Lot Essay
Les statues Igbo font partie des plus grandes sculptures de l’art africain. Les tailles imposantes, les riches scarifications en relief et les peintures ocre, noir et blanc, font de ce couple des oeuvres majeures de l’art Igbo. Bien que régulièrement surnommées « statues d’ancêtres », ces sculptures représentent en réalité une divinité tutélaire appelée alusi. Le lien familial est cependant parfois symbolique puisque les êtres représentés pouvaient être l’un des fondateurs du clan et constituer ainsi le « père » ou la « mère » du groupe.
Ces statues étaient conservées dans un sanctuaire dédié aux ancêtres. Ce lieu servait lors de célébrations hebdomadaires et annuelles. Un caractère commun permet d'identifier les statues alusi : il s’agit de la position des mains tournées vers le ciel. Cette attitude évoquerait la générosité des déités ainsi que leur volonté de recevoir sacrifices et offrandes.
Cet important couple provient de l’atelier du Maître d'Awka. Ce nom choisi par Bernard de Grunne, dans son ouvrage Igbo: Monumental Sculptures from Nigeria (2010, pp. 10-11), se réfère à une photographie prise par George T. Basden dans le village d'Awka en 1921 (op. cit., p. 32, n° 11), montrant une jeune fille parée d'une coiffure similaire. L'origine géographique précise de ces statues ou l’identité de leur créateur restent inconnues. Le style du Maître d'Awka est un style canonique et classique de la statuaire Igbo. Il est caractérisé par l'élégance des formes, le soin apporté au naturalisme des détails anatomiques, le corps aux proportions parfaites et l'extrême raffinement de la tête aux traits délicatement modelés. Ses statues offrent d'autres caractéristiques telles que les multiples scarifications faciales traditionnelles présentes sur le visage - ichi -, les petits yeux ovoïdes, la bouche ouverte dessinant un ovale et laissant apparaître une série de dents, et des oreilles naturalistes saillantes. Des scarifications linéaires s'étirent sur la longueur du torse et de l'abdomen en une zone hachurée et correspondent elles aussi à des marques rituelles. De multiples bracelets ceindent les avant-bras et les chevilles des sculptures - attributs réservés aux personnalités de haut rang.
On répertorie au minimum deux autres statues dans le corpus restreint des sculptures du Maître d'Awka. Le collectionneur suisse Sadruddin Aga Khan les a acquises auprès de Jacques Kerchache en 1969 (voir Leuzinger, E., Die Kunst von Schwarz- Afrika, Zurich, 1970, n° M20). Ce deuxième couple est similaire à la paire présentée ici. Il se distingue par de légers détails dont la représentation ornementale d'une série de bracelets en ivoire qui orne le bras droit de la figure féminine. Une autre statue attribuée à ce maître-sculpteur, également de l’ancienne collection Kerchache, fut vendue par Christie’s, à Paris, en 2014 (lot 48). Les statues alusi étaient conservées au coeur des sanctuaires Igbo. Il est probable que les sculptures du Maître d'Awka proviennent toutes du même sanctuaire. L'épaisse patine croûteuse et polychrome qui recouvre ces oeuvres monumentales atteste leur longue vie rituelle. Jacques Kerchache a toujours conservé dans sa collection privée les exemplaires présentés ici, les considérant comme ses favoris.
Ces statues étaient conservées dans un sanctuaire dédié aux ancêtres. Ce lieu servait lors de célébrations hebdomadaires et annuelles. Un caractère commun permet d'identifier les statues alusi : il s’agit de la position des mains tournées vers le ciel. Cette attitude évoquerait la générosité des déités ainsi que leur volonté de recevoir sacrifices et offrandes.
Cet important couple provient de l’atelier du Maître d'Awka. Ce nom choisi par Bernard de Grunne, dans son ouvrage Igbo: Monumental Sculptures from Nigeria (2010, pp. 10-11), se réfère à une photographie prise par George T. Basden dans le village d'Awka en 1921 (op. cit., p. 32, n° 11), montrant une jeune fille parée d'une coiffure similaire. L'origine géographique précise de ces statues ou l’identité de leur créateur restent inconnues. Le style du Maître d'Awka est un style canonique et classique de la statuaire Igbo. Il est caractérisé par l'élégance des formes, le soin apporté au naturalisme des détails anatomiques, le corps aux proportions parfaites et l'extrême raffinement de la tête aux traits délicatement modelés. Ses statues offrent d'autres caractéristiques telles que les multiples scarifications faciales traditionnelles présentes sur le visage - ichi -, les petits yeux ovoïdes, la bouche ouverte dessinant un ovale et laissant apparaître une série de dents, et des oreilles naturalistes saillantes. Des scarifications linéaires s'étirent sur la longueur du torse et de l'abdomen en une zone hachurée et correspondent elles aussi à des marques rituelles. De multiples bracelets ceindent les avant-bras et les chevilles des sculptures - attributs réservés aux personnalités de haut rang.
On répertorie au minimum deux autres statues dans le corpus restreint des sculptures du Maître d'Awka. Le collectionneur suisse Sadruddin Aga Khan les a acquises auprès de Jacques Kerchache en 1969 (voir Leuzinger, E., Die Kunst von Schwarz- Afrika, Zurich, 1970, n° M20). Ce deuxième couple est similaire à la paire présentée ici. Il se distingue par de légers détails dont la représentation ornementale d'une série de bracelets en ivoire qui orne le bras droit de la figure féminine. Une autre statue attribuée à ce maître-sculpteur, également de l’ancienne collection Kerchache, fut vendue par Christie’s, à Paris, en 2014 (lot 48). Les statues alusi étaient conservées au coeur des sanctuaires Igbo. Il est probable que les sculptures du Maître d'Awka proviennent toutes du même sanctuaire. L'épaisse patine croûteuse et polychrome qui recouvre ces oeuvres monumentales atteste leur longue vie rituelle. Jacques Kerchache a toujours conservé dans sa collection privée les exemplaires présentés ici, les considérant comme ses favoris.