SERPENT BAGA, BANSONYI
BAGA FIGURE OF A SNAKE, BANSONYI
" f " : In addition to the regular Buyer’s premium… 显示更多 Une constellation de collectionneurs : La collection Bartos, l'art africain et l'art moderne à New York dans les années 1950 Celeste et Armand Bartos font partie d'un cercle restreint de collectionneurs d'art parmi les plus sophistiqués - un couple qui a constitué une collection avec une véritable appréciation de l'art, des artistes, de l'esthétique et de l'histoire de l'art. Ils saisirent clairement la pertinence de l'art africain comme étant à la genèse de l'art moderne. Au centenaire de l'exposition emblématique de l'Armory Show de New York en 1913, nous pouvons placer la collection Bartos parmi la "seconde génération" d'amateurs d'art dit 'tribal' ou 'primitif' tel qu'il avait été désigné au début de son odyssée de collecte. La première génération de collectionneurs d'art africain vivait en Europe et aux Etats-Unis et nous sont aujourd'hui bien connus - Picasso, Matisse, Vlaminck, Stieglitz, Paul Guillaume, Fénéon, Breton et Helena Rubinstein pour ne citer qu'eux. Une seconde génération a émergé après la Seconde Guerre mondiale, notamment à New York dans les années 1950 autour de Nelson Rockefeller. Il était l'un des trustees du Museum of Modern Art, que sa mère Abby Aldrich Rockefeller, a en grande partie fondé en 1929. Le directeur du musée, Alfred Barr, a compris l'importance de la relation historique entre l'art non-occidental et l'art moderne, et a organisé plusieurs expositions dans les années 1930, notamment le précurseur African Negro Art de 1935 qui présenta l'art africain dans un contexte moderniste et en tant qu'oeuvre d'art et non pas en tant qu'objet ethnographique. En 1939, durant son mandat en tant que président du MoMA, Rockefeller, alors âgé de seulement 30 ans et soutenu par les idées audacieuses de Barr, a permis l'acquisition par le musée des Demoiselles D'Avignon de Picasso (1907). En 1950, avec son ami, René d'Harnoncourt, qui était un spécialiste de l'art non-occidental, devenu à cette époque directeur du MoMa, Rockefeller a véritablement commencé à constituer sa collection d'art africain et océanien. La collection sera ensuite conservée au Museum of Primitive Art, situé sur la 57ème rue à proximité du MoMa entre 1957 et 1974. Robert Goldwater, que les Bartos connaissaient, fut le premier directeur de ce musée, précédent à ce poste Douglas Newton. Rockefeller fit ensuite don de sa collection à une aile du Metropolitan Museum of Art, baptisé en l'honneur de son fils Mickael disparu en Nouvelle-Guinée lors d'un projet anthropologique. L'interconnexion de ces deux institutions a conduit à un état d'esprit particulier à New York, particulièrement à la fin des années 1950 et au début des années 1960. De nombreux collectionneurs d'art moderne commencèrent à acquérir de l'art africain auprès du marchand de Rockefeller, John J. Klejman, dont la galerie était située au 982 Madison Avenue. Dans les années 1950, d'autres marchands exerçaient également, tels qu'Henri et Hélène Kamer, fournisseurs de Klejman ayant migré de Paris à New York, Julius Carlebach, Matthias Komor et Ladislas Segy, entre autres. Comme les noms de la première, les noms de la seconde génération de collectionneurs d'art africain et moderne nous sont également connus et sont loués pour leur clairvoyance - Pierre Matisse, Jacques Lipschitz, Dolly et Klaus Perls, Muriel Kallis Newman, Roy Neuberger, John et Dominique De Menil, Sidney Janis Parmi les étoiles illuminant cette constellation, Celeste et Armand Bartos faisaient bonne figure. Leur philanthropie était reconnue, ils furent particulièrement généreux avec le MoMa. Celeste était un membre de leur Junior Council et plus tard devint un trustee pendant plus de quarante ans. Leur collection était originale avec sa combinaison de classicisme moderniste, de Stijl et de Pop art. Ils possédaient des oeuvres de Piet Mondrian; ce dernier dit un jour: "Dans le passé lorsque l'on vivait au contact de la nature, l'abstraction était facile, c'était fait de manière inconsciente. Aujourd'hui, dans notre époque dénaturée, l'abstraction devient un effort." Ce n'est pas surprenant que les Bartos aient apprécié l'art africain en tant qu'autoréférentiel des toiles de leur collection. Un acte courageux, mais à l'image des choix audacieux qui forment à présent leur collection - ils l'ont fait habilement, avec un nombre d'oeuvres réduit mais extrêmement bien choisies. Dans un instant prémonitoire, ils acquirent le serpent baga. La plupart des gens en aurait eu peur. En fait, en 1958, le serpent de la collection Bartos fut décrit comme étant "le premier exposé en Amérique" ! Avec peu de littérature sur le sujet, ces sculptures étaient quasiment inconnues en 1958 lorsque ce serpent entra dans la collection, alors que la plupart des objets serpentiforme baga de cette qualité sont aujourd'hui conservés dans des musées. Pourtant le motif du serpent, sa surface picturale, la pureté de sa forme se fond en harmonie au milieu des toiles avoisinantes pendant plus de cinquante ans - tout d'abord au côté d'un Rothko, puis plus tard d'un Sam Francis.
SERPENT BAGA, BANSONYI BAGA FIGURE OF A SNAKE, BANSONYI

