'Les Plaisirs de Paris'

La"Belle Epoque" est marquée par le goût du plaisir. Au cours de ces années, de nombreuses distractions et loisirs apparaissent, surtout à Paris. 'Les plaisirs de Paris' est d'ailleurs le titre d'un célèbre guide de ces nouveaux lieux, écrit par le journaliste Alfred Delveau, paru quelques années plus tôt en 1867.

La scène ici représentée est en plein coeur du sujet : nous sommes dans la loge d'une de ces nouvelles salles de spectacle et de café-concert. Le tableau est plein d'ironie et de tristesse grinçante, dues au contraste entre le visage mélancolique de la jeune femme, à gauche, avec son bouquet de fleurs fraîches (qui n'est pas sans rappeler un bouquet de mariée) et la pancarte mentionnant "louée", allusion au monde de la galanterie au sens second du terme, c'est-à-dire, celui des amours tarifiées. Le couple très austère, installé à droite de la loge, vient renforcer cet effet contrasté, et il nous renseigne, aussi, sur la fréquentation des salles de spectacle. La cohabition forcée par les locations des places crée une mixité sociale inédite : cette oeuvre très juste et intrigante -nous sommes les spectateurs des spectateurs ; quel spectacle s'apprêtent-ils à voir ? - dévoile une "scène de genre" inédite, vouée à se répandre parmi les "peintres de la vie moderne" dont Carrier-Belleuse faisait partie.