Lot Essay
Bien qu'ayant effectué l'intégralité de sa carrière d'artiste en Italie - tout comme Poussin l'avait fait au siècle précédent- Pierre Subleyras reste certainement l'un des peintres français les plus importants du XVIIIème siècle.
Formé auprès d'Antoine Rivalz à Toulouse, il remporte le Prix de Rome avec Le Serpent d'Airain (Nîmes, musée des Beaux-Arts), ce qui lui permet d'intégrer l'Académie de France à Rome en 1728, ville qu'il ne quittera désormais plus et où il mènera une carrière des plus brillantes aussi bien auprès des prélats de la curie romaine que de l'ambassadeur de France, le duc de Saint-Aignan. Ainsi en 1740, le cardinal Prospero Lambertini choisit Pierre Subleyras (préféré à Agostino Masucci) pour la réalisation de son portrait, l'année de son accession au trône pontifical, sous le nom de Benoît XIV. L'original de ce portrait, aujourd'hui conservé au musée Condé de Chantilly, et offert par le pape à la Sorbonne en 1757 'comme un gage de son estime', connut un immense succès. De santé fragile, Subleyras meurt prématurément, en 1749, ayant toutefois achevé deux ans auparavant sa commande la plus importante, La Messe de saint Basile, exécutée pour Saint-Pierre-de-Rome (l'original, remplacé par une copie en mosaïque dans la basilique est visible aujourd'hui à l'église Sainte-Marie-des-Anges à Rome).
En 1732, le Palais Mancini abrite depuis sept ans l'Académie de France et ses pensionnaires, et Nicolas Vleughels, alors directeur, confie à ses élèves les travaux d'embellissements du palais, dont la peinture des dessus-de-porte de l'Appartement du Roi. C'est vraisemblablement pour cette occasion que Pierre Subleyras réalise la présente oeuvre Amour et Psyché qui sera destinée au grand salon d'angle de l'étage noble. Ce tableau est une redécouverte majeure pour la reconstitution de l'oeuvre peint de l'artiste. La réapparition dans les années 1970 du tableau, qui avait sans doute disparu dans le pillage du Palazzo Mancini en 1793, a permis de redécouvrir sur la toile d'origine, l'inscription 'Pysché ou la Raison armée contre l'amour auctor Subleyras' et de rendre ainsi à son véritable auteur à la fois le tableau et le dessin du Louvre qui lui correspond (Département des Arts graphiques, inv. 35052).
Cette réattribution jette une lumière nouvelle sur les débuts de la carrière romaine de l'artiste car il s'agit de l'un des premiers témoignages de l'activité de Subleyras à Rome, dans lequel, pour reprendre les termes d'un biographe (Memorie per le Belle Arti, février 1786) l'artiste 's'éloigne de son faire habituel' et opte pour un 'goût délicat' qu'il abandonnera par la suite. Un style, certes différent et qui tranche avec celui que le peintre adoptera, mais dans lequel l'on retrouve une gamme de coloris acidulés et francs - le bleu, le blanc cassé, le rose carmin - qui lui est propre. Marqué par les exemples italiens et français du siècle précédent mais également par un peintre plus proche dans le temps comme Benedetto Luti (1666-1724), Subleyras offre ici une vision séduisante d'un sujet mythologique maintes fois abordé, dans lequel la curieuse Psyché, par son indiscrétion, perd à jamais la confiance de son amant Cupidon.
L'épisode est tiré des Métamorphoses d'Apulée. Psyché, fille de roi d'une extrême beauté, découvre à la lueur d'une lampe à huile Eros endormi, alors que celle-ci avait promis de ne pas chercher à découvrir le visage de son mystérieux mari. Subleyras choisit le moment paroxystique où Psyché se rapproche pour mieux contempler le visage de son amant, un poignard à la main, faisant immanquablement pencher la lampe remplie d'huile vers le jeune dieu. Une goutte d'huile brûlante tombera sur l'épaule du dieu endormi, qui se réveillera aussitôt et s'enfuira, furieux d'avoir été trahi par sa jeune épouse.
