PIERRE-PAUL PRUD'HON (CLUNY 1758-1823 PARIS)
PIERRE-PAUL PRUD'HON (CLUNY 1758-1823 PARIS)
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Ensemble de quatre projets décoratifs impériaux par Pierre-Paul Prud’hon. (lots 15-18)Une commande impériale en deux tempsTandis que Prud’hon est déjà en charge des projets de décors, en vue de la célébration du mariage de Napoléon I, Nicolas Frochot (1761-1828), préfet de Seine et ami de l’artiste, lui commande à l’intention de sa future épouse Marie-Louise, un mobilier de toilette d’une grande richesse en vermeil, nacre et lapis-lazuli en guise de trousseau officiel offert par la ville de Paris. Il ne fut pas terminé à temps pour les festivités au mois de juin mais fut délivré officiellement le 15 août 1810, dans les appartements privés de l’impératrice au Palais des Tuileries. L’ensemble comprend un large miroir en pied, une coiffeuse, un fauteuil avec son repose-pied et un candélabre (voir lot 18), une boîte à bijoux, un lave-main, des vases et des flacons à parfums richement ornés. Les plus grands artistes du moment furent mis à contribution pour la réalisation de œuvres et les projets de Prud’hon furent mis à exécution par l’orfèvre Baptiste-Claude Odiot (1763-1850), le bronzier Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) et le sculpteur Henri-Victor Roguier (1758-1841). À la chute de Napoléon en 1814, l’impératrice se retire à Parme, petit duché à l’intérieur de l’empire autrichien, avec l’ensemble de son nécessaire de toilette. Aujourd’hui disparus, les objets ont été fondus pour secourir les victimes de l’épidémie de Choléra. Ils sont connus par quelques études préparatoires de Prud’hon dont la présente (lot 18), des dessins de l’atelier d’Odiot pour la table et miroir (Paris, collection Odiot ; E. Guffey, Drawing an Elusive Line : The Art of Pierre-Paul Prud’hon, Londres, 2001, p. 156, fig. 111) et une gravure rehaussée d’Adrien-Louis Cavelier et Jean-Antoine Pierron illustrant l’ensemble en 1811 (fig. 1 ; Guffey, op. cit., p. 159, fig. 114). Un an après cette commande, l’impératrice met au monde un fils, ce qui donne l’opportunité à Nicolas Frochot d’offrir à Marie-Louise comme présent de la Ville de Paris, un berceau. À nouveau choisi pour ce projet, Prud’hon imagine ce meuble à l’aide de nombreux dessins préparatoires (lots 15, 16 et 17) qui serviront à la même équipe pour la réalisation : Thomire et Odiot fondent et cisèlent le meuble en vermeil tandis que Roguier sculpte les modèles. Le berceau sera livré le 5 mars 1811 (S. Laveissière, Prud’hon ou le rêve de bonheur, cat. exp., Paris, Galeries nationales du Grand Palais et New York, Metropolitan Museum of Art, 1997-1998, p. 206).Les choix iconographiquesLors de cette commande municipale, Prud'hon se doit d’illustrer la stabilité et l’alliance politique qui découle de ce mariage permettant ainsi à Napoléon d’assoir son autorité et de renforcer sa propagande en ce sens. L’artiste va ainsi réinterpréter ses thèmes de prédilection, l’amour, le mariage, la fertilité tout en symbolisant la Rome impériale. Les quatre dessins des collections Marcille présentés ici sont en rapport avec ce projet impérial : trois pour le berceau du roi de Rome (lots 15, 16 et 17) et un pour le fauteuil et le candélabre illustrés sur la même feuille (lot 18).Les quatre pieds du fauteuil, en forme de corne d’abondance, sont couverts de guirlandes, de fleurs et d’ornements tandis que les accoudoirs sont ornés de sculptures représentant Psyché et Cupidon, symbole de l’Amour. Un dessin à la pierre noire de Prud’hon passé en vente le 20 novembre 2016 chez Osenat à Fontainebleau (lot 434) et publié par Guiffrey (L’œuvre de P.-P. Prud’hon, Paris, 1876, n° 994) illustre avec précision l’un des deux accoudoirs (Guffey, op. cit., p 160, fig. 115) où la figure de l’Amour ailé tient les mains du putto assis devant elle. Le candélabre, esquissé à côté du fauteuil est composé de trois grâces tenant chacune un bras de lumière, rappelant les décorations de l’hôtel de ville avec Hercule et Hebé (Guffey, op. cit., p. 157). Pour le berceau du roi de Rome, les pieds sont en forme de cornes d’abondance avec les génies de La Force et de La Justice préparé par une étude dessinée des deux figures en ronde-bosse (lot 17) tandis que les côtés sont ornés de deux bas-reliefs figurant Le Tibre et La Seine