RÉPUBLIQUE DE GUINÉE

细节
SERPENT BAGA, BANSONYI
BAGA FIGURE OF A SNAKE, BANSONYI
République de Guinée
Hauteur: 190.5 cm. (75 in.)
来源
Collecté in situ, Village Victoria (Kanfarandé), par Hélène et Henri Kamer, automne 1957
J. J. Klejman, New York, 1958
Celeste et Armand Bartos, New York, acquis auprès de ce dernier avant 1962
出版
Museum of Fine Arts, Boston, Masterpieces of Primitive Art, Boston, 1958, publié au catalogue sous le numéro 9
Robbins, W. et Nooter, N., African Art in American Collections, 1988, p. 143, numéro 248
Lamp, F., Art of the Baga: A Drama of Cultural Reinvention, 1996, p.226, fig.218
展览
Boston, Masterpieces of Primitive Art, Museum of Fine Arts, 16 octobre - 23 novembre 1958
注意事项
" f " : In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 7% (i.e. 7.385% inclusive of VAT for books, 8.372% inclusive of VAT for the other lots) of the hammer price will be charged to the buyer. It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot outside the European Union within the legal time limit.(Please refer to section VAT refunds)
更多详情
Within the corpus of African art, the great Baga serpents hold an iconic place. A force of axial plasticity, carved from a single piece of wood and standing six feet tall they are rare in the purity of their aesthetic power and monumentality within African art. The Bartos serpent of tall, elongated proportions, highly balanced curves and lyrical patterning places it among the most important of this already iconic set. The body dramatically flares at the extremities and frames a corpulent bulge at the center which then narrows severely at the neck to delineate the animal's head. The medial ridge which runs the entire length of the body's surface follows the shape of the carving by shrinking at throat level. The profile shows a powerful movement upward with spring-like tension expressed through the curves and counter-curves. The superb painterly surface is enhanced with black, red and white pigments forming triangular geometric patterns and further reinforces the form's rhythm.

The majority of exceptional examples among these sculptures, the Bartos serpent among them, were collected by Hélène and Henri Kamer in the 1950s, and are now held in the greatest museums in the world. Among the eight snakes collected by the Kamers are: one belonging to the Musée du Quai Branly, now exhibited in the Pavillon des Sessions (Louvre, Paris, 71.1989.49.1), it was given to the museum by Jacques Lazard under Hélène (Kamer) Leloup's instigation; another one from the Menil Collection in Houston (V9009), two other examples from the Metropolitan Museum of New York (1978.206.101 and 1978.412.339) formerly in the Rockefeller collection, another snake sold by Leloup to the American director, John Huston, and finally, the one formerly part of the Pierre Matisse collection, now in a private collection (see Sotheby's, 16 May 2008, lot 58). For other similar snakes, see: the Geneva Barbier-Mueller Museum figure; the Cleveland Museum of Art example (1960.37) published in Robbins and Nooter (1989 fig.247); and the Rietberg Museum figure in Zurich, acquired from Emil Storrer.

Hélène Leloup recently recalled the specific circumstances under which she collected the Bartos serpent: When she arrived in Guinea in 1957, she and Henri Kamer settled in Boke. Over the course of 10 days she visited the Baga and Nalu territories. Searching for snakes. The Bartos snake was found toward the end of 1957 in a Guinea village then referred to as Victoria, today Kanfarandé. At the time, because it is situated at the mouth of the Rio Nuez River, this village had different names depending of the ethnical origin of the speakers. At low tide, she went via canoe up the river, which was bordered by mangroves, and she could see frightened crocodiles were escaping and dashing into the water. The return was very dangerous as the tide was high, and the waves became stronger causing the canoe to heave to and fro as it was very heavy with passengers - both objects and people (Leloup, personal communication, Paris, March 27, 2013).

