Lot Essay
« Chaque œuvre de Pierre Soulages offre, à qui se place face à elle, l’évidence saisissante qu’en sa profondeur et dans sa lumière qui déchire la Ténèbre s’accomplit la création la plus haute dans le suspens du Temps et de l’Histoire. Chacune de ses peintures nous propose comme l’accomplissement ultime – le dernier tableau – de l’histoire de la peinture. Chacune en cristallise, dans sa matérialité, cette quête de la couleur dont seul le noir peut assumer l’infinie richesse et cette présence pondérable et tactile de la lumière qui, toujours, a été l’obsession des plus grands artistes. »
Bernard Ceysson à propos de Pierre Soulages, 2009.
Avec ses aplats noirs étalés sur la toile en de larges nappes verticales et son bleu éclatant surgissant de l’arrière-plan par les marges du tableau, Peinture 130 x 97 cm, 23 avril 1975 illustre combien Soulages tend à radicaliser sa peinture dans les années 1970. L’architecture de ses œuvres se fait plus hiératique : à l’exception d’un coup de brosse circulaire dans la partie haute, les aplats sont ici exclusivement orthogonaux, laissant transparaître des tonalités rousses surgissant des profondeurs du tableau. La matérialité-même de l’huile et les nombreux empâtements laissés par le passage de la brosse engendrent des jeux de lumière changeant constamment en fonction de la position de celui qui observe l’œuvre. Traité dans un jus beaucoup plus lisse, le bleu de l’arrière-plan est d’une extrême luminosité qui éclaire l’ensemble de la toile. Par ce jeu de contraste, Peinture 130 x 97 cm, 23 avril 1975 incarne la façon qu’a l’artiste de jouer de la tension entre clarté et obscurité et d’utiliser le noir comme révélateur de lumière : « J’aime l’autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité. Son puissant pouvoir de contraste donne une présence intense à toutes les couleurs, et lorsqu’il illumine les plus obscures, il leur confère une grandeur sombre. » (Pierre Soulages, préface in A. Mollard-Desfour, Le Dictionnaire des mots et expressions de couleur, Paris, 2003, p. 14).
Période d’une intense actualité muséale – Soulages expose, entre autres, en Norvège et en Suisse en 1973, à Dakar en 1974, à Mexico en 1975 – les années 1970 constituent également une transition dans l’œuvre de l’artiste, dont Peinture 130 x 97, 23 avril 1975 donne à voir toute la dimension : si le traitement plastique et la palette de couleurs s’inscrivent dans la continuité des travaux des années 1950 et 1960, la tendance du noir à s’imposer en un bloc central sur la toile, ne laissant à l’arrière-plan qu’une place marginale aux extrémités supérieure et inférieure du tableau, semble annoncer la révolution que constitue l’outrenoir – envahissement total du noir sur la surface de l’œuvre – et qui éclatera à la fin de cette décennie.
Bernard Ceysson à propos de Pierre Soulages, 2009.
Avec ses aplats noirs étalés sur la toile en de larges nappes verticales et son bleu éclatant surgissant de l’arrière-plan par les marges du tableau, Peinture 130 x 97 cm, 23 avril 1975 illustre combien Soulages tend à radicaliser sa peinture dans les années 1970. L’architecture de ses œuvres se fait plus hiératique : à l’exception d’un coup de brosse circulaire dans la partie haute, les aplats sont ici exclusivement orthogonaux, laissant transparaître des tonalités rousses surgissant des profondeurs du tableau. La matérialité-même de l’huile et les nombreux empâtements laissés par le passage de la brosse engendrent des jeux de lumière changeant constamment en fonction de la position de celui qui observe l’œuvre. Traité dans un jus beaucoup plus lisse, le bleu de l’arrière-plan est d’une extrême luminosité qui éclaire l’ensemble de la toile. Par ce jeu de contraste, Peinture 130 x 97 cm, 23 avril 1975 incarne la façon qu’a l’artiste de jouer de la tension entre clarté et obscurité et d’utiliser le noir comme révélateur de lumière : « J’aime l’autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité. Son puissant pouvoir de contraste donne une présence intense à toutes les couleurs, et lorsqu’il illumine les plus obscures, il leur confère une grandeur sombre. » (Pierre Soulages, préface in A. Mollard-Desfour, Le Dictionnaire des mots et expressions de couleur, Paris, 2003, p. 14).
Période d’une intense actualité muséale – Soulages expose, entre autres, en Norvège et en Suisse en 1973, à Dakar en 1974, à Mexico en 1975 – les années 1970 constituent également une transition dans l’œuvre de l’artiste, dont Peinture 130 x 97, 23 avril 1975 donne à voir toute la dimension : si le traitement plastique et la palette de couleurs s’inscrivent dans la continuité des travaux des années 1950 et 1960, la tendance du noir à s’imposer en un bloc central sur la toile, ne laissant à l’arrière-plan qu’une place marginale aux extrémités supérieure et inférieure du tableau, semble annoncer la révolution que constitue l’outrenoir – envahissement total du noir sur la surface de l’œuvre – et qui éclatera à la fin de cette décennie.