dont deux études à la pierre noire et craie blanche rendent minutieusement compte du projet (lot 16). Le Tibre fait échos au titre honorifique du fils Napoléon, le ‘roi de Rome’, tandis que La Seine symbolise Paris. Le berceau est surmonté à sa tête par La Gloire planant sur le Monde qui soutient la Couronne Triomphale et celle de l’immortalité au milieu de laquelle brille l’Astre Napoléon (lot 15). L'ensemble de décorations subsidiaires, motifs de palmes, de feuilles de lauriers et d’oliviers symbolisent la victoire, la gloire et la renommée. Comme pour le bureau et le fauteuil, les pieds du berceau sont en forme de cornes d’abondance. Un jeune aiglon en vermeuil placé au pied du berceau est préparé par un dessin à la pierre noire et craie blanche sur papier bleu conservé au musée Marmottan (inv. 4022 ; Laveissière, op. cit., n° 150, ill.). Il existe une aquarelle de travail sur papier teinté bistre de l’orfèvre Odiot qui servit également au ciseleur Thomire pour l’exécution du berceau (localisation inconnue ; G. Hubert, et. al., Napoléon, cat. exp., Paris, Grand Palais, 1969, n°510).Tandis que les meubles du nécessaire de toilette ont été fondus à la demande de Marie-Louise pour secourir les victimes du choléra vers 1832, le berceau du roi de Rome est aujourd’hui conservé à la Schatzkammer de Vienne (fig. 2 ; Kunsthistorisches Museum, inv. WS XIV 28). Les études de détails—La Force et La Justice et Le Tibre et le Seine—ont fait l’objet de copies conservées au Petit Palais à Paris, légué à l’institution par Pierre-Amédée Pichot en 1921 (inv. PPD 1298-1299, PPD 1300-1301).Les présents dessins, d’une grande précision pour les études de détails, confirment le rôle de Prud’hon au sein de ce processus créatif : il fut non seulement le créateur des modèles mais il supervise également la fabrication des meubles auprès des artisans qui interviendront sur cette commande impériale d’une grande richesse. Chaque projet de Prud’hon fut ensuite traduit par des dessins ‘grandeur d’exécution’ par les artisans avant la réalisation finale des meubles (Guffey, op. cit., p. 162).Fig. 1 : A.-L. Cavelier, J.-A. Pierron, d’après P.-P. Prud’hon, La toilette de l'impératrice Marie-Louise, estampe rehaussée, Paris, Bibliothèque d’art et d’archéologie Jacques Doucet.Fig. 2 : P.-P. Thomire, J.-B.-C. Odiot, H.-V. Roguier, d’après P.-P. Prud’hon, Berceau du roi de Rome, Vienne, Schatzkammer.Four Decorative Designs for Empress Marie-Louise by Pierre-Paul Prud'hon(lots 15-18)An imperial commission in two phasesWhile Prud’hon was already in charge of the decorative projects planned for the marriage of Napoleon I, Nicholas Frochot, Prefect of the Seine and friend of the artist, also commissioned him to create an ornate set of furniture for the toilette of the Emperor’s future wife, Marie-Louise. Made of gilt silver, mother-of-pearl and lapis lazuli, it was to be gifted by the city of Paris to the future Empress as an official trousseau. It was not completed in time for the festivities in June, but instead was officially presented on 15 August 1810 and installed in the private apartments of the Empress in the Palais des Tuileries. The group includes a large standing mirror, a dressing table, an armchair and footrest (see lot 18), a candelabra (see lot 18), a jewelry box, a washbasin, several vases, and richly-decorated perfume bottles. The most important artists of the day also contributed to the creation of these pieces: Prud’hon’s designs were executed by the silversmith Baptiste-Claude Odiot (1763-1850), the bronzesmith Pierre-Philippe Thomire (1751-1843), and the sculptor Henri-Victor Rougier (1758-1841). When Napoleon fell from power in 1814, the Empress retreated to Parma, a small duchy in the Austrian Empire, bringing with her the complete set of furniture. The objects are today lost, having been melted down to support the victims of the cholera epidemic. They are, however, known from several of Prud’hon’s preparatory studies, three of which are presented here, as well as from drawings from Odilot’s studio for the table and the mirror (Paris, Odiot Collection; E. Guffey, Drawing an Elusive Line : The Art of Pierre-Paul Prud’hon, London, 2001, p. 156, fig. 111) and from an engraving illustrating the ensemble published by Cavelier and Pierron in 1811 (fig. 1; ibid., p. 159, fig. 114).One year