés d’autres matériaux, notamment du coquillage, de l’obsidienne noire ou de la pyrite de fer dorée pour les globes oculaires, les pupilles et les dents pouvant donner aux visages une expression plus réaliste et après des siècles d’enfouissement, la pyrite pouvant laisser un résidu jaune, comme sur cet exemplaire.

Quelques masques comportent aussi des restes de pigments rouge, vert et brun sur la surface, suggérant qu’ils ont pu avoir été recouverts de ces matériaux. Les masques, bien qu’ils soient parmi les objets les plus connus à être associés à la ville de Teotihuacan, figurent aussi parmi les objets les plus énigmatiques de cette cité, avec une signification et une utilisation fonctionnelle incertaines. Ces réalisations sont aujourd’hui considérées comme des « visages » et elles n’auraient pu être portées par une personne vivante car la plupart d’entre elles sont trop grandes et trop lourdes avec un poids compris entre 3 et 7 kg, et elles ne sont pas percées au niveau des yeux et de la bouche pour que le porteur puisse voir et respirer. Autrefois, les masques en pierre ont été considérés comme des objets funéraires bien qu’aucun n’ait été trouvé dans un environnement funéraire documenté. D’après des découvertes archéologiques récentes, les chercheurs suggèrent que les masques en pierre ont pu être utilisés dans les rituels quotidiens au sein des espaces communs des résidences de Teotihuacan.

Heidi King
Historienne de l’art, spécialiste de l’art précolombien

Bibliographie :
Berrin, K. and Pasztory, E., Teotihuacan: Art from the City of the Gods, San Francisco, 1993
Robb, M., Teotihuacan: City of Water, City of Fire, San Francisco, 2017

Masque en serpentine veinée vert intense avec des restes de stuc blanc et rouge dans une narine et comportant des trous de suspension sur les cotés et au centre du front, dont le visage impressionnant se caractérise par des traits matures soulignés par des joues burinées en saillie, des lèvres entrouvertes, des yeux ovoïdes autrefois incrustés et avec des paupières soulignées par une couleur ocre due aux traces d’oxyde de fer qui fixait les incrustations, au nez épaté, aux oreilles décoratives percées pour placer des ornements.

Pour un masque de la même pierre et des incrustations similaires au Musée d’Art de Denver, voir Young-Sánchez, M., Pre-Columbian Art in the Denver Art Museum Collection, Denver, 2003, p. 32, n° 12.

Les masques en pierre Teotihuacán ont été considérés comme de véritables trésors depuis le 14e siècle, comme en témoignent les offrandes aztèques de ce type de productions retrouvées ensevelies lors des fouilles du Templo Mayor de Mexico City. Traditionnellement considérés comme masques funéraires qui étaient peut-être fixés sur les bandages des momies, ces « visages » de pierre souvent d’un poids conséquent sont à la suite d’études plus récentes envisagés pour la pratique de rituels quotidiens en tant qu’élément central se tenant dans des sortes de sanctuaires, semblablement aux visages incrustés des encensoirs (Rose, T.R., Walsh, J.M., The stone faces of Teotihuacan: Insights into their use, manufacture and sources in Journal of Archaeological Science, n° 22, Bridgnorth, 2016, pp. 299-312).

The great city of Teotihuacan - one of the world’s most impressive archaeological sites - flourished in the Valley of Mexico, a short distance north of present day Mexico City, roughly between the 1st and 7th century of the Christian Era. At the height of its prosperity in the 6th century, the city covered an area of more than twenty square kilometers and was the most powerful economic, political and religious center in Mesoamerica spreading its influence throughout the region as far south as the Maya culture area. Today Teotihuacan is primarily known for its monumental architecture in the city center surrounded by innumerable housing compounds where several hundred thousand people are thought to have lived. Even hundreds of years after its demise, the ruined city remained culturally influential having been given its present name by the Aztecs of the 15th century: Teotihuacan ‘Birthplace of the Gods.’

Equally as well-known as the most famous massive architectural structures at Teotihuacan - the Pyramids of the Sun and Moon, the Temple of Quetzalcoatl, and the Street of the Dead - are the thousands of portable artworks - mostly human figures and containers of various types - made primarily of clay and stone by highly skilled craftsmen in numerous specialized workshops within the city. Teotihuacan’s life-size stone masks, of which this is a classic example, have long been admired for their elegant simplicity and restrained abstraction. More than five hundred are known in collections. They range in size from 10 to 28 cm. in height and are carved in a variety of stones, none of which are found near Teotihuacan, primarily serpentine - as is this mask - travertine, limestone, and listwanite in a simple, standardized style that reflects Teotihuacan aesthetics.

Seemingly depicting an idealized, anonymous human face rather than specific individuals, the masks share a similar format, and geometricized rendering of the facial features - a wide straight forehead slightly receding, a gently curved brow line, broad triangular nose, oval eyes and half-open mouth in parallel horizontals. The same schematic facial features that characterize all Teotihuacan masks are also seen on the faces of numerous full-size stone figures from the site, some standing (fig. 4) others seated (fig. 5) as well as on many of the countless ceramic human figures many of which are made in molds.

Some masks are surprisingly three-dimensional in profile; as this example shows, the strongly projecting nose, full parted lips and bulging cheeks give the face an almost soft, fleshy quality. Within the standard stylistic features one observes on Teotihuacan masks (for a selection see Berrin/Pasztory et al 1993) which generally show no expression, age or sex, are subtle variations; on this mask the carving of the rounded cheeks and the deep lines on either side of the mouth lend the face a somewhat older look.

Invariably the masks have rectangular protuberances for ears on both sides of the face which are always perforated at the bottom for attachment of pendant ornaments. Additional holes are often present along the sides of the masks and sometimes on the forehead near the top edge as seen here. The deep set eyes of the masks and half-open mouths were often inlaid with other materials including shell, black obsidian or golden iron pyrite for eyeballs, pupils and teeth giving the faces a more lifelike expression. After centuries of burial pyrite leaves a yellow residue as on this example. A few masks have remnants of red, green and brown pigment on the surface suggesting they may have once been covered with these materials.

The masks, although one of the best known object types associated with the city of Teotihuacan, are also among the most enigmatic, and their meaning and function in ancient times remain unclear. The masks are actually ‘faces’ since they could not have been worn by a living person; most of them are too large and heavy, weighing between 3 and 7 kg, and do not have their eyes and mouths pierced so that the wearer could see and breathe. In the past the stone faces have been thought to be funerary objects although none have been found in a documented burial context. Based on recent archaeological discoveries scholars suggest that the stone faces were used in every day rituals in communal spaces of apartment compounds at Teotihuacan.

Heidi King
Art Historian, Pre-Columbian Art

Bibliography:
Berrin, K. and Pasztory, E., Teotihuacan: Art from the City of the Gods, San Francisco, 1993
Robb, M., Teotihuacan: City of Water, City of Fire, San Francisco, 2017

More from QUETZALCOATL : SERPENT À PLUMES

View All
View All