There are two noteworthy aspects of the Bartos serpent. The first is the extraordinary presence of hollows which dot the length of the spine. Quite deep, they are/were covered with metal. We can theorize that this was for the insertion of magical substances. As seen in the extraordianary photograph of Kamer actually collecting the Bartos serpent, the base has been modified to narrow at the tip. This certainly occurred by 1958, when it was set flush into a base as per the Boston MFA image of it at that time.



The cultural context

Associated with the rainbow, considered the source of the rivers and a marker of the end of the rains, the snake evokes the idea of life and death, the beginning and the end (Lamp, 1996).

The Baga, Landuman and Nalu peoples, with similar ethnic and artistic characteristics, live along the coastal lagoons of southern Guinea. Six months each year, the surrounding marshes are flooded, making it difficult to reach a large part of Baga territory. This relative isolation explains the lack of early field studies. The anthropologist Denise Paulme (1909-1998) lived among the Baga during the 1950's, but was never able to attend the initiation closing ceremonies (Stoullig-Martin, 1988). It was not until the publication of Frederick Lamp's research (Art of the Baga, New York, 1996) that deeper discussions could held around the subject.
The spirit Ninkinanka, of the snake called bansonyi or Mantsho-or-no-Pön, reigned among the Baga people, who feared him. He was the spirit who could bring rain, provide wealth, and children to infertile women. Each section within a village was represented by the wooden image of a serpent, like a totemic animal. The bansonyi headcrest appeared during competitions between different clans. Young people dressed in a complex suit topped by the representation of the snake faced each other during dances that were judged by women. The snake also manifested itself during the final phase of the girls and boys initiation and at the beginning initiation ceremonies for young adults. Associated with the rainbow, considered the source of the rivers and a marker of the end of the rains, the snake evokes the idea of life and death, the beginning and the end (Lamp, 1996).

Discovery of the tall wooden snakes

Shortly after Guinea's independence and following the emergence of the political party RDA (African Democratic Rally), winner of the presidential election in 1958 led by Ahmed Sékou Touré, it was decided to modernize the country and stop local customs. Baga ancient traditions were therefore quickly banned and, finally, forgotten (Lamp 1996). This certainly explains the arrival in Europe of several cultural objects that had fallen into disuse. Thus, Baga snakes appeared on the market in 1957, following Hélène and Henri Kamer's journey in the Baga country. Hélène Kamer, who was living at that time in front of the Musée de l'Homme, showed these pieces to Denis Paulme, the African art curator of the museum, who heard about these objects when she was working in Guinea without having seen any of them. These rare objects, highly abstract and painterly, in stark contrast to the more classical African art usually presented in the galleries of that time, were quickly appreciated and acquired by major museums and private collectors. A few other examples were also brought back a little later between 1957 and 1961, following the success in Europe of these the serpentine sculptures. The Bartos serpent, when shown at the Museum of Fine Arts, Boston, in 1958, was declared - 'the first Baga snake fetish to be seen in the United States' (op. cit.)
Jacqueline Delange, in her article The Bansonyi of the Baga Country (we would like to thank Hélène Leloup for lending us these documents), notes that the snake, a fairly common animal in sub-Saharan Africa, is strangely rarely represented in native statuary. She lists the "great serpent of the Dogon" called imina na (cf. Musée du Quai Branly, 71.1931.74.1935 for an imina na mask collected by the Dakar-Djibouti Mission) and the Bwa mask surmounted by a serpent (cf. Musée du Quai Branly, 73.1962.6.1), as the only carved images of this animal. According to Jacqueline Delange, it is more frequently represented on smaller objects such as 'Nago wooden painted cups for example, or on Lobi, Senufo or Bamoun brass jewelry. We can also find the snake figuration painted on many West African huts, or even integrated into a complex allegorical composition as some elements of Bacongo[sic] furniture carved pieces or architectural pieces of the Bamun-Bamileke. More often we can see it suggested by a sinuous line, a pattern on some Dogon and Bamana cultural sculptures.'
Although the wooden statues of the bansonyi serpent were long unknown, the importance of this mythical being in the Baga cosmology is attested by many stories. In 1943, Beatrice Appia published children's drawings depicting scenes of everyday life in their villages. On these images appears the serpentine figure, placed with a cage on the head of a single carrier, the whole structure being hidden underneath a costume.