after this commission, the Empress gave birth to a son, and Nicholas Frochot took this opportunity to offer Marie-Louise a cradle as a gift from the City of Paris. Again chosen for the project, Prud’hon executed multiple preparatory studies for this piece (lots 15, 16, et 17), which the same team of artisans also executed: Thomire and Odiot cast the cradle, and Roguier sculpted the figures. The cradle was presented on 5 March 1811 (Prud’hon ou le rêve de bonheur, cat. exp., Paris, Galeries Nationales du Grand Palais, and New York, Metropolitan Museum of Art, 1997-1998, p. 206).The choice of iconography Given that it was a municipal commission, Prud’hon’s designs had to represent the stability and the political importance that this marriage represented, which also allowed Napoleon to assert his authority and strengthen his position. The artist thus chose to depict his favourite themes of love, marriage, and fertility, while also symbolising Imperial Rome. The four drawings from the Marcille collection presented here were executed for this imperial project: three for the cradle of the King of Rome (lots 15, 16, and 17) and one for the armchair and candelabra illustrated on the same sheet (lot 18).The armchair’s four feet, in the form of cornucopias, are decorated with garlands, and flowers, and other ornamentation, while the armrests are adorned with sculptures representing Cupid and Psyche. A black chalk drawing by Prud’hon, offered for sale on 20 November 2016 at Osenat in Fontainebleau (lot 434) and also published by Guiffrey (L’Œuvre de P.-P. Prud’hon, Paris, 1876, n° 994), illustrates in great detail one of the two armrests (fig. 2 ; Guffey, op. cit., p. 160, fig. 115), where the winged figure of Love holds a seated putto in front of her. The design for the candelabra, made up of three graces each holding a torch, is sketched next to the design of the armchair and also evokes the decoration with Hercules and Hebe at the Hôtel de Ville (Guffey, op. cit., p. 157).For the cradle of King of Rome, the feet are moulded in the shape of cornucopias with the allegorical figures Force and Justice. Prud’hon made preparatory sketches for these figures, conceived as sculptures in the round (lot 17), while the sides of the cradle are decorated with two bas-reliefs representing the personnification of the Tiber and the Seine, who appear in a meticulously drawn design (lot 16). The Tiber alludes to Napoleon’s son’s honorific title, the 'King of Rome,' while the Seine symbolises Paris. Crowning the cradle is Glory Soaring over the World. She holds the Triumphal Crown as well as the crown of Immortality, at the center of which shines the Napoleonic Star (lot 15). The accessory decorations, such as the palm leaves, laurel leaves, and olive trees, symbolise victory, glory, and fame.As for the desk and the armchair, the feet of the cradle are also in the form of cornucopias. Prud’hon produced a black and white chalk drawing of the young eaglet in gilt silver that appears at the foot of the cradle, which is now in the Musée Marmottan (inv. 4022; Laveissière, op. cit., cat. exp., n° 150, ill.). There is also a watercolour on tinted paper by the silversmiths Odiot and Thomire who also worked on the cradle (location unknown, G. Hubert, et. al., Napoléon, cat. exp., Paris, Grand Palais, 1969, n° 510).While the objects were melted down at the request of Marie-Louise in order to support the victims of the 1832 cholera epidemic, the cradle of the King of Rome is today conserved in the Schatzkammer in Vienna (fig. 3 ; Kunsthistorisches Museum, inv. WS XIV 28). Copies of the drawings of Force and Justice and of the Tiber and the Seine are in the collection of the Petit Palais in Paris, donated to the museum by Pierre-Amédée Pichot in 1921 (inv. PPD 1298-1299, PPD 1300-1301).The drawings presented here, executed in great detail, confirm the important role that Prud’hon played in the realisation of these imperial commissions. Not only did he create the designs, but he also supervised the fabrication of the furniture and the work of the artisans who collaborated on this elaborate project. The artisans translated each of Prud’hon’s designs into to-scale, full-sized drawings before work on the final pieces of furniture began (Guffey, op. cit., p. 162).
PIERRE-PAUL PRUD'HON (CLUNY 1758-1823 PARIS)

