Lot Essay
Isidro Hernández Gutiérrez, conservateur de la Collection Óscar Domínguez, Tenerife, et la Asociación de Expertos y Herededos en defensa de Óscar Domínguez ont confirmé l'authenticité de cette œuvre.
Originaire d'Espagne, Óscar Domínguez , se rend à Paris en 1929 afin de travailler pour la société d'exportation de son père. En parallèle, le jeune espagnol ne manque pas de développer ses aptitudes artistiques tant en peinture qu’en sculpture. C’est grâce à ce talent qu’il rencontre André Breton et le cercle surréaliste parisien qui gravite autour de lui. Breton est séduit par la vision poétique de Domínguez et l'accueille officiellement au sein du groupe des Surréalistes en 1935. Domínguez se fait rapidement le relais entre le groupe parisien et les surréalistes espagnols. Son œuvre est alors marquée aussi bien par l’influence du Surréalisme que part les horreurs de la Guerre Civile espagnole (1936-39).
La renommée de l’artiste s’accroit rapidement, aussi bien en Espagne qu’en France. Cette reconnaissance internationale est encouragée par la vicomtesse Marie-Laure de Noailles, elle qui, avec son époux, fut parmi les plus grands mécènes de l'art moderne et surréaliste du milieu du XXe siècle. Parmi les artistes défendus par celle-ci (Henri Laurens, Salvador Dalí, Jean Michel Frank, etc.), Dominguez sortait du lot. Très vite, l’artiste et la vicomtesse tissèrent une histoire d’amour passionnée.
En 1945, Domínguez décide de s’éloigner du Surréalisme. Malgré ses recherches, il ne parvient plus à se renouveler. Comme en témoigne la présente œuvre, l’artiste essaie alors de nouvelles techniques, mélangeant la peinture à l’huile à des zones travaillées de décalcomanie dont il est l’inventeur ; y ajoutant parfois des zones de grattage et de raclage. Malgré cela, Domínguez n’arrive pas à trouver une unité de style et traverse des années difficiles. Les toiles de la fin de sa carrière constituent de véritables zones d’interrogations.
Les thèmes dépeints par l’artiste évoluent aussi. À partir des années 1950, Domínguez compose des séries d’architectures urbaines. Simplifiés au maximum, comme dans La Ville, 1957, ces paysages urbains sont bien souvent plongés dans un ciel toujours empreint de solitude et de mélancolie. Domínguez nous plonge dans un univers urbain désert, silencieux, sans issue. Mais pour l’artiste, ces paysages sont le témoin de son évolution restreinte et hésitante et de son impossible reconversion.
De nature instable et parfois dérangeante, l’artiste est interné en 1956. Hanté par cette impossibilité de se renouveler, déçu de son exposition monographique à la Galerie Rive Gauche Paris (où il n’a vendu que sept œuvres sur vingt-cinq) et surtout inconsolable du décès de son si cher ami Paul Éluard en 1952, Óscar Domínguez met fin à ses jours le 31 décembre 1957, laissant derrière lui sa bien-aimée Marie-Laure de Noailles.
La Ville est ainsi l’une des dernières toiles que l’artiste réalise. Loin de chercher l’illusionnisme pictural, Domínguez y cherche davantage à fixer un rêve, combinant hasard et subconscient pour les cristalliser dans un entremêlement de formes et de structures en une image mirage. L’artiste nous plonge alors dans un univers en tension, dans une atmosphère inquiétante et obsédante. Impossible de ne pas ressentir à travers cette œuvre la violence latente dont l’artiste souffrait.
Óscar Domínguez left his native Spain for Paris in 1929 to work for his father’s exports business. At the same time, the young Spaniard cultivated his artistic skills in painting and sculpture. His natural talent led to an encounter with André Breton and the Parisian surrealists who gathered around him. Breton fell for Domínguez's poetic vision and officially welcomed him into his circle of surrealists in 1935. Domínguez quickly became a bridge between the Parisian group and the Spanish surrealists. His work at the time was influenced as much by surrealism as by horrors of the Spanish Civil War (1936-1939).