拍品专文

Dans le corpus de l'art Africain, les serpents baga tiennent une place importante. De par leurs grandes qualités plastiques, leur dimension, ces sculptures monoxyles sont inédites par la pureté de leur esthétique et leur monumentalité. Le serpent de la collection Bartos par sa taille, sa forme alongée, l'équilibre de ses courbes, est un exemplaire saisissant de ce groupe de sculptures. Le corps, s'évasant aux extrémités et présentant un renflement en son centre, forme un étranglement prononcé à la base du cou et dessinent ainsi de façon précise la tête de l'animal. L'épaisseur de la crête parcourant la totalité de la surface du corps épouse la forme de l'oeuvre en se rétrécissant au niveau de la gorge. Le profil quant à lui fait apparaitre un mouvement ascendant, exprimé par la courbe et contre-courbe de l'objet. La superbe polychromie, rehausse de pigments noir, rouge et blanc formant des motifs géométriques triangulaires et renforce cette dynamique.
La grande majorité de ces pièces, et parmi elles le serpent de la collection Bartos, furent collectées par Hélène et Henri Kamer dans les années 50, et sont aujourd'hui conservées dans les plus grands musées du monde.

Parmi les huit serpents collectés par le couple Kamer se trouvent : celui du Musée du Quai Branly actuellement exposé au Pavillon des Sessions du Louvre (71.1989.49.1), il avait été offert au musée par Jacques Lazard à l'instigation d'Hélène (Kamer) Leloup; un autre appartenant à la Menil Collection de Houston (V9009), deux autres exemplaires conservés au Metropolitan Museum de New York (1978.206.101 et 1978.412.339) et provenant de la collection Rockefeller, un serpent vendu par Hélène Leloup au réalisateur américain, John Huston, et enfin un dernier exemplaire ayant appartenu à Pierre Matisse, aujourd'hui conservé dans une collection privée (voir Sotheby's, 16 mai 2008, lot 58). Pour d'autres serpents de style similaire, voir aussi: celui du musée Barbier-Mueller de Genève, celui du Cleveland Museum of Art (1960.37), publié dans Robbins et Nooter (1989 fig.247); enfin une autre figure conservée au Rietberg Museum de Zurich, acquise auprès d'Emil Storrer.

Hélène Leloup a rappelé récemment le contexte particulier dans lequel elle collecta le serpent de la collection Bartos. Quand elle arriva en Guinée en 1957, elle et Henri Kamer, s'installèrent à Boka. Pendant les dix jours qui suivirent, elle parcourut les territoires Baga et Nalu, à la recherche de serpents.
Le serpent présenté ici fut trouvé à la fin de l'année 1957, dans un village guinéen, dénommé alors Victoria, aujourd'hui Kanfarandé. A l'époque, parce qu'il était situé à l'embouchure de la rivière Rio Nunez, le village changeait de nom en fonction de l'origine ethnique des interlocuteurs. A marée basse, elle remonta le fleuve bordé de palétuviers à l'aide d'une pirogue tandis que les crocodiles apeurés fuyaient à son passage. Le retour, par marée haute, était bien plus dangereux, la pirogue peinait à avancer à cause du remous des vagues, devenues plus grandes, et le poids de la cargaison - comprenant les objets et les personnes (communication personnelle Hélène Leloup, Paris, 27 mai 2013).
Le serpent Bartos présente deux aspects remarquables. Le premier est l'extraordinaire présence de cavités qui parsèment le dos de l'animal. Assez profondes et autrefois recouvertes de métal, elles servaient certainement à contenir des substances magiques. Comme on le voit sur la célèbre photographie d'Hélène Kamer sur laquelle apparaît le serpent Bartos, la base a été modifiée et réduite. Cela a certainement eu lieu en 1958, lorsque l'objet fut soclé tel que l'on peut le voir sur l'image du MFA de Boston.

Le contexte culturel

" Associé à l'arc-en-ciel, considéré comme source des rivières et signe de la fin des pluies, le serpent évoque l'idée de vie et de mort, du début et de la fin. " (Lamp, 1996).