Nous remercions Monsieur Nicolas Lesur qui prépare le catalogue raisonné de l'artiste d'avoir confirmé l'attribution du tableau après examen de visu.
Formé auprès d'Antoine Rivalz à Toulouse, il remporte le Prix de Rome avec Le Serpent d'Airain (Nîmes, musée des Beaux-Arts), ce qui lui permet d'intégrer l'Académie de France à Rome en 1728, ville qu'il ne quittera désormais plus et où il mènera une carrière des plus brillantes aussi bien auprès des prélats de la curie romaine que de l'ambassadeur de France, le duc de Saint-Aignan. Ainsi en 1740, le cardinal Prospero Lambertini choisit Pierre Subleyras (préféré à Agostino Masucci) pour la réalisation de son portrait, l'année de son accession au trône pontifical, sous le nom de Benoît XIV. L'original de ce portrait, aujourd'hui conservé au musée Condé de Chantilly, et offert par le pape à la Sorbonne en 1757 'comme un gage de son estime', connut un immense succès. De santé fragile, Subleyras meurt prématurément, en 1749, ayant toutefois achevé deux ans auparavant sa commande la plus importante, La Messe de saint Basile, exécutée pour Saint-Pierre-de-Rome (l'original, remplacé par une copie en mosaïque dans la basilique est visible aujourd'hui à l'église Sainte-Marie-des-Anges à Rome).
En 1732, le Palais Mancini abrite depuis sept ans l'Académie de France et ses pensionnaires, et Nicolas Vleughels, alors directeur, confie à ses élèves les travaux d'embellissements du palais, dont la peinture des dessus-de-porte de l'Appartement du Roi. C'est vraisemblablement pour cette occasion que Pierre Subleyras réalise la présente oeuvre Amour et Psyché qui sera destinée au grand salon d'angle de l'étage noble. Ce tableau est une redécouverte majeure pour la reconstitution de l'oeuvre peint de l'artiste. La réapparition dans les années 1970 du tableau, qui avait sans doute disparu dans le pillage du Palazzo Mancini en 1793, a permis de redécouvrir sur la toile d'origine, l'inscription 'Pysché ou la Raison armée contre l'amour auctor Subleyras' et de rendre ainsi à son véritable auteur à la fois le tableau et le dessin du Louvre qui lui correspond (Département des Arts graphiques, inv. 35052).
Cette réattribution jette une lumière nouvelle sur les débuts de la carrière romaine de l'artiste car il s'agit de l'un des premiers témoignages de l'activité de Subleyras à Rome, dans lequel, pour reprendre les termes d'un biographe (Memorie per le Belle Arti, février 1786) l'artiste 's'éloigne de son faire habituel' et opte pour un 'goût délicat' qu'il abandonnera par la suite. Un style, certes différent et qui tranche avec celui que le peintre adoptera, mais dans lequel l'on retrouve une gamme de coloris acidulés et francs - le bleu, le blanc cassé, le rose carmin - qui lui est propre. Marqué par les exemples italiens et français du siècle précédent mais également par un peintre plus proche dans le temps comme Benedetto Luti (1666-1724), Subleyras offre ici une vision séduisante d'un sujet mythologique maintes fois abordé, dans lequel la curieuse Psyché, par son indiscrétion, perd à jamais la confiance de son amant Cupidon.
L'épisode est tiré des Métamorphoses d'Apulée. Psyché, fille de roi d'une extrême beauté, découvre à la lueur d'une lampe à huile Eros endormi, alors que celle-ci avait promis de ne pas chercher à découvrir le visage de son mystérieux mari. Subleyras choisit le moment paroxystique où Psyché se rapproche pour mieux contempler le visage de son amant, un poignard à la main, faisant immanquablement pencher la lampe remplie d'huile vers le jeune dieu. Une goutte d'huile brûlante tombera sur l'épaule du dieu endormi, qui se réveillera aussitôt et s'enfuira, furieux d'avoir été trahi par sa jeune épouse.
Nous remercions Monsieur Nicolas Lesur qui prépare le catalogue raisonné de l'artiste d'avoir confirmé l'attribution du tableau après examen de visu.