The artist quickly rose to prominence in Spain and in France. This international recognition was encouraged by viscountess Marie-Laure de Noailles who, along with her husband, was one of the greatest patrons of modern and surrealist art in the mid-20th century. Domínguez was a stand-out among the artists she supported (Henri Laurens, Salvador Dalí, Jean Michel Frank, etc.). The artist and viscountess soon embarked on a passionate love affair.
In 1945, Domínguez began distancing himself from surrealism. Despite his efforts, he could no longer find a new perspective. As the present work attests, the artist began trying out new techniques, mixing paint with oil and decals, which he invented. Sometimes he added areas where the surface is scraped or scratched. Nevertheless, Domínguez was unable to find a unity of style and he went through several difficult years. His late-career canvases are spaces of interrogation.
The topics depicted by the artist also evolved. From the 1950s, Domínguez composed urban architecture series. Simplified to the extreme, as in La Ville, 1957, these urban landscapes were frequently painted under a sky tinged with solitude and melancholy. Domínguez immerses us in a deserted, silent urban universe with no exit. But for the artist, these landscapes speak to his halting, hesitant evolution, of his inability to reinvent himself.
Domínguez was unstable and sometimes unsettling; in 1956 he was interned to an asylum. Haunted by the impossible task of renewing himself, disappointed with his solo show at Galerie Rive Gauche Paris (where he sold just 7 of 25 works) and, above all, inconsolable after the death of his dear friend Paul Éluard in 1952, Óscar Domínguez committed suicide on 31 December 1957, leaving behind his beloved Marie-Laure de Noailles.
La Ville is therefore one of the artist’s final canvases. Far from seeking pictorial illusionism, Domínguez is more interested in capturing a dream, combining chance and the subconscious to crystallise them in an intermingling of forms and structures in an image that is really a mirage. Thus, the artist takes us deep into a world of tension, in a troubling, haunting atmosphere. It is impossible with this work not to feel the latent violence that plagued the artist.
Originaire d'Espagne, Óscar Domínguez , se rend à Paris en 1929 afin de travailler pour la société d'exportation de son père. En parallèle, le jeune espagnol ne manque pas de développer ses aptitudes artistiques tant en peinture qu’en sculpture. C’est grâce à ce talent qu’il rencontre André Breton et le cercle surréaliste parisien qui gravite autour de lui. Breton est séduit par la vision poétique de Domínguez et l'accueille officiellement au sein du groupe des Surréalistes en 1935. Domínguez se fait rapidement le relais entre le groupe parisien et les surréalistes espagnols. Son œuvre est alors marquée aussi bien par l’influence du Surréalisme que part les horreurs de la Guerre Civile espagnole (1936-39).
La renommée de l’artiste s’accroit rapidement, aussi bien en Espagne qu’en France. Cette reconnaissance internationale est encouragée par la vicomtesse Marie-Laure de Noailles, elle qui, avec son époux, fut parmi les plus grands mécènes de l'art moderne et surréaliste du milieu du XXe siècle. Parmi les artistes défendus par celle-ci (Henri Laurens, Salvador Dalí, Jean Michel Frank, etc.), Dominguez sortait du lot. Très vite, l’artiste et la vicomtesse tissèrent une histoire d’amour passionnée.
En 1945, Domínguez décide de s’éloigner du Surréalisme. Malgré ses recherches, il ne parvient plus à se renouveler. Comme en témoigne la présente œuvre, l’artiste essaie alors de nouvelles techniques, mélangeant la peinture à l’huile à des zones travaillées de décalcomanie dont il est l’inventeur ; y ajoutant parfois des zones de grattage et de raclage. Malgré cela, Domínguez n’arrive pas à trouver une unité de style et traverse des années difficiles. Les toiles de la fin de sa carrière constituent de véritables zones d’interrogations.