Les Baga, Landuman et Nalu, peuples aux caractéristiques ethniques et artistiques similaires, vivent le long des côtes lagunaires du sud de la Guinée. Six mois de l'année, les marais environnants sont inondés ce qui rend difficilement accessible une grande partie du territoire Baga. Cet isolement relatif explique le manque d'études de terrain anciennes. L'ethnologue Denise Paulme (1909-1998) séjourna chez les Baga au cours des années 1950 mais ne put jamais assister à la clôture des cérémonies d'initiation (Stoullig-Martin, 1988). Il fallut attendre la publication des recherches de Frederick Lamp (Art of the Baga, New York, 1996), que nous conseillons de consulter, afin d'approfondir le sujet.
L'esprit ninkinanka du serpent appelé bansonyi ou a-Mantsho-no-Pön régnait en maître parmi la population Baga qui le craignait. Il était considéré comme l'esprit pouvant apporter la pluie, accorder des richesses et offrir des enfants aux stériles. Chaque section du village devait être représentée par l'image en bois d'un serpent, tel un animal totémique. Le cimier bansonyi apparaissait lors de compétitions entre les clans. De jeunes gens revêtus d'un costume complexe surmonté par la représentation du serpent s'affrontaient lors de danses qui étaient évaluées par les femmes. Le serpent se manifestait également lors de la phase finale de l'initiation des fillettes et des garçons ainsi qu'au début des cérémonies d'initiation des jeunes adultes. Associé à l'arc-en-ciel, considéré comme étant à la source des rivières et marquant la fin des pluies, le serpent renvoie à l'image de la vie et de la mort, du commencement et de la fin (Lamp, 1996).

La découverte des grands serpents en bois

Peu après l'indépendance de la Guinée et à la suite de l'apparition du parti politique RDA (Rassemblement Démocratique Africain), vainqueur des élections présidentielles en 1958 avec Ahmed Sékou Touré, il fut décidé de moderniser le pays et de supprimer les coutumes locales. Les anciennes traditions Baga furent ainsi rapidement interdites et enfin oubliées (Lamp, 1996). Ce qui explique très certainement l'arrivée en Europe d'un certain nombre d'objets de cultes tombés en désuétude. Ainsi les serpents Baga sont apparus sur le marché en 1957, suite au voyage d'Hélène et Henri Kamer au pays Baga. Hélène Kamer, habitant en face du Musée de l'Homme à l'époque, montra ces pièces à Denise Paulme, conservatrice de la section africain du musée, qui avait entendu parler de ces objets lorsqu'elle travaillait en Guinée, sans les avoir jamais vus. Peu nombreux, ces objets contrastant avec l'art africain plus classique présenté dans les galeries de l'époque plurent rapidement et furent acquis par de grands musées et collectionneurs privés. Quelques autres exemplaires seront également rapportés plus tard entre 1957 et 1961, suite à l'engouement provoqué en Europe par ces sculptures serpentiformes.
Le serpent de la collection Bartos fut exposé au Museum of Fine Arts de Boston, en 1958 et fut décrit par Lamp comme ' le premier serpent baga jamais vu aux Etats-Unis' (op. cit.).
Jacqueline Delange, dans son article Le Bansonyi du Pays Baga (nous remercions Madame Hélène Leloup de nous avoir confié ce document), note que le serpent, animal assez commun de l'Afrique subsaharienne, est étrangement peu représenté dans la statuaire indigène. Elle cite le "grand serpent des Dogons", appelé, imina na (cf. Musée du Quai Branly, 71.1931.74.1935, pour un masque imina na collecté par la Mission Dakar-Djibouti) ainsi que le masque Bwa surmonté d'un serpent (cf. Musée du Quai Branly, 73.1962.6.1), seules images sculptées de l'animal. Selon Jacqueline Delange, ce dernier se retrouve plus fréquemment représenté sur les objets de petites dimensions tels que "les coupes en bois peint des Nago par exemple, ou sur les bijoux en laiton des Lobi, Sénoufo ou Bamoun. Nous rencontrons également la figuration du serpent peinte sur de nombreuses cases ouest-africaines, ou bien encore intégrée dans une composition allégorique complexe comme certains éléments en bois sculpté du mobilier Bacongo ou de pièces d'architectures Bamoun-Bamiléké. Plus souvent nous la découvrirons suggérée par une ligne sinueuse, motif fidèle de tant de sculptures cultuelles Dogon et Bambara."

Bien que les statues en bois du serpent bansonyi nous fussent longtemps inconnues, l'importance de cet être mythique dans la cosmogonie Baga est attestée par de nombreux récits. En 1943, Béatrice Appia publia des dessins d'enfants illustrant des scènes de vie quotidienne de leurs villages. Sur ces images apparaissent la figure du serpent, posée sur la tête d'un unique porteur à l'aide d'une sorte de cage, le tout dissimulé sous un costume.