Projet du berceau du roi de Rome

Details
PIERRE-PAUL PRUD'HON (CLUNY 1758-1823 PARIS)
Projet du berceau du roi de Rome
avec inscriptions par Eudoxe Marcille (verso du cadre)
pierre noire, plume et encre noire, lavis gris, craie blanche, estompe sur papier brun (anciennement bleu)
39.3 x 27 cm
Design for the cradle of the 'King of Rome'
black and white chalk, pen and black ink, grey wash, stumping, on light brown paper (formerly blue)
15 1⁄2 x 10 5⁄8 in.
Provenance
Pierre-Philippe Thomire (1751-1843), Paris.
Collection Eudoxe Marcille (1814-1890) jusque 1890 ; puis par descendance aux actuels propriétaires.
Literature
C. Clément, Prud’hon. Sa vie, ses œuvres et sa correspondance, Paris, 1872, p. 364, note 1.
E. de Goncourt, Catalogue raisonné de l’œuvre de P.P. Prud’hon, Paris, 1876, p. 219, sous le n°116.
J. Guiffrey, L’Œuvre de P.-P. Prud’hon, Paris, 1924, p. 375, n° 1002.
S. Laveissière, Prud’hon ou le rêve du bonheur, cat. exp., Paris, Galeries nationales du Grand Palais, et New York, The Metropolitan Museum of Art, 1997-1998, p. 206, sous le n° 150.
Exhibited
Paris, École des Beaux-Arts, Exposition des œuvres de Prudhon au profit de sa fille, 1874, p. 123, n° 408.
Paris, musée des Arts décoratifs, Catalogue descriptif des dessins de décoration et d'ornements de maîtres anciens, exposés au musée des Arts décoratifs en 1880, 1880, p. 88, n° 331.
Paris, Exposition de dessins de maîtres modernes, 1884, p. 99, n° 550.
Paris, Exposition universelle : Exposition rétrospective de la ville de Paris, 1900, p. 35, n° 232.
Paris, Palais des Beaux-Arts (Petit Palais), P.-P. Prud’hon, 1922, p. 41, n° 212.
Paris, musée Jacquemart-André, Pierre-Paul Prud’hon : 1758-1823, 1958, p. 48, n° 170.
Further details

Brought to you by

Pierre Etienne
Pierre Etienne International Director, Deputy Chairman, Old Master Paintings

Lot Essay

'C'est à l'enfant qui sommeillait dans ce berceau qu'était promis l'empire du monde;
c'est à lui que rêvaient dans leur palais tous les rois de la terre...
...emmerveillés qu'on puisse tout ensemble
Etre si grand et si petit !'
Eudoxe Marcille (verso du cadre)

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