Les thèmes dépeints par l’artiste évoluent aussi. À partir des années 1950, Domínguez compose des séries d’architectures urbaines. Simplifiés au maximum, comme dans La Ville, 1957, ces paysages urbains sont bien souvent plongés dans un ciel toujours empreint de solitude et de mélancolie. Domínguez nous plonge dans un univers urbain désert, silencieux, sans issue. Mais pour l’artiste, ces paysages sont le témoin de son évolution restreinte et hésitante et de son impossible reconversion.
De nature instable et parfois dérangeante, l’artiste est interné en 1956. Hanté par cette impossibilité de se renouveler, déçu de son exposition monographique à la Galerie Rive Gauche Paris (où il n’a vendu que sept œuvres sur vingt-cinq) et surtout inconsolable du décès de son si cher ami Paul Éluard en 1952, Óscar Domínguez met fin à ses jours le 31 décembre 1957, laissant derrière lui sa bien-aimée Marie-Laure de Noailles.
La Ville est ainsi l’une des dernières toiles que l’artiste réalise. Loin de chercher l’illusionnisme pictural, Domínguez y cherche davantage à fixer un rêve, combinant hasard et subconscient pour les cristalliser dans un entremêlement de formes et de structures en une image mirage. L’artiste nous plonge alors dans un univers en tension, dans une atmosphère inquiétante et obsédante. Impossible de ne pas ressentir à travers cette œuvre la violence latente dont l’artiste souffrait.
Óscar Domínguez left his native Spain for Paris in 1929 to work for his father’s exports business. At the same time, the young Spaniard cultivated his artistic skills in painting and sculpture. His natural talent led to an encounter with André Breton and the Parisian surrealists who gathered around him. Breton fell for Domínguez's poetic vision and officially welcomed him into his circle of surrealists in 1935. Domínguez quickly became a bridge between the Parisian group and the Spanish surrealists. His work at the time was influenced as much by surrealism as by horrors of the Spanish Civil War (1936-1939).
The artist quickly rose to prominence in Spain and in France. This international recognition was encouraged by viscountess Marie-Laure de Noailles who, along with her husband, was one of the greatest patrons of modern and surrealist art in the mid-20th century. Domínguez was a stand-out among the artists she supported (Henri Laurens, Salvador Dalí, Jean Michel Frank, etc.). The artist and viscountess soon embarked on a passionate love affair.
In 1945, Domínguez began distancing himself from surrealism. Despite his efforts, he could no longer find a new perspective. As the present work attests, the artist began trying out new techniques, mixing paint with oil and decals, which he invented. Sometimes he added areas where the surface is scraped or scratched. Nevertheless, Domínguez was unable to find a unity of style and he went through several difficult years. His late-career canvases are spaces of interrogation.
The topics depicted by the artist also evolved. From the 1950s, Domínguez composed urban architecture series. Simplified to the extreme, as in La Ville, 1957, these urban landscapes were frequently painted under a sky tinged with solitude and melancholy. Domínguez immerses us in a deserted, silent urban universe with no exit. But for the artist, these landscapes speak to his halting, hesitant evolution, of his inability to reinvent himself.
Domínguez was unstable and sometimes unsettling; in 1956 he was interned to an asylum. Haunted by the impossible task of renewing himself, disappointed with his solo show at Galerie Rive Gauche Paris (where he sold just 7 of 25 works) and, above all, inconsolable after the death of his dear friend Paul Éluard in 1952, Óscar Domínguez committed suicide on 31 December 1957, leaving behind his beloved Marie-Laure de Noailles.
La Ville is therefore one of the artist’s final canvases. Far from seeking pictorial illusionism, Domínguez is more interested in capturing a dream, combining chance and the subconscious to crystallise them in an intermingling of forms and structures in an image that is really a mirage. Thus, the artist takes us deep into a world of tension, in a troubling, haunting atmosphere. It is impossible with this work not to feel the latent violence that plagued the artist.